memento (coloc)

Esmé s'est réveillé à l'heure, s'est préparée avant de se mettre en chemin pour le travail. Jusqu'à arriver devant l'école maternelle plutôt chic où elle bosse, jusqu'à arriver devant les grilles fermées. On est samedi. Le samedi y a pas école. Mais quelle conne. Elle a l'air de rien, Esmé, avec son sac sur une épaule et sa queue de cheval, sa moue dépité et l'école belle et bien fermée. Elle se met à traîner des pieds dans les rues de Montréal, en se demandant ce qu'elle pourrait faire pour ne pas gâcher ce début de journée maintenant qu'elle est dehors. Et elle ne trouve rien de mieux à faire que d'aller traîner près de l'animalerie, chouiner sur les chatons en vitrine, avant de faire pareil devant les chiots, et finalement de se traîner jusqu'à la boutique de comics où cette fois c'est sur les derniers Avengers qu'elle chouine. Après avoir passé un bon moment à chouiner -puisque son porte-monnaie ne lui a pas permis de s'acheter quoi que ce soit- elle a pris la direction d'une boulangerie pour acheter du pain et des croissants, enfin une bonne chose qu'elle peut faire pour, tout d'abord sa petite personne, mais aussi pour ses colocs d'amour. Colocs qu'elle regagne en métro, qu'elle a hâte de voir avec ce début de journée pourrie, ce froid glacial et l'espèce de flaque de neige fondue et de boue qu'elle s'est prise quand une voiture est passé à côté d'elle. Dépitée.
La porte d'entrée claque derrière elle alors qu'elle retire ses bottes d'un geste presque trop brusque, de petite poupée fâchée par les événements, et elle retire sa parka pour la laisser dans l'entrée avant d'arriver dans le salon dans un petit dérapage contrôlé sur le parquet. Ses deux colocs sont déjà là, Nao qui semble avoir traversé la nuit dans un réel cauchemar, aka sans dormir, et Eulalie, toujours aussi sublime. Ca lui tire un petit soupir à Esmé quand elle la voit, avec sa crinière rousse, elle comprend pas comment on peut faire pour être aussi belle naturellement. D'ailleurs elle a déjà des casseroles dans les mains et elle est prête à cuisiner quelque chose, certainement le petit déjeuner, on peut donc dire qu'Esmé tombe à pic. "J'ai ramené des croissants et le pain." Elle annonce d'une petite voix, comme si elle était soudainement devenue timide, avec sa nourriture entre les bras, son pantalon mouillé par la neige et les joues rougies sous les mèches blondes qui se sont échappées de sa queue de cheval. "Mais je veux bien un oeuf aussi." Elle demande, toujours avec sa petite voix avant de leur flasher le plus beau des sourires, elle fait l'effet d'un soleil un petit peu, Esmé, et elle espère que ceux qui en profitent le plus ce sont ses colocataires.
Elle se rapproche d'eux, s'arrête à côté de Nao pour embrasser sa joue et arque un sourcil. "T'as rien dormi, toi ?" Elle demande, avec un air de reproche, c'est surtout l'air environnant qui peut lui prouver ça, l'odeur de tabac qui flotte dans l'appartement. Et elle continue son chemin jusqu'à la table, pose son petit trésor sur la table et s'approche de la cuisinière en attrapant la cafetière italienne -pas d'autre café sinon elle se met à pleurer, c'est le seul qu'elle boit- et sourit vers Eulalie avant de venir embrasser sa joue à son tour. "Qui prends du café ?" Elle demande finalement en les regardant et en dévissant la cafetière pour vider le vieux café et rincer tout ça, entreprenant déjà de remplir la partie du bas avec de l'eau.