Call my name and save me from the dark (johan)

Journée horrible. Pluvieuse, froide, comme ce n’était plus le temps d’en voir en avril. Était-ce typique de Montréal et des environs ? Je me souvenais avoir eu du mauvais temps quelques fois dans ma vie, mais à ce point ? Si tard dans la saison ? Certainement pas. Le pire, c’est que je me devais de vivre avec, parce que j’avais choisi de m’installer ici, et malgré ces inconvénients, je n’avais pas l’intention de déménager de si tôt. Mais en même temps, je n’allais pas jouer les âmes sensibles. Le mauvais temps, ç’avait beau être chiant, j’allais apprendre à vivre avec. Par conséquent, je n’allais pas changer mes plans pour autant. Mon plan pour la journée était de me rendre chez un client au centre-ville, à pied, puisqu’il était à une distance presque ridicule de marche de mon domicile, et le trajet n’avait rien de désagréable, compte tenu qu’il se faisait dans les rues passantes. Évidemment, à une heure plutôt matinale, les rues passantes ne l’étaient pas tant. Ce n’était pas plus mal, ainsi, je pourrais, je me disais, marcher un peu plus rapidement et éviter d’être complètement trempé et d’avoir un imperméable pesant le double de son poids pour cette raison. Hors de question de transporter un parapluie dans des conditions aussi horribles. Prenant mon courage à deux mains - parce que malgré tout, il fallait en avoir un brin - je sortis du bâtiment où je résidais et je commençai à marcher, de ce pas vif que je m’étais imposé, sans que celui-ci semble toutefois trop pressé et que je puisse rester majoritairement aux aguets de ce qui se passait autour. Comme bien souvent, je m’arrêtai pour acheter un café, et quand je ressortis, cette journée qui n’avait pas commencé pour le mieux n’alla pas en s’améliorant. Tout se déroula quand je passai à la sortie de cette boutique, une supérette, on dirait bien. Enfin, moi je ne fis rien, mais je vis un individu en sortir, prestement. Le problème ne fut pas ça, ce fut que je le vis à peine, puisque dans sa fuite, il vint me bousculer, faisant en sorte que je renversai mon café sur mon vêtement en plus.  « Merde ! » Heureusement que j’avais au minimum un manteau, bien que celui-ci était désormais ruiné par la pluie. Et le pire, c’était que l’individu, chétif adolescent, ne semblait même pas vouloir s’arrêter pour, au minimum, s’excuser.  « Hey ! » Normalement je n’en faisais pas tout un cas mais là…  « C’est quoi ton problème !? » Je m’arrêtai là, sachant que je pourrais continuer pour un temps, mais je devais me calmer, je ne voulais certainement pas commencer à faire toute une scène en plein milieu de la rue et alerter qui que ce soit qui pourrait retarder ma route encore plus que celle-ci ne l’était désormais.

Comme bien souvent ces derniers jours, Johan essayait tant bien que mal de trouver un endroit sec pour se reposer quelques heures avant de devoir affronter de nouveau ce temps qui n'avait rien d'encourageant, mais quand la faim parlait, il fallait bien qu'il sorte de sa tanière. Et c'est ce matin, à une heure plutôt matinale, une heure où les supérettes ouvraient tout juste et exposaient leurs marchandises sur le trottoir. Une heure où les rues étaient quasiment désertes à l'exception de quelques travailleurs déjà sur le pied de guerre.

Johan lui, n'avait pas tant d'horaires, enfin en tout cas quand il décidait de ne pas aller en cours, ce qui devenait de plus en plus fréquent ces derniers temps. Ses professeurs le questionnaient à chaque fois qu'il pointait le bout de son nez, alors pour fuir toutes ces questions, il préférait simplement ne pas s'y rendre. Et puis, ça lui permettait aussi d'éviter les moqueries, les bousculades et tout autre coup que pourrait lui asséner ce groupe d'étudiants qui l'avaient pris en grippe depuis le début de l'année scolaire.

Mais en attendant, il n'avait au un lieu où il pouvait se mettre au chaud, sauf le lycée. C'était assez contradictoire comme situation au final. Quoiqu'il en soit, le bruit de son estomac le ramena à la réalité. Celle où il devait trouver de quoi se nourrir. Et à part faire la manche, il n'y avait qu'un autre moyen d'obtenir de quoi se restaurer : le vol. Par chance, il ne s'était encore jamais fait prendre la main dans le sac, sinon c'était la fin de cette course au quotidien. Il s'était donné tellement de mal pour ne pas être placé de nouveau en famille d'accueil qu'il avait agit comme s'il était un dangereux criminel en cavale. Il en était réduit à ça. Encore trois ans à tenir et il pourra enfin être libre de ses choix. Mais les sanctions s'il se fait attraper seront encore plus lourdes.

Le jeune allemand entra dans une épicerie afin de faire un tour de tout ce dont il aurait besoin pour se restaurer durant ces prochains jours, parce qu'il n'avait pas le loisir de faire ses courses tous les jours comme certains citoyens modèles. Il prévoyait donc des provisions qu'il stockerait dans son sac qu'il portait sur son dos en permanence. Son sac qui faisait office et de sac pour les courses comme de sac pour mettre les quelques affaires qu'il possède. Elles ont une importance encore plus grandes parce que c'est tout ce qu'il a à lui.

Après avoir fait son choix, le jeune adolescent s'assure que personne ne l'a surpris puis il prend le chemin de la sortie et se met à courir dès lors qu'il a passé cette dernière. Il ne peut pas se permettre de se faire attraper et qu'on lui retire ce qui le maintient en vie. Mais au passage, il bouscule un individu et à entendre l'injure qui sort de sa bouche, il a dû lui faire renverser son café sur ses habits. En temps normal, bien que pas vraiment sociable, il se serait excusé, mais s'arrêter c'était prendre le risque qu'on le rattrape.

" - Mon problème ?" fit-il en se retournant finalement vers l'homme au visage qui lui semblait presque familier. " - J'ai pas de problème, mais arrête de gueuler ok. C'est que du café sur tes fringues, vu ta tête, quelques billets au pressing suffiront à les laver." dit-il en tentant de cacher tant bien que mal ce qu'il venait de subtiliser dans l'épicerie.

Le jeune garçon avait parfois du mal à se demander comment on pouvait tenir autant à des vêtements quand on avait la possibilité de les laver en quelques heures. Mieux, quand on avait de quoi se changer tous les jours. Il rêverait d'avoir ce luxe, mais c'est loin d'être son cas.

Je savais très bien que je n’avais pas été le plus délicat qui soit avec le jeune homme et par conséquent, je ne pouvais pas m’attendre à ce qu’il se plie en excuses et me traite avec respect, parce que moi, je ne lui en avais pas tant montré. Mais à avoir une réponse de ce genre de sa part ? Je devais l’avouer, je ne m’attendais pas à une réaction aussi vive. Après tout, ce n’était pas lui qui avait eu du café sur ses vêtements. Pris d’un recul, ce qui suivit ne me plut pas, mais pas du tout. Bon d’accord, ce n’était qu’un vêtement, mais ce n’était pas de l’eau non plus. C’était un café, il était brûlant, il avait coûté un certain montant, ç’avait une odeur, une texture peu agréable et clairement, je n’avais pas le temps de passer chez un nettoyeur, comme le gamin venait de le mentionner. Que croyait-il ? Que j’étais ce genre de type qui tenait absolument à son vêtement ? Non, je n’étais pas à ce point. Je ne dirais pas que j’étais prêt à jeter cet imperméable ou un truc du genre, mais peut-être que lorsque la pression allait redescendre, j’allais me sentir un peu moins frustré et j’allais comprendre que ce n’était pas un drame. Mais là, ce n’était pas le cas et clairement, l’adolescent ne m’aidait pas à me calmer. Choqué toujours, je ne vins pas dire quoi que ce soit, le regardant, le toisant plutôt, cherchant à savoir qui il était pour avoir un ton pareil. Un gosse de riche ? Non, ça ne semblait pas être ça, pas au vu de sa tenue, pas au vu de comment il se comportait. D’où ce caractère lui venait-il ? Était-il agressif au naturel ? Je n’en savais rien. Mais au vu comment il se tenait, il ne paraissait pas être à l’aise. Fronçant les sourcils, je dis:  « Qu’est-ce que tu fous ?! Tu caches quoi là ?! » Ce n’était pas à moi de lui demander, mais bien sûr, je ne l’avais pas fait sur un ton curieux et candide. Je l’avais fait parce que, j’allais le dire, ça m’énervait de le voir comme ça. J’avais cette impression affreuse d’être témoin de quelque chose que je ne voulais pas voir, et je n’avais clairement pas besoin de ça dans ma journée.