(#198 - noam) you just want attention.

conne. ula, t'es là comme une véritable idiote, ton téléphone dans le main. t'as le regard vide. les pensées dans le vent. t'es incrédule, ula. tu relis le message une fois, deux fois. tu le relis tellement de fois que t'en as perdu le fil. est-ce qu'il t'a réellement envoyé ça au cours de sa soirée? toi, évidemment, t'as pas entendu ton téléphone vibrer. heureusement d'ailleurs parce qu'il se serait sans doute retrouvé en miettes au bout du canapé. et par la même occasion, t'aurais sans doute réveillé la personne qui te laisse squatter le dit canapé. tu parviens pas à suivre noam. tu sais même pas comment il a pu passer de "on regarde une série ensemble" à ce message. ce j'ai baisé toute la nuit une folle furieuse, faut que je te raconte. t'as même pas envie d'entendre cette histoire. et pourtant jusqu'à aujourd'hui t'as accepté d'en entendre des histoires concernant ses conquêtes, ses plans cul et ses relations. mais dernièrement, la lassitude s'est installée. ou tout simplement le fait qu'il ne t'ait toujours pas remarqué. tu ne sais pas. peut-être bien que t'es jalouse. ouais. mais de là à ce qu'il enchaîne en emmenant une nana au lit ... y'a sans doute des limites. et tu fulmines. tu rages. seule devant ton téléphone. oh qu'est-ce que tu aimerais lui dire ta façon de penser. qu'est-ce que t'aimerais aller marteler sa poitrine de tes petits poings. mais t'en feras rien. tu le sais. tu l'écouteras sans doute te raconter comment il a pris son pied pendant que toi, t'étais pas là. alors ok, t'as fait la morte. tu t'es pas pointée. et il a toutes les raisons de t'en vouloir. mais enchaîner avec ça? t'es pas sûre que tu méritais de savoir ça. pas dès ton réveil en tout cas. il aurait pu t'épargner ça ... en plus si ça se trouve, il t'a envoyé ça pour que tu dégages la nana. en jouant les copines. tu grommelles un bon coup, t'as envie d'hurler dans le coussin à côté de toi mais t'as peur de réveiller celle qui t'héberges aujourd'hui. t'attrapes des fringues à l'arrache, même pas sûre que ça aille ensemble. mais tu t'en fous. t'en es plus à ce stade. tu laisses un mot sur la table et tu files chez noam. enfin filer ... tout dépend de la vitesse que mettra le bus que tu as pris a arrivé.

il te faut 3/4 d'heure pour parvenir à ta destination. 45 minutes au cours desquels t'es passée par tous les stades. la colère. le déni. la tristesse. l'acceptation. le regret. la colère. encore. tu peux pas t'empêcher d'être énervée contre noam. c'est qu'un crétin. et pourtant t'es en train de toquer à la porte de son appartement. oh jeez t'aurais bien envie de lui arracher les yeux à cet idiot. histoire qu'il retienne la leçon. et évidemment, t'attends comme une andouille. il doit bien dormir, lui ... et il est en bonne compagnie en plus. ton poing s'écrase encore une fois contre la porte avant que noam ne daigne enfin t'ouvrir. et t'es même pas étonnée de le voir en caleçon. tu le pousses rapidement, le bouscules même avant de te diriger vers sa chambre. bon ... toi la ... argh t'as même pas la force de l'insulter. tu prends tes affaires et tu dégages. t'as très certainement passé une bonne soirée et une nuit géniale. mais tu prends tes clics et tes clacs et tu rentres chez toi! MAINTENANT! t'as même pas pensé à vérifier qu'il y avait quelqu'un. et tu te retrouves donc à nouveau comme une andouille à crier dans le vide. parce que ouais ... y'a personne dans la pièce. tu scrutes partout et tu vois rien. personne. c'est quoi ce délire? elle est où noam? me dis pas que tu la caches dans le placard de ta chambre ... parce que ce serait pathétique. tu soupires et te mets à fouiller. tout y passe. l'armoire. la salle de bain. et pendant ce temps, tu pestes. t'as l'impression de perdre ton temps. noam, ça doit bien l'amuser lui. ton numéro de la copine jalouse, t'as eu le temps de le parfaire. c'est pas la première fois. pas la dernière non plus. tu continues de chercher. en vain. bon ... elle est où? tu tapes du pied sur le sol pour montrer à quel point t'es agacée. s'il t'annonce qu'il l'a déjà renvoyé chez elle, qu'elle est partie après qu'il ait fait sa petite affaire, le verre d'eau à tes côtés risque fort de se retrouver vider sur noam. oops.

Une invitation de plus, balayée du revers de la main, par une Ula moins disponible. Et cette fille qui prend les devants. Salutations et quelques échanges cordiales. Elle est marrante, elle a de la répartie. Mais, elle n’a pas de visage. Pas pour Noam. Il l’a oublié. Et même lorsqu’elle lui envoie une photo d’elle, ça ne lui revient pas. Il ne la reconnaît pas, mais, il hausse les épaule, Noam. « J’suis pas un gars facile ! » qu’il réplique, alors qu’elle offre de transformer sa soirée télé, solo, en Netflix & chill. Ça ne l’empêche pas de lui donner son adresse, un sourire au coin des lèvres. Ni de retirer les vêtements de la jeune femme, facultatifs, pour le reste de la nuit, dès le premier épisode terminé.

Nuit chaude. Sauvage. Noam garde les traces des ongles de sa maitresse, la tigresse, la dominatrice, sur la peau de son dos musclé. Mais, aussi la trace de la taie d’oreiller contre sa joue velue, de quelques jours à peine. Il serait bien resté là, allongé, à profiter du confort que la seconde lui offre. Mais, on frappe à la porte. Et s’il l’a ignoré un moment, il ne le peut plus à présent. Elle ne tiendra plus bien longtemps sous ces coups. Alors, il s’étire. Lentement, comme un chat. Il pose le pied droit au sol, puis le gauche. Et il reste là, Noam, assied sur le bord du matelas, tout en portant une main à ses lèvres. Un automatisme, face à ce bâillement. Geste qui semble lui donner la force qu’il faut, pour se lever entièrement du lit, cette fois.

Quelques pas, chambranlents, entre la chambre à coucher et le hall d’entré. « Ula ! » qu’il lance, torse nu, tout échevelé. « Qu’est-ce tu fa... » Pas le temps de terminer sa phrase, que sa belle amie se fraie violemment un passage entre lui et le cadre de porte. De grandes enjambées qui la mène directement à la chambre du brun, qui la suit des yeux. C’est seulement lorsqu’elle lève la voix, qu’elle cherche, fout le bordel, que Noam s’approche de la tornade Ula. Mais, elle ne porte pas attention à lui. Elle passe d’une pièce à l’autre. Alors, il la suit, sans rien dire. Bien trop endormi pour comprendre ce qu’elle cherche - et probablement encore ivre de la veille. « Qui ? » Il demande, mais, il est déjà ailleurs, Noam. Il a besoin de son remontant matinal. D’un grand café bien fort, pour fonctionner. « T’as faim ? J’fais du café, t’en veux une tasse ? »  

t'as vu rouge ula. un sms a suffi à te faire vriller, à compléter disjoncter. tu t'es faite distante ces dernières semaines. tu n'en peux plus d'être une marionnette, une poupée qu'il peut appeler et utiliser à sa guise. tu le tires de mauvais pas, chasses ses conquêtes dont tu l'entends se vanter. mais cette ula, docile et presque fragile, ça ne te ressemble pas. tu as quitté le mexique, ta famille, un cartel pour une meilleure vie. et ce n'est pas ce que tu as trouvé. tu es toute chose sous ses doigts. tu fonds telle une bougie. mais tu ne devrais pas. oh non. parce qu'il drague à tout va, t'en parle. oh il te fait parfois rêver, te laisse imaginer ce qu'il pourrait te faire. et tu aurais succombé si tu n'avais pas voulu être une nana parmi d'autres et s'il avait daigné t'accorder un peu plus d'attention et te voir autrement que comme la nana qui le tire de mauvais pas. tu es bien plus, meiwhana. bien plus que celle qui court à sa rescousse. celle qui le tire de mauvais pas. et pourtant dès que tu as eu ce sms, t'es redevenue sa sauveuse. sa fausse copine. t'as débarqué chez lui, frappé à sa porte, tambouriné. tu t'es faite entendre, histoire qu'il puisse virer sa nana d'un soir. dès qu'il t'a ouvert, tu le bouscules et tu te fraies un chemin jusqu'à sa chambre. plus vite tu auras viré cette femme plus vite tu seras sortie. t'as pas l'intention de t'éterniser. parce que tu ne veux pas craquer. et tu ne veux pas entendre ce qu'il lui a fait non plus. tu plains les voisins, tu te déplaces tel un éléphant. tu marches bruyamment. tu te presses, cours, martyrises le sol de tes chaussures. tu ne l'entends même pas arriver derrière toi. tu cherches la nana avec qui il a passé la nuit. mais tu ne trouves rien. t'es là, bredouille. où est-elle cachée ? celle avec qui t'as passé la nuit ! tu m'as envoyé un sms, tu te rappelles ? t'as presque envie de lui balancer ton téléphone pour qu'il se remémore ce message qu'il t'a envoyé quand il était bien trop bourré pour s'en rappeler. même encore maintenant il semble dans le mal. tu t'amuserais bien de la situation et de ce à quoi il ressemble avec ses poches sous les yeux mais t'es encore trop occupée. et son café ... il peut se le mettre là où tu penses. après un tel message, t'as pas envie de son café. serré. allongé. crème. tu t'en fiches. tu vois rouge. tu fulmines. tu fumes. t'es un mix d'émotions. elle est où noam ? noam, il te pousse dans tes retranchements. et pourtant t'es là, à ses côtés. prêt à le tirer d'un mauvais pas. tu succombes. t'es faible. j'en veux pas de ton café. que tu craches, haineuse et fatiguée. il te fait tourner en bourrique, tu le vois bien. et tu le laisses faire. tu le laisses remporter la partie. le café peut bien attendre.