There's something you need to know

Il n'y a rien de mieux qu'une bonne boisson chaude pour se remettre d'aplomb après une longue journée de travail ! Abigail pouvait facilement faire ses infusions à la clinique mais il n'y avait pas à dire ! L'olimpico avait quand même ce don de réconfort bien particulier ! C'était un peu comme un rituel pour elle et puis, ça lui permettait de garder un oeil sur Sean. Abigail s'était toujours promis de veiller sur les Russo lorsque son amie était décédée. Elle savait combien c'était difficile et Xander n'arrivait pas vraiment à remonter la pente. Alors elle faisait de son mieux pour le soutenir.

Elle avait passé quelques longues minutes à discuter avec le jeune homme avant de sortir, un peu perdue dans ses pensées. Elle ne pouvait que se projeter à leur place. Elle n'était pas dans la meilleure des santé. Les résultats médicaux n'étaient pas bons et elle savait qu'elle devait leur en parler. Elle ne savait juste pas comment le faire sans les détruire. C'était un jeu à double tranchant qu'elle jouait mais elle n'était simplement pas encore prête à en changer les règles.

La porte poussée, elle emboîta un pas rapide pour pouvoir rentrer chez elle et c'est comme ça qu'elle se retrouva à bousculer un passant. Heureusement, le couvercle de sa boisson était bien fermé et elle releva le regard rapidement. "Je suis..." Laissa-t-elle en suspend. Elle était surprise... Ca, elle ne pouvait pas le cacher !

Pourtant, elle savait qu'il vivait ici... Matthias Duval... Il était influent dans le monde de la banque et son nom assez connu. Elle était déjà bien étonnée de ne pas l'avoir croisé avant. Ou bien peut-être que ça avait été le cas mais qu'ils ne s'étaient pas reconnus ? Alors pourquoi maintenant ? Est-ce que le destin était entrain d'essayer de lui dire quelque chose ? Peut-être qu'elle se posait trop de question et qu'il ne la reconnaîtrait même pas. Après tout, ça faisait trente ans... "Je suis désolée, j'étais perdue dans mes pensées..."

Quant à lui, c'était principalement pour y faire une réunion avec un client, qu'il était venu au café Olimpico. Un lieu qu'il cotoyait beaucoup, déjà par la proximité de son immeuble, mais aussi car il appréciait lui aussi ce lieu. Réconfortant, chaleureux, petit café de quartier. La surprise était forte quand même, de ne jamais avoir recroisé cette femme, avec qui il avait eu une relation il y a de cela, bien longtemps. Le monde était petit comme l'expression le disait. Mais sur ce coup, le destin se jouait bien d'eux, à une période pour chacun assez..critique.Le bel homme, finit donc son rendez-vous compliqué avec un des actionnaires de la banque qu'il venait d'hériter. Il avait encore du mal à comprendre tout ce qui lui arrivait. Oui, depuis quelques mois, il était à la tête d'une banque. Oui, pas qu'un simple établissement, mais de la banque elle-même ! Il bossait depuis presque dix années dans une des agences de cette banque. Lui, héritier d'un type qu'il avait côtoyer un peu, mais jamais au point qu'il songerait à devenir son unique héritier. Ce type avait été très aimable avec lui, très bon. Un feeling qui ne c'était pas expliqué. Cela avait été tout à fait naturel entre lui et Matthias. Cela avait du suffire au vieil homme pour qu'il lui fasse confiance, voit en lui la future tête de la Banque Royale du Canada. Et il allait tenir sa promesse, du moins...Allait faire ce que cet homme lui avait laissé en héritage. Il allait rien laisser tomber, même à ces actionnaires qui n'étaient pas très amicaux envers lui ou complaisant. Au fond, c'était une chance inopiné, mais il était satisfait d'avoir de si belles responsabilités.

Finalement, il avait rejoint le bar, prendre un petit verre de whiksy avant de s'octroyer le droit de rentrer chez lui. Alors qu'il allait confortablement s'installer sur son tabouret, amusé par le petit totem aztèque présent au-dessus de la cafetière, avant de se faire bousculer malencontreusement par une femme. Il recule légèrement, avant de poser son regard sur la femme en question. Il plisse légèrement les yeux, ayant comme un petit quelque chose de familier chez elle. Elle ne lui était pas inconnue mais..il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus :
« Il n'y a pas de mal. » Lance-t-il calmement, pris par les chimères du passé. Il n'arrivait vraiment pas à mettre le doigt dessus.
« Mais bon sang, je me disais bien. Abigail c'est bien ça ?» Il est hésitant, mais c'est quelqu'un de franc, qui à besoin de réponse quand il a une question. Tant pis s'il passait pour un greluchon.

De toutes les personnes habitant ou transitant à Montréal, il avait fallu qu'elle bouscule une des seule personne qu'elle ne voulait pas vraiment croiser. Oh elle n'avait rien contre Matthias mais l'homme d'affaire était une partie de son passé qu'elle avait toujours cherché à oublier. Elle avait plutôt réussi et avait construit sa petite famille. Ils étaient heureux même si elle s'en était longtemps voulu de ne rien lui avoir dit à propos d'Emma.

Il avait été clair lors de leur aventure qu'il n'était pas prêt, ni à se poser, ni à être père ! Ils étaient tous les deux jeunes, il ne s'était jamais caché d'être volage et puis du côté d'Abigail, elle n'avait pas vraiment été amoureuse de lui. Ils avaient passé du bon temps ensemble mais ça n'aurait jamais été plus loin ! Comment pouvait-elle se montrer égoïste et lui imposer une paternité alors qu'il n'en voulait pas ?

Il était bien trop tard pour les remords... Elle avait donné le meilleur à sa fille et restait persuadée qu'elle avait fait le bon choix. Mais le voir se rappeler d'elle assez aisément la chamboula un peu. Est-ce que ça signifiait quelque chose ? Ce n'était clairement pas le moment de tout remettre en question. Aussi, elle aborda un sourire un peu retenu alors qu'il lui demandait son identité. "C'est bien ça ! Bonsoir Matthias !" Elle était visiblement perturbée. Si elle tentait toujours à garder la face au mieux, il était clair que là, devant cet homme, elle n'en était pas vraiment capable. "Je suis surprise que tu te souviennes de moi... Ça fait quoi... Une bonne trentaine d'années qu'on ne s'est pas croisés ?" Quelle idiote pensa-t-elle d'elle même. Elle allait sur un terrain dangereux...

De son côté, Matthias n'était pas aussi chamboulé par cette rencontre avec une femme de son passé. Pour lui, tout était banal, il n'avait rien qui le rattachait hormis quelques bons souvenirs avec elle. Mais cela remontait à bien loin, c'est certain. Le pauvre allait vite tomber de dix étages quand il apprendrait...Il comprendrait sans doute mieux la réaction de Abigail face à leur rencontre dans ce café. A dire vrai, il le remarque mais n'en prend pas compte. Il pensait juste qu'elle était très surprise de le retrouver ici. Effectivement, il y avait tellement de monde sur cette planète et en plus, il n'était pas de base prédestiné à forcément vivre ici, à Montréal. Français de naissance, de cœur, il avait finalement opté pour le pays froid, et il fallait bien sur qu'ils se retrouvent dans la même ville, dans le même quartier, dans le même café au même moment. Il croyait plutôt au destin et savait que s'il était là au même moment qu'elle, c'était pour une raison.

« Ravie de te revoir, j'espère que tout vas bien , depuis le temps ? » Demande-il avec simplicité, avec sympathie et surtout une certaine affection pour elle. Il était pas franchement glacial avec les femmes qu'il avait côtoyer, du moins..Celle d'avant son mariage. Il esquivait royalement celle qu'il se tapait depuis. C'était pas évident pour lui d'assumer son penchant pour la gente féminine mais plus que de raison. Il était ainsi. C'était son vice.
« Ouah. Cela remonte à pas mal de temps en effet. Comme quoi ! » Matthias sourit finement, avant donc d'ajouter :
« Tu veux prendre un café ou tu es attendus ? » Il tente, pourquoi pas après tout ? Il avait bien envie de savoir ce qu'elle devenait, ce qu'elle était devenue plutôt. L'âge l'avait changé certes, mais pas en mal. Elle semblait être toujours cette femme rayonnante qu'il avait rencontré à sa jeune époque et le courant semblait toujours autant passer.

Abigail n'avait pas du tout prévu ça ! Elle aurait dû pourtant puisqu'elle savait qu'il n'était pas loin. Elle ne s'était simplement pas imaginé qu'elle tomberait dessus. C'était une utopie bien idiote que de penser de cette façon et elle en faisait les frais à l'instant ! Le destin était sans doute entrain de jouer avec elle pour lui faire comprendre que ce qu'elle avait fait toutes ces années n'était pas la bonne chose...

Elle se sortit rapidement ces pensées de la tête parce qu'elle savait qu'elle avait fait les bons choix ! Elle avait offert à Emma une vie de famille stable avec Gabriel, elle ne regrettait rien et aimait son mari et ses enfants plus que tout ! Matthias, elle le savait n'aurait pas pu lui donner tout ça ! Il était encore bien trop jeune dans sa tête... Les choses remises en place dans sa tête, elle pouvait maintenant essayer de se détendre. Un léger sourire sur les lèvres, elle hocha la tête. "Comme quoi le monde est assez petit oui !"

La mère de famille ne fut alors pas surprise de sa proposition. C'est sans doute ce qu'elle aurait fait si elle n'avait pas ce lourd secret sur les épaules. Ils avaient passé un moment agréable ensemble par le passé, ils ne s'étaient pas quitté de manière brute et donc, l'animosité et la rancoeur n'était pas vraiment présente entre eux. Elle devait se détendre et se dire que tout irait bien ! "On peut s'installer, je rentrais chez moi, j'ai un peu de temps pour discuter !" Dit-elle alors qu'ils rentraient à nouveau dans le café. Ils s'installèrent rapidement à une table et Abby demanda une infusion. "Alors dis-moi... Qu'est-ce que devient Matthias Duval ? Tu es à Montréal depuis longtemps ?" Engager la discussion lui donnait cette impression de contrôle sur la situation. S'il y avait bien une chose avec laquelle Abigail avait du mal, c'était de perdre le contrôle et dernièrement, c'était ce à quoi elle se frottait le plus malheureusement !

Le monde était petit oui. Il ne savait pas du tout, contrairement à elle qui devait avoir lu la presse de la ville, qu'il était ici. Il ne s'attendait pas à une telle retrouvaille, qui datait quand même … de plusieurs dizaines d'années. Ce n'était pas un mal, pour lui de retomber sur Abigail. Bien au contraire, cela lui faisait bien plaisir, loin de s'imaginer de ce qu'elle lui cachait, de la bombe qu'elle avait encore en poche et qu'elle pourrait désamorcer à tout moment. Oh oui,cette femme, pouvait faire basculer sa vie, en un claquement de doigt. Même si voilà,c'était peut-être pas le meilleur moment pour lui,en vue de tout ce qui se passait dans sa vie là. Oui, c'était déjà pas évident d'avoir les reines d'une grosse entreprise. Il était perdu, assez stressé par toutes les responsabilités qui lui tombait sous le bout du nez.

« Effectivement, le monde est petit. » Ajoute-t-il avec un petit sourire, retournant donc avec elle dans le café, pour donc prendre une autre boisson. Elle prend une infusion, lui un expresso. Pas d'alcool, il avait déjà bien assez bu tous le long de la journée. Il s'installe confortablement avant donc de poser son regard sur Abigail. Elle semble sûre d'elle, à gérer la situation, comme quand il l'avait connu.
« Et bien écoute, je vis ici depuis quelques années déjà. Enfin, j'ai pas mal navigué après entre la France et ici, mais là ouais, je suis là depuis quelques temps, avec ma femme. J'ai changé d'orientation, je suis allé en banque après et me voilà PDG de la RDC. Oui c'est pas une blague, me demande pas de te raconter, j'en peux plus de raconter ça. » Rigole le brun d'un ton amusé. De toute façon, elle pouvait bien ressortir un article parlant de lui, elle aurait toutes ses informations.
« Et toi alors ? Qu'est-ce que tu deviens, Abigail ? » Il prend une gorgée de son café, tout en posant d'ailleurs un billet pour payer leur consommation au serveur, lui faisant signe de garder la monnaie. Bien évidemment, qu'il était galant. Il était toujours ainsi.

Le hasard... Souvent, il était dit qu'il faisait bien les choses ! Mais pour Abigail, aujourd'hui, c'était tout le contraire ! Elle savait qu'il ne vivait pas loin, qu'il y avait des chances pour qu'un jour elle tombe sur Matthias. Mais elle ne pensait pas que ça puisse arriver maintenant. Elle se croyait à l'abri d'une confrontation et pourtant, elle en faisait les frais à l'instant !

Elle était mal à l'aise mais cherchait à le cacher au mieux. Retournant à l'intérieur du café en sa compagnie, son cerveau était en plein ébullition ! Ils s'installèrent, commandèrent rapidement et Abigail lança la conversation. Elle n'avait pas vraiment le choix si elle voulait que les choses se passent bien. En faisant le contraire, sans doute qu'il se poserait des questions. Après tout, ils ne s'étaient pas quitté d'une mauvaise manière ! Ils avaient passé de bons moments ensemble et il n'était pas au courant du secret qu'elle gardait bien depuis de longues années.

Elle l'écouta parler attentivement. Il était marié. Ca l'étonnait un peu mais elle se disait que sans doute, tout le monde était un jour capable de poser ses bagages. C'était une bonne chose pour lui qu'il ait de la stabilité. Abby lui sourit gentiment et secoua la tête. " Je te promets que je ne te demanderai pas de me raconter ! C'est un sacré changement tout ça !" Dit-elle avant une petite gorgée de son infusion. "Et bien, je suis mariée depuis bientôt vingt-six années maintenant. Maman de trois enfants. J'ai deux petits enfants adorables, Arthur et Nomi !" Elle n'était pas peu fière de sa famille. Ils étaient la chose la plus importante pour elle et Abigail était capable d'en parler pendant des heures. Mais elle doutait que Matthias soit aussi attentif à ça que ses amies ! Cette pensée la fit sourire et elle reprit rapidement. "Et je suis vétérinaire. Je tiens la clinique de la ville ainsi qu'un refuge... Alors comme ça, Matthias Duval est marié ! Tu sais que si tu m'avais dit ça à l'époque, je ne t'aurais probablement pas cru ?" Elle pouffa très légèrement. Pas pour se moquer, loin de là mais pour montrer son étonnement.