there is no remedy for love but to love more. (isaac)

Les sms avaient été durs, particulièrement éprouvant même. La jeune femme n'avait guère apprécié sa façon de parler, sa façon de voir les choses mais surtout de ne comprendre ce qu'il avait envie de comprendre. De se faire passer pour la victime par tous les moyens.Elle n'avait pas apprécié se faire traiter de la sorte et au final, n'avait pas poursuivie, n'était pas revenu lui parler. Elle avait même virer son numéro, n'ayant gardé que son compte sur l'application. Mais elle était clairement à deux doigts de se désinscrire. Elle n'avait pas vraiment envie de parler avec quelqu'un de ses malheurs puisque cela semblait se retourner contre elle, quoiqu'elle fasse. Mais bon, elle avait quand même gardé son application, et pourquoi pas retrouver quelqu'un d'autre ? Ou aider aussi qui sait ? Mais pour le moment,elle avait surtout besoin de quelqu'un avec qui parler mais hormis Shiva et ses copines, elle n'avait personne. Alexis ne lui parlait pas plus que cela,enfin...Cela semblait s'arranger un peu, puisque ce soir, ils allaient jouer au Dieu du Ciel. Elle espérait pouvoir renouer avec son ami depuis si longtemps qu'elle ne pourrait même pas donner de date précise. Elle l'aimait son ami, vraiment. Elle ne voulait pas non plus le perdre pour des non dits, pour des histoires bêtes avec l'autre fille du groupe. Ils avaient donc été que trois, ce soir-ci. Avec leur ami guitariste qui était revenu d'Islande. De quoi fêter son retour ici, tous les trois et pouvoir mettre un peu de vie à la soirée qui se profilait au bar.

L'ambiance était plutôt bonne, les chants, les bières qui coulaient à flot. Elle était plutôt dans un bon mood, faisant quand même attention de pas trop boire car forcément, elle serait plus capable de chanter quand ils passerons sur la petite scène monté exprès pour l'occasion. Elle était là, heureuse d'être ici, à rigoler avec des connaissances de bar, profitant de cette paix qui n'était pas si sereine. Oui, dans le fond, elle souffrait encore de tout ce qui lui était arrivé, elle allait vraiment finir célibataire un bon moment avec tout ça, en plus avec Logan qui ne cessait de tout faire pour la reconquérir mais qui accumulait les bêtises en lui montrant qu'au fond, il ne changeait pas en se tapant des filles même en la courtisant, entre ce chirurgien qui ne cessait de venir la visiter pour essayer de lui parler, de reprendre contact...Elle en pouvait carrément plus des hommes. Vraiment. Mais elle n'était pas prête à le voir ce soir, Isaac. Elle savait même pas comment se serait possible, vraiment pas. La Duchesne prend une autre gorgée de bière, la finissant d'ailleurs rapidement pour aller vers la scène avec ses deux comparses. Elle leur offre un sourire, réglant son micro et les différents fils pour le synthé et la guitare avec ses compagnons. Oh oui, elle sentait pas encore le regard brulant de son ancien amant, qui venait sans doute d'arriver. Elle ne se doute de rien, et ne perd pas de temps pour entamer avec sa voix des plus mélodieuses "Dirty Old Town de The Pogues", puisque l'ambiance était carrément promptes en vue d'un grand groupe d'Irlandais qui ne demandait que cela, des chants de leur pays.

C’était censé s’arranger…avec Kat. Oui, c’était censé s’arranger, les choses devaient évoluer. Mais bien sûr, ça ne fonctionne qu’un jour ou deux, parfois une semaine puis les disputes éclatent de nouveau. Le pire, c’est qu’à l’heure actuelle, je sais que je suis le coupable, que je suis celui qui pousse le couple à se briser, à prendre fin. Je m’énerve, je m’éloigne, je hurle, je bois. Depuis que la lettre officielle m’a été envoyée, m’annonçant une arrivée probable de personnes pour me ramener en Italie, je suis sur les nerfs. Mais il n’y a pas que ça…Juliette. Face à nos messages, face à ses airs de madame j’ai raison, j’avais littéralement pété un plomb. Certes, je suis un peu dans le tort, mais elle l’est également. Elle, elle ne se fou pas à ma place, elle ne comprend pas ma position, elle ne réfléchit pas à ce que je suis en train de perdre, ce que j’ai vécu avec Kat. Elle, elle aurait voulu que j’abandonne tout ça pour elle, sauf qu’elle ne m’a rien dit, sauf qu’à la place elle me parle comme si j’étais une merde royale. Elle s’était attendue à quoi ? A ce que je me laisse faire ?

Malheureusement, les sms que nous avions échangés n’avaient rien donnés, au contraire, ça n’avait fait qu’empirer les choses. Depuis, j’avais supprimé ses messages ainsi que son numéro, ainsi, je ne serais probablement pas tenté de la recontacter. Si ça avait marché ? Oui, d’une certaine façon. Nous n’avions plus eu de contacts, mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne me manque pas, que je ne pense pas à elle bien trop souvent. Et ça me bouffe, seigneur, ça me bouffe de l’intérieur, ça me rend fou de me réveiller en sueur en sentant encore la morsure de ses baisers là où pourtant, il n’y a que le vide d’un lit sans personne. Parfois, je dormais avec Kat, parfois, j’avais l’impression que la solitude me quittait. Illusion. La preuve en est, ce soir, au lieu de rentrer chez moi, je me dirige vers un bar pour noyer ma peine dans l’alcool…Une fois encore. L’alcool est devenu une échappatoire, un moyen de mieux m’écrouler dans le canapé et dormir sans songer, dormir sans regretter. Certes, ce n’est pas la meilleure façon de faire, mais c’est la seule qui me semble la plus adaptée, la moins pénible pour l’instant.

J’entre donc dans le bar sans broncher, sa lever les yeux vers quiconque. Il y a du monde, trop pour que ça soit normale. Me trouvant une place au bar, je commande un double whisky, dit au mec de me laisser la bouteille. Il m’observe sans broncher, me donne ce que je demande et là, enfin, je regarde autour de moi. Iris qui se promènent sur la salle et qui s’arrêtent sur une scène, sur une silhouette qui fait battre davantage mon myocarde. Elle est là. Cruelle destiné, que m’as-tu encore fait ? Elle prépare son micro, elle commence à chanter. Je pourrais me barrer en courant, m’en aller. C’est ce que je compte faire, après…après la chanson, peut-être. Après avoir picolé, sûrement. Je l’observe en silence, détourne que très rarement les yeux. Il y a des bars par dizaines et il a fallut que j’ailles me perdre ici. L’espace d’une seconde, je croise ses iris, je sais à présent qu’elle m’a vu, qu’elle sait que je suis là, que je l’observe. Sans broncher, je détourne les yeux, plonge mon regard dans le verre à moitié vide que j’ai devant moi…Je sais que tout est perdu, je l’ai bien compris.

J’ai promis…promis de ne plus me mêler de ses histoires, promis de ne plus la toucher, promis de la laisser en paix et c’est ce que je compte faire. Mais pourquoi, d’un coup, c’est devenu si difficile ? Pourquoi d’un coup, j’ai envie de m’enfiler plusieurs litres de whisky pour me donner la force de me lever et de me barrer ? Pourquoi d’un coup, j’ai l’impression que mon sang se glace, qu’il peine à se diffuser jusqu’à mon organe cardiaque ? Je me déteste, assez pour boire d’une traitre mon verre et m’en servir un autre, parce que c’est tout ce dont je suis capable.

Oui, ils étaient en tort l'un comme l'autre, cette affaire avait clairement dégénéré car les sentiments étaient sans aucun doute entrée dans l'équation. Oui, elle avait des sentiments pour Isaac,sinon elle n'aurait pas flancher, elle n'aurait pas été autant de fois au Luxore pour le voir, elle n'aurait pas couché avec lui, elle ne l'aurait pas embrassé plusieurs fois. Oui, elle aurait été plus sage, elle se serait dit qu'il fallait stopper, qu'il fallait mettre un holà. Mais non, tout son être, tout son corps lui avait crié de foncer, de ne pas se poser de questions. Et bah voilà, elle y gagnait quoi ? De la déception, de la peine. A encore s’empiffrer devant la télé de glace, de chocolat et de vin. Elle était du genre à se morfondre un bon moment, mais elle tente pourtant de se remettre d’aplomb et c'était déjà un bon pas en avant de venir chanter dans un bar avec ces deux amis. Elle les aimaient énormément, ces deux compères. Ils avaient tellement de l'importance pour elle, que quand elle pose son regard sur Alexis puis Evan, elle sent son coeur s'emballer de bien-être, de bonheur. Oui, elle est mieux ainsi, avec ces amis. Était-elle condamné à finir avec ses potes et vieille fille ? Possible, qui sait ?

Mais le destin en à encore décidé autrement, puisque lorsque la jolie blonde, qui avait d'ailleurs repris une couleur plus foncé, plus roux qui lui convenait plus, alors qu'elle entamait "Whiskey in the Jar", ses ambres se posent sur lui. Oui, Isaac. Elle en loupe carrément une phrase, en rigole presque nerveusement mais se ressaisi sans regarder à nouveau dans cette direction. Bon sang, mais qu'est-ce qu'il fichait là ? Entre lui et Logan qui faisait clairement tout son possible pour tomber aux mêmes endroits qu'elle, elle commençait sérieusement à se demander si ils ne la suivaient pas. Elle qui pensait passer une bonne soirée, vue l'ambiance...Et bien elle venait de retomber bien bas. Avait-elle réellement envie de lui parler ? Pas sur ça. Elle avait eu le temps certes de cogité mais sa position sur le fait qu'elle n'attendait plus rien tant qu'il était encore avec Kat, était clair comme de l'eau de roche. Elle se remet dans sa bulle avec ses comparses, continuant les chants une bonne demi-heure, espérant que d'ici là, il aurait foutu le camp. Sous les applaudissements, ils retournent à leur table, souriant. Alexis pose sa pinte devant le nez de la belle, avant de lui assurer que c'était à elle de payer la tournée. Elle essaie de se détourner de sa mission en prétextant le monde, mais elle n'y échappe pas. La Duchesne souffle, avant donc de se lever, se frayant un chemin au bar. Elle le voit, là-bas, avec carrément la bouteille. Il est pas sérieux quand même ? La pitié commence à prendre les tripes de la rousse, avant donc de soupirer profondément contre elle-même, qui se dirigeait déjà vers lui. Elle savait pas ce qu'elle allait dire ou faire mais elle pouvait pas le laisser dans un tel état...Si ?
« Salut...» Elle n'arrive guère à dire autre chose, mais elle finit par ajouté :
« Tu devrais peut-être arrêté là, avant de te noyer dans ta bouteille. »

La musique résonne, je n’entends même pas qu’elle manque de rater une phrase, qu’elle rit nerveusement dans son micro. Je n’entends plus rien, plongé dans mes pensées, dans ce flot qui me submerge, qui me fait couler. Et j’étouffe. Naufragé à la dérive, mon monde s’écroule, mon monde vacille. Bateau qui n’a plus de Capitaine, bateau fantôme qui ne contient plus que des regrets, que de l’amertume. Mes doigts jouent doucement avec mon verre, je n’observe pas une femme sur la gauche qui m’observe avec trop d’attention. Non, je ne suis pas là pour draguer, je ne suis pas là pour oublier de cette façon. Je me le suis juré, le seul écart que j’ai eu sera le dernier. Je ne peux pas faire ça à Kat, elle mérite mieux que d’être la femme tromper et moi, le mec infidèle. Si ça doit se reproduire, notre relation serait terminée, effacée et les entraves seront tombées. Mais ce soir, rien est fait, ce soir, la corde est toujours autour de mon cou et elle serre. Seigneur, dieu sait à quel point elle sert. A la place je bois une énième gorgée de mon nouveau verre, laissant le temps s’écouler, les chansons passer.

Je ne cherche plus à la regarder, je me retiens, je m’oblige à fixer droit devant moi, parfois mon verre, la bouteille voire même mon téléphone. Je tiens bien l’alcool, heureusement, mais si je continue sur cette voie je sais que je vais encore rentrer explosé. Peut-être que ce soir, j’irais dormir dans mon bureau au Luxore, histoire d’épargner Kat d’une nouvelle vision hostile. Ouai, sûrement, c’est préférable aussi bien pour moi que pour elle…Davantage en sachant que Juliette est dans le même bar, que les souvenirs reviennent, grimpent, s’accrochent comme un foutu animal qui plante ses griffes dans ma chair. La douleur invisible est sûrement la pire de toute, la plus sournoise aussi. Passant une main dans mes cheveux, j’en suis à mon troisième verre quand j’entends une voix, quand je reconnais du coin de l’œil la silhouette que j’ai tant évité de regarder depuis que je suis posé ici. Face aux paroles, je ricane légèrement. Pas méchamment, mais plutôt d’un air banal. « Je suis loin d’être bourré, Juliette. » Enfin, je me décide à tourner les yeux vers elle, elle planter quelques secondes mes iris dans les siennes avant, d’une fois de plus, détourner les yeux pour les reposer sur mon verre.

« Puis, ne t’inquiète pas pour moi, je ne suis pas là pour te harceler ou quoi que ce soit…je suis juste là pour boire un verre et je m’en irais après. Je ne me mêlerais pas de tes affaires. » Il n’y a aucune agressivité dans ma voix, ni même dans mes gestes. Je suis épuisé mentalement de me prendre la tête avec l’une ou l’autre, épuisé de devoir penser à ce que demain va me réserver, épuiser du manque que la blonde procure en moi. Poussant un long soupire, je m’appuie contre le dossier de ma chaise, mes doigts jouant toujours avec le verre bientôt vide, bientôt apte à acceuillir de nouveau le liquide de la bouteille. « Tu chantes bien au passage. » Dis-je doucement simplement, comme pour chercher, m’obliger à lui montrer que le message est bien passé. Pas un geste vers elle, pas un mouvement tendre pourtant, ce n’est pas l’envie qui me manque, au contraire. A vraie dire, je ne sais même pas comment agir alors je reste stoïque, les muscles crispés. La femme sur la gauche, elle observe toujours, trop intensément, sans jamais approcher et moi comme un con, ça ne m’alerte pas.

En effet, c'était dur de ne pas flancher, de ne pas aller vers lui, le serrer fort dans ses bras. Elle a mal, dans le fond la rousse. Elle a mal au cœur de ne pouvoir lui enlever cette mauvaise mine, ce front plissé mais aussi tous ces ennuis. Oui, elle n'aimait guère le voir dans un tel état. C'est vrai que s'il était encore en problème avec sa copine, elle pouvait aisément comprendre la situation. Après tout, elle n'était pas dans sa vie, dans son couple ? Mais en souvenir du bon vieux temps dirons-nous, elle faisait encore un petit pas vers lui. Pour qu'il cesse de se morfondre, qu'il cesse de se mettre dans le fond du sceau et reparte de plus belle. Pas sur qu'il écoutera , ça c'est sur. Mais au moins, sa conscience.
« Je me doute que c'est pas deux verres qui vont te mettre au tapis. » Bien sur qu'elle se moque de lui, à cet instant. Elle ne l'avait d'ailleurs jamais vue bourré, malgré les nombreuses soirées passées ensemble. Un léger soupire s'échappe de ses lèvres, venant à poser les trois verres vides sur le bar, demandant la même chose au barman qui lui offre un sourire avant donc d'aller lui faire sa commande. Son regard ambré se repose sur le brun, qui en effet, avait changé de style. A dire vrai, elle appréciait moins ce look. Il faisait bien plus enfantin, plus gamin. Non, elle préférait bien plus les cheveux plus longs et surtout la barbe. Cela lui allait bien mieux mais à croire qu'il avait sans doute fait ce que sa chère et tendre Kat lui avait demandé. Pathétique oui, mais elle aurait peut-être fait la même chose si c'était sa situation, peut-être que Logan le ferrait aussi, si elle lui demandait un effort sur quelque chose...L'amour faisait faire bien des choses. Aussi stupide et irrationnel soit-elle.
« Arrête un peu, t'es libre de faire et d'aller où t'a envie. C'est pas chez moi ici alors j'ai rien le droit de te dire. Puis c'est bon, merde. J'suis pas la peste, on peu très bien cohabité dans un endroit pour quelques heures non ? » Souffle-t-elle un peu blasé de son attitude enfantine et bête. Oh oui, elle aimait pas du tout son comportement fuyard, d'enfant. A remettre sur la table toujours la même chose. Il fallait avancer et elle, elle tentait de le faire. Même si son coeur voulait grandement avancer avec lui. Ou du moins avec lui dans son entourage.

La rousse est cependant contente du compliment. C'est vrai qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de le faire entendre sa voix mélodieuse. Elle en avait déjà parlé de son groupe de musique mais bon, il n'avait jamais eu la chance de l'entendre.
« C'est gentil, Isaac. » Mais elle, contrairement au brun, elle sent se regard pesant sur..eux ? Ou lui plus précisément. Elle plisse légèrement les sourcils, posant son regard sur la femme pas très loin,qui détourne le regard, l'air de rien. Mais elle remarque bien qu'elle est très intéressée par ce qui se passe ici.
« Je pense que quelqu'un à un coup de coeur pour toi, si je ne m'abuse. Elle est pas moche, tu devrais peut-être arrêté de picoler et aller parler avec les gens, ça te ferra pas de mal. » Sa voix a changé en disant cela. Elle était terriblement jalouse oui. Mais ça, elle allait bien se le garder pour elle.  

Non, ce ne sont pas deux verres qui vont me mettre au tapis, c’est elle. Elle et sa proximité, elle et le fait d’avoir partagé des moments avec sa personne et d’un coup, ne plus rien avoir. Je ne suis pas du genre à courir après quelqu’un, Juliette ne fait pas exception à la règle…davantage en connaissant ma situation, les obstacles qui se dresses sur notre chemin. J’aimerais que ça soit moins compliqué, plus facile à gérer. Néanmoins, ça ne l’est pas, pas vraiment, pas du tout. A ses mots blasés, je pousse un long soupire exaspérer. « Sincèrement, je n’en sais rien Juliette. » Oui, je ne sais pas si je suis capable de cohabiter avec elle si près de moi, pas face à la tentation que j’éprouve, pas face aux sentiments qui ne cessent de me submerger. Se rend-t-elle seulement compte de ce que moi j’éprouve ? De ce que j’éprouve pour elle ? Ce n’est pas que de la simple attraction, non, c’est bien plus que ça. De l’amour. Aussi cruel soit-il, c’est bien de l’amour. Un sentiment qui tente de bousculer l’attachement que j’ai pour Kat, qui prend sa place pour se mettre au premier rang.

Mais pour l’heure, je n’ai pas envie de me disputer alors, je dis ce qui me passe par la tête. Elle chante bien. Un compliment réel, un compliment que je devais lâcher pour lui prouver que malgré tout, je l’ai écouté. Elle me remercie et je me contente de sourire très légèrement, portant de nouveau mon verre à mes lèvres. Néanmoins, les paroles de la jeune femme me font froncer les sourcils. « T’essaye vraiment de me pousser sur une autre fille ? T’es sérieuse là Juliette ? » Murmurais-je en plantant mon regard dans le sien, franchement blessé par le comportement de la blonde. « T’étais pas n’importe qui. » Dis-je cette fois-ci d’un ton amer avant de balancer. « T’es pas n’importe qui… » Nouveau soupire, elle a néanmoins piqué ma curiosité. Tournant la tête vers la femme, je me crise brusquement. Son visage, je l’ai déjà vu, je sais exactement qui elle est, pour qui elle bosse. Un journal Italien, dans mon pays natal, elle est connue pour être une véritable fouine, mais également, balancer des informations compromettantes. Si elle est ici, ce n’est pas pour rien, encore moins si elle regardait dans ma direction. D’un coup, mon monde tremble.

« Ils m’ont retrouvé. » Murmurais-je brusquement en me redressant. D’un même mouvement, la femme se redresse se sachant découverte, un appareil apparaît dans sa main…Bien sûr, un appareil photo, je m’y attendais. « Viens, il faut partir ! » Dis-je à la blonde, attrapant sa main sans vraiment le réaliser. J’aurais pu filer sans elle, mais pour sûr, la journaliste lui aurait posé des questions, aurait dévoiler mon identité prête à voler en éclat. Bordel, que fait-elle ici ? Si elle est là, d’autres le sont aussi, je connais les manœuvres, je connais les combines. Ils se déplacent en bande et j’ai raison. Attirant Juliette près de moi, je fends la foule avec rapidité, ayant par la même occasion attrapé une casquette d’un pauvre mec pour la mettre sur ma tête. « Il faut partir…merde, merde, merde ! » Dis-je paniqué, pris au dépourvu, le cœur au bord des lèvres. Heureusement, la foule dense semble ralentir les trois personnes qui nous suivent et tentent de se voler le scoop du siècle. Je ne prête même plus attention à Juliette pour le coup, tenant sa main dans la mienne, je passe la porte de derrière qui donne dans une ruelle.

Souffle saccadé, je regarde autour de moi. « Vite, trouve-moi un truc pour bloquer la porte ! Je t’expliquerais après, mais je t’en prie Juliette, aide moi. » Dis-je d’un ton presque suppliant, réalisant brusquement que, quoi que je fasse…la partie est finie pour moi. Si ils sont là, les miens aussi ou alors, ils sont sur le point d’arriver.

Elle ne saurait dire si c'est de l'amour, qu'elle ressentait pour lui. C'était un peu tôt, elle n'était pas du genre à fondre pour quelqu'un de la sorte. C'est pas une sentimentale, Juliette. C'est plus quelqu'un d'impulsif, qui fait ce qu'elle veut quand elle veut. L'amour, elle avait plus envie de le vivre, pas après ce qu'il venait de lui arriver. Mais c'est pas si simple, ça part, ça vient. L'amour se forme sans même s'en rendre compte ou à contrario, vous frappe comme la foudre un soir d'été. Elle aimait énormément Isaac, mais elle ne pouvait pas encore dire qu'elle l'aimait amoureusement. La rousse ressentait quelque chose pour lui, mais elle n'avait pas envie de savoir ce que c'était, pas avec tout ce qu'elle était en train de vivre et surtout, elle c'était construit un mur, histoire de ne pas être déçue. Oui, puisque Kat était là depuis le début, elle le savait et l'avait érigé rapidement, ce petit mur pas bien épais mais suffisant histoire de ne pas souffrir de trop. Pas d'illusions, pas bercé dans une bulle de belles promesses...C'était plus simple. Enfin...C'est ce qu'elle c'était dit, la sotte. Et la finalité ? C'est qu'elle souffrait là, elle souffrait du vide qu'avait formé la disparition de l'Italien de son entourage, de la souffrance que causait les messages qu'il lui avait écrit.

Ses lèvres se pincent un peu, face à ses propos. Oui, elle aurait dû fermer sa bouche, mais l'amertume et rancœur était encore bien présente. Elle n’oubliait rien et c'était ça, son défaut. Elle en crèverait un jour, d'être aussi rancunière,c'est certain. Cela lui prendrait les tripes jusqu'à la faire vomir de dégoût, d'amertume. Un soupire s'échappe alors qu'elle ajoute :
« Pardon, j'sais pas pourquoi j'ai dis ça et toi aussi, tu le sais parfaitement. » Ajoute-t-elle avant de fixer ses pieds. Elle se fait interrompre par le barman, qui lui pose les boissons, mais avant qu'elle n'ai eu le temps de payer qu'Isaac la saisit, mais à surtout une réaction très bizarre. Il déblatère des choses qui n'ont aucun sens pour elle.
« Quoi ? Mais attend... » Je n'arrive même pas à parler car voilà qu'il la saisit par la main, elle suit un peu surprise, essayant de regarder un peu partout de qui il parlait, et surtout de quoi !
« Qui t'a retrouvé ? Hey mais il se passe quoi ?! » Essaie-t-elle de gueuler, ne comprenant plus rien. Elle avait envie de ne pas aller plus loin, déjà car elle en avait aucune envie et n'avait pas envie de laisser ses deux amis sans aucune explication. Mais Isaac semblait vraiment chambouler. Cela semblait important donc elle voulait bien passer outre. Elle remarque vite que la poignet de la porte de sortie est limite en train de tomber. Elle ferme donc vivement la porte et n'a qu'à juste tirer fort, pour que la poignet tombe. Elle se met donc à courir à la suite du brun,qui allait je ne sais où. Bon sang, pas bonne idée de courir avec autant de bière dans l'estomac. La rousse se sent déjà pas bien après quelques minutes de marche voir course rapide. A bout de souffle, elle qui pourtant se vantait de faire du jogging, se colle le dos contre un mur, en plus elle n'a même pas eu le temps de prendre sa veste, le froid la rattrapera vite.
« Bon sang mais u'est-ce qui se passe ! Tu vas m'expliquer ou continuer à me faire courir ?! »

Elle semble honteuse face à ses paroles…elle semble gênée par ce qu’elle m’a dit et pourtant, elle m’annonce que je suis également différent, que je ne suis pas n’importe qui. Je ne réponds pas, je soupire, le cœur en vrac, l’esprit tordu. J’aimerais tellement la croire, seigneur, comme j’aimerais croire qu’à ses yeux je ne suis pas comme lui…qu’à ses yeux, je suis différent, spéciale, peut être plus qu’un imbécile dont le couple bat de l’aile et qui n’est pas capable de rompre pour ses beaux yeux. Mais à vraie dire, je n’ai pas le temps de réfléchir davantage. Non, déjà, mes yeux se poses sur la journaliste et je sais que mon heure est venue. Attrapant la jeune femme je fuis…Attrapant sa main, je fends la foule comme une flèche, vole une casquette, la plaque sur ma tête. Je regarde sans cesse derrière moi, essayant de voir si ils sont bloqués, si j’ai une chance de m’en sortir. Je ne veux pas que Juliette soit mêlée à ça, je ne veux pas qu’elle apprenne de leurs bouches qui je suis véritablement. Je ne veux pas qu’on me ramène dans ma prison dorée, je m’y refuse, trop accro à ma liberté.

Elle me demande qui m’a retrouvé, ce qu’il se passe. Je n’ai pas l’esprit à lui répondre, pas maintenant. Une fois dehors je lui demande son aide, j’en ai besoin. Ce soir, je me sens complètement paumé, je me sens en danger. Aussi stupide que ça puisse paraître, je sais que mon monde va voler en éclat, que beaucoup vont tomber de haut, que certains vont grave m’en vouloir. Je ne voulais pas de ça, mais heureusement, Juliette m’aide et pète la poignée qui était déjà bancale. Une fois fait, nous voilà en train de courir à travers la ruelle, de piquer un sprint dans les rues. Je tourne à gauche, à droite puis encore à gauche pour enfin m’engouffrer dans une ruelle. Juliette est à bout de souffle, moi, j’ai une nausée abominable. Pas à cause de la course en soit, non, parce que j’ai peur, peur de ce que ça présage, peur d’être traîné de force en Italie. Je suis majeur et vacciné, mais disons que dans un sens, je n’ai pas vraiment mon mot à dire. J’aurais dû être plus discret, j’aurais dû m’effacer de la circulation dès que j’avais reçu le courrier. Bien sûr, Juliette réclame des explications.

« Ecoutes, je… » Comment lui dire les choses, comment faire pour qu’elle ne me prenne pas pour un fou, un con ? Je commence à faire les sens pas, je tends l’oreille, je suis sur mes gardes. Elle a froid…Délicatement, j’enlève ma veste et approche pour la poser sur ses épaules. « Tiens… Désolé, je n’aurais pas dû t’entraîner là-dedans…merde, je n’ai pas réfléchi. » Grognais-je entre mes dents, j’avais réagi impulsivement, trop vite, sans réfléchir. Reculant, je m’appuie contre un mur et me laisse glisser sur le sol. « Je te dois des explications, mais saches que ce que je vais te dire est la vérité, malheureusement pour moi. » Dis-je en ricanant amèrement. Je sais que quand elle saura elle ne me regardera plus pareil, qu’elle ne verra plus Isaac, mais sûrement le prince. « Je ne suis pas orphelin Juliette, mes parents sont bels et bien vivants et j’ai deux sœurs aussi, un oncle…bref, j’ai de la famille. » Murmurais-je en baissant les yeux. « En vérité, je suis de sang royal, je suis prince d’Italie. Sauf que…je n’ai jamais voulu de cette vie-là, de ce qu’on attendait de moi…Je n’ai jamais voulu de cette foutue couronne. »

Je prends une légère pause avant de continuer, passant une main dans mes cheveux, tremblant légèrement. « J’étais censé succéder à mon père, sauf que rapidement, j’ai compris que ce n’était pas pour moi. Alors, il y a six ans, j’ai fui l’Italie en abandonnant tout derrière moi. Je me suis caché en France pendant un an avant de venir ici, à Montréal. Ici, je pouvais être quelqu’un d’autre, un mec normal. Isaac, juste Isaac. Je me suis inventé un passé sans parents, ça évitait les questions sur ma famille…je pensais être tranquille, je pensais…mais ceux que tu as vu, c’est des journalistes, y’en a une qui vient d’Italie. Si ils sont ici c’est que… » Que mon secret va exploser, qu’ils me cherchent, qu’ils m’ont retrouvés. Mais les mots ne sortent pas. « Je suis désolé je…de rares personnes sont au courant, y’en a que deux et toi maintenant…je ne voulais pas te traîner là-dedans Juliette… »

La Duchesne commençait réellement à se demander ce qu'elle avait fait au bon dieu pour finir dans des affaires comme ça. Et encore ! Elle était pas encore au bout de ses peines, la pauvre ne savait encore pas ce qu'allait lui révéler l'Italien. C'était pire qu'un film Netflix, elle se demandait vraiment, à des moments de profondes lamentations, qu'on devait lui jouer un tour, qu'il y avait forcément une caméra caché, que son ex avait fait exprès pour lui faire peur ou quoi...Mais non. C'était clairement le bordel dans sa vie, elle commençait à s'en rendre bien compte.
Cette course-poursuite avec ne sait-on qui, elle prend clairement ça pour du délire mais elle à peur quand même. Elle se demande si c'est des gens armés qui les suivent, qui essaient de les rattraper bien que la poignet allait leur prendre un petit moment. Dans sa tête, c'était clairement un dealer comme l'autre soir,qui l'avait retrouvé et forcément...Dans la position de faiblesse dont il avait fait preuve au bar avec sa pauvre bouteille de whisky...Cela avait dû attirer l'oeil. Loin de là. La rousse était clairement loin de la vérité tien. Elle aurait pensé à tout sauf ça. C'était un soulagement de s'arrêter. Elle avait clairement envie de vomir ses tripes, tant elle avait du mal à reprendre son souffle. Les joues rougies, mais aussi par l'énervement d'avoir été entraîné la dedans, elle attend. Oui, elle attend la gosse, des explications et de solides explications.

Elle écoute, le fixant alors qu'il balance ce qui semble être le secret d'une vie. Au bout d'un moment, elle commence clairement à déchanter. Était-il en train de la prendre pour une andouille ? Oui, c'était pas possible autrement. Sa bouche s'entre-ouvre, commençant à plus suivre ses mots. Un prince ? D'italie ? Comment c'était possible ? Non, vraiment pas. C'était carrément irréel. Avait-il pris un joint, un truc si fort qu'il en avait carrément des hallucinations. La rousse finit par exploser de rire, n'ayant pas autre chose sur ce coup à dire ou faire :
« Arrête de te foutre de moi, Isaac. C'est vraiment pas drôle et très original. Tu voulais juste fuir une fille qui te pose problème ouais. » Elle ne peut s'empêcher de rire encore nerveusement, avant de voir sa tête. Très sérieuse. Non...Pas possible. Il ne pouvait pas être un Prince, pas lui ? Son sourire et rire meurt presque immédiatement, avant que l'incertitude et l'incompréhension prenne place.
« C'est une putain de blague... Mais t'es sérieux ? Comment tu peux cacher un truc pareil aux gens sans déconner ? Fin quoique, au moins cela t'évites de tomber sur des profiteurs mais, merde t'aurais du m'le dire quoi ! » Elle est un peu en colère, mais totalement chamboulé. La nausée ne cesse de lui prendre aux tripes.
« J'y crois pas....Mais du coup, c'est quoi le soucis pour moi hm ? T'a eu peur qu'elle me questionne ou que je lui dise de la merde sur toi ? Ou simplement qu'on fasse la une de la presse à scandale avec en gros titre : le Prince se tape une roturière de Montréal ? »

Elle écoute, elle semble perplexe…comment pourrais-je lui en vouloir ? C’est quand même gros comme histoire, digne d’une comédie merdique qui se fini en digne tragédie. Pourtant, quand elle rit nerveusement, amèrement, m’annonçant que je dois arrêter de me foutre de sa gueule, je relève les yeux et la fixe. Oui, je la fixe sérieusement, de façon à lui faire comprendre que, malheureusement, je ne mens pas. Que, malheureusement, je dis la vérité et que je n’en suis pas fier. J’ai menti à bien des gens, bien des personnes. Je courrais après ma liberté, je courrais après une vie qui m’a été interdite à la naissance. Beaucoup pourraient croire qu’être Prince c’est magique, c’est beau. Foutaise. Les obligations sont pesantes, elles sont étouffantes et j’avais fuis tout ça. Je ne veux pas de cette couronne, je ne veux pas de cette vie…je voulais ce que j’ai actuellement, je voulais être quelqu’un sans histoires, sans passé mas en contrepartie je devais mentir, je devais effacer le reste et Juliette en est la preuve. Bien sûr, elle ne réagit pas bien et, une fois encore, je m’en prends plein la gueule. Comme quoi, Juliette aime bien me reprocher des choses, me rendre coupable sans chercher à comprendre.

« Tu ne comprends pas, tu ne cherches même pas à comprendre. » Soupirais-je sans m’énerver, secouant doucement la tête de droite à gauche. Bien sûr qu’elle ne peut pas comprendre, bien sûr qu’elle ne peut pas se mettre à ma place. Elle n’est pas née dans le même monde que le miens, elle ne sait pas ce que tout ça représente. Il n’y a pas que l’argent, la fortune, la noblesse. Tout ça va au-delà, au-delà des apparences. Une famille qui met bien trop de poids sur mes épaules, des fiançailles qui auraient été arrangées, un besoin constant de devoir plaire sans y parvenir. Pourtant, c’est ses dernières paroles qui me font froncer les sourcils. « Tu crois vraiment ce que tu dis là ? T’es sérieuse ? Mais putain Juliette, arrête de dire des conneries et de croire que je fais les choses contre toi ! Y’en a marre là, sérieusement ! » Dis-je cette fois-ci bien plus énervé. « Tout à l’heure t’essaye de me caser avec une femme, maintenant tu penses que j’ai honte de toi ! T’essaye de me comparer aux autres connards que t’as fréquenté ou quoi ? »

Sincèrement, elle commence à me taper sur les nerfs avec ses insinuations merdiques, ce n’est pas comme ça qu’on va avancer non, plus elle agit ainsi et plus je m’éloigne. Je la fixe toujours, les pupilles légèrement dilatées. « J’ai fait ça parce que j’ai paniqué d’accord ? Parce que je voulais que tu apprennes la vérité de ma bouche, pas de la leur ! Ils t’ont vu avec moi, ils allaient forcément te sauter dessus pour avoir des détails. Je m’en fou d’être vu avec toi, mais tu ne réalises pas ce que ça veut dire. Si je t’avais laissé là, si ils étaient venus te parler, Juliette, ils auraient exposés ta vie dans les journaux, les magazines, parce que c’est ça qu’ils font ! Ils n’épargnent personnes, ils creusent, ils cherchent et ils exposent. » J’élève un peu la voix de colère, parce qu’elle ne voit que le mal, elle ne fait que m’accabler encore et toujours. Apparemment, elle ne sait faire que ça. Je fini par me redresser en soupirant plongeant ma main dans la poche arrière de mon jeans, en sortant un paquet de clope. « Tu sais quoi, laisse tomber, j’aurais mieux fait de la fermer. »

Ouai, j’aurais mieux fait de continuer à mentir, comme ça, elle aurait continué à rester dans l’ignorance jusqu’au jour j où les choses auraient été dévoilées. Putain, je suis trop con en vrai, je pensais qu’elle aurait au moins daigné écouter ce que j’avais à lui dire. Mon cul ! Ce n’est pas comme si je ne venais pas de lui exposer les raisons de mon silence, non, mais bien sûr, elle n’en fait qu’à sa tête et je commence sérieusement à être épuisé par son comportement.

C'était trop en faite, c'était clairement une sale affaire, un véritable mic-mac dont elle se serait bien passé. Non, franchement c'était du grand n'importe quoi. Elle commençait à saturer avec toutes ces histoires. Oui, elle était méfiante, envers les hommes. Il y avait de quoi, non ? Entre lui qui lui avait clairement fait défaut, lui avait quand même dit des trucs pas très sympa et n'avait pas quitté pour autant sa chère Kat. Il était toujours avec et c'est là qu'elle sentait qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Dans le fond, si elle avait été honnête aussi, si elle lui avait dit clairement les choses, qu'elle aurait souhaité vivre un truc avec lui..Peut-être cela se serait déjà fait ? Elle en était pas convaincue, car même s'il lui avait dit de belle chose, elle avait peur. Peur d'avoir encore aussi mal...C'était tellement horrible, tellement douloureux.
« Oh c'est bon, calme toi !! Tu crois que c'est facile d'apprendre ce genre de truc ? Tu veux que je réagisse parfaitement ? Mais j'ai pas la science infuse, je sais pas comment réagir même si dans le fond, je suis choquée mais c'est pas la fin du monde, je vais pas mourir ou plus te parler car t'es un Prince !» Gueule-t-elle presque, un peu agacée aussi de toujours s'en prendre plein la figure. Bah oui quoi ! C'était pas évident d'avoir la bonne réaction, surtout après un tel sprint quoi. Elle finit par se calmer, ne plus rien dire. Au final , elle s'apaise, essaie de se mettre à sa place en rassemblant effectivement les informations qu'il lui donnait. Oui, c'était pas génial comme situation, elle n'arrivait pas à comprendre tout mais elle savait qu'une chose : Sa liberté risquait d'être entravé et rapidement. La belle rousse s'avance vers lui, se mordant légèrement la lèvre :
« Isaac, désolé. Je voulais pas réagir comme ça mais merde, je pensais clairement que c'était une blague...Pardonne moi. » Sa main hésite mais finit par se poser sur son avant-bras, dans une délicate caresse. Elle aurait voulu le serrer contre elle mais...Elle s'y abstint cette fois.
« Merci d'avoir pensé à moi en me faisant quand même partir avec toi. J'avoue que j'aurais pas vraiment apprécié me faire questionner ou me retrouver épié au quotidien.» Elle ne put cependant chercher une petite blague histoire de détendre l’atmosphère :
« Au moins tu déroges pas à la règle des Princes, tu es beau et charmant quoi.»

Elle gueule, je me crispe. Bordel, j’en ai marre des femmes qui hurlent comme des vaches espagnoles, quand ce n’est pas Kat c’est Juliette. Elles ne savent faire que ça ou quoi ? Ce n’est pas une façon de communiquer et ça me tue, à croire que pour l’heure, je n’attire plus la facilité de communication. « Tu vas baisser d’un ton Juliette, j’suis pas ton chien ! » Dis-je en serrant les dents, cherchant néanmoins à ne pas entrer dans une colère noire, ne pas laisser mon côté dominateur prendre le dessus. Parce que oui, j’ai également un sale caractère et je risque d’exploser rapidement, de monter sur mes grands chevaux. Italien dans le sang, je garde ce sang chaud qui me colle à la peau. Néanmoins, je me dis que les choses sont perdues d’avances, que parler avec elle n’était pas forcément une bonne idée. Pour une fois que moi je reste calme, elle, elle me hurle dessus. A vraie dire, entre ses messages de merdes, sa gueulade maintenant, ça devient aussi épuisant que mes conversations avec ma petite amie. Je n’ai pas besoin de ça, pas maintenant, pas alors que j’ai l’impression que mon passé va de nouveau m’enchaîner.

Me redressant, je m’allume une clope. Elle approche, je me crispe, je me dis qu’elle va de nouveau gueuler, peut-être me pousser, m’en coller une…Mais non, à la place, elle s’excuse et je pousse un léger soupire. « Non, ce n’est pas une blague. J’aurais bien aimé, crois-moi. » Dis-je simplement, totalement désemparé. Sauf que quand je sens ses doigts sur mon avant-bras, un frisson électrique me parcoure, vient s’étendre sur mon épiderme. Pas à cause du froid, non, à cause de ce geste, de cette caresse, aussi anodine soit-elle. Déjà tout mon être en veut davantage, déjà tout en moi me hurle de la prendre dans mes bras, de la serrer contre moi. « Je t’avoue que…j’aurais pas aimé ça non plus, qu’on t’épie… » Parce que je ne veux pas que les autres puisses en savoir davantage sur sa vie, parce que je ne veux pas qu’elle soit exposée, parce qu’égoïstement, je veux l’avoir pour moi sans le pouvoir. Mais ça, je ne le dis pas, j’ai juré de la fermer, j’ai juré de rester à l’écart et c’est ce que j’essaye de faire. C’est difficile, seigneur, c’est une véritable épreuve constante que de me tenir à l’écart.

Quand elle essaye sa blague je ris nerveusement en secouant la tête de droite à gauche. « Et bien, tu ferais une bonne Princesse aussi, crois-moi…j’ai deux sœurs, je sais ce que c’est. Puis, j’ai de l’expérience en la matière. » Dis-je en essayant de répliquer sur ses paroles, sauf que rapidement, mon sourire s’efface et que mes iris reviennent caresser les siennes. Doucement, mes doigts se lèvent, replacent une mèche de ses cheveux et s’attardent une seconde sur sa joue. Mon bras retombe lourdement, mes doigts brûlent, mon cœur s’emballent. « Je sais que je ne devrais pas te dire ça…j’en suis conscient mais Juliette, prince ou pas, tu me manques… » Murmurais-je simplement. « …je suis désolé…écoutes, retourne au bar d’accord ? Je pense qu’ils ne sont plus là maintenant et moi je vais juste…aller dormir à l’hôtel, j’ai besoin de faire le point. » Oui, à l’hôtel, pas chez moi. Je n’ai pas envie de retourner à la villa, j’ai besoin de m’enfermer quelque part.

Oui bon, elle avait souvent la tendance à gueuler quand la situation lui échappait, mais chacun avait sa façon de voir les choses, les appréhender et les vivres. Elle c'était comme ça, un peu insultant, un peu gueulard mais c'est ainsi. Mais elle comprend vite que cela ne sert à rien, que cette situation était bien trop compliqué mais surtout une vraie tragédie pour lui. Il semblait complètement à bout. Comme si cela ne suffisait pas en somme. Elle à de la peine pour lui, quand même. Elle aurait sans doute faire comme lui, fuir pour être en paix, libre de faire ses propres choix. Cela devait être plaisant comme déplaisant d'être Prince, cela devait être de sacrée responsabilité, elle n'osait guère imaginé. Elle se demande même s'il avait dû apprendre toutes l'étiquette qu'incombe en général les gens de la royauté, comment il avait été éduqué, qu'est-ce qu'il avait ou n'avait pas le droit de faire. En bref, elle se posait des tas de questions, maintenant. De la curiosité pure et dure, malgré que ce n'était pas vraiment ce qu'Isaac voulait en lui disant ceci. Il était honnête avec elle, voulait qu'elle soit au courant de tout, de vive voix et pas l'apprendre de quelqu'un d'autre. Oh oui, il était pas comme tous les autres, sauf peut-être pour l'infidélité, mais ça..C'était aussi de sa faute.
« A croire que tu es bon pour faire un film de Noel sur Netflix. » Elle sourit légèrement en coin, car c'est clairement à quoi tout ceci lui faisait penser. Ou du moins une comédie quand même plus...dramatique quand même. Mais tout les films avaient plus ou moins une fin heureuse, quand ça parlait de prince non ? Du moins c'est ce qu'elle voulait espéré. Que tout finisse bien pour lui.
Sa délicate main vint prendre sa mèche de cheveux, la pulpe de ses doigts frôlant sa peau, la faisant frémir. Non, ne pas craquer, il ne fallait pas qu'elle recraque encore une fois, même si l'envie était forte, très forte. Flancher, c'était plus possible. Ses belles iris se noient dans les siennes, avant de répondre avec douceur :
« Faut que tu arrête d'être aussi bienveillant avec moi. Comment pourrais-je te détester avec tout ça hein ?... » Oui, le détester. Elle avait essayé, elle y était presque parvenue car loin des yeux, elle était plus forte pour oublier ou haïr les gens. La rousse sourit légèrement, avant d'ajouter :
« Moi ? Une princesse ? Je serais ingérable. Je sais déjà pas me tenir droite à table alors imagine si je balance un "merde" ou "putain" devant une assemblée. » Elle préfère en plaisanter, mais ce qu'il vient de lui dire, la touche énormément. Plus qu'il n'y parait.
« Tu me manques aussi, Isaac... » Son coeur se met à palpiter vivement, sentant le malaise proche. Elle sentait son souffle chaud proche de son visage, ses mains serrent finalement sa veste qui pue littéralement de sa délicate odeur, qui la fait carrément chavirer. Elle se prend à s'avancer, proche de céder à la tentation, mais elle se stoppe :
« Je..Dormir à l'hôtel ? Tu vas pas quand même payer une chambre. Ta pas un ami ou autre ? Je t'aurais bien dis dors chez moi mais...je pense pas que cela sois une bonne idée... » Oh que si, son corps lui criait que c'était une bonne idée, son coeur aussi. Mais non, il ne fallait pas.

« Ne m’en parle pas, j’y ai souvent songé en regardant Netflix en plus. » Dis-je en souriant tristement. Parce que oui, ma vie est une comédie dramatique, une connerie de film qui n’existe pas véritablement. A vraie dire, ma vie en Italie me semblait tellement fausse et éphémère alors qu’ici, je me sens vivant, je me sens véritablement moi-même. J’aime ce que j’ai, même si souvent, c’est extrêmement compliqué. Mais j’aime avoir réussis par moi-même, j’aime avoir la certitude que ce que j’ai, c’est grâce à moi et non pas à cause de mon titre. Doucement, je dégage son visage d’une mèche rebelle, comme je l’ai déjà fait une fois avant, avant que les choses ne se compliquent, avant que nos corps ne finissent par céder. Je ne devrais pas, j’en ai conscience. Oui, je sais que je joue avec le feu, une fois encore, mais c’est plus fort que moi. Comme un besoin de la toucher, de la frôler, ne serait-ce qu’un instant, qu’une seconde. Mais rapidement, je récupère ma main, le bout de mes doigts brûlant face à ce simple acte, cette simple caresse éphémère qui n’aurait jamais dû exister. Comment pourrait-elle me détester ? La réponse est simple.

« Je n’arrêterais jamais d’être bienveillant envers toi Juliette, c’est aussi simple que ça… » Puis, je ne veux pas qu’elle me déteste, au contraire. Alors, quand elle m’annonce qu’elle ferait une bien piètre princesse, je souris doucement. « Si tu savais…de nos jours, les princesses ne sont plus comme autrefois, ce sont juste des filles avec plus d’argent, un titre et qui se croient tout permis…Tu verrais ma sœur, Gabriella, tu verrais que tu ferais quand même une bonne princesse. » Dis-je en haussant les épaules. Il faut dire que Gabriella, c’est la teigneuse assurée, la gamine trop pourrie gâtée, celle qui accumule les scandales. Oui, j’ai veillé sur mes sœurs de loin, j’ai suivi le parcoure de celles-ci…Gabriella n’est pas vraiment un modèle de vertus, au contraire. Mais la vérité tombe, Juliette me manque. Je devrais peut-être la fermer, ne pas le lui dire, mais il faut qu’elle sache. Oui, il faut qu’elle sache que malgré ça, malgré tout ce qui se passe, elle me manque. Son sourire, nos conversations, nos caresses, nos baisers. Ça me manque. Même si je sais que c’est mal, même si je sais que ce n’est pas permis, ça me manque.

Je préfère m’en aller, cherche à fuir. Elle approche, je peux sentir son souffle se rapprocher, je peux sentir son corps bien trop près du miens. Comment veut-elle que j’oublie ainsi ? Ses paroles résonnent, je souris doucement, presque tristement. « Je n’ai pas envie d’aller chez un ami ou autre, j’ai juste besoin de m’éloigner de tout ça…puis, si je devais partager ma nuit avec quelqu’un, ça serait avec toi. Mais comme tu le dis, ce n’est pas une bonne idée, sinon je t’aurais déjà proposé de m’accompagner. » Murmurais-je doucement, mes iris plongeant toujours dans les siennes, ma veste autour de ses épaules. Oui, si l’envie est là, je reste immobile, je n’approche pas. Je ne veux pas rompre la promesse que je lui aie faite, je ne veux pas être celui qui brisera celle-ci. « Puis, tes amis t’attendent sûrement…Juliette…s’il te plaît…arrête de t’approcher. Je t’ai promis que je ne te toucherais plus…mais c’est un calvaire de te voir si proche sans te toucher. » Dis-je dans un murmure, comme un secret qu’elle seule doit pouvoir entendre, comme une promesse douleur d’une vérité trop brûlante. Je veux vraiment tenir…j’aimerais tellement tenir, mais je sais que sans nuls doutes, je suis un homme faible auprès d’elle.

Elle qui croyait que les princes et princesse ça n'existait plus vraiment...Et voilà qu'elle se retrouve nez à nez avec un prince. La vie se foutait littéralement de la gueule des deux jeunes gens, c'était affreux. Un profond soupire d'incertitude, de ral le bol général, s'échappe de sa belle bouche pulpeuse. Pas croyable toute cette histoire..
« Arrête d'être aussi gentil avec moi, je le mérite pas avec tout ce que je t'ai dis...» Oui, elle est clairement en train de s'excuser de son comportement, de tout ce qu'elle avait pu dire. C'est fou comme elle sentait toute ses barrières tombés face à lui, une vraie petite guimauve attendrie par la présence du feu, qui allait craquer en milles morceaux. Ses yeux brillent, d'une lueur qu'elle ne saurait expliquer. Mais elle l'apprécie vraiment ce sale type, ce prince. Malgré qu'il soit encore l'infidèle à ses yeux, elle le désirait toujours autant, pas qu'en simple compagnie dans son lit, mais pour faire un petit bout de chemin avec lui.
« Je veux bien te croire, c'est comme ça, c'est le titre qui fait des fois devenir quelqu'un d'autre, chose que je suppose, tu as voulu fuir… » C'est sur que la vie de princesse faisait rêver mais uniquement par l'argent, par l'attente du prince charmant, des belles robes, de la couronne et tout ça...mais concrètement, était-ce aussi génial que cela en avait l'air ? Elle en était pas convaincue, sinon il serait encore là-bas, à faire son devoir.
« Alors vient...J'ai pas trop envie que tu sois seul, ou avec ta bouteille. » Ses paroles résonnent comme un ordre, même pas une demande, mais oui. Elle voulait qu'il vienne avec elle, chez elle s'il fallait mais elle ne pouvait pas le laisser seul. Pas ce soir. Elle se mord légèrement la lèvre, ses mains qui étaient crispés à la veste du brun, finisse par venir se poser sur son visage, avec précaution, comme si elle mettait ses mains sur le feu. Ses joues sont douces, fraîchement rasé sans doute. Cela ne lui plait pas d'ailleurs, elle aime pas. Mais elle se tait. Elle ne retrouve pas le vrai Isaac, sans sa tignasse, sans sa barbe. Elle y trouve là, l'Isaac que voulait sa rousse et elle avait franchement envie de lui recoller les cheveux et la barbe là. Ses mots n'ont pour finalité de la faire craquer. Littéralement. Elle n'arrivait plus à le haïr, le détester. Elle peut plus le nier, elle l'apprécie de trop pour ça. Ses lèvres vinrent saisirent les siennes sans perdre un instant, ne répondant même pas à ses paroles, qui étaient là pour la dissuader de fondre sur lui. Mais non. Cette fois elle en a marre de se battre avec son soit intérieur. Un doux et délicat baiser, mais surtout plein d'envie, de passion, de regret. Elle regrette de ne pas l'avoir retenu, de ne pas avoir été là pour lui malgré tout ce qui se passait.

Elle finit par stopper le baiser, ses doigts se portent à ses lèvres, avant de regarder de côté. Elle veut être honnête avec lui, elle veut lui dire ce qu'elle veut , tout de suite :
« Je veux que tu la quittes, Isaac. J'ai envie que tu sois avec moi, rien qu'à moi. Même si t'es un Prince, que tu risques de m'être retiré, j'ai pas envie de te laisser partir comme ça... »