GIULYA ROSSI - take me to church

13 janvier 2019,

« la vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »

Einstein a raison. Il est peut-être temps que j’avance dans cette histoire, il est peut-être temps que j’oublie le mal qui me ronge, et que je lui pardonne. Mais je lui en veux à un point inimaginable, c’était comme s’il avait pris mon cœur et qu’il l’avait jeter à ses pieds pour le piétiner. C’est pas tant qu’il m’est trompé avec un homme – parce que j’ai toujours su son ambiguïté – c’est qu’il m’est trahit de la sorte, en m’humiliant, en me dégradant comme si de rien était. La loyauté, notion qu’il a perdu dans la bataille de sa vie, fait partie de la mienne, et j’arrive pas à comprendre son geste. C’était comme s’il avait la volonté de s’auto-détruire, en explosant tout autour de lui. Dont moi. Cet égoïsme que j’espérais qu’il est perdu, n’a fait que nous exploser à la gueule, et l’a plongé dans les abysses de la dépravation. Je pensais lui avoir trouvé la bonne voie, lui avoir rendu la foi. Mais non. Il a tout gâché, il a tout rendu plus noir, plus triste. Plutôt que d’affronter la vérité, il a préféré la bafoué, et oublier l’essence même de notre couple. Il a su nous oublier, peut-être que j’aurais due faire pareil. Mais je n’y arrive pas, j’l’ai dans la peau, il est le seul à faire battre mon cœur à chacune de ses inspirations, il est celui qui me fait vivre, survivre et aimer ce monde avec ses couleurs et ses noirceurs. Sans lui, je ne vis plus, sans lui, je ne suis rien. Même après ce qu’il m’a fait, il est dans mon cœur, dans ma raison, dans mon âme, et jamais il ne me quittera. J’ai eu beau prendre mes distances, tout me ramène à lui. Pourtant, il a ce mal en lui qui le ronge comme un brasier, et je sais qu’il me détruira, mais je ne peux m’empêcher de vivre sans lui, il est bien au-dessus de tout ça, bien au-delà de tout. Pourtant qu’est ce que je le hais d’avoir agit ainsi, je le hais si fort que je pourrais le cogner à mesure que mon cœur saigne pour lui. J’pourrais me jeter d’un toit pour qu’il comprenne à quel point il m’a détruite, mais vivre sans lui ? J’en suis incapable. Ces mois sans lui furent si longs, si douloureux, que mon cœur ne sait plus ce que c’est d’aimer et d’être aimé. Ses yeux si doux, ses mains charnues sur mon corps nu, sa respiration sereine sur ma peau, tout ça, ça me manque. Il me manque. Alessio est bien plus qu’une partie de ma vie, il en ait l’essence même. Je crois que j’en ai plus le choix désormais, quoi que ça me coûte, je dois rentrer à la maison. Dans le creux de ses bras au plus près de son cœur.

Une larme roulait sur le papier, faisant couler l’encre du mot cœur. C’était le bien triste résultat de sa vie actuelle, un cœur meurtris qui tente de s’effacer, sans jamais y arriver. Giulya savait qu’Alessio était l’homme de sa vie, il était celui avec lequel elle voulait vivre chaque seconde sa vie, aussi intense soit elle. C’était avec lui qu’elle voulait s’éteindre et rêver de paradis dans ses vieux jours. C’était pour lui qu’elle vivait, depuis le commencement de sa vie. Il était sa destinée, et il n’y aurait nul autre homme que lui dans sa vie. Elle savait que cette annonce concernant sa stérilité n’avait été qu’un pavé dans la mare, et qu’il était bien plus fort contre ça, il avait juste besoin qu’on lui montre la lumière plutôt que ses ténèbres. Et aujourd’hui, elle était prête à l’aider, à lui faire remonter la pente, en lui prouvant à quel point elle l’aime. A quel point elle le déteste. Parce que cette dualité faisait partie de ses sentiments, et qu’elle était incapable de faire autrement. Il est sa lumière dans la nuit, il est ses ténèbres sous le soleil. Il est ce tout. Et ce rien qui change sa vie. Alors, Giulya essuyait ses larmes, refermait son journal, et fit ses valises pour retrouver cette vie qu’elle avait quitté. Elle payait l’hôtel, où elle vivait depuis tout ce temps, et prit le volant de son cabriolet pour rouler à travers la campagne, en direction de ce château qui avait abrité son innocent amour.

La route, elle l’avait fait machinalement. Parce qu’elle l’a connaissait par cœur. Son esprit s’était embuée, perdu entre l’amour et la raison, entre rêver ou vivre, entre l’aimer et le détester. Dualité certaine qui ne la quittera pas tant qu’il n’avouera pas ses péchés. Et ce fut que lorsque sa voiture s’est arrêtée au pied de cette maison, que ses yeux se sont ouverts pour la première fois. Lumière fut encore plus vive que lorsqu’elle a comprit que son repos n’avait que trop duré. Elle prit alors son sac, et courrait dans le château, sachant d’avance où elle allait, et où elle devait aller. Puis sa course se terminait devant deux grandes portes en bois. Devait-elle les franchir ? Elle ne savait plus tellement. Giulya devait d’abord reprendre son souffle, alors elle posait le front sur le bois, une main sur le cœur, l’autre sur la porte, hésitante à l’ouvrir parce qu’elle s’avait qu’il était là, de l’autre côté. Elle n’était pas réellement prête à lui pardonner, mais elle savait qu’elle était prête à l’aimer, jusqu’à ce que la mort les séparent. C’était sa promesse ultime. C’était son vœu le plus sincère. C’était sa vérité. Alors elle prit une grande inspiration, et elle ouvrit les portes en grand, posant immédiatement ses yeux sur l’homme qu’elle aimera à jamais. Un regard brillant d’un amour sincère, brillant d’une colère sans fin. Aimer ou ne pas le faire. Telle est la question, mais elle se savait prête et c’est tout ce qui comptait. Alors d’une voix claire sans aucune hésitation, elle prit la parole, dans cet italien qui les rapprochait tant, occultant complètement le temps et l’espace, dans ce silence salutaire à leurs âmes.

« - Sono pronto Alessio, sono pronto ad amarti, non importa gli errori e gli ostacoli. Tu sei l'unico e sarai per sempre. » “Je suis prête Alessio, je suis prête à t'aimer, qu'importe les erreurs et les obstacles. Tu es le seul et tu le seras à jamais.”


Oui, Giulya était prête, prête à affronter la vie et ses obstacles, main dans la main avec cet homme qui n’était que dualité et beauté.