getting stuck with a stranger | xander

La ville. Le froid. L’hiver. Trois choses qui, pour toi, s’avère être horrible. Tu n’aimes pas te retrouver au centre ville, en solitaire. Tu n’aimes pas le froid qui règne encore et toujours sur les environs. Et tu n’aimes pas l’hiver, la neige, les tempêtes, les problèmes. Tu es le genre d’homme qui aime le soleil, qui aime les rues dégagés, qui aime la chaleur. L’hiver, avec la neige, la glace, il y a toujours des accidents, des collisions. Toujours des problèmes. Toujours des moteurs froid qui refusent de démarrer à la première tentative qui finisse au garage, car le propriétaire ne connaît rien à la mécanique. Toi et tes collègues, c’est devenu un passe-temps. Il n’y a jamais beaucoup d’effort à produire dans ce genre de situation. Chacun votre tour, vous prenez ce véhicule, vous l’examiner et vous tourner la clé après qu’il est réchauffé. Aussitôt, la voiture démarre et il n’y a rien de plus à faire. Argent facile, dirais le patron. Mais, pour toi, peu importe. Aussi longtemps que cela touche la légalité, le garage et la facilité, tu t’avères être un homme satisfait. Outre aujourd’hui. Aujourd’hui, tu as dû quitter le garage. Tu as une tâche relié à la mafia qui t’attends, quelque part dans le centre-ville. Alekseï a été très vague à ce sujet, ne te donnant qu’un emplacement et les directions pour l’atteindre. Il disait que la suite des consignes allaient suivre en temps et en heure, selon le besoin. Chose que tu déteste lorsqu’il décide d’agir ainsi. Tu déteste avoir l’impression de n’être qu’un pion pour lui. Tu déteste te sentir utilisé, exploité. Alors que tu sais que tu vaux plus, bien plus. Si tu le voudrais, tu pourrais le détrôner de sa position de chef. Que cela soit un héritage ou non. Tu sais en être capable, et tu sais que plusieurs vont supporter ton mouvement. Tu le sais, ils ont peur de toi et de ton caractère de marbre. Tu n’es pas parmi les plus anciens, les plus craint sans raison. Que tu joue un rôle ou non, cela n’importe pas réellement. Au final, le résultat est le même. Les nouveaux, ils tremblent devant toi. Les anciens, ils refusent de te provoquer en duel car ils savent que cela annonce leur défaite automatique. Personne n’est parvenu à te mettre au sol. Personne n’est parvenu à te blesser suffisamment pour que tu capitule. Tu es invaincu. Et tu risque de l’être encore bien longtemps. Personne n’ose affronter la légende que tu représente au sein de la communauté. Ce qui t’amuse bien plus que tu ne pourras l’avouer. Cependant, il n’est malheureusement pas question de ton poste ou de ta position au sein de la mafia. Du moins, c’est ce que tu espère. Alors, tu te contente de suivre les indications de ton chef, te rendant à l’immeuble mentionné. Tu te souviens qu’il parlait de hauteur, de plusieurs étages à monter avant d’atteindre ta destination. Tu ignores quel genre de bâtisse il s’agit, sûrement un bureau ou quelque chose de similaire à cela. Peu importe. Toi, tu traverse le hall d’entrée, prenant le direction des ascenseurs. Lorsque tu arrives, tu vois un homme déjà présent, qui semble attendre. Tu te joins à lui après un sourire poli. Silencieux, ton regard observe les environs. Tu crains le piège, tu crains l’arnaque. Toutefois, tu ne dis rien, tu ne fais rien. Tu te contente d’attendre, d’espérer que tout aille pour le mieux, que tu ne sois pas le pion de la mafia russe. Tu en deviens presque nerveux, mais rien ne se voit, comme toujours. Puis, après de longues minutes d’attente, l'ascenseur arrive. L’homme qui attendait avant toi s’avance, choisi l’étage et tu le suis, appuyant à ton tour. Et ce, avant de prendre place au fond, loin des portes. S’il y a bien une chose que tu n’aimes pas en ce monde, les ascenseurs. Ils ne sont pas confortable. Ils ne sont pas fiable. Ils sont petits. Chaque fois que tu mets les pieds à l’intérieur d’un, tu sens ton coeur se serrer à l’intérieur de toi, comme si ta cage thoracique se refermait sur l’organe qui tente de battre pour te maintenir en vie. Chaque fois, c’est la même chose. Tu panique à l’intérieur, tu ne laisse rien paraître, et lorsque tu franchis les portes, tu es soulagé. Jusqu’à ce que tu doive remonter pour descendre. Cependant, aujourd’hui, les choses vont être différente. Seulement quelques secondes après avoir monté à bord, tu entends un bruit étrange, puis plus rien. Plus aucun mouvement, plus aucun bruit. Vous semblez vous retrouvez coincé à l’intérieur, sans issu, sans solution. Toi qui déteste déjà ce petit espace, tu soupire avant de fermer les poings. “C’est pas vrai…” Siffles-tu entre tes dents, approchant des boutons pour appel de l’aide, étant incapable de faire quelque chose. Tu aurais préféré que cela n’arrive jamais. Maintenant, tu vas avoir une vraie raison de détester ces boîtes de métals. “Il fallait que ça m’arrive à moi…” Marmonnes-tu, avant de passer une main nerveuse contre ta nuque.

Aujourd’hui, tu as rendez-vous dans un des plus grands immeubles de Montréal pour proposer ton projet au propriétaire de la tour. Celui-ci veut aménager le toit de l’immeuble, en un espace de verdure où les gens pourront venir se poser pendant leurs pauses. C’est plutôt un projet intéressant, sur lequel tu as beaucoup travaillé, en imaginant plusieurs espaces afin de combler tout le monde. Tu as imaginé un jardin botanique, regroupant différentes fleurs et plantes qui amèneront de belles senteurs au toit, mais également un jardin oriental, avec des plantes venues d’Asie et des tontes d’arbres plutôt originales. Tu pourrais ainsi mettre en avant des bonsaïs et des niwakis. Tu sais que tu ne pourras pas faire ce projet tout seul, qu’il faudra que tu embauches exprès pour ce projet, si le propriétaire retient ta proposition bien sûr.

Tu es plutôt bien habillé, propre sur toi. Tu veux vraiment décrocher ce contrat, un contrat qui pourrait te rapporter gros et faire monter ta société. Tu as ta société depuis vingt cinq ans, tu as envie de la développer, mais tu n’as pas vraiment les moyens de payer des gars, alors pour le moment, tu fais les contrats tout seul, tu aménages des jardins ou bien des toits seul et quand tu as vraiment besoin, tu recrutes des gars en contrat à durée déterminé, comme ça, tu es certain que tu peux les payer le temps du chantier.

T’es un peu en avance, ton rendez-vous n’est que dans trente minutes, mais tu aimes être en avance, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Tu attends patiemment devant l’ascenseur, que celui-ci descende au rez-de-chaussée. Tu entres alors dans celui-ci une fois que celui-ci s’ouvre à toi, puis un autre homme entre dans l’ascenseur. Tu lui souris poliment, comme pour le saluer. Tu sais que vous allez devoir rester quelques secondes ou bien peut-être minutes tout les deux dans cet ascenseur, jusqu’au prochain arrêt. Tu appuies alors sur le bouton de l’ascenseur t’emmenant jusqu’à l’étage le plus élever de la tour, l’étage où se trouve le propriétaire de la tour, qui regroupe plusieurs bureaux d’entreprises, parfois des multinationales. Quand soudain, un bruit, suivi d’une secousse. L’ascenseur tombe en panne. Décidément, la journée commence bien ! L’homme qui se trouve derrière toi appuie sur le bouton pour appeler de l’aide, pour le moment, vous restez sans réponse. Tu sors ton téléphone. « Pas de réseau bordel ! » Tu ne sais pas comment joindre l’extérieur. Tu ne peux même pas prévenir ton rendez-vous que tu auras du retard. Tu imagines alors une solution pour sortir, comme dans les films, tu t’imagines sortir par le toit de l’ascenseur et escalader jusqu’à trouver une sortie, mais tu dois bien l’avouer, tu n’es pas assez sportif pour cela. « Bon, bah, j’ai l’impression que l’on est coincé là pour un moment… » Dis-tu en regardant l’homme se trouvant à tes côtés. Il n’a pas l’air bien à l’idée d’être enfermé ici. Ceci dit, toi non plus. Tu ne dirais pas que tu es claustrophobe, mais l’idée d’être enfermé sans avoir d’issu ne te rend pas bien.

Au fond de toi, il y a certaines craintes, certaines peurs qui sont présentes. Peut-être refuses-tu de les avouer, de les assumer, mais elles restent présentes. Tu ne peux prétendre n’avoir peur de rien. Tu ne peux prétendre être parfait à ce point. Cependant, tu peux tenter de dissimuler ces peurs au fond de ton être. Tu peux tenter de ne pas les laisser paraître, même lorsque tu tremble à l’intérieur. Malheureusement, tu n’es pas un si bon acteur. Parfois, les peurs sont plus fortes que toi. Parfois, tu tentes mais n’obtiens aucun résultat concluant. Et, aujourd’hui, semble être une de ces journées. Alors que tu te rendais à cet immeuble pour un rendez-vous. Alors que tu attendais devant les portes de métals fermés l’arrivée de l’ascenseur. Quelque chose à l’intérieur de toi frissonnait. Tu ne pouvais expliquer quoi ni comment, mais il y avait un doute. Un doute sur le bon déroulement de cette journée. Peut-être était-ce le froid que tu déteste tant. Peut-être était-ce la présence de cet inconnu avec toi. Peut-être était-ce l’absence d’information sur le dit rendez-vous. Tu l’ignores. Toutefois, quelque chose ne te semblait pas correct. Tu avais l’impression que ce rendez-vous auquel tu devais te présenter seul, était un piège. Tu craignais que cela soit un test ou une manigance quelconque par les membres de ta mafia. Tu te retrouve face à l’inconnu, et tu n’aimes pas particulièrement cela. Ce qui ne t’empêche guère d’agir normalement. D’agir comme tu le ferais tous les jours. Tu adresse un sourire poli à l’homme qui attends avec toi, refoulant l’impatience qui grandit en toi. Ton cerveau imagine toutes sortes de situation, de plans de sortie, de manigance. Tu tente, au mieux de tes capacités, d’être prêt pour toutes éventualités. Mais, quelque chose te dit que tu ne seras pas prêt. Comme toujours. Comme lorsque tu as rencontré Isabella, par hasard, dans les rues de la ville. Toi qui était en mission, accompagné d’un gamin. Jamais, ô grand jamais tu n’aurais voulu croiser cette ravissante créature alors que tu t’occupais de chose en lien avec l’autre moitié de ta vie. La moitié illégale de ta vie. Tu n’en parle pas. Tu ne t’en vante pas. Comme tous les autres membres d’ailleurs. À la différence que toi, tu es prêt à laisser cette vie derrière. Tu es prêt à passer à autre chose. Ce qui s’avère être plus complexe, plus ardu que tu ne l’aurais cru. Déjà, tu sais que tu ne peux disparaître du jour au lendemain, sans fournir d’explications au chef. Quand bien même c’est ce dont tu aurais envie. À tes yeux, ton temps est fait. Tu es le plus ancien. Tu as participé à la création de cette mafia. Alors, tu pourrais bien la quitter et laisser la relève poursuivre. Non? C’est ce que tu crois. Mais, tu sais que ce n’est pas un avis partagé. Et ce, même si tu n’as jamais posé la question. Tu le sais car c’est ainsi depuis toujours. Tu n’es malheureusement pas une exception à la règle. Tu ne peux quitter cette seconde famille quand l’envie t’en prends, bien au contraire. C’est pourquoi tu garde la tête haute. C’est pourquoi tu continue tes tâches, tes missions et tes rendez-vous mystérieux sans dire un mot, sans dire une protestation. Tu te contente d’obéir au chef et suivre les instructions qui te sont fournis, aussi vague puisse t-elles être. Ce qui te mène à la première étape pour atteindre le bon étage du rendez-vous, monter à bord de l’ascenseur. De nouveau, tu es en compagnie de l’inconnu qui attendait auprès de toi. Les premières secondes, tu n’y porte pas attention. Même que cela te rassure légèrement de ne pas être seul. Toi qui déteste les espaces clos. Toi qui déteste ces cages de métals bruyantes. C’est stupide, tu le sais. Mais, une peur est une peur. Une phobie est une phobie. Tu aurais bien voulu prendre les escaliers, sauf que monter près de vingts étages n’étaient guère quelque chose qui t’intéressait. Bien au contraire. Toutefois, si tu aurais pu prévoir l’arrêt soudain de l’ascenseur, tu aurais pris les escaliers, évitant ainsi la panique et l’angoisse qui grandit en toi. Tu n’es pas bien et tu sais que c’est facile à voir. Tu ne connais pas l’homme présent avec toi. Tu n’as donc rien à lui prouver, rien à lui démontrer. Tu te contente d’être toi, au naturel. C’est-à-dire, le russe qui craint les ascenseurs. Tu aurais envie de hurler, de maudire les fabricants de ces cages de métals, mais aucun mot ne franchit tes lèvres outre des lamentations. Puis, la voix de l’homme en ta compagnie parvient jusqu’à tes oreilles. Nerveux, tu fais volte-face rapidement, posant un regard surpris sur ce dernier. Tu ne sais rien de lui, mais tu es coincé avec lui dans ce petit espace. Espace qui te semble bien trop petit pour deux personnes. Par chance, tu garde un certain contrôle sur toi, sur tes émotions. “J’ai bien de la chance aujourd’hui…” Dis-tu, sans vraiment t’adresser à l’inconnu. Tu soupire, tu secoue la tête. “Même mon gamin serait plus calme que moi, c’est con… Excuse moi mec, je déteste les ascenseurs.” Dis-tu, ressentant une certaine gêne à ces mots. Toutefois, la nervosité était bien plus grande. Tu optes donc pour la franchise, l’honnêteté.