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 #406 - Et nous avons des nuits plus belles que nos jours

BREATH OF DESTINY :: chapitre trois / dublin, irlande. :: stephengreen's :: home sweet home
Leone Castelli
une holà et je repars !
Leone Castelli
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pseudo : Into the Wild
faceclaim : Richard Madden - Aslaug
âge : 30 ans
occupation : Médecin Légiste, spécialiste en expertise traumatologique des victimes de violence. Leone travaille donc régulièrement en collaboration avec la police et témoigne souvent comme expert assermenté au tribunal. Il est également animateur d'un groupe de parole pour personnes vivant avec des maladies graves et/ou chroniques, et est bénévole dans une association de lutte contre le VIH.
statut civil : En couple avec Daniel Cosgrave
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#406 - Et nous avons des nuits plus belles que nos jours
{} Jeu 11 Avr 2019 - 17:53

« Dan ? Je suis rentré. »

L’appel avait résonné dans le duplex alors que Leone enlevait son pardessus et son écharpe. L’heure, par miracle, était décente. Leone n’avait eu aucun appel de dernière minute pour recueillir un témoignage ou faire une expertise, ce qui l’arrangeait passablement. Non pas qu’il n’aime pas son métier et en soit fatigué car même si la médecine légale n’avait pas été son premier choix, il avait coutume de dire qu’il faisait peut-être davantage de bien ainsi. Les chirurgiens réparaient les gens. Mais comment faire, quand les plaies avaient été infligées non pas par un coup du sort, mais par des mains violentes, des mains de haine, des mains de sang ? Il était des plaies qui ne se refermeraient jamais, pas même avec un bistouri. Et ces gens, il les accompagnait dans leur parcours, il était présent au pire jour de leur vie, et parfois, dans leur mort, pour donner des réponses à une famille, à la société, pour tenter que cette dernière devienne un peu meilleure. Il en voyait la lie tous les jours. Cependant, il y était né, dans cette boue, alors elle ne lui répugnait pas. Ou du moins, il avait appris à faire avec, et à espérer y creuser un soleil, parfois. J’ai pris ta boue et j’en ai fait de l’or, aurait dit Baudelaire. C’était aussi son credo dans la vie.

Ce jour-là, rien de tout cela, cependant. Il n’avait fait que trois autopsies de routine de personnes décédées au cours d’opérations à l’hôpital pour confirmer les causes de la mort qui ne faisaient objectivement aucun doute, mais les règles et procédures étaient ce qu’elles étaient, donc acte. Et puis les familles préféraient toujours avoir l’assurance que tout avait été fait pour sauver leur être cher, qu’il s’agissait simplement de la malchance, du destin. Accessoirement, les finances de l’hôpital aussi, pour éviter de devoir payer des avocats dans un litige aux montants astronomiques. Qui avait dit que les médecins légistes n’étaient que des bouchers-charcutiers et des oiseaux de malheur ? Eh, ils rendaient des services insoupçonnés par tous les dieux du bistouri !

Alors qu’il se déchaussait, Leone ne put s’empêcher de soupirer joyeusement, appréciant le fait de rentrer avant que la nuit ne soit entièrement tombée et avec l’esprit pleinement concentré, au moins en partie, sur la soirée à suivre, la première de vraiment libre depuis … une semaine ? Deux ? Il ne savait plus vraiment. Mais l’un des français de son association avait voulu faire un partenariat avec le Sidaction, et résultat des courses, il avait fini par devoir taper les formulaires, faire les comptes et avait même dû prêter ses petites mains pour recoder la page d’accueil de leur site, histoire de mettre en place une collecte en ligne. Bref, cela lui avait pris du temps, trop de temps et quand ce n’était pas lui, c’était Daniel qui sortait, ou qui avait une séance tard avec ses élèves-patientes. Du coup, ils s’étaient vus en coup de vent pendant la semaine, ne se retrouvant finalement que dans leur lit pour y dormir, avant de partir au petit jour et de s’y glisser à minuit.

Lorsqu’il vit Daniel devant lui, son sourire des bons jours s’étira sur son visage. Il était là. Et malgré les années, les papillons dans son ventre voletaient joyeusement quand il apercevait ses mèches blondes. Toujours. Bien sûr, cela ne ressemblait en rien aux grondements de sa jeunesse. Après dix ans, on aimait différemment. Peut-être plus sagement, plus doucement. Et en même temps non, parce qu’après dix ans, c’était tellement facile, de savoir ce qui fonctionnait, d’être en harmonie et pourtant, encore, de se surprendre. Gentiment, ses lèvres capturèrent celle de son compagnon, sans appuyer, juste ce signe inimitable d’intimité pour dire qu’il était rentré, qu’il était là, et qu’ils étaient ensemble. Se détachant, il lui demanda :

« Tu as des projets pour ce soir ? Ou bien je peux te voler quelques heures ? Moi et mon horrible cuisine ? »

Un instant, des souvenirs d’avant lui revinrent, des soirées avec les copains de l’école de médecine puis de l’internat d’un côté, les amis du ballet de l’autre, au milieu de ce qui aurait dû être un plat comestible et se trouvait être une montagne un peu gluante et très carbonisée, prouesse difficile à réaliser pour le commun des mortels mais que Leone parvenait avec un brio sans cesse renouvelé à réussir. Et les rires, les embrassades des uns et des autres, les moqueries … et la commande de sushis qui suivait, parce qu’il fallait bien se nourrir, et les yeux de Dan sur lui, avec cette petite lueur mi-horrifiée, mi-attendrie. Cette flamme d’amour.

Il aurait tellement aimé la revoir, cette flamme, même si elle n’était plus qu’une fumerolle, une étincelle.

Daniel Cosgrave
je me morfond, puis je me bats.
Daniel Cosgrave
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pseudo : sarah, javanaise.
faceclaim : max irons, ultraviolences.
multinicks : bb naofel.
âge : 28 ans.
occupation : daniel est né pour danser. il a bien essayé de faire autre chose, de lire, d'écrire, d'embrasser une carrière de philosophe raté, en vain. on ne danse pas avec les mots, certains y parviennent mais les siens sont morts nés. alors il tangue, transmet aux autres sa passion. on peut parler avec le corps, Daniel en est persuadé et ses élèves brisées, un jour, le seront aussi.
statut civil : leone, c'est son homme depuis dix ans. dan ne réalise pas toujours ce que cela implique, dix ans. tout ce qu'il sait, lui, c'est qu'il l'aime. il l'aime tellement qu'il s'y accroche, à cette histoire qui bat de l'aile.
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Re: #406 - Et nous avons des nuits plus belles que nos jours
{} Dim 14 Avr 2019 - 17:47

Son salon baigne dans les dernières lueurs du jour. Ces couleurs, voilà des semaines qu'il ne prend plus le temps de les voir. Cet appartement pourtant, le blond l'a choisi pour cela: ces immenses fenêtres et cette lumière qui selon les heures repeint les murs. Il l'a choisi, pour la cuisine ouverte et la hauteur sous plafond, le deuxième étage et les multiples travaux à prévoir. A trop fuir Daniel oublie. Il oublie même ces détails qui autrefois, amplifiaient le sentiment d'être enfin chez lui.
Bien des choses changent sans qu'on en mesure la gravité.
Les secondes, les minutes passent et ses yeux enfin, se décrochent de l'extérieur, dérivent sur l'écran qu'il tient dans ses mains.
aucun message.
Ses collègues lui ont conseillés de rentrer plus tôt aujourd'hui, c'était un ordre, plus qu'une délicate attention. Entre ses ateliers, le gala à venir et les heures qu'il enchaîne pour décharger les autres, Daniel n'a plus le temps de rien. Plus le temps de vivre, plus le temps de penser. C'était le but mais pas une solution, les filles l'ont semble t-il compris bien avant lui.
Loin de l'association et donc de tout ce qui régit sa vie, Dan ne peut que songer, constater ce manque qui lui serre l'estomac.
Leone.
Au travail, le danseur y pense rarement. Sa vie privée s'efface au profit des autres. Il a, ses pas de danses en tête, l'air tourmenté de certaines de ses élèves, mais pas cette mâchoire carré ni ce regard pour lequel il est tombé il y a dix ans de ça. Daniel l'oublie car c'est exactement ce que les autres attendent de lui : qu'il ne soit qu'un professeur, un passeur en mesure d'offrir un langage qu'elles puissent s'approprier.
Dans l'intimité de l'appartement, tout lui revient. il y a bien évidemment le doute qui insidieux, contaminent ses sentiments mais le blond pose son regard sur un cadre, une veste, une paire de chaussures et alors, son italien lui manque.
Que fait-il ?
Où est-il ?
La demi-heure suivante sera remplis de questions. Daniel range un peu, pour s'occuper les doigts et ainsi ignorer les mètres carrés de solitude. il trie ses vêtements comme d'autres font le point sur leurs sentiments, si bien que la voix de Leone, le blond l'entends à peine. C'est comme un bourdonnement, un bruit de fond qui l'arrête un instant dans ses mouvements. les doigts serrés sur une chemise, Dan se détache du lit. Ses pieds glissent sur le parquet, le tissus sur perd sur une pile et ce n'est que dans l’embrasure de la porte qu'il l’aperçoit.
Il sourit doucement, par amour, par nostalgie. Peu importe car la chaleur est là, dans sa poitrine et Daniel s'y accroche avec fermeté.
Mais...t'es déjà là. Ses lèvres capturent les siennes, sa main dans un vieil automatisme se pose sur sa joue. La caresse ne dure qu'un quart de seconds mais il se plait à ressentir la barbe de quelques jours sur ses doigts. Je ne t'attendais pas...je faisais du trie, je m'ennuyais...
Ses yeux bleus s'accrochent aux siens. Pendant de longues secondes, Daniel se perd dans ce regard qu'il ne peut s'empêcher de voir dans ceux des autres, encore aujourd'hui. Il repense, aux premières semaines, aux premiers mois. Là où le blond n'avait que son prénom et son sourire en tête, puis des je t'aime, une bonne centaine qu'il prenait le temps de souffler chaque jour de peur d'être annihilé.
Après dix ans, Où sont-ils tous passés ?
Tu me manquais. Il souffle, doucement dans un élan de sincérité mais aussi et surtout pour éteindre le fil de ses pensées. Les bras croisés contre son torse, Dan laisse échappé un léger rire. Attends, j'ai bien entendu ? Tu comptes nous préparer quelque chose pour le dîner ? Il songe un instant à cette cuisine qu'il vient tout juste de nettoyer mais ses pupilles sur focalisent de nouveau sur la silhouette masculine et bien malgré-lui, le blond se sait perdu d'avance.
Bien sûr, qu'il peut lui voler quelques heures.
Même toute une nuit.
Est-ce que je dois sortir le numéro d'une pizzeria au-cas-où ? Pour prendre un peu d'avance. Et dans ses yeux danse une lueur d’espièglerie qu'il pensait éteinte, du moins ici.

Leone Castelli
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Re: #406 - Et nous avons des nuits plus belles que nos jours
{} Dim 14 Avr 2019 - 22:24

Une bouffée de chaleur suivie d’une stalagmite en plein cœur, le froid et le volcan de la passion se réunirent en un ensemble éruptif dans le cœur de Leone alors qu’il entendait à la fois les mots tant attendus et ceux tant redoutés. La culpabilité de ses soirées seules, des dîners pris à la va-vite dehors avant de rentrer se glisser entre leurs draps à côté d’un Daniel déjà couché refirent brutalement surface, et il se sentit soudain ridicule, avec son sourire, comme si de rien était, comme s’il n’avait rien à se reprocher, comme s’il ne le faisait pas souffrir, cet amoureux de dix ans qu’il adorait encore comme un fou, à tel point qu’il oubliait qu’il n’était pas acquis, qu’il était libre de le quitter à tout moment, de le planter là, lui et ses problèmes, de lui rendre la bague qu’il lui avait acheté cinq ans auparavant, de récupérer la sienne … Il se trouvait idiot, stupide, à ne pas avoir envoyé un message pour dire que cette fois, il rentrait bel et bien. Mais non, tout heureux, il n’avait pensé qu’au fait qu’enfin, il allait retrouver leurs pénates à une heure décente, voulant lui faire une surprise, tel le gosse qu’il n’était plus. Qu’ils n’étaient plus, plus exactement. Ils n’avaient plus dix-neuf et dix-huit ans, à vivre d’amour et d’eau fraîche. Et pourtant, Leone aurait tellement aimé que ce soit le cas, parce qu’il ne désirait que cela.

Et pourtant, en trois petits mots, Daniel avait ravivé sa flamme. Il lui manquait. Et égoïstement, il trouvait cela magnifique, d’être sans cesse rassuré sur le fait qu’il conservait sa place dans le cœur du blond, de son blond, que le fait d’être séparés lui pesait autant qu’à lui. Parce que Daniel était toujours dans les pensées de Leone, peu importe ce qu’il faisait. Il y avait toujours une part de son esprit pour s’égarer vers son amant, pour se souvenir d’un petit tic qui l’amusait où d’un moment passé ensemble. Sans doute était-ce le résultat de dix ans de vie commune, bien sûr, mais aussi, pour sa part, d’un attachement profond et vivace. Dans l’océan de douleur qu’il rencontrait parfois dans son travail ou dans ses autres activités, Leone aimait se remémorer que de belles choses existaient dans la vie, que cette dernière valait la peine d’être vécue, au moins pour voir s’épanouir de tels sourires.

Alors le sien grandit tout de même, et il s’autorisa à savourer délicatement ces quelques secondes, avant que la réalité ne le rattrape, et qu’il ne soit contraint à afficher une mine contrainte, alors que la glace reprenait le dessus et asséchait la lave de son amour, que la culpabilité se faisait conquérante, menaçant de saper tout ce qu’il avait pu ressentir, tout ce qu’il avait envie de faire pour cette soirée, pour recréer leur cocon. Il ne voulait pas céder à cette dernière entièrement, parce qu’il ne désirait pas se disputer, Leone, ou juste se faire mutuellement de la peine. Il voulait juste … Daniel, celui qui riait à ce moment précis en l’entendant parler de cuisine, celui dont les yeux brillaient et qui l’animait d’un feu si particulier. Alors, il se fit lâche, un peu, et tenta de préserver leur petit échange domestique, parce qu’il lui rappelait pourquoi il était si bien avec Daniel : parce qu’il était son foyer, davantage que les murs les entourant.

« Ce manque de confiance en mes talents m’attriste profondément, Monsieur Bélisle. Je suis outré ! »

Entre l’air grandiloquent et la fausse moue, inutile de préciser que l’ensemble n’avait absolument rien de convaincant, et tendait davantage vers l’hilarant. D’ailleurs, Leone reprit rapidement une pose moins dramatique et envoya un petit clin d’œil à son compagnon :

« Dis-moi que c’est pour commander le dessert et je ferai semblant d’y croire, Dan’. »

Avant d’ajouter :

« Cela dit, tu es libre de me donner un coup de main, histoire que je ne sois pas le seul responsable du fiasco à suivre ! »

Arrivant dans leur cuisine, le légiste se mit immédiatement à fouiner dans le frigidaire, sortant différents légumes, de la viande de bœuf et une sauce hoi sin, l’un de ses condiments préférés. Après quelques tâtonnements, il parvint à trouver la poêle à wok et, se retournant vers Daniel, lui expliqua :

« Alors, l’une de mes collègues m’a donné une recette pour un wok, il paraît que c’est celle qu’elle a apprise à son fils, histoire qu’il ne meurt pas de faim une fois seul à Québec … D’après elle, s’il est parvenu à la réussir, je dois y arriver aussi, c’est le niveau imbécile. Je suis donc tout qualifié !

Tu veux m’aider pour les légumes ? »


Lui-même, non sans s’être harnaché d’un tablier, empoigna un couteau pour émincer la viande, heureux de constater qu’à force de manier le scalpel toute la journée, il réussissait au moins dans cette maigre tâche. Une fois qu’il eut terminé, il mit le tout dans la poêle. Lentement, il tourna sa tête vers son amant et il ne put s’empêcher d’observer Daniel et de s’approcher de lui. Et doucement, il glissa ses bras autour de la taille de son compagnon, sa bouche trouvant le creux entre son cou et son épaule, et il murmura :

« Toi aussi, tu m’as manqué. Tu me manques constamment, quand on est comme ça. Je suis désolé, de ne pas être assez là.

J'aurai dû t'appeler, pour te prévenir, mais je voulais te faire la surprise. »

Daniel Cosgrave
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occupation : daniel est né pour danser. il a bien essayé de faire autre chose, de lire, d'écrire, d'embrasser une carrière de philosophe raté, en vain. on ne danse pas avec les mots, certains y parviennent mais les siens sont morts nés. alors il tangue, transmet aux autres sa passion. on peut parler avec le corps, Daniel en est persuadé et ses élèves brisées, un jour, le seront aussi.
statut civil : leone, c'est son homme depuis dix ans. dan ne réalise pas toujours ce que cela implique, dix ans. tout ce qu'il sait, lui, c'est qu'il l'aime. il l'aime tellement qu'il s'y accroche, à cette histoire qui bat de l'aile.
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Re: #406 - Et nous avons des nuits plus belles que nos jours
{} Sam 27 Avr 2019 - 16:51

parfois, daniel se demande, se demande quand et comment cette étincelle - celle qui devait être inaltérable - a laissé place à ce ténu malaise. ô, ce n'est pas toujours le cas. la plupart du temps, le danseur déborde de tendresse pour celui qui partage sa vie depuis dix ans.
parce que c'est long, dix ans.
c'est tant de semaines, tant de jours, tant de secondes à s'enivrer de l'autre.
pourtant, c'est en faisant les comptes de leurs vie à deux qu'il parvient à s'interroger sur ce qu'ils sont, ce qu'ils ont été et surtout, surtout, sur ce qu'ils seront. daniel n'y pensait pas avant, ni au début, ni pendant. c'est là tout le problème. quelque chose a changé et ce constat l'effraie.
les premiers jours sont si vifs dans son esprit qu'ils semblent dater d'hier. d'une certaine façon, leone a toujours été une constante dans son existence. c'était un ami avant même d'être un amant. un ami qu'il trouvait beau mais inintéressant, dépourvu de frissons. il a fallut beaucoup de temps, des heures et des heures à l'observer pour parvenir à l'aimer.
le frisson c'était alors démultiplié.
un frisson pour son rire, son accent, ses yeux clairs. un frisson pour tout. même pour cette manie qu'il avait d'insulter le monde entier chaque fois qu'une manette finissait entre ses doigts.
c'est long, dix ans.
mais daniel n'oublie pas.
il n'oublie pas, tout ce que leone a fait lorsque denise est décédée. sa sœur était le centre du monde. avec ses silences, ses étreintes et sa présence, l'italien a fait pour lui plus que n'importe quel psychologue ne fera jamais. ils ont passé des jours, des jours semblables à des années en espérant que les choses s'arrangent. tantôt dans les couloirs, tantôt dans la chambre aseptisé. son espoir, daniel l'a maintenu jusqu'au bout. leone aurait pu, aurait dû l'éveiller, le conjurer d'ouvrir les yeux mais il ne l'a pas fait.
le blond ne l'a aimé que plus fort pour toutes ces choses-là.
en y repensant, c'est sans nulle doute à cette époque que dan a pensé pour la toute première fois que cette homme allait être le sien pour une durée indéterminé.
le plus longtemps possible de préférence, avec comme objectif l'éternité.
comment, comment est-ce qu'il peut ne serais-ce que songer à prendre un chemin différent du sien ? ils se voient de moins en moins, s'embrassent, de moins en moins.
mais n'y a t'il pas de l'espoir, puisqu'ils parviennent encore à se manquer ?
daniel lui sourit avec l'espoir de ne pas retranscrire dans ce rictus le maelstrom de ses pensées. il rit, de sa fausse moue, de son piètre jeu d'acteur et cela semble fonctionner.
le doute est encore là mais ça, la danseur parvient à l'ignorer.
ça t'étonne ? il lance tout en haussant un sourcil dubatatif. ce n'est pas contre toi amore mais je tiens à ma vie, moi.
daniel glisse à ses côtés. il caresse un instant le dos de sa main et picore la commissure de ses lèvres. à peine quelques secondes défilent avant qu'il ne se décide à s'en détacher pour fouiller dans les tiroirs. avec le régime de leone et sa propre manie de lister les ingrédients douteux, le couple a pris l'habitude de consigner dans un coin les bonnes adresses.
ça et le fait que daniel soit terriblement vieux jeu. c'est qu'il n'y comprend pas grand chose, aux nouvelles applications.
ok, tu m'as percés à jour. qu'est-ce qu'on commande du coup ? j'ai envie de sucré. des cheesecakes ? ou mieux ? ou autre chose ? flyers en main, le blond s'avance et dépose ses quelques trouvailles sur le plan de travail. loin de leone pour ne pas le gêner mais suffisamment près pour avoir l’œil dessus.
elle n'aurait pas un peu trop d'espoir, ta collègue ? je ne connais pas son fils mais je t'ai déjà vu à l'oeuvre....enfin, faut bien un début à tout n'est-ce pas ? peut-être qu'un chef se cache quelque part là-dedans il dit, tout en pointant un doigt contre son torse l'air faussement sérieux. qu'est-ce que je dois faire du coup ? c'est toi le patron. les mains propres et un couteau entre les doigts, daniel attends les instructions. le blond se moque beaucoup mais pour être tout à fait honnête, ses talents de cuisinier dépassent à peine ceux du plus âgé. non pas qu'il brûle ses plats mais sa chasse aux mauvaises graisses l'empêche de se lancer dans quoi que ce soit d'élaboré.
dan n'a plus rien du soliste qu'il était mais les habitudes, elles, demeurent.
leone... il frissonne, ferme un instant les yeux. il sent, ses doigts qui se resserrent sur le couteau, s'appuient sur le meuble. les mots de son amant le ramènent un instant vers ses vieilles pensées, trop sombre, trop amer pour l'atmosphère qu'ils tentent de créer. alors il soupire, détend légèrement sa nuque, comme pour laisser plus de place aux lèvres de sa moitié. ne dis pas ça, s'il te plait. tu n'imagines même pas à quel point je suis moi-même désolé. je sais que tu pensais bien faire. c'est juste...que je m'habitue petit à petit à cette situation. à cette distance, à leurs absences, mais ces mots, daniel décide de les taire car c'est mieux ainsi. c'est même super. je veux dire, je pensais passer ma soirée tout seul mais te voilà, que demander de plus ?
plus d'amour ? moins de doutes ? peut-être, oui.


Leone Castelli
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Re: #406 - Et nous avons des nuits plus belles que nos jours
{} Sam 27 Avr 2019 - 23:47

Lentement, les mots avortés expirèrent sur sa bouche, et Leone se contenta de ses lèvres pour transmettre son message. Les paroles qu’il n’osait prononcer, il décida de les offrir à la peau blanche sous ses lippes, celle qui avait le goût du monde entier et le parfum de nulle part ailleurs. Parce qu’il n’arrivait pas à savoir si Daniel s’habituait à leur rythme de vie, ou s’il s’habituait au manque, et qu’il n’avait pas forcément envie d’avoir la réponse qu’il redoutait. Et comme il ne voulait pas de réponse, il préférait étouffer ce qu’il aurait lui-même pu dire par le seul langage qu’il était certain de parler correctement. Son amant ne disait-il pas si souvent que le corps pouvait dire tellement davantage que de simples phrases ? Qu’on pouvait tracer tant de choses d’un sourire, et écrire toute une poésie d’un geste ? Alors, le jeune homme décida de lui dédier un roman, celui de ses non-dits et de ses espoirs, dans ses lèvres qui caressaient le cou offert, érigeant à travers leurs informulés des montagnes de baisers, et aussi des déclarations d’amour au goût cendré d’éternité au temps compté.

Doucement, ses mains entourèrent celles du blond, et mues par des années de pratique du scalpel les yeux fermés, elles le guidèrent pour découper grossièrement les légumes. Il s’amusait, s’émerveillait de leurs capacités à agir de concert, encore, à l’unisson, même si leurs âmes, parfois, n’étaient plus au diapason. Peu importe, leur symphonie n’avait qu’à entamer un nouvel acte, parce que les mécanismes revenaient facilement. Et parce que la confiance demeurait, intacte. C’était une harmonie criblée des cicatrices de leurs pertes respectives, des cris de douleur d’un frère qui perd sa sœur, et du bruit des illusions qui se meurent, quand une carrière se brise sous le sang versé. Mais elle était vivace, palpable, enivrante, autant que l’odeur de Daniel, qui continuait à être si apaisante, si tentante. Un instant, Leone eut envie de plaisanter, d’offrir une réplique séductrice, de la susurrer dans l’oreille de son compagnon, de lui demander réellement s’il était … ce patron dont il parlait, et de tout planter là, d’abandonner ce dîner pour dévorer d’autres mets, pour s’abreuver de ce désir brûlant qui ne le quittait jamais tout à fait, quand il s’agissait de Daniel. Mais il se retint, parce qu’il avait aussi appris que parfois, la passion était plus forte par la tendresse, et qu’étouffer cette soirée immédiatement sous le poids des sens serait une défaite. Alors, il demeurait si proche, presque collé, peau à peau, vêtement à vêtement, leurs mains enchâssées et ses lèvres pressées, dans un silence qu’il n’avait pas envie de faire voler en éclat.

Bientôt, les légumes furent coupés, et Leone se résigna à s’écarter, non sans déposer un dernier baiser. Allumant le feu sous la poêle, il déversa l’ensemble, ainsi que la viande préalablement prête, puis déboucha la sauce et en versa une dose généreuse. Et tandis que le tout commençait à mijoter, il se retourna enfin vers Daniel pour parler :

« Demande un bon repas. Commande un bon dessert … celui que tu veux, tant que je peux le manger. Et … appelle-moi encore le patron, c’est assez plaisant à l’oreille. »

Ses lèvres traçaient un sourire taquin, mais ses yeux brillaient d’une lueur qui prononçait des discours autrement plus audacieux. Ces dernières s’affadirent pourtant alors que Leone retrouvait la maîtrise de ses sens pour se concentrer sur sa cuisine, laissant Daniel passer le coup de fil capable de leur offrir quelques douceurs sucrées. Il essayait de se rappeler de toutes les étapes, se les répétant silencieusement, comme un mantra. Et … cela prenait forme. A peu près. Bon, quand une légère odeur de brûlé s’éleva, l’apprenti chef cuisinier se dépêcha de tirer son pauvre plat du feu. D’un frémissement de narine, il vérifia que cela avait encore consistance comestible. A sa grande surprise, ce fut le cas. A peu près. Ce qui était un immense progrès par rapport à ses tentatives précédentes. Restait le test ultime. Il prit une fourchette et, après avoir picoré de quoi goûter, porta le contenu témoin à sa bouche.

« Il y avait des raisons d’espérer. C’est … presque correct ? Encore deux semaines de pratique, et j’ouvre un restaurant.»

Une petite hésitation, puis il lui tendit la fourchette :

« Tu veux vérifier ? »

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