Hi stranger. It’s been a while. I’ve missed you. (Jordan)

Te voilà enfin à Dublin. Tu avais trouvé un petit appartement, tu commençais à chercher un job. Tout cela avant même d’avoir retrouvé Jordan. C’était risqué tu le savais, car cela faisait tout de même 2 ans que vous ne vous étiez pas vu et malheureusement, tu n’avais pu rester en contact avec elle. Il y avait donc des chances qu’elle ait refait sa vie sans toi. Tu étais toutefois d’un naturel positivisme et tu te convainquais qu’elle serait prête à reprendre où vous vous étiez laissés. Voilà pourquoi tu n’avais pas hésité à tout laisser en plan derrière toi, dont ta famille. Enfin, il fallait dire que ta mère t’avait mis à la porte alors tu n’avais pas trop eu le choix que de planifier quelque chose. C’était cela ou plier aux demandes de tes parents, c’est-à-dire de marier l’une des femmes qu’ils auraient choisi. Pour toi, c’était inconcevable que ce genre de pratiques existe encore en 2019. Tu voulais vivre avec une femme que tu aimais sincèrement et celle-ci, c’était Jordan depuis plusieurs années déjà. Tu n’avais jamais connu un amour aussi fort et tu savais pertinemment que c’était la seule avec qui tu pourrais vivre cela. Pas question de laisser passer ta chance, après avoir passé quelques semaines seul en Inde, tu avais fait ton choix de venir la rejoindre à Dublin, comme elle t’avait demandé lorsque vous aviez gradué. Tu avais cependant cru être capable de la faire accepter auprès de ta famille, mais c’était cause perdue. Pour la première fois de ta vie, tu avais fait un geste des plus égoïstes, reniant ta famille pour ton propre bien-être. Il ne manquait plus que retrouver la source de ton bonheur : Jordan. Tu n’avais plus de moyen de communication avec elle, tu ne l’avais donc pas averti. Tu ne savais pas où elle habitait. Tout ce que tu te souvenais, c’était qu’elle avait été engagée à l’université de Dublin dès son déménagement là-bas. Tu priais donc qu’elle y soit toujours. Ce matin en te levant, tu étais des plus motivés à aller la voir. Te préparant un peu -c’est-à-dire essayer de dresser tes cheveux- tu te dirigeas vers la fameuse université de Dublin. Te renseignant à l’accueil, on te confirma qu’une Jordan Lyon travaillait dans le département de biologie marine. Après plusieurs minutes à te perdre dans les différentes facultés, tu arrivas enfin au bon endroit et tu posas tes yeux sur le nom de ta douce. Tu sentis alors ton cœur battre plus rapidement tandis que tes jambes avançaient naturellement vers le bureau qui annonçait sa présence. Qu’est-ce que tu allais dire? Toutes paroles te semblaient dès plus stupides après tout ce temps… La porte était entrouverte alors tu cognas doucement avant de l’ouvrir un peu pour y passer ta tête. « Hey, Jordan…? » À ton plus grand bonheur, elle était là. Toujours aussi belle. « Je suis revenu. » Idiot. Simple. Mais tu ne savais quoi dire. Tu avais enfin accepté son invitation de la rejoindre dans sa ville natale. Est-il trop tard?

Ce matin là, lorsque Jordan s'était levée, elle avait eu un étrange pressentiment que quelque chose allait se passer et changerait le cours de sa journée. Cependant, elle ne s'attarda pas sur ce ressenti, prenant sa journée comme les autres. Et comme les autres jours, la première chose qu'elle fit c'est de vérifier son téléphone. Pas d'appel, pas de message. Sur whatsapp, rien non plus. Silence radio. Comme depuis plusieurs mois. Un soupir franchit ses lèvres alors qu'elle se levait pour se rendre sous la douche. Jordan se demandait pourquoi elle s'accrochait, pourquoi elle s'obstinait. Peut être qu'elle devrait tirer un trait sur cette relation amoureuse qui ne la mènerait nul part. Peut être qu'elle devrait oublier tout ça et passer à autre chose, accepter l'invitation à sortir de son collègue. Cette même invitation qu'elle déclinait chaque fois, et ce depuis des mois.

Pourtant, au fond d'elle, Jordan savait qu'elle ne pouvait pas. Les murs de son appartement étaient jonchés de photos souvenirs de cette époque bonheur. Jamais elle n'aurait cru que rencontrer l'amour serait si difficile. Au fond, elle avait de la peine pour Ishan qui devait avoir toutes les difficultés du monde à convaincre ses parents ancrés dans les vieilles cultures. En même temps, qu'elle idée d'aller choisir un homme qui venait d'un pays étranger. Pourtant, la première fois qu'elle l'avait rencontré, elle avait été épatée par sa culture générale, sa facilité à parler anglais et son aisance. Ishan était une force de la nature, il avait travaillé tout en étudiant pour entrer dans la prestigieuse Oxford. Leurs parcours étaient presque similaire à un détail près. Jordan n'avait pas traversé des milliers de kilomètres pour étudier. Dublin n'était pas si loin. Au cours de leur relation, Ishan avait avoué à Jordan que sa famille n'approuverait pas leur relation. Les raisons étaient simples : elle était blanche, ils n'avaient pas la même religion et elle n'était pas riche. C'était suffisant à faire croire à ses parents que la demoiselle n'était pas digne de leur fils. Jordan s'était sentie mal mais Ishan lui avait assuré qu'il arrangerait les choses. Après leurs diplômes il arrangerait tout. Il leur ferait accepter sa relation. Et voilà maintenant deux ans qu'ils ne s'étaient pas revus. Et plusieurs mois sans se parler.

Jordan versa son café dans un mug avec un couvercle et attrapa son sac, direction l'université de Dublin. La demoiselle n'avait qu'une envie, se plonger dans le travail, comme chaque jour. Elle arriva à son bureau qu'elle partageait avec le fameux collègue un peu collant et s'installa sur son fauteuil, ouvrant aussitôt la fenêtre contre laquelle elle se colla. Sirotant son café, elle se surprit à sourire en voyant les étudiants fouler les pavés des allées. Elle aussi avait été de ce côté là. On toqua doucement à la porte et Jordan se décolla de la fenêtre, pensant voir son collègue ou sa supérieure arriver. Elle n'avait pas envie qu'on la voit en train de rêvasser. Mais ce ne fut ni son collègue ni sa supérieure qui montra le bout de son nez. C'était carrément un fantôme du passé. Jordan en resta sans voix, lâchant son café qui se rependit sur le sol de son bureau. C'était presque inespéré. Elle se sentait à la fois si heureuse et si en colère après lui. Ishan se trouvait là, planté dans l'encadrement de la porte. Doucement, elle se leva de sa chaise, sentant les larmes perler aux coins de ses yeux. Puis, comme un pantin dont les ficelles étaient tirées par une force invisible, Jordan contourna son bureau pour se diriger vers Ishan. La première chose qu'elle fit fut de le gifler, presque étonnée d'elle même. Puis, elle se mit à le frapper au torse, avec sa petite force de moustique.

« Ça fait... des mois !!! Des mois que tu ne m'as pas appelé !!! Des mois ! Des mois !!! »

Voilà, le moment que tu avais rêvé pendant si longtemps était là. Tu n’avais pas l’impression qu’elle avait changé. Sa couleur de cheveux peut-être, mais elle restait toujours aussi belle que dans tes souvenirs. C’était exactement la fille dont tu étais tombé amoureux il y a de cela huit ans à présent et dont depuis, tu n’avais jamais cessé d’aimer, même malgré la distance. Tu savais que plusieurs de ta culture avait vécu des histoires du genre, mais encore plus difficile. Au final, même si tout ne s’était pas arrangé comme tu l’aurais souhaité, tu finissais par rejoindre celle qui te rendait heureux. Cela signifiait faire une croix sur ta famille et ton pays, mais tu avais adoré vivre à Oxford, alors tu supposais que tu t’habituerais vite à Dublin. Pour l’instant, tu aimais plutôt l’énergie qui s’y trouvait. Très différente de celle de ton pays natal bien sûr. Les premières semaines étaient toujours les plus difficiles, car tu avais repris tes habitudes amenées par ta culture. Tu sentais parfois les regards sur toi, mais tu ne les prenais plus personnels. Tu étais un beau mélange entre la culture occidentale et hindou. Tes proches avaient toujours apprécié cela chez toi, autres que tes parents bien sûr. Tu ne devais plus y penser aujourd’hui. Tu avais fait ton choix et c’était la femme qui se trouvait face à toi, qui échappa même son café au sol en posant le regard sur toi. Pour ta part, tu étais sur un nuage. Ton sourire ne fit que s’élargir en la voyant se lever. Qu’est-ce que tu avais hâte de l’avoir dans tes bras… Sauf que ce ne fut pas ce qui arriva. Tu sentis plutôt sa main venir claquer sur ta joue et ton sourire fut remplacé par une moue sur tes lèvres. Tu l’entendais par la suite crier ces paroles tout en frappant sur ton torse. « Chut… Jordan… » Tu vins attraper doucement ses poignets pour l’arrêter. Elle ne te faisait pas mal, mais tu pouvais bien voir son énervement. C’était compréhensible, tu ne pouvais pas lui en vouloir. Pendant ces derniers mois, tu avais tout essayé. Pour faire plaisir à tes parents, tu avais arrêté de lui parler pour leur montrer que ton attachement envers elle était réel et non passager. Au final, cela n’avait fait que du tord à vous deux. « Je sais… je suis désolé. » Tu pinças tes lèvres en plantant ton regard dans le sien. Tu avais mal agi, mais tu avais sincèrement tout tenté pour la faire accepter dans ta famille. Tu voulais te marier avec elle et tu avais du mal à imaginer ton mariage sans tes parents, mais tu devrais apparemment t’y faire. « Je t’avais promis que je reviendrais. » Tu n’avais qu’une chose à faire avant de la rejoindre ici et au final, cela n’avait pas été concluant. Mais tu ne pouvais pas dire que tu avais perdu les deux dernières années pour rien. « Et j’ai réussi! » Tu disais cela avec un sourire aux lèvres, les yeux pétillants. Elle comprendrait bien, cela avait été un enjeu depuis le début de votre relation. Dommage que ce soit un mensonge…

Jordan frappait. Elle frappait pas fort mais elle frappait et ça lui faisait du bien de frapper. La jeune femme avait besoin de lui montrer que son comportement n'était pas acceptable. Et pourtant, le fait de le toucher lui suffisait à se sentir soudainement en sécurité. Ishan avait toujours été sa source de bien-être, sa zone de sécurité. Avec lui, elle se sentait complète, revivre. Ishan était son âme sœur, elle n'en doutait pas. Elle l'avait attendu durant deux ans et elle l'aimait toujours comme au premier jour. Elle l'aimerait toujours comme au premier jour. Ishan était une personne si extraordinaire que lorsqu'ils s'étaient rencontrés, elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse s'intéresser à elle. Un hoquet de surprise franchit les lèvres de la jeune femme alors que Ishan venait de lui attraper les poignets. Elle se calma aussitôt, levant des yeux larmoyants vers lui.

Ishan affichait une peine perceptible sur son visage. Jordan sentit son cœur se serrer encore plus fort, une boule lui noua la gorge. Lui aussi il avait du souffrir de cette situation. Est ce qu'il se sentait mieux maintenant qu'ils s'étaient retrouvés ? Est ce qu'il ressentait la même chose qu'elle, le même sentiment de sécurité ? Jordan déglutit nerveusement. Venait-il d'avouer qu'il avait réussi ? Sa famille acceptait donc leur relation ? Ça lui avait pris deux longues années mais il l'avait fait ? Ne pouvant plus se retenir, Jordan se mit à pleurer à chaudes larmes, dégageant ses poignets pour enfouir son visage contre le torse de l'hindous. Elle se laissa aller aux larmes, cherchant à se soulager de cette absence qui avait pesé sur son cœur. Humer l'odeur de Ishan lui faisait un bien fou, se sentant comme une plante qu'on arrosait enfin après une longue sécheresse.

« T'es là.... » Souffla Jordan entre deux hoquets.

Doucement, la jeune demoiselle l'entoura de ses bras, relevant son visage vers celui de son amoureux. Parce qu'au fond d'elle, il était toujours son amoureux. Son visage s'illumina légèrement alors qu'elle haussait les sourcils.

« T... Tu as réussi ? Ils ont accepté ?! »

C'était presque irréel qu'il lui avoue enfin ce qu'elle avait toujours attendu. Est ce qu'il avait mis tout ce temps pour enfin réussir à obtenir ce qu'il voulait ? Est ce qu'ils parviendraient enfin à se marier ? Malgré qu'elle n'ait pas sa religion, Jordan avait déjà dit à Ishan qu'elle serait prête à faire un mariage dans ses traditions. Même à se convertir pour le bonheur de ses parents. De toute manière, la jeune femme était athée alors ça ne changerait pas grand chose. Pour lui, elle pourrait le faire.

« J'ai cru que je n'allais jamais te revoir Ishan... J'ai tellement attendu ce moment... »

La demoiselle soupira doucement, observant l'homme qui lui faisait face. Elle profita de ce moment pour le détailler. Il n'avait pas changé. Il était toujours aussi beau. Il avait laissé ses cheveux pousser un peu. Jordan vint y glisser ses doigts, c'était ce qu'elle avait toujours préféré. Ces magnifiques boucles noirs dans lesquelles elle perdait ses doigts. Ces yeux noirs si expressifs qu'elle pouvait admirer sans jamais en être rassasiée. Et ces lèvres délicates qui savaient comment déposer des baisers parfaits sur ses lèvres, sur son corps. Il était là.

Dans la situation, même si tu aurais préféré qu’elle se jette dans tes bras et t’embrasse, tu savais bien que tu ne pouvais lui en vouloir. C’était toi au final qui avait fait ces choix, elle n’avait que subi. Tu essayais de te mettre à sa place et tu te disais que jamais tu ne l’aurais remplacé. Vous aviez passé six ans dans la même ville, à vous voir presque quotidiennement et cela avait bâti une relation forte entre vous. Ça ne s’effaçait pas si facilement, ou tout simplement pas selon toi. Tu ne brusquais donc pas les choses, tu devais lui laisser le temps de réaliser ce qui se passait. Pour ta part, cela faisait des semaines que tu avais pris cette décision. Des jours que tu étais arrivé à Dublin, réfléchissant à ton plan. Finalement, tu étais allé plutôt naturellement, allant où tu croyais la retrouver. Alors que tu la voyais se calmer devant toi, tu avais relâché ses poignets. Tu comprenais qu’elle soit fâchée. Tu n’avais pas bien géré à ne pas lui donner de nouvelles pendant aussi longtemps. Tu souris un peu en l’entendant dire que tu étais là. Tu hochas de la tête, comme pour confirmer que c’était réel. « Je suis là… » Tu murmuras, alors qu’elle venait enfin se blottir contre ton torse. Tu te sentis alors plus léger. Enfin tu retrouvais celle que tu aimais, tu l’avais près de toi. Des larmes coulaient à présent sur les joues de la belle et tu te sentais coupable. Tu étais la cause de celles-ci, tu l’avais certainement blessée. Ton souhait de faire un mariage dans tes traditions était ruiné, mais au moins tu avais retrouvé Jordan. La tienne. Elle semblait si excitée lorsque tu lui annonças que tu avais réussi. Tu sentais ton cœur se serrer alors que tu t’efforçais de garder le sourire. « Eh oui, on va pouvoir faire tout ce qu’on a envie. » Le sentiment de culpabilité d’avoir quitté si longtemps pour rien au final était trop grand pour lui admettre la vérité. Tu voyais que cela lui faisait plaisir. De ton côté, tu sentais que tu allais davantage t’éloigner de la culture hindoue. Elle avait été prête à se convertir pour toi, tu allais donc être prêt à mettre cela de côté pour elle. Alors qu’elle te révélait qu’elle avait cru ne jamais te revoir, ce fut à ton tour de sentir les larmes monter dans tes yeux. Savoir qu’elle s’était sentie ainsi à tous les jours depuis était difficile, douloureux même. Comment avais-tu fait pour passer autant de temps loin d’elle? Tu te sentais si bien, d’autant plus en sentant ses doigts passer dans tes cheveux. Ce geste si simple qui te faisait immédiatement te détendre. « Je suis tellement désolé. » Et même si cela pouvait sembler générique, tu le pensais réellement. « Mais je suis heureux que tu aies attendu… tu ne peux pas savoir. » Tu vins chercher son visage dans tes mains et te rapprochas pour planter un baiser sur son front. Tu réalisais que tu parlais peut-être trop vite. Avait-elle dit clairement qu’elle n’avait personne d’autre dans sa vie? Qu’elle n’avait pas passé à autre chose? Tu te reculas, doutant soudainement et vins accrocher ton regard dans le sien. Les questionnements s’additionnaient alors que tu attendais une réponse de sa part, te confirmant que tu ne te faisais pas d’idée.

Un hoquet franchit les lèvres de Jordan qui ressemblait plus à une petite fille qu'une femme pour le moment. C'était presque irréel comme situation. Ishan ne pouvait pas être là, pas après deux longues années à l'attendre. C'était presque même impossible qu'il soit là, Jordan se demandait si elle était encore dans son lit en train de rêver à un retour qui n'arriverait pas. Elle craignait même que le réveil ne sonne et qu'elle se rende compte que tout ça n'était jamais arrivé, comme à chaque fois que ses songes étaient bercés par l'image du retour d'Ishan. Pourtant, la chaleur de son corps, son parfum, tout semblait si vrai. La demoiselle finit par se calmer, reniflant avant de lâcher un soupir lourd d'inquiétude. Comme si la demoiselle expulsait toutes les ondes négatives qui l'entouraient depuis quelques mois. Jordan avait les yeux plantés dans ceux de Ishan, les admirant comme si c'était la première fois qu'elle pouvait les voir près. Elle se mit à sourire.

« Tout ce qu'on veut ? C'est une super nouvelle ça... »

C'était tout ce qu'elle avait souhaité après tout. Elle avait toujours eu envie de faire ce qu'elle voulait avec Ishan. Voyager, le câliner, trouver un endroit insolite pour faire l'amour et se rendre compte que l'endroit n'est clairement pas fait pour ce genre de pratique. L'enquiquiner et le voir bouder, le câliner le matin au réveil, couper l'eau chaude pendant qu'il est sous la douche et l'entendre hurler. Faire écho à son rire et s'émerveiller quand il trouve des idées folles de surprise. C'était cruel d'aimer autant une personne quand on savait qu'elle ne pouvait pas nous appartenir complètement. Pourtant, quoi qu'elle en dise, Jordan était à Ishan et elle n'avait pas envie que ça change. Le voir et l'avoir près d'elle suffisait à son bonheur.

Ishan déposa un baiser sur le front de Jordan qui ferma les yeux, comme si elle profitait de ce baiser comme si c'était le dernier. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas posé ses lèvres sur sa peau. La demoiselle ouvrit les paupières lorsqu'il se recula très légèrement d'elle pour l'observer avec intérêt. Jordan fronça les sourcils, ne sachant pas clairement ce que Ishan semblait vouloir comme réponse. Croyait-il qu'elle serait allée ailleurs ? Elle l'aurait fait aujourd'hui s'il n'avait pas débarqué dans son bureau à l'improviste. Doucement, elle attrapa ses mains pour les baisser, glissant les siennes à l'intérieur. Elle soupira doucement avant de l'observer.

« Tu étais à deux doigts d'être remplacé... » Puis elle sourit. « Mais tu vois, t'es là, du coup... T'as pas à t'inquiéter. Et toi, t'as mis deux ans parce que tu n'as pas trouvé mieux là bas ? »

La pique était lancée mais pas vraiment méchante. Il fallait bien que Jordan lui montre qu'elle en restait marquée pour le moment. L'absence avait été longue et dure (comme certaines choses chez les hommes...) mais l'attente avait été la pire chose que Jordan avait pu connaître. Attendre sans savoir ce qu'il adviendrait d'eux, d'elle. Soudain, la porte du bureau s'ouvrit presque à la volée sur un type aussi grand que Ishan. Il portait à la main deux gobelets de café ainsi qu'un sachet de viennoiseries qu'il venait d'acheter. Il se figea légèrement en voyant Ishan et bredouilla quelque chose avant de refermer la porte. Jordan fit une moue dépitée et secoua son visage le pauvre garçon qui essayait toujours de sortir avec Jordan venait de voir ses espoirs s'envoler. Chassant rapidement son collègue de ses pensées, Jordan se concentra sur Ishan qu'elle tenait toujours contre elle.

« Tu es à Dublin depuis quand ? Tu dors où ? Tu en as des choses à me raconter... »

En venant ici, tu t’étais préparé à lui mentir. Tu savais qu’un jour, cela ne fonctionnerait plus, mais tu n’avais pas envie que vos retrouvailles soient remplies de déception et de culpabilité. Tu vivrais avec les conséquences plus tard. D’ici-là, tu voulais profiter et surtout, t’assurer que Jordan soit toujours la tienne. L’imaginer avec un autre était très douloureux. Tu savais que cela aurait été possible pourtant… Tu avais de la chance de l’avoir et qu’elle t’ait attendu. Tu voyais comment cela lui faisait plaisir d’entendre ces paroles. Après tout, cela avait été une problématique entre vous depuis le début de votre relation. Tes parents ne l’avaient jamais accepté et tu te doutais que cela ne devait pas être facile pour elle. Les yeux mouillés et le sourire aux lèvres de la belle, tu te demandais comment tu avais pu rester loin aussi longtemps. Tu ne voulais plus la quitter à présenter. « Absolument tout, c’est merveilleux n’est-ce pas? On va pouvoir planifier notre futur… » 30 ans. Il le fallait bien. Ce n’était clairement pas le futur que tes parents avaient planifié. À cet âge, tu serais normalement marié et avec des enfants. Malheureusement pour eux, tu étais parti étudier et tu avais rencontré la femme de ta vie, qui n’était pas indienne ni riche. Mais c’était elle que tu aimais. Te retrouver près d’elle te rappelait que jamais tes sentiments n’étaient partis et tu avais seulement hâte de passer du temps avec elle et faire… tout et n’importe quoi! Tes mains dans les siennes, tu l’écoutes te dire que tu étais à deux doigts d’être remplacé. Une moue apparait immédiatement sur tes lèvres. « Je tombe à pique alors! » Était-elle sérieuse? Tu ne le sais pas vraiment… « Je n’ai pas regardé voyons. » Tu savais qu’elle te taquinait probablement, mais tu voulais qu’elle le sache. Jamais tu n’avais voulu la remplacer. Jamais tu n’avais même considéré cette option. Jordan était la femme de ta vie et cela ne se remplace tout simplement pas. Soudainement, la porte s’ouvrit et tu devais avouer que tu ne t’y attendais pas. Tu posas rapidement ton regard sur un homme, deux cafés et un sac dans les mains. Tu fronças les sourcils suite à sa réaction pour reporta ton attention sur la belle. « Il est toujours comme ça lui? » Un drôle de collègue. Il aurait pu se présenter, non? Une autre fois apparemment. Tu avais bien l’intention de repasser, surtout que tu n’avais pas encore de boulot ici… Cela ne semblait pas préoccuper ta compagne qui te questionna plutôt. « Depuis quelques jours seulement, je me suis installé dans un petit appartement. » Le temps de te mettre à l’aise et prendre ton courage à deux mains. La prochaine étape serait de trouver un emploi, maintenant que tu avais retrouvé ta belle. « Je ne voulais pas débarquer chez toi, surtout que je ne savais même pas où tu habites… » Cela aurait été un peu déplacé, après deux ans, d’arriver avec toutes tes valises et t’imposer chez elle. Vous n’aviez pas été séparés quelques semaines. 2 ans, c’était long. Vous aviez probablement changé. Déjà, vous n’étiez plus étudiants. C’était une grosse partie de vos vies auparavant. C’était également une nouvelle ville, pour toi en tout cas comme Jordan venait d’ici. D’ailleurs, cela te questionna… « Tu as pu revoir ta famille? » Tu sais que pendant vos études, elle ne semblait pas très proche de sa famille -que tu n’avais jamais rencontré- mais cela pouvait avoir changé maintenant qu’elle était revenue.

Jordan l'observait. Elle le sondait. La jeune femme ne savait pas trop ce qu'elle cherchait mais elle essayait de trouver quelque chose qui avait changé en lui. Pourtant, en le voyant comme ça, elle le trouvait inchangé. C'était quelque chose qu'elle avait craint. Et si elle, elle avait changé ? Elle ne pensait pas être une autre Jordan. Mais soudain, elle craignait que ces deux années loin l'un de l'autre pouvaient les avoir éloigné. Loin de se laisser envahir par des démons inutiles, la demoiselle sourit doucement.

« Ça... c'est une super nouvelle. »

Il l'avait dit. Il avait parlé de leur futur. Le leur à eux et à personne d'autre. Jordan craquait complètement pour Ishan, elle avait la sensation de retomber amoureuse de ce jeune indien fraîchement débarqué à Oxford. Celui qui semblait toujours perdu et qui parlait un anglais parfait avec un fort accent. C'était peut être aussi cet exotisme qui avait séduit la jeune femme. L'homme était un peu crédule, ne comprenant parfois pas les blagues de la demoiselle. Jordan s'était vite rendue compte combien leurs cultures étaient différentes. Que leur enfance n'avait pas été la même mais pas si différente malgré tout. Ishan la comprenait. Parfois même juste par un regard. Jordan savait qu'il était son meilleur soutien, une épaule sur laquelle se reposer et des conseils à écouter. Ishan connaissait la vie de Jordan sous toutes ses coutures, excepté peut être son avortement quand elle avait quatorze ans. Alors que son collègue avait fait irruption dans le bureau pour repartir aussi sec, tout gêné, Ishan se demandait s'il était comme ça. Jordan secoua son visage, embarrassée.

« Laisse tomber... »

Elle n'allait pas non plus lui avouer qu'elle allait accepter d'aller à un rendez-vous avec cet homme, qu'il avait tenté presque chaque jour depuis qu'elle travaillait ici à l'inviter boire un verre. La jeune femme oublia rapidement son collègue alors que Ishan lui annonçait qu'il était là depuis peu, qu'il avait son propre appartement. Jordan sentit son cœur se serrer étrangement, se demandant s'ils allaient faire appartement à part maintenant. À Oxford, ils avaient fini par prendre un petit appartement pour eux deux. Jordan adorait quand elle rentrait tard des cours et qu'elle sentait l'odeur de la cuisine indienne dans le couloir de l'immeuble. Elle restait toujours quelques secondes à s'imprégner de ces odeurs qu'elle affectionnait, ces épices qui se mélangeaient harmonieusement. Tout ça était terminé désormais. Jordan leva des yeux un peu triste vers Ishan qui changeait de sujet, réclamant après la famille de Jordan. Elle n'eut pas le temps de répondre que l'alarme incendie se déclencha, la faisant sursauter. La demoiselle plaqua ses mains sur ses oreilles avant d'attraper son sac à main. Les extincteurs automatiques à eau se déclenchèrent à la suite. Jordan attrapa son sac et la main de Ishan, quittant rapidement le bâtiment pour sortir. Une fois dehors, mouillée, elle observa les bâtiments autour d'eux. Une foule d'élèves et de professeurs s'étaient massés dans le parc.

« Encore une blague d'étudiant... » Elle regarda Ishan. « Je pourrais sécher le travail aujourd'hui du coup... »

Ton futur, tu ne l’imaginais avec personne d’autre. Vous étiez fait l’un pour l’autre. C’était évident pour toi, même si tant de choses vous séparaient. Cela paraissait davantage au début de votre relation, où les habitudes de l’autre vous surprenait. Avec les années, vous vous étiez habitués à cela, fait votre routine dans votre petit cocon. Puis la fin des études étaient arrivés et ce que tu avais tenté d’éviter pendant tout ce temps était devenu inévitable. Tu n’avais pas encore commencé ta vraie vie d’adulte, même si tu as 30 ans. Ton intention est de la débuter ici, à Dublin, en te trouvant un job et étant aux côtés de Jordan. Vous aviez beaucoup de choses à reprendre, c’est certain. De ton côté, tu n’avais pas trop envie de parler de ces deux dernières années passées dans ta ville natale car cela était principalement négatif. Tu étais certain que la belle avait bien plus intéressant à te raconter. Tu avais bien l’intention de la questionner, mais avant même qu’elle ait le temps de répondre à tes premières questions, une alarme se fit entendre puis les extincteurs. Ne connaissant pas très bien le bâtiment, tu suivis simplement Jordan jusqu’à l’extérieur. Une fois en sécurité, tu l’entendis dire que cela devait être une blague d’étudiant. Tu lâchas un petit rire en secouant de la tête. « Mais qu’est-ce que les étudiants deviennent… » Vous aviez fait vos conneries, mais tu n’avais jamais été des plus rebelles de ton côté, alors les expériences n’étaient pas nombreuses. À présent mouillé, tu dégageas tes cheveux de ton visage pour la regarder. À sa proposition, tu te rapprochas d’elle, un large sourire aux lèvres. « Je vois, c’est qu’ils ont de bonnes influences comme professeure. » Tu reprenais tes aises auprès d’elle, lui lançant de petites piques. « Je ne connais pas encore la ville, tu pourrais me montrer tes endroits préférés. » Et vous pourriez bien sûr discuter également. Tu ne voulais simplement pas la quitter, pas tout de suite. Tu venais à peine de la retrouver! Près d’elle, tu repris sa main dans la sienne. Tu avais tellement envie d’être près d’elle, sentir son parfum, caresser sa peau, l’embrasser… mais tu avais étrangement peur. Est-ce que cela allait la brusquer ou elle n’attendait que cela? « Ou peut-être tu veux te changer avant…? » Tu descendis ton regard sur son corps, couvert de ses vêtements mouillés, tout comme les tiens d’ailleurs. Tu pouvais en profiter pour admirer ses courbes qui t’avaient tant manqué.

Jordan se demandait qui avait bien pu activer l'alarme incendie. Elle savait que les étudiants pouvaient être farceur par moment et la jeune femme trouvait ça plutôt amusant et de circonstance. Ça lui permettrait de ne pas retourner travailler et de profiter du retour de Ishan. Maintenant, elle se demandait bien comment ses retrouvailles allaient se dérouler, comment allaient-ils réussir à reprendre là où ils s'étaient arrêtés. Est ce qu'il y aurait beaucoup de changement ou naturellement, ça reviendrait entre eux ? Jordan croyait simplement qu'ils étaient fait l'un pour l'autre et que ça se ferait naturellement, tout comme la première fois. Quand elle était plus jeune, Jordan n'aurait jamais imaginé que son prince charmant serait un étranger. Elle pensait sincèrement qu'elle se trouverait un irlandais, comme elle, et qu'ils feraient des bébés tout blancs comme des aspirines, comme les irlandais l'étaient. Sauf que maintenant, elle se voyait avec un beau bébé à la peau mate. Un bébé qui serait à la fois indien et irlandais. Asiatique et européen. Il serait le plus beau bébé du monde. Ishan l'arracha à ses pensées. Jordan se mit à rire.

« Mais... Je ne suis pas professeure !! Je suis simplement employée dans le département biologique de l'université. Je m'occupe des études de la biologie marine et je fais des rapports pour les étudiants. »

Ishan devait bien s'amuser à la voir professeure. Une professeure comme elle, qui aimait parfois rêvasser sur sa chaise, les étudiants n'apprendraient pas énormément de choses. Malgré qu'elle faisait un travail qu'elle adorait, partir en mer lui manquait. Elle aurait aimé prendre Ishan par la main et partir dans les pays où ils pouvaient étudier les requins, les tortues et les baleines. Bien qu'elle le pouvait en Irlande, les autres pays avaient tout de même un côté très paradisiaque. Ishan désirait visiter la ville. Il faisait assez beau et doux pour la saison, Jordan n'était pas contre une balade en ville. Elle baissa les yeux vers ses vêtements mouillés et fit une moue songeuse.

« Oui, ça serait mieux que je me change avec ma santé fragile... Je vais attraper un rhume... » Elle leva les yeux vers lui. « Viens... »

De nouveau, la demoiselle lui attrapa la main et fila vers la rue, marchant vers l'arrêt de bus. Elle dut se mettre à courir quand le bus arriva, ne voulant pas le manquer. Elle grimpa dans le véhicule et prit un ticket à Ishan avant d'aller s'asseoir. Prend le bus était quelque chose d'agréable. Celui qu'elle prenait pour aller travailler longeait le port avant d'emprunter des endroits très atypiques, à l'image de l'Irlande. Jordan jouait un peu les guides touristiques, montrant et expliquant à Ishan. Enfin, elle descendit à son arrêt et laissa le bus repartir avant de traverser. Elle se dirigea vers un petit immeuble de trois étages qui bordait le canal de Dublin, joliment parsemé de fleurs à chaque fenêtre. Ses façades de brique rouge se reflétaient dans l'eau. La demoiselle composa le code avant d'entrée dans une étroite cage d'escalier et grimpa au troisième étage, ouvrant la porte de son appartement.

« Je dois avoir encore des affaires à toi que j'ai ramené d'Oxford... »

Jordan jeta les clés de la porte dans le bol de l'entrée. C'était un appartement à l'image de la demoiselle, très chaleureux et bien décoré. Absolument toutes leurs photos souvenirs tapissaient les murs de l'appartement. Il n'y avait qu'un petit salon et une cuisine séparée par un simplement petit bar, une chambre avec un lit et un grand placard mural, laissant un tout petit passage d'environ cinquante centimètres entre les deux. Et une salle de bain avec une baignoire. Jordan attrapa des affaires dans son placard puis le carton de Ishan, le posant dans le salon. Elle lui lança une serviette et prit le temps de sécher ses cheveux avant de retirer ses vêtements, se retrouvant en sous-vêtements au milieu du salon.

« Tu vis où maintenant ? »

Tu n’avais que su qu’elle travaillait à l’université, mais n’était pas au courant de son poste, voilà pourquoi tu l’avais taquiné comme quoi elle était une professeure avec une mauvaise influence sur ses élèves. Voilà près de deux ans pour sa part qu’elle avait ce job, elle devait bien être connue. Toi, tu étais à la case départ. Tu avais littéralement perdu ton temps lors de ce voyage dans ta vile natale, mais tu devais le faire. Aujourd’hui, tu ne pouvais que souhaiter rattraper ce temps. « Oh je vois, tu fais plus de bureau! » La recherche quelque chose qui t’émerveillait, toi qui étais davantage dans l’application. Tu n’avais pas cette patience. « J’espère que je vais pouvoir lire aussi… » Tu étais curieux de voir ce qu’elle avait fait depuis que vous aviez quitté l’école. Après tout, votre passion se croisait et pendant vos études, vous vous étiez toujours intéressés aux projets de l’autre. Cela ne serait pas aujourd’hui toutefois, puisque vous étiez tous les deux à l’extérieur. Vous ne saviez pas s’il y avait réellement un feu, mais pas question de rentrer tout de suite, surtout que vous étiez mouillés à présent. Tu proposas donc une visite dans la ville, après s’être changé. Tu avais essayé de te promener un peu par toi-même, mais ce n’était pas facile quand on ne connaissait rien. Tu te perdais et prenais par la suite le premier autobus qui passait en direction de ton quartier. « Il vaut mieux alors, je te suis! » Sa main dans la tienne, tu marchas à ses côtés pour prendre l’autobus. Tu avais un petit sourire aux lèvres alors qu’assis près d’elle, Jordan en profitait pour te faire un tour guider de la ville lors du trajet. Tu n’écoutais qu’à moitié, étant bien trop heureux de l’avoir retrouvé. Tu la questionnerais probablement à nouveau sur tous ces endroits qu’elle t’avait parlé la prochaine fois. Mais cela ne prit que quelques minutes avant d’arriver chez elle, un bel appartement à son image. Tu en profitas en te dirigeant vers le salon pour tout détailler. Bien plus accueillant que le tien où tu ne t’étais même pas encore entièrement installé. « Merci, je vais les ramener! » Chez toi. Car vous n’habitiez plus ensemble. Tu n’avais pas voulu lui imposer cela, même si ça te manquait clairement. Tu étais tout de même heureux de voir qu’elle avait des photos de toi, de vous affichées sur ses murs. C’était bon signe, non? Tous ces moments te revenaient en tête et te faisaient chaud au cœur. Vous aviez tellement vécu de choses ensemble et tu étais convaincu que vous aviez encore beaucoup devant vous. Prenant avec plaisir la serviette, tu la frottas sur ton corps alors que la demoiselle se déshabillait devant toi, te questionnant sur l’endroit où tu habitais. Cela te prit quelques secondes avant de répondre, la tête perdue dans tes pensées. Une éternité avait passé depuis que tu l’avais vu aussi peu vêtue… « Hum je crois que je suis dans le même quartier. Je ne sais pas encore trop bien me repérer. » Tu avais bien étudié la carte de la ville et selon ce que tu avais vu en venant ici, tu croyais que c’était le même quartier, mais ne pourrait le garantir. De toute façon, ce n’était pas ce qui te préoccupait dans l’instant, mais plutôt la blonde dans la pièce. Tentant de te sécher du mieux que tu pouvais, tu finis par poser la serviette sur le canapé, te retournant ensuite vers Jordan. Il était difficile pour toi de rester loin d’elle… « Qu’est-ce que tu es belle… » Tu te laissais aller. Tu n’avais pas eu l’intention de te rapprocher de cette façon d’elle aujourd’hui, mais c’était difficile de résister à présent. « Tu m’as tellement manqué, tu sais. » Tu n’étais pas resté aussi longtemps loin par plaisir, au contraire. Mais tu l’avais fait pour vous. Face à elle, ton regard la parcourant, tu hésitas un instant. Allais-tu trop rapidement? Finalement, tu te décidas à te pencher pour venir l’embrasser. Doucement. Tendrement. Si ce l’était, elle te le dirait. Ta main monta sur sa joue, prolongeant toujours cet échange.

Ishan avait toujours eu une place très importante dans la vie de Jordan à partir du moment qu'il y était entré. La jeune femme lui avait toujours demandé conseil quand elle doutait et l'indien se trouvait être une personne très réfléchie. Il avait été la première personne à lire son mémoire, le laissant lui donner des conseils pour l'enrichir, l'améliorer. Pour Jordan, c'était grâce à lui qu'elle avait obtenu son diplôme haut la main. La jeune femme avait fait près de dix longues années d'études pour se spécialiser et Ishan avait eu un rôle des plus importants. Il était son meilleur soutien. Sans lui, elle n'en serait pas là aujourd'hui.

« Tu liras tout chez moi... »

Et c'est chez elle qu'elle l'amenait. Ça pouvait être étrange qu'elle l'amène déjà chez elle mais Jordan avait envie d'enfiler une tenue plus confortable pour faire la guide touristique. Et surtout, elle était mouillée. La jeune femme profita du trajet pour commencer à présenter Dublin à Ishan, bien loin de s'imaginer qu'il ne l'écoutait qu'à moitié. Jordan était très sérieuse dans sa condition de guide pour Ishan. La jeune femme se sentait fière de lui présenter la ville où elle avait grandi. Peut être qu'Ishan voudrait y finir sa vie avec elle. Mais s'il lui demandait de partir à Mumbaï avec lui, elle dirait oui sans hésiter. Jordan avait découvert qu'elle ne trouverait jamais sa place nul part sans Ishan. Il était sa maison. Une fois à l'appartement, Jordan donna à Ishan un carton de vêtement. Elle fronça les sourcils en l'entendant.

« Quoi ? Non... Ça reste là... »

La jeune femme se surprit à vouloir pleurer et à lui réclamer de rester vivre chez elle. Pourquoi il n'était pas venu directement chez elle ? Il ne l'aimait plus autant qu'avant ? Avoir des affaires chez elle lui donnait le sentiment qu'ils étaient inséparables. Jordan se retenait mais elle crevait d'envie de demander à Ishan de revenir vivre avec elle. Recommencer les plateaux repas devant des films débiles qui les faisaient beaucoup rire, le câliner dans le lit pendant qu'ils lisaient ou le matin, lui faire le petit-déjeuner ou le dîner quand il rentre tard. Et sentir l'odeur de la cuisine indienne dans les escaliers, de manger de jalebis jusqu'à le regretter au point de devoir aller courir pour ne pas prendre de poids. Ishan connaissait bien ce qu'elle préférait. Ce dernier semblait d'ailleurs ne plus trop savoir où il vivait. La jeune femme l'imaginait déjà tourner en rond à la recherche de son immeuble. Elle secoua son visage, amusée. Jordan retira ses vêtements, restant en sous vêtements pour s'essuyer. Elle n'avait pas conscience que ça pouvait déranger Ishan. En vérité, après leur huit ans de relation dont six dans le même appartement, la jeune femme trouvait naturel qu'elle ne change rien. La jeune femme leva les yeux vers Ishan, rougissant légèrement. Un léger sourire gêné apparut sur son visage alors qu'elle le laissait venir près d'elle. Et enfin, il se pencha pour l'embrasser. La jeune femme répondit aussitôt à ce baiser qu'elle attendait depuis deux ans maintenant. Elle glissa ses mains autour de son torse, appuyant un peu plus ses lèvres contre celles de son amoureux, savourant ce baiser comme s'il était le premier. Elle pouvait enfin caresser sa peau si chaude. La jeune femme se fichait de tout soudainement. Elle poussa doucement Ishan vers le canapé, sans rompre le baiser. Une fois qu'il fut assis, elle se jeta presque sur lui, devenant plus fougueuse dans ses baisers. Elle manqua de lui arracher la tête en lui retirant son t-shirt, profitant de ce moment pour reprendre son souffle.

« Tu m'as manqué... Boubou... »

C'était un petit surnom affectif qu'elle avait trouvé un jour sans savoir pourquoi. C'était resté. Depuis, elle l'appelait comme ça. C'était ridicule mais c'était sa façon à elle de l'appeler. Elle revint à la charge de ses lèvres, les dévorant à nouveau. Elle adorai l'embrasser, elle adorait se tenir contre lui. Elle colla son corps contre celui d'Ishan, l'entourant de ses bras comme si elle craignait qu'il ne la quitte à nouveau.