The only thing that I want is your love | Alessya#1

ALESSIO &
GIULYA

Tout était si froid ici, si glacial. Elle était bien loin de son soleil matinal, de la brise douce de la méditerranée, et des paysages de toscane. L’italien n’était pas chantant ici, il était inconnu, presque oublié. Pourtant elle sentait que la froideur de ce vent, que ce soleil réchauffant peu le corps, était salutaire à sa vie. Elle avait ressentit le besoin de changement, de vivre autrement. Parce que là-bas, en Italie, elle y avait laissé son âme et énormément de plumes. C’était bienfaiteur que de changer d’environnement et de contexte, d’avoir laissé la trahison derrière elle, et de vivre ici à Montréal. Alors oui, la destination n’était pas son choix – un devoir familial important pour les Rossi, retrouver le légitime prétendant au trône – mais ici, elle se sentait bien. Le froid embrasait ses poumons, la neige trouvait un certain réconfort en son sein. Ici, elle pouvait tout oublier, ici, elle pouvait se reconstruire sainement. Ici, elle pouvait fuir son devoir, ici, elle pouvait revivre. Et Giulya ne demandait que ça : tendre la main à un renouveau. Même si elle n’arrivait pas à oublier la trahison de son mari – les images la hantant sans arrêt – elle pouvait tenter de construire quelque chose de nouveau. Bien que l’approcher, le toucher était encore compliquée pour elle, car elle n’arrivait pas à oublier qu’une autre âme avait touché son mari comme elle pouvait le toucher, c’était insupportable. Alors elle se contentait de le suivre partout où il souhaitait de sa présence, gardant à chaque fois une distance de sécurité. Elle avait enfermé son cœur à double tour pour qu’il ne puisse plus l’atteindre et ceux malgré l’amour incommensurable qu’elle pouvait lui porter. Elle avait besoin de panser ses blessures comme un agneau blessé.

Pourtant aujourd’hui, elle ressentit un besoin urgent de liberté. Alors elle s’était levée tôt, s’était habillée chaudement, et dans le silence le plus complet, Giulya avait quitté la demeure conjugale sans un mot à son attention. Ses pas dans la neige, le silence autour d’elle, apaisait son esprit tourmenté. Elle voulait se sentir de nouveau vivante, et non prisonnière de pensées troubles. Alors elle faisait le vide dans son esprit, prit une bouffée de cet air gelé et avançait droit devant elle, qu’importe où ses pas la guidèrent. Elle ne voulait qu’entendre la vie autour d’elle, marcher jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus, jusqu’à ce qu’elle se sente libre. Et elle ne vit pas le temps passer car elle se sentait bien ici, dans ce froid. Mais ce fut ses mains gelés qui lui demandèrent de s’arrêter au chaud un instant, car elle sentait les craquelures sur le bord de ses doigts, et leurs rougeurs confirmait la douleur. Il fallait qu’elle s’abrite. Et ses yeux se posèrent sur un jardin botanique. Oh non, elle n’était pas une main verte, mais elle appréciait les beautés de ce monde, alors d’un éclair de pensée, elle savait où elle devait aller. Giulya franchissait donc la porte menant à la serre, et immédiatement, elle sentit la chaleur envahir son visage et son corps, donnant un second souffle. Elle ôtait son manteau qu’elle mettait dans un casier prévu à cet effet, puis se mit à marcher dans le dédale de fleurs et de plantes tropicales. L’air était saturée d’humidité, mais ça ne lui déplaisait pas, au contraire, ça ne rendait que la serre plus attrayante, plus vivifiante. Elle se promenait alors, ses mains se réchauffant, son cœur paisible, scrutant chaque arbre avec douceur, chaque fleur avec émerveillement. Parce que c’était ce qu’elle était Giulya : émerveillée par le monde et sa diversité. Puis dans ses pas, elle fit un arrêt soudain devant une fleur majestueuse, d’une couleur qui lui transperçait le cœur et l’esprit, et sans aucune hésitation, elle reconnaissait cette fleur qui la faisait chavirer, mais dont elle n’arrivait jamais à posséder.

« - L’hibiscus, la préférée. »

Elle se penchait alors délicatement pour humer son parfum, puis un sourire doux apparaissait sur son visage. Elle avait enfin trouvé la paix, et elle se trouvait ici.