easy come, easy go. (alentina)

elle rentre plus tôt des cours val, parce que forcément elle a pris de l'avance sur son travail et comme elle n'a pas de potes, elle rentre chez elle pour prednre encore plus d'avance sur son travail. un cercle vicieux et qui fait d'elle un génie dans son domaine ou même dans tous les domaines, mais elle est seule valentina, comme toujours. alors elle ouvre la porte de l'appart, ne trouve personne parce que forcément eux ils ont des plans. nate doit être en train de traîner en ville, babi en train de chercher un moyen de ruiner un peu plus son existence quand alix doit élaborer un plan pour la rendre dingue. elle les envie presque, d'avoir pour seul besoin de faire chier leur monde et malheureusement pour elle, elle fait partie de leur monde valentina.
elle laisse son manteau sur le porte manteau et désespère d'être une nouvelle fois la seule à le faire, parce quen forcément les filles balancent leurs vestes n'importe où et forcément c'est val qui ramasse. elle dépose ses clés sur le comptoir de la cuisine déjà prête à entamer la vaisselle alors que non, ce n'est pas son tour, mais ça fait bien longtemps qu'elle a désespéré de leur demander quoi que ce soit. et puis y'a un bruit qui provient des toilettes et elle freeze valentina, parce que y'a personne dans l'appart mais alors elle se dit que si cambrioleur il devrait y avoir, c'est pas dans ses toilettes qu'il se trouverait. elle s'avance jusque la source du bruit et pousse la porte des sanitaires pour y trouver alix. elle est là à genoux devant la cuvette entrain de vider son estomac et instinctivement elle attrape ses cheveux valentina. j'suis rentrée plus tôt. elle sait pas quoi dire d'autre, parce que alix et elle c'est la guerre, parce que alix ne l'aime pas et valentina n'est pas non plus sa plus grande fan. t'es enceinte ? c'est la première chose qui lui vient en tête, parce qu'elle n'a plus assez de doigts pour compter le nombre de mecs qu'à ramener alix, le nombre de fois où ça lui a retourné l'estomac à vale de la voir avec d'autres.

ça la fait presque sourire valentina, d'entendre alix lui ordonner de fermer sa bouche, parce que ça reste alix, malade ou pas. alors elle attrape l'elastique qui retenait ses cheveux et s'en sert pour retenir ceux de sa coloc, ses cheveux retombent en boucles le long de son visage, mais elle s'en fiche. pour une fois c'est le bien être d'alix qui compte, parce que si elle est malade, elle va en foutre partout et il est hors de question que val se tape tout à nettoyer, alors ouais elle va prendre soin d'elle, mais c'est juste pour éviter d'être de corvée de serpillère, rien à voir avec le fait qu'elle ne supporte pas l'idée qu'alix aille mal. alors ses mains quittent les cheveux désormais noués d'alix pour venir se déposer dans le dos de la jeune femme avec une douceur si rare. valentina elle a plutôt l'habitude lui lancer ses affaires à la gueule, pas à lui caresser le dos avec tendresse. et puis elle se rend compte de ce qu'elle fait val, que ça peut être bizarre, qu'elle va sûrement s'en prendre une nouvelle fois plein la gueule, alors ses mains quittent le corps de sa colocataire et elle retourne dans la cuisine. elle pourrait simplement prendre ses affaires et faire demi tour, se réfugier dans la bibliothèque comme elle fait trop souvent. elle pourrait aussi s'enfermer dans sa chambre et mettre ses écouteurs pour éviter d'entendre alix vider le reste de son estomac dans les toilettes. mais elle fait rien de tout ça, elle attrape juste un verre d'eau avant de tourner dans les sanitaires, le présenter à la blonde. tiens bois ça, ça évitera d'être irritée de la gorge. elle doit le savoir, maintenant qu'elle y pense val, parce que les gueules de bois d'alix sont aussi importantes que le nombre de ses conquêtes et soudainement c'est elle qui a envie de vomir. elle sait pas quoi faire d'autre val, alors elle s'assoit contre la porte ouverte à attendre. avec un peu de chance babi va débarquer et prendre le relais. tu veux que je te fasse couler un bain ? elle relève son regard vers la blonde val et elle regrette instantanément les mots qui viennent sortir de sa bouche, parce que soudain y'a des images qui se bousculent dans sa tête, des images PG16 et c'est pas le moment et c'est pas normal.  

c'est marrant quand même, comment les choses peuvent changer rapidement. alix et val, elles ne se sont jamais vraiment parlées, ça a toujours été des cris et des insultes, des moqueries aussi, mais jamais de dialogue. pourtant elles y sont là. assise sur le sol des toilettes, l'étudiante en médecine hypocondriaque qui met sa peur des germes de côté pour prendre soin d'une fille qui la méprise depuis le lycée. elle sait pas ce qu'elle attend val, sûrement qu'alix lui crie dessus et lui demande de bouger en vitesse, elle répondra que si elle ne la laisse pas c'est parce que y'a le serment d'hypocrate qui plane au dessus de sa tête et qu'elle veut pas risquer de retrouver la blonde entrain de se noyer dans son propre vomi. alors elle reste là, assise contre la porte et puis soudain y'a ses jambes qui sont plus lourdes, il lui faut un peu de temps pour réaliser que c'est parce que y'a la tête de sa coloc qui repose dessus, cette si belle tête. elle sourit presque valentina à la demande implicite d'alix. elle ne veut pas la voir partir et c'est presque ironique en sachant qu'elles ont passées une grande partie de leur vie à s'éviter comme la peste. je bouge pas, c'est promis. et elle sait pas quoi faire de ses mains val, parce qu'elles sont encombrantes et y'a son téléphone qui est restée sur le comptoir de la cuisine alors elle ne peut rien faire d'autre à part regarder le mur devant elle, parce qu'elle ne peut pas se perdre dans les yeux bleus d'alix comme elle le fait avec roman, c'est pas pareil, c'est pas la même chose. c'est trop fort avec alix. et puis y'a sa voix à la blonde qui la sort de ses pensées. elle a presque envie de lui balancer qu'elle sait, que c'est ce qu'elle lui a dit trois minutes plus tôt, que si elle faisait un peu plus attention aux autres, elle l'aurait écoutée. parce que c'est ça leur quotidien à alix et valentina, c'est ce genre de piques et c'est épuisant. mais là c'est doux, c'est délicat comme les traits d'alix, comme c'est doigts qui viennent replacer une mèche de cheveux  derrière l'oreille de la blonde qui s'était échappée de son chignon improvisé. ouais je sais. j'ai pris de l'avance dans mon travail. comme toujours, finalement elle est toujours en avance valentina, sur tout. sauf sur ses sentiments, là y'a plus personne. y'a ses doigts qui se perd contre la douceur du visage qui se dessine sous sa main, elle est concentrée dessus valentina, tellement que y'a ses sourcils qui se froncent. c'est comme une peinture qu'elle découvre pour la première fois, elle examine chaque détail pour les graver à vie dans son super cerveau. t'es belle. elle a dû l'entendre des centaines de fois alix, par les garçons qui la veulent dans leur lit, mais jamais ça n'a été aussi sincère. alix c'est le plus beau tableau que valentina n'ait jamais vu.  

elle devrait pas la regarder comme ça valentina, comme elle regarde roman. elle reste bloqué sur ce visage d'ange qui cache pourtant beaucoup trop de colère et trop de haine. elle le sait valentina parce qu'elle l'a vu sous tous les angles ce visage d'ange et aujourd'hui encore plus. elle laisse ses doigts se balader le long de sa structure osseuse et elle veut juste que le temps s'arrête. là assise au milieu des toilettes avec la blonde contre elle, c'est tout ce qui lui faut, un moment d'accalmie, parce qu'elle le sait valentina, que ça va pas durer. qu'à la seconde où babi va poser le pied dans le loft tout va de nouveau tourner mal, les insultes et les critiques vont fuser. elle le sait et ça lui brise le coeur, parce qu'elle aurait pu être tellement plus que la méchante fille alix, mais il fallu qu'elle devienne amie avec la mauvaise jumelle, mauvaise dans tous les sens du terme. elle sourit pourtant valentina, aux paroles d'alix, parce que ouais elle a toujours de l'avance, personne ne peut le nier et il le faut bien quand on sait qu'elle doit gérer le loft, les factures, le ménage et les courses. de temps en temps j'arrive à dormir quand toi et babi vous décidez de ne pas trop faire de bruit en revenant de soirée. y'a une grimace sur son visage à valentina, parce qu'elle ne peut pas s'en empêcher, de lui reprocher des trucs à alix, parce que en même temps y'a tellement de choses à dire. elle ne parle pas de ses gémissements jusqu'à six heures du matin qui l'empêchent de dormir la nuit, parce que peut-être, oui peut-être que dans l'intimité sombre de sa chambre, elle s'imagine des trucs valentina et ça lui torture l'esprit encore et encore et qu'à la fin, même si les bruits de plaisir ont disparus, y'a toujours son cerveau qui tourne à la vitesse de l'éclair. alors quand elle se souvient de tout ça et du sentiment de culpabilité quand la plaisir prend possession de son corps alors qu'elle s'imagine que les gémissements de la blonde sont pour elle, elle arrête tout mouvement valentina. pêcheresse. et elle veut pas profiter d'alix, pas quand elle est comme ça. je t'ai trouvé belle à la seconde où je t'ai vu. elle s'en rappelera toute sa vie valentina, quand alix a débarqué dans les couloirs vides du lycée et que leur regard se sont croisés, c'était six secondes avant la sonnerie et avant qu'une foule d'étudiants viennent rompre le contact visuel. et alors y'a un léger sourire qui se dessine sur son visage à valentina et y'a une de ses mains qui se remet en mouvement et qui vient dessiner de tendres arabesques le long du ventre de sa colocataire. tu peux pas dire ça, il est même pas unique mon visage. y'a sa moitié d'âme quelque part, qui criserait si elle les voyait là et à cette pensée, y'a son sourire qui disparaît à valentina, parce qu'il y aura toujours ce fossé entre elles. tu devrais aller dans ta chambre te reposer. je vais te préparer un truc à manger. et alors elle se déplace doucement, pour éviter que la blonde se fracasse le crâne contre le carrelage et elle se lève valentina. c'est terminé. elle fuit dans la cuisine et elle souffle appuyée contre le plan de travail. c'était quoi ça ? elle sait pas pourquoi elle est gentille avec elle, des mensonges, elle a de nombreux en tête, mais la vérité elle a ailleurs et elle fait beaucoup trop peur. 

tout à coup c'est trop pour valentina. trop de gentillesse, trop de confessions et trop de contacts physiques. elle peut pas gérer tout ça vale, comme elle  ne peut pas gérer quand quelque chose qu'elle n'a pas prévu survient. alors comme toujours dans sa vie, elle prend la fuite et elle se réfugie dans la cuisine. elle a besoin d'espace, elle a besoin d'air, parce qu'elle sait pas pourquoi son coeur réagit comme ça quand elle est soudainement trop proche d'alix, en fait peut-être que si, elle le sait mais c'est trop difficile d'avouer quoi que ce soit, c'est pas prévu, pas contrôlé et c'est hors de question que quelque chose vienne détruire son plan de vie déjà parfaitement établi. elle respire difficilement valentina et elle croise les bras sur sa poitrine comme pour se recroqueviller sur elle-même. elle jette un coup d'oeil à l'heure électronique du four et soupire. en réalité elle ne sait pas du tout dans combien de temps nate ou même babi vont débarquer. et puis y'a sa voix à alix. encore. proche d'elle. toujours. elle se retourne avec une lenteur déconcertante, presque à contre coeur, parce qu'il va falloir une nouvelle fois faire face à son visage si parfait et c'est difficile. elle l'écoute valentina, elle essaye d'être attentive, vraiment. mais alix évoque ses conquêtes et c'est trop, là c'est elle qui va bientôt se mettre à vomir. elle lève la main val, dans l'espoir qu'elle comprenne qu'elle peut arrêter de parler, elle a pas besoin d'entendre tout ça. alix, je ne te juge pas. c'est vrai qu'on peut penser le contraire quand y'a val qui lui rappel ses exploits des nuits passées, qu'elle est à la limite de l'insulter de prostituée quand les deux montent dans les tours, mais c'est pas le cas. y'a une petite voix au fond d'elle qui lui dit que c'est simplement de la jalousie et c'est peut-être vrai. jalouse qu'elle est val qu'alix est quelqu'un sur qui compter, même pour une nuit, quand elle, elle n'a personne. ça peut être que ça comme jalousie, pourquoi cela devrait être chose ? elle pense que ça suffit à l'arrêter, sa main levée et sa promesse de non jugement, mais non.
et là y'a une bombe qui atterrit dans leur cuisine, parce qu'elle est pas certaine de comprendre les choses, que là d'un coup y'a trop d'info, elle comprend pas tellement val et elle n'a jamais été aussi heureuse d'être incapable de résoudre un problème. oh. elle sait pas quoi dire d'autre, parce qu'au final est-ce qu'alix est vraiment entrain de lui faire son coming out ? ou bien quand elle parlait d'accepter ce qu'il y a en face elle parlait ... oh. soudainement elle réalise que celle qui se tient face à alix, c'est elle et ses yeux semblent prêt à quitter leur orbite. elle doit mal comprendre valentina, parce que c'est pas possible et pourtant y'a son bas ventre qui se réchauffe et inconsciemment y'a ses cuisses qui se frottent l'une contre l'autre. wow. bah je répète alix, mais moi je ne te juge pas. si je comprends bien les choses, je sais qu'ici ça ne posera pas de problème, nate est genre hyper open et babi ... bah c'est ta meilleure pote. elle hausse les épaules valentina et y'a un sourire qui vient illuminer son visage alors qu'elle penche la tête sur le côté comme pour mieux décripter ce qui se passe dans la tête d'alix. tu sais j'ai jamais eu de garçon dans ma vie moi, alors des questions je m'en suis posées, bon maintenant y'a roman mais ... et elle se coupe valentina. pas parce qu'elle veut parler du fait que y'a qu'avec alix qu'elle continue à s'en poser des questions mais parce que roman est entré dans l'équation. roman. celui qui a un passif avec babi, babi cette même colocataire qui la déteste et qui est aussi accessoirement la meilleure amie d'alix. et merde. elle panique valentina, elle se met à sortir des émanotopés et à bouger dans tous les sens. et puis elle une pomme qu'elle commence à couper furieusement. faut passer à autre chose. rapidement. et forcément y'a le couteau qui vient trancher furieusement l'intérieur de sa paume. putain.

elle veut pas comprendre les choses valentina parce que c'est trop, parce que depuis leur adolescence, alix c'est la gamine qui la tourmente dans les couloirs du lycée, alix c'est la fille à cause de qui elle était obligée de pretexter une grippe pour ne pas avoir à la croiser à l'école. parce que s'il y avait pas sa jumelle pour lui demander d'accepter alix dans la coloc, jamais elle n'aurait dit oui à sa présence au quotidien. alix elle fait pas le ménage, elle ramasse pas ses affaires et elle dévalise le frigo tout en refusant d'aller faire les courses. alix c'est le coeur de ses problèmes à valentina, alors ce soir c'est non. elle accepte pas valentina, des confidences et des sous-entendus qui lui retournent déjà le cerveau. même quand elle veut bien faire les choses elle peut pas s'empêcher de la torturer alix. alors ne répond rien, parce qu'elle sait pas quoi dire, parce qu'elle sait même pas ce qu'elle ressent. et elle se tranche l'intérieur de la main et elle ne ressent même pas la moindre douleur, ça c'est parce que son cerveau est trop occupé à gérer toutes les informations, il n'a pas le temps de lui signaler sa douleur. elle laisse sa main sous l'eau et alors qu'alix s'échappe dans la salle de bain, valentina elle pense à s'échapper du loft, mais elle en a pas l'occasion, elle est déjà là alix, à soigner sa main, à la rassurer et elle en sourit presque val. al. tu te souviens que je suis étudiante en médecine hein ? que j'ai déjà recousu des gens et tout ce qui va avec ? elle lève un sourcil en regardant la blonde, c'est peut-être pas le moment de faire des blagues, mais elle ne peut pas s'en empêcher val, parce qu'elle trouve ça adorable qu'alix s'inquiète autant et   ça lui retourne le coeur. encore. et c'est pas de ta faute. rien de tout ça n'est de ta faute. et clairement elle ne parle pas que de sa main ensanglantée. et puis soudain y'a plus de crise de panique, y'a plus de roman, de babi ou des autres, y'a plus qu'elles, dans la cuisine. et y'a la douceur qu'elle pensait inexistante chez alix, y'a l'une qui prend soin de l'autre dans un silence plus qu'agréable et quand c'est terminé, elle ramène sa main soignée contre elle val. pas par peur d'alix, mais simplement parce qu'elle ne peut pas croire que la belle blonde a pris soin d'elle. merci. elle passe une mèche de cheveux derrière son oreille et tente de cacher le rougissement qui prend place sur ses joues en baissant la tête. elle sait pas quoi faire d'autre val, alors elle se mord la lèvre inférieure, fort, tellement qu'elle peut sentir le goût métallique du sang se déposer sur sa langue. et puis enfin, elle lève les yeux et elles sont proches. elle a envahi son espace vital alix et elle lève la main prête à céder à ses pulsions. mais non. parce que c'est alix. que c'est trop compliqué. que c'est une fille. que c'est roman qu'elle aime. et qu'elle a vomi il y a quelques instants. et pourtant, pourtant cette envie est toujours là et il faut toute la volonté du monde à valentina pour quitter la cuisine sans un mot.