(miles) an unexpected meeting.

Aujourd’hui Miles avait un rendez-vous particulier, une jeune journaliste l’avait sollicité pour faire son portrait. Rien d’étonnant puisqu’il avait beaucoup d’ambition et qu’on parlait de plus en plus de temps. Cependant, il acceptait rarement des interviews parce qu’il se méfiait des journalistes. Il savait qu’il fallait toujours faire attention à tout et son image comptait plus que tout, notamment maintenant qu’il avait essuyé le scandale d’un houleux divorce. Il voulait se concentrer sur sa carrière et pas sur sa vie privée. Il avait néanmoins accepté parce qu’il avait entendu du bien de ce journal et qu’il ne comptait pas se laisser faire. Il comptait orienter la conversation uniquement sur son ambition, son travail. Il ne laisserait personne faire dériver la conversation. Alors qu’il était en train de se préparer, son assistante le prévint que la journaliste venait d’arriver, il lui demanda alors de la faire entrer. Il n’était absolument pas prêt à ce qui allait se passer. Miles sent son cœur louper un battement lorsqu’il croise le regard de la jeune femme. Il aurait reconnu ce visage entre mille. C’était elle. La fille qu’il avait aider il y a plusieurs années alors qu’elle venait de se faire agresser. Il ne connaissait rien d’elle, ni son nom, ni son prénom. Il ignorait totalement qu’elle était encore dans le coin et encore moins qu’elle était journaliste. Il était dans un sens soulagé de la voir aujourd’hui. Elle semblait sûre d’elle, épanouie. Elle avait su surmonter ce traumatisme. Longtemps il s’était demandé ce qu’elle était devenue et il avait culpabilisé de ne pas avoir tenté de l’aider sur la durée. Il savait néanmoins qu’elle n’aurait pas voulu de son aide. Il n’aurait été qu’un rappel du pire jour de sa vie. Miles ne savait pas comment réagir ou agir. La jeune femme le regardait étrangement, mais il n’avait pas l’impression qu’elle savait qu’il était. Elle devait avoir davantage une impression de déjà vu. Il ne comptait pas la mettre mal à l’aise en se présentant comme son « sauveur ». Elle était venue ici pour son travail et il voulait respecter cela. « Enchanté mademoiselle Fitzgerald. » Lui répondit Miles tout en lui tendant la main pour la saluer poliment. Il comptait faire comme si c’était la première fois qu’il l’a voyait. Il savait que si elle se rappelait qu’il était elle n’aurait pas envie d’en parler. Il tenait à éviter de rendre la situation encore plus complexe. « Puis-je vous faire servir un thé, un café avant que l’on commence ? » Lui proposa Miles. Il voulait la mettre à l'aise avant de commencer. Il espérait que tout allait bien se passer.

Miles trouve la vie surprenante. Comment son chemin recroise celui de la jeune femme des années après. C’est comme un rappel de comment les choses peuvent évoluer si rapidement. Il était soulagé de voir qu’elle était si bien dans sa peau. Il pouvait le voir. Elle n’était pas dévorée par son traumatisme passé bien au contraire. Elle avait continué sa route et il espérait que cela n’allait pas entraver la stabilité émotionnelle de la jeune femme. Miles pouvait sentir la gêne que la jeune femme tentait de dissimuler. Elle n’avait sans doute aucune idée qu’il mentionne qu’ils se connaissaient déjà. Au contraire, elle devait espérer qu’il fasse comme si de rien était afin de ne plus parler de ce douloureux moment. Miles comprenait et respectait sa décision bien qu’il pense qu’elle n’ait pas à avoir honte de ce qu’elle a vécu. Afin de ne pas rendre la situation encore plus gênante il fit comme si de rien était, lui proposa même quelque chose à boire. Il demanda alors à son assistante d’apporter deux cafés. Il se doutait qu’elle avait envie de se débarrasser de cet article afin de fuir. Malheureusement ils n’avaient même pas commencé. « Bien sûr. » Lui répondit Miles face à sa requête de s’installer. Il valait mieux commencer rapidement. Il ignorait à quelle sauce il allait être mangé. Les journalistes sont parfois surprenants et il devait faire très attention. Sa réputation avait déjà été ternis par son récent divorce, il ne devait pas commettre d’impair au risque de compromettre son avenir. « Je vous laisse prendre le lead. Que souhaitez-vous savoir ? » Lui demanda-t-il. En effet, c’était elle la professionnelle venue faire un article sur la politique et les hommes politiques en vogue. Miles ne cachait pas son ambition professionnelle et apparemment cela intéressait le journal pour lequel travaillait la jeune femme. Il la laissa alors diriger l’entretien. Il espérait qu’elle n’était pas venue ici pour avoir des informations croustillantes sur sa vie privée. Il n’avait pas envie de devenir un « people » comme on dit. Il voulait que cela reste strictement professionnel. Il avait fait l’erreur de trop parlé de sa vie privée auparavant et maintenant il attirait la curiosité face à son divorce. Désormais, il ne laisserait plus rien filtrer.

Miles ne s’opposa pas à ce qu’elle enregistre leur entretien. Il se doutait que cela rendait l’échange plus vivant plutôt que de la voir écrire des notes sans vraiment faire attention. La jeune femme attirait son attention en utilisant certains mots. Elle souhaitait connaitre l’homme derrière la politique. C’était comme si un warning sonnait dans sa tête. Elle n’aurait pas été la première à utiliser cette excuse pour aborder sa vie privée. Il n’avait aucune envie de parler de son mariage ou plutôt de l’échec de son mariage. C’était hors de propos. Il savait qu’elle ne voulait peut-être pas en parler, mais il devait mettre des limites. Miles préférait la prévenir : « Avant que je ne réponde à cette question, je préfère être clair que mon divorce est hors limite. Je ne dis pas que vous alliez me poser la question, mais vous ne seriez pas la première. » Le ton de sa voix n’était pas agressif ou autre. Il était calme, il posait juste les jalons de leur discussion. Il décida alors de commencer par sa deuxième question, comment était-il arrivé en politique. C’était une question intéressante avant d’aborder l’homme derrière la politique. « A vrai dire, je n’étais pas destiné à la politique. Mon père souhaitait que je reprenne le cabinet familial, mais j’avais d’autres ambitions. Je voulais monter mes propres affaires, les faire prospérer. J’ai eu des réussites, mais également des échecs. Je dirais que je suis arrivé en politique par un accident, un heureux accident de la vie. Des rencontres au bon moment, au bon endroit. J’ai toujours eu l’habitude de parler en public, de capter un auditoire et finalement mes idées plaisaient alors je me suis dis pourquoi pas. C’était un nouveau challenge pour moi. » Commença par lui dire Miles. Il était inutile de préciser qu’il adorait les challenges. Il ne supportait pas de rester dans la même position très longtemps. Il avait besoin de se sentir toujours vivant et en mouvement. « Pour l’homme derrière la politique, je suis quelqu’un d’assez simple. Quand je ne suis pas sur le devant de la scène, je suis derrière ma moto. Je fais des virées plusieurs fois par semaine pendant des heures que ce soit seul ou avec des amis. Je suis également membre d’honneur d’une association qui favorise l’insertion professionnelle des femmes en grande précarité, je passe du temps là-bas, je donne des coups de main. Je n’ai pas peur de mettre la main à la patte. » Continua le beau brun. Il ne disait pas cela pour se lancer des fleurs, mais pour en profiter pour faire la lumière sur l’association dont il s’occupait. Il savait que cela pourrait parler à la jeune femme. Puisque certaines femmes en situation de précarité ont vécu la même situation qu’elle. Il ne voulait pas lui rappeler de mauvais souvenirs, simplement répondre à sa question. « Je ne sais pas quoi vous dire d’autre. » Fini-t-il par dire. Elle allait devoir passer à la question suivante ou alors essayer de creuser certains points. La balle était dans son camp.

La jeune femme tenta de rassurer Miles en lui affirmant qu’elle ne comptait pas aller vers le sujet de son divorce ou de sa vie privée. Il prenait le pari de la croire. Il avait envie de croire qu’il l’avait bien cerné et qu’elle n’avait pas de motif caché. Miles avait un bon pressentiment à son propos et ceci pas uniquement parce qu’il lui avait plus ou moins sauvé la vie. Il savait cerner les gens et il avait l’impression qu’il pouvait lui faire confiance. Pour autant, il n’avait aucune preuve. La jeune femme souhaitait connaitre ses idées, ses objectifs. Elle revenait donc sur le sujet de la politique et moins de l’homme. Cela lui convenait. C’était néanmoins une question difficile parce qu’il n’avait pas encore de programme. Miles sait que ses idées vont surprendre parce qu’on ne l’attend pas dans un camp plus modéré à cause de ses origines sociales. Il ne se retrouve cependant pas dans le modèle conservateur comme son père. Cela explique sûrement pourquoi il n’a pas suivi son modèle. « J’aimerais remettre de l’équité sociale. C’est ironique lorsqu’on sait d’où je viens, mais au fur et à mesure de ma vie j’ai pris conscience de la chance que j’avais et il n’est pas forcément juste que tout le monde n’ait pas les mêmes chances dès le début. » Il reste vague, il le sait et le fait exprès. Il n’a pas envie de se mettre les conservateurs à dos. En réalité, il a de vraies idées, mais il pense qu’il est bien trop tôt pour en parler clairement. Lorsque la jeune femme le relança sur ses actions diverses pour des associations, il sentit que c’était le moment de parler d’une vraie problématique qui lui tenait à cœur. En ce moment, beaucoup parlaient des étudiants et jeunes actifs endettés à cause de leurs études. Il voulait donc mettre les pieds dans le plat et en parler. « Effectivement, je soutiens une fondation qui aide et soutien les jeunes à rembourser leurs prêts étudiants. C’est une vraie problématique dans notre pays et j’essaye d’y contribuer modestement. » Lui expliqua Miles. Il savait que c’était un risque d’en parler parce que les conservateurs ne souhaitent pas changer le système, mais il est persuadé que cela ne peut pas continuer ainsi.

Miles était ravie de découvrir que la jeune femme savait faire la part des choses. Elle était d’accord avec lui sur le fait que tous les personnes riches ne sont pas égoïstes. Il ignorait les origines sociales de la jeune femme, mais en tout cas, elle le surprenait dans le bon sens. « Vous prêchez un converti ! » Lui répondit Miles avec un sourire en coin. Il avait dû se battre pour convaincre de sa bonne foi sous prétexte qu’il venait d’un milieu plus qu’aisé. Apparemment, il devait forcément cacher un vilain secret. Si aujourd’hui ses efforts semblaient payés il savait qu’il ne devait jamais relâcher ses efforts. La jeune femme était au courant pour ce qu’il se passait pour les étudiants. Il se demandait bien si elle avait été victime de cela plus jeune. Encore une fois, il ignorait tout d’elle. Était-elle issue d’un milieu aisé, modeste ? Il n’en avait aucune idée, mais elle devait se sentir concernée. Ce qui était une bonne chose puisqu’elle faisait partie de la cible qu’il visait pour son électorat. « Regardez en Europe, le système est totalement différent. Je ne dis pas qu’il faut tout changer, mais il y a définitivement des pistes d’amélioration. » Lui confia le jeune homme. Il savait qu’il devait manier cette phrase avec beaucoup de précaution. Il ne dit pas que les européens sont parfaits, il pointe simplement le fait qu’il y a d’autres solutions. C’est un sujet qui lui tient particulièrement à cœur. Néanmoins, la jeune femme semblait avoir d’autres questions et elle se lança. Elle voulait savoir pourquoi les gens devraient voter pour lui. C’était une question très compliquée pour lui. C’est toujours délicat. Il doit faire attention à ne pas se faire d’ennemis, mais il doit aussi se démarquer. « Les gens devraient voter pour moi parce qu’ils se reconnaissent dans mon programme, parce qu’ils ont envie de changement et qu’ils ne sont pas dupes des manigances par les dirigeants de cette ville depuis des décennies. » Lui expliqua Miles en espérant ne pas avoir signer son arrêt de mort dans cette ville. Il regarda l’heure et s’aperçut que leur rendez-vous touchait à sa fin. Il n’avait malheureusement pas le loisir de continuer puisqu’il avait d’autres rendez-vous. « Notre rendez-vous touche à sa fin, ce fut un plaisir d’échanger avec vous. J’ai hâte de lire ce que vous allez en faire. Très bonne continuation. » Rajouta le jeune homme avant de reconduire la jeune femme à la porte. Il espérait qu’il n’avait pas fait d’erreur en lui accordant une interviews.