#Larose - It's double the giggles and double the grins...

Je ne partageais pas forcément les choix de vie d’Isabella. À mes yeux, lorsque l’on est aussi belle et intelligente qu’elle ne l’est, on ne vend pas sa compagnie et on ne se brade pas dans un mariage ayant pour seul dessein l’argent ! Mais, qui suis-je pour la juger ? Je butine de fleur en fleur, parce qu’elles sont colorées et qu’elles me paraissent toutes plus savoureuses les unes que les autres. Je ne me préoccupe pas de la vertu, je ne me tracasse que de mon plaisir ou de mes émotions, celles que je refoule depuis le départ d’Olivia. À moins qu’elles ne se soient manifestées lourdement – et bruyamment surtout – à l’heure de son mariage ? Je ne sais plus. J’ignore même si tout cela a réellement existé. En revanche, je suis convaincu que si je n’avais pas été un Homme, mon attitude aurait été sévèrement critiquée par ma famille. C’était l'aspect injuste de la situation. Isabella, elle est née du mauvais côté de la barrière. Oui ! Je suis un Homme, oui, mais pas son père. À part la soutenir et lui souhaiter d’être heureuse, je n’avais aucun droit de lui interdire d’épouser un richard sous prétexte que sa tête ne me revenait pas ou qu’elle ne l’aimait pas. Soyons franc, elle m’aurait répliqué que ça ne me regardait pas ou, pis encore, elle m’aurait menti ouvertement, prétendant ressentir pour ce débris une affection passionnée. Alors, je l'observai, de loin, cassant quelques gueules des pourris qui la souillèrent avant son mari et je me persuadai, qu’à choisir, elle serait pus en sécurité avec un vieillard qu’avec tous les gars qu’elle fréquentait auparavant. En conclusion, je rangeai ma déception au placard, espérant qu’elle ne regrette jamais ses inclinations. J’avais appris à vivre avec eux. Il n’était plus la source de mon problème familial. Celui-là, c’était l’ambiance gelée – congelée – qui régnait entre l’aînée et sa petite sœur. Vicky n’était pas parvenue à assumer le mode de vie d’Isabella. Elle avait essayé, par amour, mais la douleur de l’inquiétude – du moins, je suppose – était trop cuisante. De conseils en brimades, elles finirent par se disputer. Aujourd’hui, les avoir toutes les deux à la même table était devenu impossible. Les seules fois où la famille se réunissait, c’était pour un anniversaire, tout simplement parce qu’il y avait dès lors beaucoup de monde dans les pièces principales, ce qui leur donnait tout le loisir de se croiser, sans se regarder. Je trouvais ça dommage et, à l’approche d’une fête du genre, j’espérais coincer ma jumelle dans la cuisine, juste avant qu’elle ne vaque à ses occupations, le temps d’un cacao et d’une discussion en tête à tête.  

Afin de mettre toutes les chances de mon côté, je me levai plus tôt que la maisonnée, je préparai le café et le petit déjeuner. Ça m’arrivait de temps à autre, mais en général, la frangine s’y collait pendant que j’effectuais l’une ou l’autre réparation dans cette baraque qui tombe en ruine. Quoi qu’il soit, bien que j’ignore si mon âme sœur fraternelle fut attirée par l’odeur du café, elle pointa le bout de son nez. Ses traits étaient chiffonnés, mais je la trouvai magnifique. « Tu sais qu’il aura beaucoup de chance celui qui te passera la bague au doigt ? Tu es superbe même au saut du lit.» Nous étions bien loin de cette possibilité. Le mariage, trop point n’en faut, mais la taquinerie visa plus ou moins juste. « Grosse journée aujourd’hui ? » Dimanche. Jour de congé. Mais, quand on gère une famille dysfonctionnelle, on ne l’est jamais vraiment. « J’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on a plus discuté toi et moi. Tu devrais peut-être t’asseoir un peu, non ? » J’anticipai avant qu’elle ne commence à s’agiter dans la cuisine. « Je me dis qu’on pourrait peut-être papoter de ce qui se passe dans ta vie. Qu’est-ce qui se passe dans ta vie ? » répétais-je sans grande subtilité.