tell me i am not wrong (andrea)

Tu cours et Dieu seul sait à quel point tu as horreur de courir, mais là, c'est du pur instinct, tu as décidé de courir, de fuir. Tu n'arrives pas à croire comment tu as pu tomber si bas, ça ne te ressemble pas. Tu as voulu changer tes habitudes, profiter un peu de tes quelques jours de repos en sortant mais tu ne t'attendais pas à finir dans une telle situation. Hier, en sortant de l'hôpital, tu étais loin de t'imaginer que tu allais te réveiller avec une belle gueule de bois. Mais ça c'était avant de dessaouler complètement en réalisant que tu venais te réveiller dans le lit d'un étudiant de quinze ans de moins que toi. Mais qu'est ce qui t'es passé par la tête ? Tu n'as même pas eu le temps de t'expliquer ou même de dire quoique ce soit, tu as préféré prendre la fuite. Tu ne te rappelais de rien à part quelques flashs de la soirée de la veille. Des shots de tequila, de la musique trop forte, des rires, des gémissements. Oh tu étais dans une belle merde Ezio Ricci.

Tu avais l'impression d'être un monstre, d'avoir profité d'un gosse même si tu savais qu'il en avait eu envie autant que toi, c'était ce qu'il t'avait dit avant que tu ne t'enfuis comme un lâche. Tu n'étais donc pas un monstre mais cette différence d'âge t'effrayait. Mais après tout, ce n'est pas comme si tu allais le revoir si ? Tu finis par atteindre la porte de ton appartement que tu réussis à ouvrir. Tu refermes derrière toi et t'effondre contre elle, hors d'haleine. Tu essaies de reprendre ton souffle, du mieux que tu peux quand tu entends du bruit dans l'appartement. Ton coeur s'emballe de nouveau avant d'apercevoir Andrea, tu avais presque oublié qu'elle était là, avec toi. La voir là, avec son air curieux, attendant une explication du pourquoi tu as l'air d'un fou échappé d'un asile te rassure. Et comme un demeuré, tu éclates de rire, les nerfs lâchent. Tu as du mal à te reprendre. Tu as conscience que tu ris nerveusement, tu veux t'arrêter mais tu n'y arrives pas sur le moment. Après quelques minutes, ce rire se transforme en sanglots, tu te sens très con et ça te donne envie de pleurer. "Andrea, je crois que j'ai fais une connerie..." que tu dis en relevant la tête, croisant son regard. Tu allais avoir besoin d'aide, besoin d'entendre que tu n'as rien fait de mal.

Vingt-quatre heures que j’avais déposé mes pieds sur le sol canadien. Un départ presque précipité, un abandon prononcé, un billet d’avion hors de prix et un appartement disponible à partir du lendemain seulement. Quitter l’Italie n’a pas été une chose facile. Ce pays, j’y suis née, j’y ai grandi et après tout, ma vie se passe là-bas. Quitter des études. Quitter mon fiancé et fuir ce mariage tantôt prononcé. Choisir la maladie de ma meilleure amies aux malades que j’avais pour vocation de soigner. Tout est assez dingue, quand on y pense. Je suis dingue, beaucoup trop dingue. Quitter un pays dans lequel j’avais des attaches pour un territoire que je ne connais pas. Tout ça pour une amie. Mais pas n’importe laquelle. Alessia est bien plus qu’une amie, bien plus que ma meilleure amie, bien plus qu’une soeur. Elle est sincèrement mon âme soeur, l’autre ventricule de mon coeur, l’autre partie de mon âme. Alors honnêtement, quitter ma vie pour profiter de la sienne, la question ne s’est pas posée trop longtemps. Depuis mon arrivée, c’est chez mon frère aîné que j’ai la chance de pouvoir loger. Ezio, c’est un double, de quinze ans de plus, ce médecin que je rêve d’être. Un double réel. Le frère dont je suis le plus proche et le premier à avoir été mis au courant de mon arrivée ici. Dévoué à son travail, voilà ce qu’il est et je ne l’ai pas vraiment vu depuis que je suis arrivée. Il n’a même pas dormi ici cette nuit, n’est pas rentré après son heure présumée de fin de garde. Je ne me prend pas la tête, mais il faudrait qu’il se calme si il ne veut pas finir en burn out.

Je suis réveillée depuis deux bonnes heures et je traîne dans le canapé avec un bol de céréales et une bouteille de jus de fruit à la mangue. J’ai l’impression d’être de retour en adolescence mais j’ai vraiment du mal avec le jetlag. Il va me falloir plusieurs jours pour me remettre du décalage horaire alors je profite. J’allais changer d’épisode Netflix sur mon ordinateur quand j’entends la porte claquer. J’affiche un immense sourire en déposant mon bol et mon verre sur la table basse. Je me lève, enfile mon gilet et pars en direction de l’entrée. Je fronce les sourcils en observant mon frère à terre, contre la porte. Il a pas l’air… pourquoi il explose de rire comme ça ? Oh mon dieu pourquoi il pleure. « Hey Ezio, qu’est-ce qui se passe?! » Je m’accroupis vers lui quand il m’annonce qu’il a fait une connerie et j’ouvre mes bras pour le prendre contre moi. Je resserre mes bras contre lui pendant quelques instants, avant de m’écarter. Je dépose un baiser sur sa joue et m’assied là, contre la porte à côté de lui. « Qu’est-ce que tu as fait? Dis pas ça, je suis sûre que c’est rien du tout. » Je lui offre un léger sourire de sympathie et de compassion. Il m’inquiète quand même.