Depuis ton entrée au FBI, tu savais que ce moment pouvait arriver. Tu avais vu un certain nombre de tes collègues devoir passer de l’autre côté de l’écran et aujourd’hui c’était ton tour. Jamais à un seul instant tu n’aurais pensé que tu devrais dépasser cette ligne à cause d’un homme avec qui tu discutais depuis plusieurs mois sur un forum de jeux vidéos et dernières nouveautés technologiques. C’était un forum que tu avais rejoint à l’université et que tu n’avais jamais quitté. Cet homme avec qui tu parlais régulièrement se trouvait être un homme désormais en danger. Il était apparu sur le pas de ta porte la veille, tremblant en te disant que parler au FBI était sa dernière chance. Qu’il connaisse ton identité et ton métier ne t’avait pas surpris, vous étiez sans aucun doute tous très doués pour dénicher les informations qui vous intéressaient. Tu avais donné toutes les informations que tu avais à ton chef en précisant que Tom Meyer ne parlerait que si tu étais présente. Il avait été très clair, même quand tu avais insisté en lui disant que ce n’était pas ton métier. Que ton chef insiste pour qu’un agent de terrain vienne avec toi ne t’avait pas surpris, par contre, son choix t’avait laissé sans voix. L’agent Bryne allait t’accompagner dans cette mission que tu espérais être courte et sans embûches même si ce que t’avait confié Tom te laissait penser que tu risquais d’y laisser des plumes. Tu avais donc passé la plus grande partie de la journée avec ton chef qui essayait de te préparer au mieux. Avant de quitter son bureau, il t’avait donné une arme que tu ne tardas pas à dissimuler en priant pour ne pas avoir à la sortir. Oui, tu étais formée pour tirer toutefois, tu préférais éviter. Il fut rapidement temps de rejoindre l’agent Bryne qui vous fit un accueil glacé malgré ton timide sourire.
« Je conduis. » Tu le laisses partir en direction de la voiture avant de pousser un léger soupir. Très bien … Il est clair qu’il n’a aucune envie de bosser avec toi vu le regard échangé entre votre chef et lui à votre entrée dans son bureau. Tu ne discutes pas cependant, conduire n’a jamais été une passion donc cela ne te dérange pas. Une fois dans la voiture, tu restais silencieuse préférant te concentrer sur ta mission et ses objectifs que sur le fait que cet homme pensait que tu ne savais pas faire ton travail, pas celui-là toutefois.
« Un débrief. Je veux de nouveau les informations. Où vous l’avez rencontré ? Ce qu’il vous a dit ? D’ailleurs rappelez-moi aussi ce que vous faites là déjà ? Non parce que je pourrais très bien aller à ce rendez-vous seul. » Tu tournais la tête légèrement choquée. D’accord, il ne pensait pas que tu valais grand chose comme agent mais de là à te le dire de cette manière, c’était une autre histoire. Tu ne pus t’empêcher de te dire que décidément, tu collectionnais les crushs sur les gros machos qui passaient leur temps à te sous estimer. « Non, vous ne pouvez pas y aller tout seul pour la simple et bonne raison que l’homme que nous allons voir me fait confiance à moi et pas à vous. » Dis-tu avant d’ajouter :
« J’en profite pour vous rappeler que j’ai été formée pour ce genre de situation et que ce n’est pas parce que je préfère vous sauver la peau derrière des ordinateurs et avec des gadgets que je ne sais rien faire d’autre. » Tu te demandais pourquoi il pensait avoir le droit de te juger vu qu’il ne savait strictement rien de toi. Tu n’oubliais pas sa question initiale mais ça, les briefings, tu en étais experte, c’était une grande partie de ton activité.
« L’homme que nous allons voir s’appelle Tom Meyer. Je l’ai rencontré physiquement pour la première fois hier soir mais nous communiquons sur notre passion commune des sciences et des technologies sur un forum depuis plusieurs années. » Tu savais très bien ce que devait penser l’agent Bryne à tes côtés mais tu gardais les yeux rivés sur la route devant vous avant de continuer :
« Il fait parti de la haute société québécoise mais celle qui est corrompue. Apparemment à force de jouer il a fini par se brûler les ailes et il espère pouvoir passer un deal avec le procureur en échange des informations qu’il va nous donner. D’après ce qu’il sait, nous sommes face à un marché de vente d’armes à minima. Je n’ai pas encore plus d’information mais vu ses associés, si ses informations sont bonnes, nous pourrions être sur une affaire d’ampleur. » Oui, tu n’hésitais pas à appuyer sur le ‘nous’ car tant que Tom était lié à cette affaire, tu allais l’être aussi.
« Nous y sommes. » Dis-tu en lui montrant le motel pourri dans lequel Tom vous avait donné rendez-vous.