un ange à ma table (julian)

tu te grattes la nuque quelques secondes, les sourcils légèrement froncés, ton regard se posant sur la tête brune déambulant dans le salon, un petite voiture à la main et babillant un nouveau mot franchement appris dans une histoire. crapaud, crapaud, crapaud ! tu ne peux t'empêcher de trouver ça adorable. bowie. pas l'histoire de la princesse qui doit embrasser un crapaud pour faire apparaître le prince charmant, en plein milieu d'un marécage puant.
tu aimes lire, mais tu as passé l'âge d'être transporté par les livres destinés aux enfants. il ne faut pas abuser non plus. un verre avec de l'eau et du sirop de grenadine à la main, tu t'approches de la petite table basse. tu viens boire ma puce ? tu demandes avec un sourire à l'intention de l'enfant, qui abandonne bien vite le livre de compte pour te rejoindre. tu la laisses attraper le verre avec ses deux petites mains, mais tu le soutiens tout de même. tu ne veux pas qu'une catastrophe arrive. déjà que tu as l'impression qu'un cataclysme a remué le salon ... tu esquisses un sourire quand la petite termine son verre. grosse soif. qu'elle souffle, toute souriante.
et bordel, tu fonds. tu fonds devant sa bouille.
tu lui tends le papier pour la laisser s'essuyer la bouche (même si ce n'est pas très efficace encore et que tu dois l'aider) toute seule. t'as toujours été du genre à laisser les enfants essayer de faire seul, avant de les aider. c'est comme ça qu'ils apprennent.

tu jettes un regard à l'heure. julian ne devrait pas tarder à venir récupérer sa princesse à la maison. il te l'a laissée un peu plus tôt dans l'après-midi, après un rapide échange de messages. tu glisses tes doigts dans les cheveux de bowie pour dégager son front et ses yeux des mèches brunes. tu esquisses un sourire, et tu passes encore un peu de temps à jouer avec l'enfant.
jusqu'à entendre sonner. je crois bien que c'est papa qui vient te chercher. tu souffles à la petite fille, qui sautille de joie à l'idée de revoir son père. tu te diriges vers l'entrée, l'enfant sur les talons, ouvrant la porte à ton fils.
il ne te faut que quelques secondes pour comprendre que quelque chose ne vas pas.
et qu'il n'a pas l'air tout à fait sobre non plus. tu laisses cependant l'enfant aller se réfugier dans les bras de son père.

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{un ange à ma table.}
crédit/ tumblr + w/@Marcus Beauchamps

T'étais accoudé à ce comptoir depuis longtemps. T'étais même pas censé être là. T'avais déposé Bowie chez tes parents. Tu devais prendre du matériel dans une boutique de Laval. Tu voulais composer. T'avais même bien avancé dans les nouvelles chansons. T'étais satisfait. T'étais heureux de vivre de ta musique. Votre groupe avait enfin réussi à percer. Tu gagnais à présent de l'argent pour exercer ta passion. Tout était parfait. Sauf que la mère de Bowie était de retour. Et tu ne savais pas trop comment tu devais gérer les choses. T'y pensais presque plus. Il t'arrivait de passer une journée complète sans penser à elle. Sans te souvenir qu'elle avait abandonné Bowie alors qu'elle à peine trois mois, et toi par la même occasion. Elle était partie comme ça, du jour au lendemain. Sans laisser la moindre explication, sans mot, rien. Rien. Elle n'avait rien laissé, ni à toi, ni à ta fille. Votre fille. Et elle revenait aujourd'hui, comme si rien ne s'était passé. Elle voulait revoir Bowie. Toi, t'en avait pas envie. Tu voulais pas. Tu lui avais dis. Mais tu savais que c'était mal. T'avais pas le droit de priver ta fille de sa mère. Mais qui te disait qu'elle n'allait pas à nouveau se barrer à l'autre bout du pays? Tu n'en savais rien. Et ça te tuait.

Alors finalement, t'étais resté dans ce bar dans lequel tu t'étais arrêté. T'avais pas réussi à conduire, l'esprit débordé par toutes ces pensées. Et ta montre avait fini  par biper. T'avais posé tes yeux bleus dessus. Tu devais récupérer ta princesse. T'avais donc déposé de l'argent sur le bois et t'étais sorti. Mais t'étais pas en état de reprendre ta voiture. T'avais donc pris un taxi qui t'avait déposé devant la maison de tes parents. Cette maison dans laquelle tu avais grandi, dans laquelle tu avais assimilé ce concept encore abstrait pour toi à cette époque : la famille. Tu esquissais un sourire en voyant la bouille de Bowie. Elle avait le don de te faire oublier tes problèmes. Tu la prenais dans tes bras pour lui faire un câlin, respirant son odeur apaisante, l'embrassant dans le cou, la faisant rire en même temps. Puis tu la reposais par terre, la laissant aller s'amuser avec ses jouets. « Merci de l'avoir gardé. » Que tu disais à ton père en refermant la porte derrière toi. Même si finalement ça ne t'avais pas permis de faire ce que tu voulais faire. Tu retirais ta veste pour l'accrocher au portant dans l'entrée. C'est fou comme tu retrouvais certains mécanismes dans cette maison. Tu jetais un œil à Bowie qui revenait vers toi pour te donner un livre de contes. « Crapaud ! Crapaud ! » Tu lui souriais avant de la caresser sur la tête. « Plus tard mon cœur, d'accord ? » La petite t'observa un instant avant que tu te poses sur le canapé tout proche.

tu relèves un peu la tête de bowie en entendant sonner. sans doute julian, vue l'heure. nelson, le vieux mastiff semble attiré par le bruit, mais ne semble pas non plus vouloir se bouger pour venir voir de quoi il s'agit. la petite fille, quant à elle, court déjà en direction de la porte et tu as à peine le temps d'ouvrir la porte qu'elle saute dans les bras de son père.
tu esquisses un sourire,
bien trop attendri par la scène.
tu observes ton gamin un instant, captant tout de suite ce quelque chose qui ne va pas. sa progéniture se désintéresse bien rapidement pour aller s'amuser avec les jouets qui traînent. merci de l'avoir gardé. tu esquisses un sourire. tu sais qu'on aime l'avoir à la maison. même si ton père à du s'absenter. tu souffles en laissant julian retirer sa veste et s'avancer vers le salon, bowie arrivant rapidement avec son nouveau compte favori entre les mains. plus tard mon cœur, d'accord ?
tu t'éloignes un peu en direction de la cuisine, attrapant un grand verre que tu viens remplir d'eau fraîche, et tu rejoins le salon. bowie a attrapé des crayons pour dessiner sur une feuille traînant par là, et nelson semble s'être décidé à venir dire bonjour à cette visite pas si inconnue.

tu tends le verre à julian. cul-sec. ça te fera du bien. tu souffles avec un sourire, même si la situation t'inquiète un petit peu. tu viens ensuite t'asseoir non loin du garçon (il restera toujours ton garçon, quel que soit son âge). tu jettes un coup d’œil à bowie pour vérifier qu'elle soit plus concentrée sur son dessin plutôt que sur vous. raconte-moi tout. qu'est-ce qu'il se passe julian ? tu demandes en détaillant les traits de son visage un court instant.
habituellement quand tu déposes bowie, c'est pas pour aller boire une bonne partie de l'après-midi. tu n'es pas dupe. tu n'as même pas vu sa voiture dans la rue et tu te demandes bien comment il a pu faire pour arriver jusqu'ici. tu as toujours été proche de julian, t'as l'impression de sentir ces choses-là. sentir quand tes enfants ne vont pas si bien qu'ils le laissent paraître. tu secoues un peu la tête. dans tous les cas, il n'est pas question que je te laisse repartir dans cet état. tu sais ou es ta chambre. tu souffles. elle est dans le même état que quand il est parti, quand il a pris son envol comme le reste de sa fratrie. trop tôt à ton goût. la maison est bien vide depuis plusieurs années. et même si ça vous laisse le loisir de retrouver une vie rien qu'à tous les deux avec vincent, ça te manque cette époque de cris et de rires dans les couloirs de la bâtisse.

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{un ange à ma table.}
crédit/ tumblr + w/@Marcus Beauchamps

Tu sais que ça fait plaisir à tes parents de babysitter Bowie. Mais tu essaies de te débrouiller autrement la plupart du temps. Tu penses qu'ils en ont assez fait et qu'ils ont droit tous les deux, à des soirées tranquille, sans cris d'enfant. Même si tu sais que ça leur fait plaisir d'avoir leur petite fille de temps à autre. Et puis, ce n'était pas comme si elle était difficile. C'était même plutôt le contraire. Bowie était une enfant plutôt facile à vivre. Tout l'intéressait et il était alors facile de capter son attention. Il suffisait de lui parler de princesse, de chevalier, de lapin farceur pour que ça puisse lui plaire. T'en avais acheté des livres pour lui raconter des histoires. Parce que t'en connaissait aucune ou presque. Ta mère t'en racontait de façon sporadique. Mais t'étais tellement petit que tu n'en avais aucun souvenir. T'avais plutôt opter pour les balades à la guitare en guise de berceuse. Ça tu savais faire. C'était dans tes cordes. Et c'était devenu votre routine à tous les deux. C'était peut-être aussi pour ça que Bowie adorait la musique. Parfois tu l'emmenais aux répétitions. Tu lui mettais un casque pour réduire la puissance sonore qui arrivait à ses oreilles. Et ça l'amusait.

Tu portais ton regard sur elle alors qu'elle s'était assise devant la table basse, gribouillant une feuille avec ses crayons. Cela formait un véritable kaléidoscope de couleurs qui s'enchevêtraient dans tous les sens. Une future artiste. Peut-être. Tu voyais ensuite ton père t'offrir un verre d'eau. Tu le remerciais avant de le prendre en main et de boire une gorgée. Tu déposais ensuite le verre sur la table mais loin des dessins de ta princesse. On ne sait jamais. Aux mots de Marcus, tu reposais ton attention sur lui. Tu soufflais. T'avais l'impression d'être un livre ouvert devant lui. Il arrivait facilement à te tirer les vers du nez. Peut-être parce qu'il ne t'avait jamais jugé. Parce qu'il n'a jamais cherché à t'imposer des choix. Qu'il t'a simplement laissé faire, à ta façon. « Elle est revenue. » T'avais pas besoin de préciser tes mots. Il devait devenir. Oui, la mère de Bowie était de retour à Montréal. Et ça te mettait les nerfs à fleur de peau. En général, t'étais plutôt du genre placide. Mais avec elle, t'avais tes sens qui s'affolaient. Elle avait toujours eu le don de te faire perdre la tête. Dès que tu l'avais rencontré. C'était comme ça. Tu pouvais rien y faire. Ce genre de chose, ça ne se contrôlait pas. « Elle veut la voir. » Tu serrais la mâchoire à cette idée. Tu savais pas ce que tu en pensais. Sincèrement. Si cela ne concernait que toi, tu aurais dit non. Un non catégorique. Mais là, il s'agissait de ta princesse. « Elle est partie sans se retourner et maintenant, elle veut la voir. » Ça te dépassait. Jamais tu n'avais songé à te débarrasser de Bowie. Jamais. Même pendant la grossesse de ton ex-compagne. Tu l'avais élevé seul. Tu avais appris à t'occuper d'un enfant alors que tu ne te sentais pas davantage prêt. Mais tu l'avais fait. C'est toi qui était là quand elle pleurait après un mauvais rêve. C'est toi qui la réconfortait en la câlinant doucement dans tes bras. C'est à toi qu'elle avait prononcé ces premiers mots. . C'est toi aussi qui l'avait encouragé à faire ses premiers pas quand elle s'était mise debout. T'étais seul. Égoïstement, tu voulais que ça continue comme ça. T'en voulais encore à ton ex-compagne de vous avoir abandonné tous les deux. Tu lui en voulais de ne pas avoir cru en toi quand tu la réconfortais, quand tu lui disais que tu l'aimais et que tu ne permettrais à personne de lui faire du mal. Elle n'avait pas cru en tes paroles. A rien. Elle était partie. Et tu te sentais encore blessé. Par l'absence de confiance. Et pire encore, par l'abandon. Encore une fois.

tu aimerais pouvoir dire que c'est héréditaire, le fait que julian a toujours été un excellent père, malgré sa situation qui n'a rien de simple. mais vous ne partagez pas le même sang. tu t'en fiche. c'est ton fils, et tu défieras quiconque ose dire le contraire. et c'est pour cette raison, parce que c'est ton fils, et parce que ton fils vit une situation compliquée, que tu t'inquiètes, que tu as toujours eu un peu peur de cette situation, qui a trouvée son équilibre, mais qui a été assez instable pendant quelques semaines. peut-être pas au point de nécessiter une quelconque thérapie, mais assez pour que tu t'inquiètes pour ton fils.
l'amour ça fait mal. et pas seulement quand il s'agit d'une quelconque tromperie.
tu ne sais pas si tu peux qualifier ça de tromperie ou non.
tu ne sais que ce que le brun a bien voulu te raconter quand ça c'est passé.
le départ de la mère de bowie. petite qui ne semble pour le moment, pas plus affectée que ça par l'absence de mère. mais ça viendra. tu le sais. situation qui s'annonce déjà sensible et compliquée à gérer. t'es assez cartésien. pas défaitiste, juste réaliste. et logique.
elle va comprendre bowie, comprendre que les autres enfants ont un papa et une maman.
tout comme roxane a terminée par comprendre qu'elle avait deux papas et que c'était différent.

tu retiens un léger soupir. tu t'avances, peut-être que ça n'a rien à voir. pourtant ton instinct te hurle le contraire. et tu attends patiemment qu'il veuille parle ou non, l'encourageant un peu tout de même. tu le laisses boire une gorgée dans le verre apporté un peu plus tôt. elle est revenue. tu fronces légèrement les sourcils, comprenant sans plus attendre de qui il s'agit.

tu le savais, au fond, que c'était ça le soucis. l'instinct paternel. elle veut la voir. elle est partie sans se retourner et maintenant, elle veut la voir. tu fermes les yeux un court instant et viens glisser contre l'épaule de ton fils, tendu comme jamais rien qu'en te soufflant ces mots. tu n'imagines pas ces 'retrouvailles' un peu particulières.
dieu sait que tu pourrais t'échiner pour tes gamins. les défendre jusqu'à ton dernier souffle, même s'ils ont tords. mais tu dois avouer que, à ce moment précis, tu ne sais pas quoi lui dire. tu n'approuves pas ce mea culpa qui semble sortir de nul part de la part de la jeune femme. je te comprends. tu souffles en faisant référence à sa colère et toute la tension qui semble accumulée. à sa place, si tu t'étais retrouvé seul de cette manière, tu aurais sans doute mal réagit face à un retour aussi soudain.

tu ne veux pas brusquer julian, ou lui faire croire que tu n'es pas de son côté. mais tout le monde fait des erreurs julian. tu souffles. ça n'excuse en rien son comportement, ça n'effacera en rien ces mois passés seul avec bowie. mais ne pense-tu pas qu'elle a le droit de connaître sa mère ? tu ajoutes en tournant la tête vers la petite fille, plongée dans son dessin. tu préfères tourner ça dans ce sens. tu ne veux pas le froisser. tu ne veux pas le vexer. tu essayes seulement d'éclaircir un peu la situation. même si la décision finale lui revient,
bien entendu.

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{un ange à ma table.}
crédit/ tumblr + w/@Marcus Beauchamps

T'étais pas trop du genre à te confier facilement. Cela avait plutôt du mal à sortir en général. T'avais une certaine pudeur qui t'empêchait de parler de toi. Cela arrivait rarement et souvent avec les personnes auxquelles tu faisais le plus confiance. Marcus avait toujours été le plus ouvert te concernant. Vincent avait plus de mal avec toi quand tu étais adolescent. Il faut dire que tu leur en faisais voir de toutes les couleurs. T'avais eu du mal à accepter la mort de ta mère. T'avais eu du mal à te dire que tu n'avais pas réussi à la retrouver à temps. Que tu ne lui avais pas dit tout ce que tu avais besoin de lui dire. Alors forcément, tu en avais voulu à tes pères. A eux qui dans un sens, t'avaient éloigné d'elle. Puis tu avais fini par comprendre que cela t'avait sauvé. Tu ne savais pas ce que tu serais devenu si tu n'avais pas été adopté. Ta mère t'oubliait souvent... T'aurais fini par mal tourné, tu le savais. T'avais fini par faire la paix avec ce passé. Même si tu aimais tes pères comme n'importe quel fils, tu ressentais une absence en toi. Un manque qui ne sera jamais comblé. Mais tu vivais avec. Tu avais peur que ce soit la même chose pour Bowie. Quand ton ex-compagne était parti, tu l'avais très très mal pris. Surtout quand tu avais compris que ce n'était pas un coup de tête, que c'était définitif. En tout cas, cela y ressemblait. Alors là, oui tu avais ressenti de la colère. Pour Bowie parce qu'elle allait vivre la même chose que toi. Parce qu'elle avait une mère qui avait abandonné son rôle. Tu t'étais retrouvé seul à l'élever, à subvenir à ses besoins. Même si tu savais à l'époque, que tu pouvais compter sur ta famille. Cela te tenait à cœur de l'assumer seul et de faire en sorte qu'elle ne manque de rien. Aujourd'hui, sans être prétentieux, tu pensais t'en être bien sorti. T'avais réussi à la rendre heureuse. Et peut-être que finalement, tu avais trouvé cet équilibre. Bowie avait un père, des tantes, un oncle et des grands-pères qui l'adoraient. C'était bien ainsi. Oui, sauf que la mère de Bowie était revenue. Et qu'elle voulait reprendre sa place auprès de ta princesse. Égoïstement, t'avais envie de la chasser d'un revers de main. Tu n'avais plus besoin d'elle. Bowie n'avait plus besoin d'elle. Sauf que tu savais que c'était bien loin de la réalité.

Tu gardais tes yeux bleus sur ta fille qui se concentrait sur son dessin. Tu l'aimais ta fille. T'avais jamais ressenti ça auparavant. Tu te sentais moins seul depuis qu'elle était née. Elle t'avait donné le meilleur rôle du monde. Et tu avais peur que le retour de ton ex-compagne change la donne. T'avais tellement eu du mal à arriver à cet équilibre. Tu ne voulais pas que tout vacille. Tu posais ensuite ton regard sur ton père qui s'était approché. Marcus avait été le premier a apprendre que tu allais être père. Cela lui avait fichu un choc. Tu savais qu'il avait du mal avec le temps qui passait. Mais il t'avait soutenu. Aujourd'hui, tu pouvais dire que tu t'étais inspiré de l'éducation que Vincent et lui t'avaient offert, pour élever Bowie. Marcus était peut-être le mieux placé pour le comprendre. Et d'ailleurs, il disait exactement ce que tu ressentais. Un fin sourire triste s'était affiché sur tes lèvres. « Si justement... Si je pense qu'elle a le droit de connaître sa mère. » Tu soupirais, t'avançant un peu plus sur le rebord du canapé sur lequel tu t'étais installé. « J'ai jamais voulu que sa mère soit une équation X dans sa vie. » C'était ton ex-compagne qui avait choisi de partir. « Mais, qui me dit qu'elle ne va pas se barrer à nouveau ? » T'avais aucun moyen de le savoir. « Et là je ne pourrais pas m'assurer que ça ne blesse pas Bowie. » Tu regardais ta fille qui te montrait son dessin, toute fière. Tu ne comprenais pas trop ce qu'elle avait voulu dessiner. Mais tu savais qu'elle y mettait tout son cœur. Tu lui souriais en remettant une de ses mèches brunes derrière son oreille. « Je ne lui fais plus confiance. » Avouais-tu à ton père. Et c'était peut-être ça le pire. T'avais du mal à imaginer ta fille avec sa mère.

tu te doutes bien que la situation est compliqué. très compliquée à gérer pour ton fils. tu ne peux t'empêcher de venir poser un regard sur la petite bowie, te pinçant les lèvres un instant. petit ange que tu aimes garder, que vous aimez avoir à la maison avec vincent. et bordel, ça t'as foutu un sacré coup de vieux quand julian est venu t'annoncer qu'il allait être papa. (et toi grand-père par la même occasion). ça aurait pu tomber un autre moment que l'année de tes cinquante ans, mais bon.
tu l'as toujours soutenu ton fils,
quoiqu'il puisse se passer.
et même s'il t'avait annoncé devenir père à tout juste dix-sept, dix-huit ans, alors t'aurais été là pour le soutenir. tu te pinces les lèvres un bref instant. le retour de lou dans la vie de ton fils et de ta petite-fille n'est pas forcément une bonne nouvelle à entendre, tu dois bien l'avouer.
mais ce ne serait pas une raison pour souffler au brun de l'empêcher de voir sa fille.

si justement... si je pense qu'elle a le droit de connaître sa mère. tu hoches doucement la tête à ses mots. c'est toujours une discussion, un débat compliqué, ce genre de cas. et bon sang, que t'as pu te battre pendant des années et des années, quand on te disait que roxane allait être malheureuse, que ne pas connaître sa mère allait l'impacter.
alors qu'au final, tu n'en as pas tellement l'impression.
tu essayes de te mettre à la place de julian, mais tu n'arrives pas à savoir comment tu aurais pu réagir en voyant la mère de la brune revenir soudainement dans vos vies. la situation n'est pas la même, en même temps. tu glisses une main contre ton visage. tu ne sais pas quoi lui dire, à julian. tu ne veux pas prendre partie pour la mère de bowie, mais cette dernière à le droit de la connaître, sa mère. j'ai jamais voulu que sa mère soit une équation X dans sa vie. mais, qui me dit qu'elle ne va pas se barrer à nouveau ? et là je ne pourrais pas m'assurer que ça ne blesse pas bowie. tu hoches doucement la tête à ses mots. il a raison, tu ne peux le nier. tu te pinces brièvement les lèvres, observant la petite fille. je ne peux pas t'assurer qu'elle ne partira pas de nouveau. tu souffles. dieu sait que tu aimerais le faire. et je ne peux pas t'assurer non plus qu'elle est revenue pour de bon. tu ajoutes après quelques instants.

je ne lui fais plus confiance.
tu hoches doucement la tête, silencieux. j'ai bien peur de n'avoir aucune réponse à te donner, julian. tu souffles en observant ton fils de longues secondes. tu n'as jamais été confronté à cette situation. il sait que tu feras toujours tout pour l'aider, et que s'il décide d'empêcher sa mère de voir bowie, alors tu le soutiendras aussi dans son choix. mais tu n'es guère plus utile, sur ce coup. c'est une situation que je n'ai jamais eue à vire. et dans ton crâne y'a cet univers impensable ou vincent aurait pu se barrer du jour au lendemain, roxane bébé, et revenir des années plus tard en demandant des comptes. tu secoues la tête de gauche à droite.
tu préfères de loin cette réalité.

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{un ange à ma table.}
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Tu ne savais pas comment réagir à ce retour surprise. Dans un sens, tu étais rassuré de savoir qu'elle allait bien. Mais d'un autre, tu lui en voulais encore beaucoup. Un peu trop en fait pour paraître compréhensif et heureux de ce retour. Tu ne pouvais pas tricher. Tu ne l'avais jamais fait. Quand tu avais quelque chose à dire, tu le disais. Tu n'y allais pas par quatre chemins. C'était d'ailleurs un trait de caractère qui t'avait toujours pénalisé avec tes professeurs par le passé. Et tes pères savaient à quel point tu avais la langue pendue. Et c'est pour cette raison que tu n'avais pas pu feindre cette colère contenue devant ton ex-compagne. En même temps, elle ne pouvait pas s'attendre à autre chose après ce qu'elle avait fait. Elle t'avait déçue. Et elle devait le savoir. Mais tu ne pouvais pas oublier qu'elle avait abandonné votre fille. Il n'y aurait eu que toi dans l'équation, tu aurais peut-être passé l'éponge et encore... mais là, tu pensais à Bowie. Et ce qu'elle avait fait, cela ne se pardonnait pas. En tout cas c'était ton avis. Oui, ta petite fille avait le droit de connaître sa mère. Parce qu'elle en avait besoin. Parce que toi-même t'avais eu ce besoin et pourtant t'étais plus âgé que ta princesse à ce moment-là. Tu savais qu'elle allait finir par se poser des questions. Te demander où était sa mère. Pour l'instant, tout cela lui était inconnu. Elle était encore une enfant et elle n'avait pas encore conscience qu'il lui manquait une personne dans sa vie. Elle avait des grands-parents extra, des tantes toutes gagas d'elle et un oncle qui adorait satisfaire ses caprices. Elle ne manquait de rien. Pour l'instant. Tu savais très bien que ce n'était qu'une question de temps. Alors au final, cela te faisait à nouveau réfléchir à la situation présente.

Tu gardais tes yeux bleus sur ta fille qui dessinait tout en chantonnant une comptine qu'elle connaissait par cœur. Tu l'aimais ta fille. Tu savais que tu serais anéanti si tu la perdais d'une façon ou d'une autre. Tout ça, ton ex-compagne ne pouvait pas comprendre. Elle ne connaissait rien à son sujet, ce qu'elle aimait, ce qu'elle détestait... Cette année, Bowie allait fêter ses trois ans. Et tu savais tout d'elle. De sa passion pour la mangue, à son aversion pour les brocolis, à son émission de musique préférée en passant par Patou et cette guitare que Claire lui avait offert. Ce n'étaient pas des choses que ton ex-compagne savait. Parce qu'elle était partie. Tu buvais une nouvelle gorgée de ton verre d'eau. T'avais mal au crane. Ça t'apprendra à picoler alors que t'as pas mangé. D'ailleurs, tu crèves la dalle mais t'as l'estomac dans les talons. Ton père semblait aussi perdu que toi. A ses paroles, tu reposes tes yeux sur lui en ajoutant avec un demi sourire. « Pourtant, on vous a causé pas mal de problèmes quand on est arrivé dans vos vies. » Cela n'avait pas été simple. Que ce soit pour Marcus ou pour Vincent. Ils avaient eu des gosses, avec des caractères assez opposés les uns des autres. Heureusement, ils avaient réussi à les canaliser. « Ce qui veut dire que pour moi, c'est le début des emmerdes. » Tu avais dis ces derniers mots sous le ton d'un murmure pour que les oreilles chastes de Bowie n'entendent rien. Puis tu t'enfonçais un peu plus dans le canapé. T'étais crevé. Tu passais tes mains sur ton visage avant de souffler doucement. Puis tu reposais tes yeux sur Bowie. T'avais trop bu pour rentrer seul avec Bowie. T'avais laissé ta voiture dans un autre quartier quand t'avais pris un uber. « Ça vous dérange si je squatte la douche et mon ancienne chambre avec la puce ? » Tu ne savais pas s'il avait prévu quelque chose avec Vincent. Tu préférais demander.

tu te pinces les lèvres un instant, un peu démuni face à ton fils, retenant un léger soupir et glissant une main dans tes cheveux. tu ne sais pas franchement quoi dire à julian. cette situation, tu ne l'as jamais connue, en réalité. avec vincent vous avez du faire face à beaucoup de difficultés, mais pas celle-là.
pourtant, on vous a causé pas mal de problèmes quand on est arrivé dans vos vies. tu esquisses un petit rire à ses mots, haussant les épaules, un sourire amusé sur les lèvres. ouais, une belle brochette d'emmerdes. mais que du bonheur. on savait à quoi s'attendre, tu sais. tu souffles finalement en glissant une main contre l'épaule de ton fils. tu viens te gratter la joue du bout des doigts. ce qui veut dire que pour moi, c'est le début des emmerdes. tu secoues un peu la tête de gauche à droite, et tu viens poser ton regard sur bowie quelques secondes, elle ne semble pas se douter de ce dont quoi vous parlez. et c'est tant mieux. élever un enfant, c'est sûr que ce n'est pas de tout repos. mais tu verras, c'est que du bonheur. tu souffles, te voulant rassurant. y'a des embûches, c'est sûr. tu ajoutes, presque pensif. tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant. tu ne peux pas dire à julian que tout est toujours rose. mais il suffit de regarder votre famille. vous avez finalement réussi, avec vincent.

ça vous dérange si je squatte la douche et mon ancienne chambre avec la puce ? tu observes bowie, qui sera certainement heureuse de pouvoir rester dormir ici. sans connaître les réelles motivations de son père à rester. tu retiens un léger soupir. tu aimerais qu'elle reste innocente encore des années et des années. tu es chez toi, tu le sais bien. tu souffles avec un petit sourire. il doit encore traîner quelques affaires dans ton armoire. tu ajoutes, te grattant la nuque. tu n'as jamais eu le courage d'aller trier entièrement les chambres de tes enfants, et vincent n'a sans doute jamais eu l'intention de s'y mettre. ce n'est pas bien grave, et ça dépanne bien. tu esquisses un petit sourire. au moins je serais sûr que tu manges correctement ce soir. tu souffles, taquin.

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{un ange à ma table.}
crédit/ tumblr + w/@Marcus Beauchamps

Tu savais que cela n'avait pas été facile pour Marcus et Vincent. Surtout que vous aviez tous un caractère assez particulier. Tu comptais plus les fois où tu avais obligé tes pères à venir jusqu'au bureau du proviseur. Des tas de fois. T'avais pas été facile et tu le savais. Tu t'étais bagarré avec Jamie à plusieurs reprises. T'avais découché. Bref, t'avais été un adolescent à problèmes. Aujourd'hui, tu t'étais calmé. Mais c'était surtout grâce à Bowie. Tu étais devenu plus responsable à sa naissance, moins sanguin. T'avais mis de l'eau dans ton vin. Mais c'était seulement en devenant père que tu t'étais rendu compte à quel point c'était difficile d'être parent. Ce n'était pas quelque chose qui s'apprenait dans les lèvres. Pas totalement. L'apprentissage, c'était la vie de tous les jours. C'étaient les erreurs, les efforts que façonnaient le parent en devenir. Et rien d'autres. Vincent et Marcus avaient été confronté à tout ça, bien avant toi. « Peut-être que vous saviez. Cela n'empêche pas la difficulté d'être bien là. » Déjà avec Bowie, t'avais jamais l'esprit tranquille. Tu pensais toujours à elle, qu'elle soit avec toi ou non. Elle occupait toutes tes pensées. Tu savais pas ce que tu ferais sans elle. Elle était devenue une partie de toi. Et le retour de ton ex-compagne mettait en péril tous ce que tu avais construit jusque là. « Je n'imagine pas ma vie sans elle... » Tu pourrais pas. Te retirer ta fille, c'était te retirer cet organe qui te servait de cœur.

Tu gardais tes yeux bleus sur Bowie qui se grattait les yeux. Il commençait à se faire tard pour elle. A cette heure-là, elle avait déjà pris son bain. T'avais demandé à ton père si tu pouvais rester ici. Ce soir t'avait pas envie de rentrer chez toi. Tu remerciais Marcus avant de sourire à ses propos. « Je mange toujours correctement. Enfin j'essaie le plus possible. » Pour Bowie mais aussi pour toi. Cela faisait des années que tu étais devenu végétalien. T'avais donc appris à cuisiner, à varier les plats et les saveurs. Puis tu soupirais un peu, fatigué avant de voir Bowie se tourner, tendant les bras vers toi. Tu la prenais contre toi. « Je connais une petite fille qui commence à être fatiguée. » La petite posa sa tête contre ton épaule. « Je vais lui donner son bain et je redescends pour t'aider à faire à manger. » Tu t'étais ensuite levé du canapé, gardant ta puce contre toi , l'emmenant à l'étage pour la baigner. Une fois fait, vous étiez redescendu au rez-de chaussée. Bowie était un peu plus réveillée et répétait à son grand-père qu'elle avait faim « comme le loup ». Ce qui voulait dire qu'elle avait très faim. Tu l'installais sur sa chaise pour enfant qu'elle utilisait à chaque fois qu'elle venait ici. Puis tu levais un œil vers Marcus. « Ton mari rentre bientôt ? » Tu étais étonné qu'il ne soit pas encore là.

peut-être que vous saviez. cela n'empêche pas la difficulté d'être bien là. tu hoches distraitement la tête. ton fils à raison, après tout. tu retiens un petit soupir et viens glisser une main dans tes cheveux grisaillant. (à ton grand regret.) tu te pinces brièvement les lèvres, haussant un peu les épaules. c'est vrai. mais les moments de joie ont toujours été plus importants. tu souffles simplement. il y a des difficultés, toujours, avec des enfants. mais ce n'est pas sur ça qu'il faut se focaliser. ]je n'imagine pas ma vie sans elle. tu comprends ce sentiment. tu ne le comprends que trop bien. tu restes silencieux de longues secondes, ton regard se portant sur bowie. petit fille qui semble fatiguée, soudainement. il faut dire que l'après-midi a été agitée. vous êtes allé vous promener au parc, non loin, profitant des températures commençant à s'adoucir.

julian te demande s'il peut rester dormir ici, et tu esquisses un sourire et en profiter pour le taquiner un peu. tu esquisses un petit sourire. je mange toujours correctement. enfin j'essaie le plus possible. tu hoches la tête. je n'en doute pas. tu réponds sincèrement. il fait attention pour bowie aussi, tu t'en doutes. avec vincent, vous avez aussi dû commencer à avoir une alimentation correcte et équilibrée, avec l'arrivé de roxane dans votre vie. puis de toute votre petite famille.
le jeune homme récupère sa fille dans ses bras. je connais une petite fille qui commence à être fatiguée. je vais lui donner son bain et je redescends pour t'aider à faire à manger. tu hoches la tête. volontiers. tu souffles. parce que tu épuises vites tes idées de plats végétaliens. c'est compliqué de jongler avec les régimes alimentaires de chacun des enfants. tu laisses le brun s'éloigner en direction de l'étage pour le moment, tandis que tu attrapes ton téléphone, vibrant un peu plus loin. tu fronces un peu les sourcils, avisant le message de vincent, soupir au bord des lèvres.

tu t'éloignes un peu en direction de la cuisine, ouvrant les placards à la recherche de quoi faire le repas. tu retiens un petit soupir. t'es pas très inspiré, ce soir. mais heureusement, ton fils revient rapidement, bowie dans les bras, affamée comme le loup. tu esquisses un sourire. ça arrive ma chérie. tu souffles à la petite, tandis que son père la pose dans la chaise haute. ton mari rentre bientôt ? tu tournes un peu la tête. il est retenu au travail. il ne devrait pas tarder. tu souffles en haussant un peu les épaules face au jeune homme. tu esquisses un petit sourire. toujours en pensant à vincent.
je t'avouerais que je n'ai pas énormément d'idées pour le repas. ça s'épuise vite, les plats végétaliens. tu esquisses un sourire en sortant quelques légumes du frigo. n'hésite pas si quelque chose t'inspire. tu ajoutes en désignant les placards. il est plu doué que toi pour ça.