Un matin, Jazz est arrivée au boulot, a snobé tous ses collègues pour entrer, d’un pas ferme, le visage fermé, dans le bureau du directeur et a fermé la porte derrière elle. A travers la porte de verre, les curieux ont pu la voir jeter une lourde enveloppe kraft sur le bureau du patron, et croiser les bras, tentant de son mieux de se rentre crédible du haut de son mètre cinquante-trois. Le gros de la discussion est resté inaudible, à l’exception d’un « bande d’incompétents ! » crié plus fort que le reste par la jeune femme. En face d’elle qui éructe, le directeur reste très calme. Il a jeté un bref coup d’œil aux documents, et hoché la tête en signe d’assentiment, avant d’inviter Jazz à s’asseoir, ce qu’elle fait. Ils discutent un moment, de façon beaucoup plus posée, et l’agent finit par récupérer ses papiers, et sortir. Plus tard dans la journée, l’agent en charge du secteur de la sécurité informatique sera viré.
Quelques semaines plus tard, la lumière est faite sur l’incident, qui n’est plus un secret pour personne. Un hacker est parvenu à pirater une partie des bases de données du FBI, et s’en est servi pour envoyer du courrier à Jezabel, le tout ayant pour but d’initier un jeu de pistes et d’énigmes comme elle en a rarement connus. En creusant, elle a fini par décrypter une partie du contenu de son courrier, et, ayant obtenu une adresse mail, a pu prendre, bêtement après avoir galérer comme une bête pour la trouver, rendez-vous avec l’expéditeur de l’enveloppe. De nouveau dans le bureau du directeur, elle lui résume la chose, et l’informe de son intention de se rendre au rendez-vous. Le chef tique. « C’est hors de question. » Il tonne, ferme. « Vous n’êtes pas agent de terrain. Vous ignorez de qui il s’agit… » Jazz le coupe. «
C’est forcément quelqu’un qui me connaît et qui savait que je déchiffrerai son mic mac… Si vous envoyez quelqu’un d’autre, on pourrait passer à côté de quelque chose de très grave… Les menaces virtuelles ne sont pas à négliger… » Dans un monde où l’argent physique existe à peine, et où tous les gros sous ne se composent que de suites de uns et de zéros. Sensible à l’argument, le directeur se laisse fléchir. « Très bien. Mais vous n’irez pas seule. Le jour J, l’agent Bryne viendra avec vous. » A ces mots, ce sont les genoux de Jazz qui manquent de fléchir. Si ses joues rougissent, elle parvient, avec peine mais elle y arrive malgré tout, à garder sa contenance et hoche doucement la tête en signe d’assentiment. Quand elle sort du bureau du directeur, l’enquête est étrangement devenue très secondaire et elle est comme sur un petit nuage…
Le jour J, Jazz, coquette d’ordinaire, s’est un tout petit peu plus pomponnée que d’habitude. Elle a mis plus de temps à choisir sa tenue, qu’elle a voulu accorder avec soin. Son jean est simple, mais moulant. Son tee-shirt est simple, mais plutôt décolleté, assez près du corps. L’idée est de mettre ses formes en valeur. A la base, elle voulait opter pour une jolie robe rouge et mettre des talons mais… S’ils doivent courir, à un moment donné, elle n’a pas envie de se briser la cheville. Par-dessus, elle a enfilé des bottines ainsi qu’une veste en cuir, le tout, avec ses cheveux lâchés cascadant en boucles blondes sur ses épaules, lui donne un petit look rock’n roll qu’elle aime beaucoup, et espère que Jay l’aimera aussi.
Quoiqu’il en soit, c’est à la fois un peu timide et un peu fébrile qu’elle se présente au bureau de l’agent le jour du rendez-vous. Son sourire est digne de celui d’une lycéenne sur le point d’inviter le quaterback de l’équipe de foot du lycée au bal de promo… A la grande déception de Jazz, il ne la regarde même pas, se contente de prendre ses clés et de filer vers le parking, obligeant la jeune femme et ses courtes jambes à quasiment courir pour rester à son niveau, Jay étant bien plus grand qu’elle. Sans un mot, plutôt dépitée, ne comprenant pas pourquoi il est si froid avec elle alors qu’il lui avait laissé le souvenir de quelqu’un de beaucoup plus avenant, elle monte en voiture et boucle sa ceinture. C’est une chance que ça soit lui qui conduise, car sans ça, Jazz aurait violemment pilé pour le secouer quand il lui a clairement dit qu’il se débrouillerait mieux qu’elle… L’informaticienne accuse le coup, et ravale sa colère, pour lui donner les informations qui l’aideraient à comprendre pourquoi il fallait que ça soit elle qui y aille, et pas n’importe quel quidam dont la culture populaire s’arrête à Starsky et Hutch. «
Je ne sais pas encore qui c’est, mais je pense pour une connaissance de lycée ou de fac. Quelqu’un qui m’a connue quand je faisais du hacking, et qui a su, d’une façon ou d’une autre, que je suis rentrée au FBI… Je pencherai pour un membre de ma confrérie, mais ça peut être n’importe lequel d’entre eux. » Elle fait une pause, cherchant la meilleure façon de tourner ce qu’elle avait à lui dire, avant de décider d’y aller aussi frontalement que lui a pu l’être avec elle. «
Sans vouloir insulter votre intellect, si vous y allez, je doute que vous compreniez la moitié des choses qu’il va vous dire, s’il accepte de vous parler… J’ai dû déchiffrer un jeu de piste pour le contacter, ça m’a pris plusieurs semaines, et j’ai dû mobiliser des connaissances qui vont du seigneur des anneaux à la physique quantique pour craquer son code… Vous vous sentez capable de tenir un conversation pointue sur la chimie dans l’astrophysique, agent Bryne ? » Cette dernière question est posée avec d’avantage de douceur, et plus d’humour. L’idée ici n’est pas de mettre ses compétences en doute, en lesquelles Jazz a une confiance aveugle… Mais plutôt de mettre en lumière que le blabla n’est généralement pas le fort des agents de terrain…