Le tourbillon de la vie [PV Timaé]

L’audience venait de se terminer. Leone prit ses affaires et quitta la salle du tribunal pour se diriger rapidement vers les toilettes, lieu guère sympathique mais où il pouvait se soulager tranquillement après une heure à attendre pour témoigner. Les embouteillages juridiques ne cesseraient jamais de l’exaspérer, même s’il les comprenait. Et du reste, sa propre déposition avait pris plus de temps que prévu. Le juge Doherty avait beaucoup questionné sa méthode d’analyse toxicologique et ses conclusions, ce qui ne l’étonnait que peu, l’homme ayant un passif peu glorieux en matière de protection des femmes, ses sentences étant connues comme plutôt douces vis-à-vis des accusés de crimes sexuels. Le médecin légiste avait donc défendu fermement sa position, que ce soit dans ses résultats démontrant une absence de drogues ou d’alcool dans le sang de la victime au moment des faits, ou encore dans son assertion que les lésions relevées sur elle ne pouvaient avoir été provoqués que par un rapport traumatique, ce qui corroborait la thèse de la partie civile et mettait à mal celle de l’accusation. Et oui, comme il l’avait répété à peu près trois fois, il avait amplement conscience des conséquences de ces affirmations, simplement, son travail était de présenter des faits scientifiques, pas d’être complaisant envers telle ou telle partie. Quant à l’avocat de l’accusé, il n’avait pas été tendre, ce qui était attendu, cherchant à lui faire avouer qu’il était possible que le tout ait été consenti. Le jeune homme détestait particulièrement ces passes d’armes, essentiellement parce qu’il se retrouvait presque toujours piégé par une question où on lui demandait s’il s’agissait d’une probabilité, et en bon scientifique, il lui était difficile de répondre par la négative, car être sûr à cent pour cent d’un fait n’était que rarement possible, pas dans sa branche en tout cas. Et il se retrouvait donc là, passablement frustré et en colère contre lui-même et contre le système de son pays d’adoption.

Après s’être passé de l’eau sur le visage, Leone se regarda. Il avait les traits un peu tirés, et sa chemise était froissée. Avec un immense soupir, il attrapa le sac qu’il avait emporté avec lui, et entreprit de se changer rapidement dans des vêtements plus confortables que sa veste et son pantalon de costume. Une fois fin prêt, il put enfin sortir du tribunal et entreprit de prendre le bus, pianotant sur son téléphone pour envoyer un message à Daniel afin de lui confirmer qu’il rentrerait un peu plus tard, comme convenu, et un autre à Timaé pour lui signifier qu’il arriverait dans une trentaine de minutes. Le reste du temps, il le passa à répondre à ses mails et à téléphoner rapidement à une ou deux personnes. Une fois arrivé dans le quartier de Stoney Batter, il descendit à son arrêt et se dirigea vers l’immeuble de son ami. Et bientôt, il arriva devant l’appartement, sonna à la porte, et attendit que la silhouette aux cheveux bruns bouclés de son confrère s’encadre dans la porte. Avec un sourire, Leone lui offrit une accolade amicale sans façon. Se détachant de Timaé, l’italien déclara :

« Pas trop en retard j’espère ? Ma déposition au tribunal a pris plus de temps que prévu, j’ai eu droit à un juge tatillon et à un avocat retors … Ils m’ont littéralement passé à la question. »

Entrant à sa suite, Leone continua :

« Tu vas bien ? Et … vais-je enfin rencontrer notre héros, celui qui t’a convaincu de rejoindre les rangs du grand arc-en-ciel ? »

Il était comme ça Leone, exubérant quand il parlait de sa communauté, de sa vie, son côté grande gueule ressortait toujours dans ces moments-là, parce qu’il aimait taquiner, et parce que là, l’occasion était vraiment trop belle.

« Plus sérieusement, il va bien aussi ? Vous baignez toujours dans le bonheur ? »

Ah, l’ivresse des premiers temps de l’amour … Cela lui paraissait bien loin, et en même temps, il suffisait d’un regard, d’un instant, pour qu’il recommence à croire que cela ne cessait jamais tout à fait.

un soupir glisse sur tes lèvres, tu fronces un peu les sourcils en parcourant rapidement du regard un dossier. t'as pas le temps, là. tu devrais déjà être dans ta caisse depuis au moins trente minutes. tu secoues la tête de longues secondes et tournes la tête vers ton collègues. écoute, j'ai aucune idée de pourquoi ça a atterri dans ce dossier-là. j'ai pas le temps ce soir, faut vraiment que je parte. tu souffles en soupirant longuement. tu ne peux t'empêcher de lever les yeux au ciel quand il te demande si t'as rendez-vous avec ton jeunot.
t'as clairement autre chose à faire que de te prendre la tête.
bye. tu te contentes de répondre en t'éloignant.

t'as le chic de tout le temps te mettre en retard, quand même. que ce soit pour les repas de famille ou quand t'as simplement rendez-vous avec quelqu'un. tu lèves les yeux au ciel, récupères rapidement tes affaires après t'être changé, et tu quittes l'hôpital assez pressé.
il ne t'en voudra pas léone, c'est un mordu de boulot lui-aussi. mais si ça avait été fel ... tu retiens un soupir. t'as promis d'essayer de décrocher un peu du boulot. pour vous. tu te mords l'intérieur de la joue un instant. c'est pas le cas, et avec un peu de chance tu seras encore en avance par rapport au brun. la preuve est que tu as le temps de rentrer et de ranger un peu avant de l'entendre sonner.

un léger sourire se dessine sur tes lèvres quand tu ouvres la porte pour te retrouver face à ton ami, et tu lui rends son accolade avant de le laisser entrer. pas trop en retard j’espère ? ma déposition au tribunal a pris plus de temps que prévu, j’ai eu droit à un juge tatillon et à un avocat retors … ils m’ont littéralement passé à la question. un rire t'échappe. je suis rentré y'a une dizaine de minutes tout au plus. alors bon. tu hausses les épaules l'air de rien.
ouais, t'aurais été capable d'être en retard alors que c'est chez toi que tu as proposé au médecin de passer. tu vas bien ? et … vais-je enfin rencontrer notre héros, celui qui t’a convaincu de rejoindre les rangs du grand arc-en-ciel ? tu fronces un peu les sourcils à ses mots, pas convaincu de la tournure de sa phrase, avant de hausser les épaules l'air de rien. l'appartement est calme, alors il doit sans doute se douter de la réponse.
ça va, ça va. la merde au boulot, mais bon. et toi ? malgré cette déposition ? tu te pinces les lèvres un bref instant. naofel bosse ce soir. une autre fois peut-être. tu souffles avec une petite moue sur les lèvres malgré toi. (accro ? peut-être bien.) qu'est-ce que tu veux boire ? tu proposes finalement.

plus sérieusement, il va bien aussi ? vous baignez toujours dans le bonheur ? tu hoches la tête en te dirigeant vers la cuisine, attendant la réponse du brun. il va bien. tu confirmes avec un petit sourire. je sais pas si on baigne dedans, mais ... ouais, ouais si. tu te mors l'intérieur de la joue et hausses les épaules.
t'as jamais trop été du genre à t'étendre là-dessus, toi,
sans doute un peu trop pudique. puis pour être honnête, tu sais aussi que ce n'est pas ça du côté de léone. daniel va bien ? tu demandes tout de même, jouant sans doute un peu avec le feu.