Ezra Bryneje broie du noir constamment. Messages : 24
pseudo : apy
faceclaim : jaime lorente, cosmic rain
âge : 27 ans
occupation : videur au nightclub.
statut civil : fiancé à la mort.
disponibilités rp : 0/3
intervention pnj : j'accepte les interventions.
| juste un regard | ft. timaé {} Mer 24 Juil 2019 - 18:30 |
| douze jours. douze jours à ne sortir que pour acheter des plats déjà préparés. douze jours à ne vouloir sortir que tôt le matin ou tard le soir, quand tout le monde dormait ou mangeait déjà. t'avais peur de les voir, t'avais peur qu'on t'arrête "toutes mes condoléances Ezra", t'avais peur de devoir faire face à ces regards de pitié. un panneau stop, un camion. deux choses qui avaient suffit à t'enlever la personne la plus précieuse à tes yeux. tu voulais pas avoir à affronter ces personnes, tu voulais pas avoir à supporter ces remarques, ces yeux de pitié. t'étais assez seul, assez désemparé, assez effondré, pour qu'un presqu'inconnue vienne te voir, prétende l'avoir connu, prétende qu'elle lui manque, qu'il est là pour toi si tu en a besoin et qu'il te fasse une petite tape sur l'épaule. t'en avais assez de l'hypocrisie des gens. c'était comme ça qu'ils réagissaient tous, sans exception, il y a des années, avec ta mère. une célibataire abandonnée par l'homme qui lui avait fait quatre fils. tu la voyait affronter les regards, les messes basses, les faux-sourires de compassion. tu pensais pas que t'aurais un jour à les affronter, Ez. mais c'est le cas aujourd'hui, ou en tout cas c'est ce que tu cherches à éviter. parce que tu sais bien qu'avec la disparition d'Alexie, c'est sa famille qui en reçoit le plus, de ces messages. Freddy t'en parle. il a l'air de les accepter mieux que toi, mais c'est peut-être qu'une façade. en tout cas, toi, tu veux pas en avoir une, façade. tu veux pas te construire un mur de brique sur lequel ces paroles s'accrochent avant de glisser à la prochaine pluie pour y faire de la place. alors tu préfères ne pas sortir, pour ne pas avoir à croiser ce genre de personnes qui vont s'accrocher à toi comme des mauvaises herbes. mais sortir, il le faut bien un jour. mettre un pied dehors, prendre la voiture, et aller dans ce grand bâtiment, remplit de personnes qui souffrent. d'avoir perdu quelqu'un ou d'avoir peur de le perdre... de douleur physique ou d'un suspens mental insoutenable. l'hopital est le lieu de tous les maux. t'as jamais aimé y mettre les pieds, je crois même que pas une fois t'y a été. même pas pour la voir. même pas pour confirmer que oui, elle voulait donner ses organes, enfin... ceux encore utilisables. t'as laissé les Lyon le faire, ça. tu les a laissé affronter les médecins qui eux aussi, font semblant d'être touchés par cette mort, alors qu'ils en voient régulièrement, et qu'ils disent toujours les mêmes choses aux familles. Tim vous en parlait parfois; bien sûr que c'est dur, que ça fait de la peine. mais ils ressentent pas la même chose que vous, qui devez accepter ou non que des parties du corps d'une personne que vous aimez soit envoyé dans un autre corps. si t'y va aujourd'hui, c'est pas pour ça. si t'y va aujourd'hui, c'est pas pour qu'on te dise qu'on est désolé de pas avoir réussi à la sauver. t'as bien compris qu'elle était déjà loin quand elle est arrivée à l'hosto. si t'y va aujourd'hui, c'est pour retrouver Tim, quelque part, dans ce grand bâtiment que tu connais pas. alors tu cherches la pédiatrie, c't'endroit où y'a que des gosses malades ou blessés, des bébés dans des boîtes et que les parents peuvent toucher qu'avec des gants. mais si tu cherches ton frère, c'est pas pour parler enfant; de toutes façons, tu n'en aura pas, pas avec Alexie, pas avec celle qui t'aurait fait les plus beaux enfants du monde. bonjour, est-ce que je pourrais parler à Timaé Bryne ? je suis son frère. tu demandes à l'accueil. elle t'observe, hoche la tête et décroche le téléphone pour composer un numéro. tu l'entends demander ton frère, elle te demande de l'attendre sur les fauteuils de l'accueil. tu t'installe, ton coeur bat vite et fort. tellement que t'as l'impression que tout le monde autours de toi l'entend dans ta cage thoracique. tu sais pas combien de temps se passe avant que ton frère arrive, parce que tu regardes le sol, tes pieds, et tout ces pieds qui passent et repassent devant toi. tu lèves la tête à aucun moment, même pas quand t'entends des cris d'enfants, des pleurs de joies. tu lèves pas la tête, et tu tritures tes droits, tu t'enlève ces ongles qui dépassent, tu les ébrèche, et tu les ronges. jusqu'à ce qu'il prononce ton nom; tu lèves la tête, ton frère est là, en blouse d'infirmier, son visage quelque peu inquiet. il se demande surement ce que tu fais là. tu le regarde, les yeux humides, les joues rougies tu pourrais m'emmener la voir ? |
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