Il y a quelques temps, 3 semaines environs, je suis partie. Ce n’est pas la première fois que je partais comme ça sans rien dire. Je sais que papa n’a pas aimé la première fois. Mais la première fois, je suis partie comme ça. Maman nous a quitté et je n’y arrive pas sans elle. J’avais besoin d’air. C’est ce que je pensais. Et sans trop comprendre, je m’étais retrouvée dans la petite ville où je suis née. Sans doute à la recherche de ma mère biologique. Cette femme qui m’a mise au monde il y a de nombreuses années et qui n’a pas voulu de moi. Je crois que j’avais besoin de retrouver cette mère, que ce serait comme retrouver la mienne. Mais la première fois, j’ai eu peur et je suis rentrée à la maison. Je voulais retrouver mon père. Ma sœur aussi, même si elle disait toujours que j’étais collante lorsque nous étions plus jeune. N’est-ce pas normal de prendre son aînée comme une modèle ? Je me souviens combien je l’admirais quand j’étais toute petite. c’est peut être ça qui l’énervait. Je n’ai jamais vue le mal qu’il y avait à aimer et vouloir être comme sa sœur. Et si en grandissant, je continuais de l’admirer mais sans vouloir être comme elle. En vrai, je veux être moi-même, mais depuis que ma mère n’est plus là, je ne sais plus qui je suis. Alors je suis repartie, à la recherche de cette femme qui m’a mise au monde. La rencontrer, savoir qui elle est, connaître mes origines. Je ne savais pas trop comment je devais m’y prendre, ni où chercher. Tout ce que je sais, c’est qu’elle était jeune, trop jeune pour vouloir me garder. Qu’aujourd’hui, elle doit avoir la trentaine à peine entamée. J’ai pensé qu’en faisant le tour des maisons, je tomberai sur elle et que je saurai que c’est elle. On dit qu’une maman peut reconnaître son enfant, alors pourquoi un enfant ne pourrait pas reconnaître sa mère ? Ou bien que la femme me reconnaissant aurait une réaction face à moi. Puis je suis rentrée. Sans résultat. Et depuis, je n’ai rien dit, comme la dernière fois. Alors je sais que si mon père, aujourd’hui, me propose d’aller manger une glace, c’est doute parce qu’il espère que je lui parle.
Je ne veux pas lui faire du mal avec cette histoire. Je ne veux pas qu’il pense que je ne l’aime plus. Car ce n’est pas le cas. Je l’aime toujours mon père. Plus que tout, autant que j’aimais ma mère. Celle qui m’a élevée. j’aurai voulu savoir qu’elle était malade, j’aurai voulu être là, avec elle, pour elle. Au lieu qu’elle nous éloigne ma sœur et moi, pensant nous protéger de tout cela. Mais j’aurai voulu avoir plus de temps avec elle si elle savait déjà. Me battre avec elle contre sa maladie, dans ce dernier espoir. Ils ne pensaient pas mal tous les deux, ils pensaient nous protéger. Je ne peux pas parler pour ma sœur, mais moi, j’aurai voulu savoir, j’aurai voulu être là. Est-ce pour cela que je n’arrive pas à tourner la page ? Mais une glace, ça fait toujours plaisir. Alors je prend mes affaires et je le rejoins dans la voiture. Je ne pourrais pas lui parler, comme il le souhaite. Mais on peut passer un bon moment rien que nous deux. Comme avant. Ça fait bien trop longtemps que nous ne sommes pas sortie comme ça tous les deux, juste pour sortir manger une glace. Comme on pouvait le faire quand maman était encore avec nous. Et qu’elle nous disputait parce que nous avions fait nos gourmands juste avant le repas et qu’on aurait sûrement plus faim pour manger le bon repas qu’elle avait préparé. « Je prend vanille chocolat ! Comme toujours ! »