(#326) tu ne m'as pas laissé le temps — (jordan)

tu ne m'as pas laissé le temps

elle était où ? ça faisait des jours qu’il la cherchait. des jours ? nan, des semaines, des mois, il comptait plus vraiment, il réfléchissait plus trop bien depuis qu’il était partit à la chasse de sa soeur. il était persuadé que c’était elle qu’il avait vu marcher sur le trottoir d’en face. elle l’avait regardé un instant, puis elle avait détourné le regard, n’offrant d’une tête brune marchant rapidement. ça n’avait duré qu’une seconde, peut-être bien que ça avait duré moins que ça, mais dans ses yeux, dans sa tête, ça avait duré une éternité, ce regard échangé. il savait que c’était elle. était-ce vraiment elle ? il avait des doutes parfois, il se demandait s’il avait pas inventé ça, si son subconscient avait pas totalement tout inventé, si ça se trouve c’était juste une femme banale, brune comme elle avec les mêmes yeux, le même visage. non, c’était jordan, il en était certain. il était sur une bonne piste pourtant, il était persuadé qu’après tant de recherches, il allait bientôt trouver où elle habitait. qu’il en avait passé des appels pour savoir où elle était en espérant qu’elle n’ait pas changé de nom, qu’elle n’ait pas fait cette bêtise de renier ses origines en revenant par ici. de toute façon, elle devait bien savoir qu’il finirait par la retrouver. elle savait comment était son grand frère, il n’abandonne pas si facilement. oh oui, il tombe, il se morfond, il est prêt à tout lâcher. mais il finit par reprendre espoir après avoir touché le fond. peut-être bien que c’était juste son subconscient qui voulait absolument la revoir. non, c’était elle. c’était elle. ça ne pouvait être qu’elle.

il avait trouvé quelque chose. une adresse. un appartement. sur canal dock. le 326. c’était sa meilleure option depuis qu’il s’était mis à la chercher après le taf. il avait, de toute façon, rien de mieux à faire dans sa vie que de jouer les détectives, qu’il ait les autorisations ou non. il marchait vers l’appartement de sa soeur en priant que ce soit bien elle qui habite ici, qu’elle n’ait pas mis son nom pour quelqu’un d’autre. il ne voulait qu’une chose : la revoir. il voulait qu’elle soit rentrée de ses études, qu’elle ait un boulot digne de ce nom car en fuyant vers l’université d’oxford, il fallait bien qu’elle revienne avec un bon truc, un diplôme, n’importe quoi. le soleil se couchait dans le dos de freddy pendant qu’il approchait de la porte. depuis qu’il avait décidé de se rendre à cette adresse, il avait le ventre noué, les mains tremblantes, son coeur s’affolait dans sa poitrine à chaque pas qu’il faisait. il avait peur, il stressait. sa main gauche montait, le poing à peine fermé, prêt à frapper. un soupir. il prend son courage à demain et il toque.

Jour de repos. Jordan était installée dans son canapé, comme une bonne fille qu'elle était. Elle avait posé tout ses vernis à ongles sur la table basse et les observait avec attention. Elle ne savait pas lequel choisir et attendait bien sagement que l'un d'eux se décide à lui dire qu'elle devait le mettre. Un soupir franchit les lèvres de la jeune femme, pas décidé sur les couleurs. Finalement, après s'être perdue dans les pubs à la télévision, elle finit par attraper un vernis et commença à s'en tartiner les ongles de pieds. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas pris soin d'elle comme ça. Jordan était un bourreau du travail, s'y enfermant pour ne pas songer à sa relation amoureuse qui partait complètement à la dérive. Une pub pour des céréales qu'elle mangeait quand elle était petite passa à la télé. Elle se remit alors à penser à sa famille, ses frères, ses sœurs. Ses parents. Elle pinça doucement les lèvres, se sentant un peu coupable d'avoir couper les ponts avec eux. Elle était si jeune et si bête, comment elle pouvait retourner vers eux en faisant comme si rien ne s'était passé ? Ses parents n'avaient pas changé d'adresse, elle le savait car elle était passée devant la maison en voiture quelques semaines après son arrivée. Elle n'avait pas eu le courage d'aller les voir.

Aujourd'hui, deux ans après, Jordan n'avait toujours pas eu le courage d'aller voir sa famille. Que leur dire ? La vérité ? C'était terrible à entendre, surtout de la part de leur fille. La demoiselle pinça les lèvres, vérifiant que son vernis était bien sec quand on frappa à sa porte. Elle haussa les sourcils, étonnée. Elle n'attendait personne. Doucement, elle se leva de son canapé et de dirigea vers la porte, poussant le verrou avant de l'ouvrir. Son cœur loupa un battement à la vue de son grand frère.

« F... Freddy ?! »

Elle était tellement choquée de le voir qu'elle manqua de fermer la porte pour l'ouvrir à nouveau. Elle pinça les lèvres, contrite. Jordan se sentait si mal. Freddy était son grand frère, celui avec qui elle avait une très grand complicité à une époque. Doucement, elle s'écarta de la porte pour le laisser passer, fermant la porte une fois qu'il fut à l'intérieur. Jordan ne savait pas quoi dire ni quoi faire.

« Ta condition de flic te permet de voler l'adresse des gens ? » Lança t-elle en plaisantant.

tu ne m'as pas laissé le temps

@jordan lyon & freddy lyon

son seul espoir. son seul et unique espoir, il pouvait pas s’être planté, il pouvait pas avoir foiré, après tant de recherches, tant de mois à se dire que c’était elle, il pouvait pas toquer et se retrouver face à une autre jeune femme, face à un homme énorme et peu accueillant, face à une vieille dame avec son chien, face à un gamin. non, ça ne pouvait être qu’elle, la jeune fille qu’il avait vu plié bagage pour accomplir son destin loin des siens, celle qui avait pris sept ans dans la tronche mais qui serait toujours aussi belle. il voulait plus que tout que ce soit sa soeur, la belle jordan, qui ouvre et pas quelqu’un d’autre. puis la porte s’ouvrit.

elle était là, c’était elle, sa belle petite soeur de trois ans de moins que lui, celle qui avait abandonné sa jumelle. elle avait beaucoup grandi, beaucoup changé mais freddy savait qu’au fond, c’était elle, sa douce soeur avec laquelle il peut discuter pendant des heures et partager ses problèmes. ils pourraient encore s’écouter pendant des heures, pas vrai ? elle était surprise, choquée ? il ne savait pas trop. il osait pas, il voulait la prendre fort dans ses bras, mais il était gêné. elle le laissait entrer dans l’appartement qu’il découvrait de ses propres yeux. pour avoir son propre appart, elle devait déjà être installée depuis quelques temps, avec un boulot qui paye un minimum. elle n’était pas là depuis seulement quelques jours, non, elle n’a pas oublié de leur donner des nouvelles en arrivant par ici, elle n’avait tout simplement pas voulu. la tension était à son comble quand jordan brisa le silence. « euh … pas tellement nan, mais fallait que j’essaye. ça fait combien de temps que t’es rentrée de l’université, jordy ? pourquoi t’as prévenu personne ? » tellement de questions en suspens dans sa tête depuis tellement de temps qu’il aurait voulu tout lâcher d’un coup, mais il s’est simplement contenté des plus évidentes.

Jordan pensait que sa journée serait comme toute les autres. Et pourtant, un invité inattendu venait de faire son apparition. Elle se sentait honteuse d'être rentrée sans avoir rien dit mais elle n'arrivait plus à se replonger dans cette famille dysfonctionnelle. Peut être parce qu'elle se sentait plus en sécurité comme ça, loin des problèmes. Jordan faisait carrément l'autruche. Elle laissa entrer Freddy, essayant de lancer un petit trait d'humour qui ne le fit pas rire. Freddy n'était pas réputé pour son tact.

« Wouah... On peut dire que t'es direct... »

La demoiselle pinça les lèvres, un peu mal à l'aise qu'il s'en prenne directement à elle de la sorte. Mais Freddy n'avait jamais pris des pincettes pour lui parler. Que ce soit pour la conseiller ou l'enguirlander. La jeune femme leva les yeux au ciel et croisa les bras contre sa poitrine. Voilà, c'était le moment qu'elle redoutait le plus dans sa vie. Elle devait se justifier maintenant. Et Jordan se demandait ce qu'elle devait réellement lui répondre, si elle devait lui dire la vérité ou simplement lui mentir comme elle se mentait à elle même. La jeune femme se mordit légèrement la lèvre avant de s'asseoir dans son canapé.

« Bon... Ça va bientôt faire deux ans. Et si j'ai donné de nouvelles à personne c'est parce que j'en avais pas envie... Si... J'ai quand même parlé avec Sage, un peu. Mais... Je suis comme ça, je suis pas comme vous. »

C'était dit. Elle n'était pas certaine que Freddy comprenne ce qu'elle entendait par là mais ce n'était pas grave. Elle, elle ne s'était pas contentée d'être pauvre quand elle était plus jeune. Elle avait cherché à s'en sortir et s'éloigner des Lyon en faisait parti. C'était comme ça. Il comprendrait probablement pas mais ce n'était pas grave, elle était partie et ne pouvait pas faire marche arrière. Sans ce départ, elle serait probablement caissière dans une supérette, en couple avec un mec de son travail, celui qui fait la mise en rayon. Il aurait sûrement eu un problème d'alcool ou de drogue et elle serait au même point. Non non, elle devait garder en tête qu'elle avait bien agit.

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