HASSAN AL-KABIL - Bite the Dust one more time

Enfant de la nuit, maitre des ombres, invisible dans l'obscurité. Café noir à la main, des volutes de fumée sorte de ma mâchoire légèrement ouverte. Amusé, je regarde cette condensation s'envoler et disparaître dans la nuit, à la lueur des lampadaires. Le froid est intense. Le bruit de la neige, qui s’écrase sous la semelle de mes bottes, forme une mélodie envoûtante. Presque hypnotique. La fatigue sûrement. Sortie de cinq longues heures de rush et de nettoyage au café, je ne passe même pas chez nous avant de prendre mon service à l'épicerie. La nuit est tombée depuis longtemps. La chaleur du café me réconforte. Je me dis qu'il n'y aura pas beaucoup de clients prêt à affronter la neige un mercredi soir au milieu de la nuit. Même si j'aurais forcement les habitués. Cigarettes, chips, et alcool. Le top trois des ventes pour ce soir à en parier ma chemise. Le coin de la rue, un taxi qui passe. Je croise le regard vide du chauffeur n'ayant qu'une envie, c'est de rejoindre son lit. Je lèves les yeux, cherchant une lumière indicatrice de sécurité pour passer cette grande route bien trop pleine à mon goût. Rentrez chez vous les gens ! C'est pas un temps pour faire des soirées ! Quelques pas encore et je pousse la porte du magasin faisant vibrer la cloche au dessus de la porte. « C'est moi ! Tu as fait la caisse ? Que tu puisses te casser. Ta femme doit déjà être en train de râler ! »

Les heures passent lentement. Des clients lambdas, un mec bourré qui veut m'acheter du beurre de cacahuète mais pas celui avec des cacahuètes dedans parce qu'il est allergique aux arachides. J'ai aussi mamie raciste qui viens prendre de la nourriture pour son chat démoniaque, pas de bol pour elle, tout les employés d'ici sont manifestement d'origine étrangère.. La porte qui s'ouvre, le comptoir cachant la présence de ce couillon de Bull, le chien de la voisin qui se barre presque tout les soirs pour venir se planquer ici. Il a compris la combine depuis longtemps. « Salut sac à puce ! Tu viens faire ta sieste au chaud le temps que ta maîtresse se rende compte de ta disparition … Encore une fois? » Le chien remue sa queue coupée d'un air idiot, attend que le passe ma main sur sa tête avant de disparaître derrière le comptoir pour rejoindre un gros coussin par terre. La grand -mère cherche encore dans les rayon un produit qui n'a pas bouger d'emplacement depuis des années des rayons. La cloche sonne. Un mec avec un masque de hockey entre dans le magasin. Je soupire lourdement. « File moi la caisse du con ou je te casse la gueule avec cette batte! » Il se met a me menacer avec son outil en alu bon marché. « C'est pas une bonne idée mec … Y a des cameras … et … – PARDON! » La petite vieille pousse le mec pour poser sa boite de patté sur le comptoir. « Deux dollars vingt, Madame Grant – Toujours aussi cher … vous êtes vraiment des voleurs les gens de votre pays … peu importe lequel d'où tu viens d'ailleurs. – Je sais Madame Grant, je sais. » Elle me tends la monnaie sous les yeux médusés du voleur incapable de comprendre ce qui est en train de se passer sous ses yeux. Elle se casse avec sa boite en nous souhaitant bonne soirée, lâchant un dernier pardon très agacée au voleur pour qu'il s'écarte de la porte. « Je disais … mauvaise idée. Camera et en plus là … Y a Bull … – Qu'est-ce que ... – Bull choppe! » Le chien bondit de son coussin, commençant à grogner, sortant du comptoir. Le voleur sans même attendre de voir si le chien est dangereux se met à hurler et se barrer en lâchant sa batte. J'explose de rire. « Au moins Bull, on va avoir un truc marrant à raconter à ta maitresse. T'as bien merité un putain de biscuit mon gros! »