Depuis quelques minutes, je suis dans les couloirs de cet hôtel, les mains dans les poches de ma veste, mon regard en direction du bar implanté à l’intérieur des lieux. Il y a huit mois maintenant, j’ai perdu la femme qui a passé l’alliance que je porte à mon doigt, lors d’une intervention. Il y a quelques jours, j’ai revu cette femme, que je vois en train de débarrasser les tables des clients à peines partis, une fois encore lors d’une intervention. Une fuite de gaz dans cet hôtel, c’est ainsi que j’ai découvert que le stagiaire de l’équipe des secours est en réalité le fils de mon premier amour, de celle que j’ai laissé alors qu’elle était encore en train de se battre pour sa vie. Il ne fait plus aussi jour, qu’il y a quelques quarantaine d’heures en arrière, le noir de la nuit domine les rues de Montréal, mais je n’ai pas de mal à repenser à ce moment. Celui où je suis arrivé ici dans le camion de la brigade des secours, vêtu de cet uniforme qui aura été la clé de nombreuses disputes entre nous. Une intervention qui a semblé en apparence être comme toutes les autres, il m’a suffit de la voir perdre conscience pour comprendre que ce n’était pas le cas. Les souvenirs du passés sont encore présents, ils sont revenus à une vitesse folle, me ramenant à cette triste soirée, celle où j’ai perdu le contrôle de ma moto, celle sur laquelle on se trouvait. La souffrance que j’ai pu ressentir à l’époque, celle de réaliser que j’ai bien moins compté pour elle, que ce que je pensais. Sawyer est âgé de 18 ans, notre histoire s’est à peine terminé, qu’elle a refait sa vie, qu’elle a fondé sa famille, donnant naissance à un fils, mais également à une fille. Presque un an que j’ai ce jeune sous mon commandement, j’ai eu l’occasion d’en apprendre des détails de sa vie, c’est presque douze mois plus tard que j’ai appris qui est sa mère. Il a une petite soeur, Louna, à qui il tient beaucoup, dont il parle régulièrement.
Mon regard n’est plus sur les vitres de ce bar, il est autour de moi, il est par terre, il est sur le personnel ou les clients qui passent dans le couloir où je me trouve, laissant mes lèvres avoir un petit rictus, celui qui prouve l’impasse dans laquelle je suis. Les fantômes du passés sont en train de revenir, de réapparaître dans ma vie, bien trop longtemps après, je me retrouve dans une impasse. Celle de laisser toutes ses années derrière moi, de ne pas rouvrir une porte fermée depuis mon excursion de Montréal pour Sherbrooke. Ou celle de passer cette porte, affronter le regard d’Isobel, entendre sa voix parvenir à mes oreilles. C’est au final de voir les derniers clients se diriger vers la sortie, que je me décide, que j’avance, pas après pas. Une main sur la porte, je la retiens de mes doigts, après le passage de ces deux hommes, me faufilant à l’intérieur, pour sentir immédiatement mon coeur s'emballer à l’idée de revoir mon premier amour, à l’idée d’entendre le son de sa voix. J’ai conscience qu’elle ne m’a pas vu entrer, ni même qu’elle ne m’a pas entendu passer la porte, pas alors que mon regard se porte sur elle, mon premier amour qui pour le moment me tourne le dos. « Il n’est pas trop tard pour prendre une bière ? » Attirer son attention dans ma direction, c’est le but de ma question, de ma prise de parole, du son de ma voix s’échappant de mes lèvres, pour ma main qui retrouve l’intérieur de la poche de ma veste. Les souvenirs sont présents, ils se bousculent, pour me rappeler cette soirée de février, celle où l’on s’est retrouvé, avec quelques années de moins, ces retrouvailles après le scandal de la famille Wilson, celles qui nous ont permis de former un couple peu de temps après. Aujourd’hui, les choses sont bien différentes, nos vies ont changé, nous avons changé, si elle a su fonder une famille, donner naissance à deux enfants. J’ai su me marier à Jaelle, la maman de ce petit garçon, qui ne partage pas mes gènes, mais qui est à mes yeux, aux yeux de tous, même de la justice, mon fils. C’est bien grâce à sa présence dans ma vie, que depuis ces huit derniers mois, je ne me suis pas effondré, que je tiens, autant qu’il m’est possible de le faire, me refusant de l’abandonner, de le laisser tomber en succombant à la forte absence de sa mère, en me laissant aller et céder à toutes ces envies que je ressens, comme celle de boire à en perdre la raison, du réveil jusqu’au coucher. Ce soir mon démon ce n’est pas Jaelle et son décès, mais un fantôme bien plus ancien de ma vie, Isobel Matteï.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
“Je m’occupe des derniers clients, Esther, tu peux y aller, je te remercie d’être restée !” soufflais-je en rangeant les verres passés au lave-vaisselle. D’une douceur presque révoltante, Esther me souria : “Il n’y a aucun problème, j’aime bien venir bosser ici.” Ce compliment me fit sourire également, peut-être même rougir aussi. J’avouais ne pas être une patronne facile, cela étant dit, je félicitais toujours le bon travail. Elle partit se changer tandis que je me chargeais des clients sur la terrasse et retourna à l’intérieur pour m’occuper du reste. Avec tout les problèmes qu’avaient causé l’intervention de Mercredi soir, j’avais pas mal de paperasse à réaliser et à envoyer. Ce fut l’une des raisons pour lesquelles j’avais décidé de fermer plus tôt la partie externe de l’hôtel plus tôt. Juliette avait eu des congés payés un peu forcé suite à cette fuite de gaz inexpliqué. Je pris une profonde respiration pour contenir l’embêtement que cela me causait, en réalisant qu’il restait encore deux clients entrain de siroter tranquillement leur bière, loin d’être pressé de partir. Comprenant qu’il ne valait rien de rester derrière ma caisse à attendre que le temps passe, je passais à l’arrière pour ramener du restockage : pailles, serviettes, sous-verres, marqueurs, cuillères etc. Toutes ces petites choses allaient nous servir après demain, à la réouverture matin pour le petit déjeuner. Je rangeais activement et de manière mécanique tout ça et comprit que j’étais enfin seule lorsque la porte se referma doucement. Munie de mon plateau garnis de produit et d’une lingette, je posais les verres vides sur le plateau, lui même posé sur une table voisine et nettoya la dernière table souillée. Je tournais le dos à la porte, Esther avait tourné la pancarte indiquant que c’était fermée donc je ne me faisais pas de soucis sauf que : “Il n’est pas trop tard pour prendre une bière ?” Sur le coup, je pris peur, je pensais que le bar était vide alors je sursautais. Durant une fraction de seconde, je remerciais le moment où j’avais eu l’idée lumineuse de poser le plateau au lieu de le garder en main, comme d’habitude. Je n’avais vraiment pas fait attention à la voix, à son intonation où de qui elle pouvait provenir mais j’eus le réflexe de me retourner, la main sur le coeur : “Bord-...” je m’interromps en croisant le regard clair d’une personne que je connaissais parfaitement bien, le fantôme de mon passé. D’un bien trop lourd passé. C’était surement un peu dur de qualifier quelqu’un qui n’était pas mort de fantôme mais j’avais toutes mes raisons de me dire que c’était tout comme. Kyllian avait disparu de ma vie dix-huit ans auparavant soit l’âge exact de Sawyer, mon fils aîné. Après que la surprise fut remplacée par le choc, mon visage devait viré du vert au rouge et du rouge au vert. Je sentais la température de mon corps faire des bonds en avant et en arrière alors que je restais sans voix. Le chiffon toujours à la main, je sentais mes phalanges le serrer à blanc : “Q-que…” Impossible, je n’arrivais pas à faire sortir plus d’un son à la fois. Je me mordis la lèvre inférieur pour reprendre contenance et mon visage changea à nouveau. Je pointais alors mon index accusateur droit sur lui et je rétorquais : “Non.” Cela aurait pu passer à une réponse tout droit à sa question mais dans le son de ma voix, tremblante, je sentais toute l’amertume et la rancune que j’avais accumulé toutes ses années, ressortaient violemment. Tout en moi réagissait, j’étais bouillante de colère : “Non. Va t-en.” Impossible, je devais rêver, ce n’était pas possible autrement. Je m’étais endormie et je rêvais parce qu’il n’existait qu’en rêve. Soudain, je réalisais qu’il était beaucoup trop proche alors je fis quelque pas en arrière, et me dirigeais vers le bar, oubliant mon plateau sur place. A peine derrière, je revenais sur mes pas. Si j’avais une hallucination, je ne le reverrais plus et je pourrais fermer le bar tranquillement et reprendre ma vie comme elle était. Déterminée à quitter ce lieu, j’avançais d’un pas franc mais il était toujours là. Stop! Non, tu ne rêves pas ma fille, il est vraiment là. “Je viens de te dire de quitter cet établissement, qu’est-ce que tu veux ?” vocifèrais-je en croisant les bras sur ma poitrine.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
Me retrouver à nouveau face à Isobel n’est pas une chose aisée, tous les souvenirs du passé sont en train de remonter à la surface, ce couple que l’on a formé, l’amour qu’il y a eu entre nous, cet accident, les propos de ses parents, cette interdiction, son coma et puis mon départ, signe de notre rupture. Mon coeur me fait comprendre que je ne suis pas à l’aise avec cette situation, alors que je reviens quelques jours en arrière, celui de cette intervention. J’ai déjà dû mettre les pieds ici ou non, je ne sais plus, mais quand j’ai franchis les portes avec l’uniforme de pompier, je ne me suis pas attendu à y revoir la première femme que j’ai aimé. Devoir lui venir en aide, comme les pompiers nous sont venus en aide au moment de notre accident, à des degré différents, et des rôles complètement chamboulés, c’était l’histoire du passé qui se répéter, mais pas pour nous séparer cette fois-ci, bien pour nous permettre de nous retrouver. Lui faire peur, ce n’était pas mon intention, c’est pourtant bien ce que je viens de faire, gardant mes mains dans les poches de ma veste, continuant de m’avancer dans sa direction, me stoppant une fois seulement face à elle. Je ne m’attends pas aux mêmes retrouvailles que l’on a eu lors de l’été 95, cette soirée où je lui ai offert un verre et où notre histoire a commencé, oublié le statut d’amoureuse quand on était enfant, devenant mon premier amour. Mes yeux décryptent son humeur, ses mains qui se crispent sur le torchon qu’elle tient, son regard qui s’est assombri en me voyant, le son de sa voix, puis cet index, celui qui est en ma direction. Non. C’est sa réponse, celle d’un refus, pour ma demande ou pour autre chose, que sais-je. Tout est trop étrange, j’en viens à me demander si traverser cette rue a été une bonne idée. J’aurais mieux fait de partir, qu’elle ne me voit pas et de rentrer chez moi, de rejoindre mon fils et la nounou, de permettre à la jeune femme de rentrer chez elle, au lieu de garder Nael un peu plus longtemps. Mon coeur, comme mes émotions font les montagnes russes, je ne suis pas capable de dire le moindre mot, encore moins de bouger. Je me contente de la suivre du regard, de la voir s’éloigner, de l’entendre me demander de partir, sur un ton sec, dur à mon égard. Isobel n’est plus devant moi, elle est derrière son bar, elle a raison, je dois partir, je n’ai rien à faire ici. Seulement, mes jambes ne semblent pas du même avis, je dois partir, mais je n’en ai pas réellement envie. « Rassures toi, je vais partir. » Je reste avare en conversation, je ne sais pas vraiment ce que je dois lui dire. Je n’y ai pas réfléchis en l’observant, encore moins quittant le couloir et absolument pas en entrant dans ce bar. « Je .. » Je suis un con d’avoir pensé que sa réaction serait différente. En réalité, je ne sais même pas à quoi je m’attendais réellement. Mon regard n’est plus sur elle, il est autour de moi, un acquiescement à sa demande, pour commencer à me tourner. Commencer seulement, bien rapidement, je me tourne à nouveau dans sa direction, décidé à répondre à sa question. « Je suis juste venu m’assurer que tu vas bien. » Avec beaucoup d’années de retard, pensais-je. « Après la fuite de gaz de l’autre jour. » Voilà une réponse qui correspond bien mieux à la raison de ma présence. Je ne suis pas ici pour changer le passé, il est bien trop tard pour le faire. Je suis ici parce que j’ai eu peur. Peur en la voyant dans ce bar, peur en sachant que c’était une fuite de gaz, peur en la voyant perdre connaissance. Peur en devant la sortir d’ici. Peur en découvrant que le garçon que j’ai sous mes ordres depuis une année est en réalité son fils, comment ai-je fait pour ne pas m’en rendre compte ? Comment ai-je fait pour ne jamais le savoir ? Ce n’est pas faute d’avoir entendu des histoires de Sawyer Dawson. J’ai été à mille lieues de m’imaginer que sa mère, c’est celle qui a été mon premier amour.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
C’était une mauvaise blague. Ce matin, je m’étais réveillée avec le regard rempli d’inquiétude de mon mari, l’air soucieux de mon fils et de sollicitude de ma fille sur moi. Impossible d’oublier ce mauvais moment où j’y avais presque perdue la vie. A nouveau. A croire que j’avais une bonne étoile au-dessus de ma tête. Mon père était venu me rendre une visite à l'hôpital et Daniel pour me ramener à la maison, à ma demande. Je détestais les hôpitaux et tout ce qui s’y rapprocher. Comment m’en vouloir ? J’y avais été prisonnière de longs mois suite à ma grossesse difficile, l’accident de moto avait fragilisé tout le processus. Ce soir, je voulais fermer plus tôt et retrouver ma maison, ma routine et mon confort parce que, c’était ce que j’avais, c’était ce que je m’étais construit au fil des années qui s’étaient écoulées depuis. Je déglutis, des images me remontaient en tête révélant de vieilles blessures que je pensais soignées, disparues. J’avais tort surtout en ayant posé les yeux sur lui. Combien de nuit avais-je pleuré en apprenant qu’il était parti, qu’il avait rompu sa promesse de ne jamais plus m’abandonner ? Est-ce que je devais compter le tube de fond de teint qui cachait les traces de ma souffrance avant mon mariage ? Tout cela était beaucoup trop brutal et je le fis bien sentir. Il n’était pas le bienvenu ou en tout cas, pas dans un endroit où j’avais réussi à me reconstruire en tant que femme. Alors je le rejetais, je l’accusais silencieusement de mon index inquisiteur pour l’avertir de ne pas aller plus loin, de faire demi-tour et de ne plus remettre les pieds ici. Après mon aller et retour précipité, je me rendis compte qu’il était toujours là. Il était là. Je refoulais mes larmes, je refoulais le flux de juron qui effleurait mes lèvres à son encontre. En y regardant de plus près, je me demandais si cette rage n’était pas la preuve ultime qu’il n’avait jamais quitté ma tête, pas même la lourde place qui pesait dans mon coeur… Cette pensée redoubla ma colère mais pas forcément qu’en lui. “Rassure toi, je vais partir.” A nouveau, je sentis la boule se former dans ma gorge, me forçant à déglutir. Je ne pouvais même pas me réjouir de cette information, je ne savais même plus ce que je voulais. Je détestais l’emprise qu’il avait sur moi, encore maintenant, dix-huit ans plus tard. J’avais envie de lui hurler de le faire, de tourner les talons et d’arrêter de foutre en l’air ma vie, comme dans le passé. “Je…” Kyllian hésitait, je ne voulais pas entendre ce qu’il avait à me dire alors je secouais la tête de droite à gauche en baissant les yeux sur mes chaussures. Non, tais-toi et va t-en… le suppliais-je intérieurement et je laissais les bras retomber le long de mon corps. Malgré tout, je voulais savoir comment il en était arrivé à retrouver le chemin jusqu’à moi. C’était dingue, j’avais l’impression de revivre cette soirée où il s’était repointé, deux ans plus tard. “Je suis juste venu m’assurer que tu vas bien.” Je relevais les yeux vers lui : “Qu-...” Mon coeur se serra. “Après la fuite de gaz de l’autre jour.” Mes yeux se plissèrent, comme pour essayer de comprendre où il voulait en venir. Comment l’avait-il apprit ? Sans voir ce que je regardais, mes yeux tentaient de s’attacher à quelque chose et puis un bribe de souvenir fusa. Ce regard sous cet énorme casque : “Alors c’était toi !” Ce n’était pas une question, j’affirmais ce que je savais déjà mais que j’essayais d’oublier pensant à une hallucination. Suite à cette question, je me sentis mal. Le vertige me gagnait dangereusement alors je cherchais un appui le plus proche et ce fut un poteau relié à une poutre du toit qui arriva en premier. Je n’avais pas rêvé, j’avais bien vu ses yeux bleus, il m’avait sauvé la vie : “Pourquoi ?” Je tentais de chasser les premiers signes d’un malaise vagal en m’adossant contre le poteau : “Pourquoi es-tu revenu ?”
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
C’est silencieux que je reste, une fois encore, ce n’est pas la conversation que j’ai, qui peut m’étouffer. Je me contente simplement d’un hochement de tête, quand je l’entend affirmer que c’était moi. Oui, je suis le pompier qui lui est venu en aide, je suis celui qui l’a sortit de cet endroit. Ce n’est pas une question, je ne sais quoi lui répondre, je n’ai rien à ajouter. Douze mois que j’ignore, que cette famille dont j’entend parler, c’est celle d’Isobel. Un pas en direction de la propriétaire des lieux, en la voyant se reculer contre un poteau. Comme une première alerte, celle d’un malaise. Est-ce que je peux lui en vouloir ? Absolument pas, je reviens après toutes ses années. C’est comme si elle découvre que je suis l’homme qui lui a sauvé la vie, mercredi soir. La vie est parfois étrange, presque dix-neuf ans en arrière, j’ai failli être celui qui lui prenait la sienne, en conduisant cette moto, aujourd’hui, je suis le pompier lui venant en aide. Un pas, c’est tout ce que je fais, m’arrêtant, je ne vais pas plus loin, ce n’est pas une bonne idée, jamais je n’aurais dû venir. Pourquoi ? Pourquoi je suis venu ? Je n’ai pas la réponse en ma possession. Tout ce que je me contente de faire, c’est de garder le silence, une fois encore, de garder mon regard dans sa direction, de laisser mon coeur frapper contre mon torse. Je ne suis pas bien, c’est la seconde fois en me retrouvant avec elle. La dernière fois. Je m’en souviens encore, c’est quand je suis venu la voir à l’hôpital, contre l’accord de ses parents. Je me souviens d’Isobel allongée sur ce lit, inconsciente, plongée dans ce coma à se battre pour sa vie. Je dois dire quelque chose. « C’est exact, c’était moi. » Je ne peux pas l’expliquer, je ne le contrôle pas, ma voix s’assombrit. « Je connais ton fils de dix-huit ans. » Bien sûr que je le sais, je me le refuse simplement. Isobel a été mon premier amour, il m’a fallu dix ans pour penser à refaire ma vie, laisser Jaelle m’apprivoiser, comme je l’ai fait avec elle. Ce n’est même pas une année qu’il a fallu à la femme sur laquelle mon regard est posé. Les signes sont devant moi, elle n’est pas bien, ma présence en est la raison. Pourquoi est-ce que je parle de lui ? Pour ne pas avoir à répondre à la question de mon premier amour, parce que même moi je ne sais pas pourquoi je suis ici, pourquoi je suis revenu. « Il était avec moi, quand je t’ai sorti de l‘hôtel. C’est là que j’ai compris. » Je ne suis pas en mesure de me reprendre, d’adoucir ma voix, dieu que je le souhaite, mais je n’y arrive pas. C’est le moment que je décide d’enlever ma main de la poche de ma veste, la gauche, celle qui est habillé de mon alliance. Je l’apporte à mon visage, principalement à ma joue, je suis perdu autant que la situation me semble clair. « C’est .. » Un mot, que j’arrête immédiatement, en retirant ma main de mon visage. Je me laisse le temps de reprendre mon souffle, de relever mes yeux au ciel, cherchant mes mots, probablement ou pour essayer de calmer mon corps et mes émotions. « Je m’y attendais pas. Ca a été un choc. » Une claque, bien plus violente, que celles que la vie m’a déjà donné. « Ton fils .. C’est un bon gars. » C’est cette phrase qui me détend, qui me permet d’apaiser ma voix, de l’éclaircir, à peine, comme pour mes premiers mots en entrant ici. Mon regard est sur elle, non, il est sur la table à côté de moi. Non. Il revient sur elle. « Je suis juste venu pour savoir comment tu vas. Tu as juste .. » Un rictus, léger sur mes lèvres, pendant cette pause que je marque, jamais je n’ai imaginé une telle situation. « Tu as juste à me répondre et je partirais. » Encore une fois, c’est notre histoire qui se répète, encore et encore. La première fois, je ne l’ai pas choisi, trop jeune pour pouvoir le faire. Ma mère a quitté mari et enfant, nous abandonnant, mon père a décidé de déménager. La seconde fois, ce choix a été le mien, même si les parents Matteï n’ont pas eu de mal à m’y pousser. Je suis parti. Je l’ai laissé seule, résignant de me battre, coupable de cet accident. Je ne me voyais pas vivre à Montréal, continuer ma vie, avec Isobel et ne pas pouvoir la voir, lui parler ou encore la prendre dans mes bras. Pourtant j’aurais tout donner pour voir encore son sourire se montrer sur son visage, entendre son rire résonner jusqu’à mes oreilles. Toute cette histoire à dix-huit ans et beaucoup d’eau à couler sous les ponts, beaucoup de choses ont changé.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
Tout fusait dans ma tête, je n’étais pas prête à ça et pourtant, tous mes cauchemars prenaient vie. Mon fils voulait devenir pompier comme le voulait son père, son véritable père. Si ça, ce n’était pas une coïncidence, je ne m’y connaissais pas. Alors forcément quand tous les points se reliaient dans ma tête, tout prenait un sens. “Je connais ton fils de dix-huit ans.” Je me mordis la lèvre inférieur. Lorsqu’il précisa l’âge de Sawyer, je le prenais presque pour un reproche déguisé. “Qu’est-ce que je dois comprendre, au juste ? Oui, il a dix-huit ans. J’étais présente au moment de l’accouchement, je n’ai pas encore la mémoire qui flanche, jusqu’à preuve du contraire.” sifflais-je en ayant recours au sarcasme. Cela n’allait pas non plus être totalement inconnu auprès de ce dernier. En silence, j’écoutais ce qu’il me disait, il parlait de Sawyer, je ne pouvais pas faire autrement. “Il était avec moi, quand je t’ai sorti du bar. C’est là que j’ai compris.” Forcément, le jeune garçon avait passé une heure entière à lui raconter comment il avait réussi à gérer et surtout à donner les informations nécessaire pour le bon déroulement de la mission. Il s’était débrouillé comme un chef et je me souvenais l’avoir entendu dire qu’il avait eu les félicitations de son mentor, son modèle, son lieutenant. J’allais rétorquer mais mon regard se vissa sur la main qu’il avait posé sur son visage, quelque chose de doré brillé à son annulaire, aidé par les spots. De manière incontrôlable, je l’imaginais dans les bras d’une autre femme et mon sang ne fit qu’un tour. Non, non. Tu ne diras rien. Tais-toi ! m'intimais-je intérieurement tout en passant d’un pied sur l’autre. “C’est…” Il reprit son souffle, on aurait dit qu’il s’attelait à faire une remarque, quelque chose qui le taraudait mais il enchaîna avant que je ne puisse faire quoique ce soit. Il me connaissait si bien, même inconsciemment. “Je m’y attendais pas. ça a été un choc.” J’acquiesçais, je ne pouvais pas faire autrement qu’être d’accord avec son impression. Encore fallait-il savoir de quoi il parlait. S’il parlait de Sawyer, s’il parlait de nos retrouvailles. La tension dans sa voix était encore sur le ton de reproche mais je ne me sentais pas du tout fautive. Je n’avais rien pu faire d’autre que de réfléchir et agir vite. Je n’avais pas eu le choix que de prendre une décision rapidement. “Ton fils… C’est un bon gars.” Aussitôt, je retrouvais le regard encore froid de Kyllian. Un fossé nous séparait encore, je n’étais pas sûr : “Merci.” répondis-je seulement en jetant le chiffon sur une table, accusant la défaite. Tout se bousculait dans ma tête, je ne savais vraiment pas quoi dire ou quoi faire. Je ne pensais pas qu’il allait revenir comme ça alors que j’aurai du m’en douter. Il faisait toujours ça. Apparaître et disparaître de ma vie lorsque la situation devenait trop périlleuse pour lui : “Il est…” Je m’intérrompts, surprise : “Je suis juste venu pour savoir comment tu vas. Tu as juste…” Pause. Mon coeur s’acceléra : “Tu as juste à me répondre et je partirais.” Ce fut à mon tour de rire, ce rire qui provenait de très loin qui me donna une force que j’ignorais posséder. “Est-ce que j’ai l’air d’aller bien d’après toi? En pompier que tu es devenu hein ?” J’appuyais mon index sur son torse, le ton commençait à monter : “Depuis quand ça t’intéresse, Kyllian ?” Je me pris une violente décharge dans l’avant bras : “Du plus loin que je me souvienne, que j’aille bien ou pas, ce n’était pas ton principal soucis avant de disparaître. Et ça, à deux reprises il me semble.” Ma bouche se referma et je réalisais notre proximité nouvelle : “A quoi tu t’attendais franchement ?" Ma voix s'était un peu adoucit : "Que je te saute dans les bras comme dans le temps ?” ça y est, le ton était donné. : “Tu sais quoi, Kyllian, va te faire foutre ! VA te faire foutre !” lâchais-je en le toisant du regard et ne cillant pas.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
Me retrouver en face d’Isobel n’est pas une bonne idée, il y a quelques années, j’ai pris la décision de disparaitre de sa vie, poussé dans ce sens, mais une décision qui reste la mienne au final. Ce n’est pas pour revenir dans sa vie, encore moins après le désastre qu’il peut y avoir dans ma vie depuis l’année dernière. Jamais on aurait dû se croiser à nouveau, mais les choses ont fini par être différente, douze mois de répit pour en arriver à ce soir, à ma présence dans son hôtel, dans son bar, ce rêve qu’elle a toujours eu, qu’elle a réussi à réaliser. Le lien qu’il y a entre nous aujourd’hui, c’est son fils stagiaire au sein de la caserne où je travaille, mieux encore, stagiaire dans la brigade des secours que je dirige. Plus d’une fois j’ai eu l’envie de savoir ce qu’elle devenait, comment elle allait, aujourd’hui je réalise que de ne pas céder à cette envie était une bonne idée. Tout comme avoir franchis le seuil de cette porte, la seule chose que j’ai envie de savoir, c’est comment elle va, pas dans sa vie, mais après cette intervention. La réponse au premier choix, je l’ai depuis un an, sans même le savoir, avec toutes ces histoires que j’ai pu entendre de la part de Sawyer. Il est temps pour moi de revenir à la raison de ma présence, il lui suffit d’une réponse, une seule et ma présence ici ne serait qu’un vieux souvenir. Sa réaction, me surprend, à commencer par ce rire qu’elle laisse s’échapper, mon incompréhension, elle est immédiate sur mon visage. Une fois encore, je me contente de garder le silence, de laisser mon regard planté droit dans les yeux de mon premier amour, silencieux, mais attentif à ce qu’elle vient me répondre. Après toutes ces années, il y a un fossé entre nous, elles sont loins les années où rien ne pouvait nous éloigner, puis ses parents ont réussi ce qu’ils voulaient, il y a bien trop de différent entre nous pour que les choses puissent changer. Ce conflit, il ne change pas, comme une impression de retour en arrière, celui de mon choix de carrière, d’avoir l’envie de devenir pompier dans cette ville qu’est New-York. Un choix qu’elle n’a jamais approuvé, qu’elle ne semble toujours pas approuver, une surprise de savoir son fils entamant sa dernière ligne droite, afin d’être un soldat du feu. Elle attend une réponse de ma part, je l’entend, je la vois se rapprocher de moi, je sens son index contre mon torse, mes yeux ont envie de descendre, de suivre le mouvement, mais ils ne vacillent pas, reste dans sa direction, dans les siens. Son doigt contre mon torse, il a su faire réagir mon coeur, qui une fois encore est venu manquer un battement. « C’est très clair. » Je n’ai aucune envie de me disputer avec Isobel, on a perdu bien trop d’énergie dans notre histoire avec nos disputes, notre toute dernière soirée avant cet accident ne fait que le prouver. Je ne suis pas venu ici pour qu’on règle des comptes qui remonte à non loin de vingt ans en arrière. Désormais, mes deux mains ne se retrouvent plus dans les poches de ma veste, celle qui a continué à garder refuge jusqu’à maintenant, est venue se placer sur celle d’Isobel, de son index encore pointé contre mon torse. Ce contact est le même que par le passé, notre histoire fait partie du passé, mais les souvenirs sont toujours intacts, même après autant de temps sans se voir. Je ne suis pas là pour me disputer avec elle, encore moins pour me trouver à la recherche de ses doigts dans les miens. Je me contente de rompre cette connexion. Mon regard n’est plus dans le sien, je ne suis pas ici pour une nouvelle dispute entre nous, c’est les dents serrées et ma mâchoire crispé que je reviens sur mes pas, que je lui tourne le dos, je veux rejoindre la porte, partir d’ici, oublier cette idée que jamais je n’aurais dû avoir. « Tu es vraiment incroyable. » Ce n’est pas la première fois que j’emploi ce mot pour la définir, sauf qu’aujourd’hui, il n’a plus le même sens qu’autrefois. Je ne suis pas venu ici pour me disputer avec elle, mais ses mots ont eu un impact, ils sont arrivés droit à mes oreilles, avare en parole depuis tout à l’heure, mais impulsif, les années passes et je ne change pas. C’est de cette façon, que je ne lui tourne plus le dos, que je ne me dirige plus vers la porte, au contraire, une nouvelle fois mon regard la trouve, je m’approche d’elle à nouveau. Isobel souhaite monter le ton, je n’ai pas de mal à venir la suivre, toute cette tendresse et l’amour qu’il y a eu entre nous, ce ne sont que les souvenirs du passé, il suffit de nous voir. « Je ne sais pas à quoi je m’attendais en venant jusqu’ici, mais certainement pas à ce que tu me sautes dans les bras. Encore moins à ce que tu arrives encore à me reprocher les choix de mon père d’avoir déménagé, amenant avec lui ses trois enfants dont il s’est retrouvé à élever tout seul, comme un pauvre con. Tu sais très bien qu’à l’époque je n’ai pas eu mon mot à dire, que la seule chose que je pouvais faire c’était de le suivre. Et s’il a prit cette décision, ce n’est pas sans raison, je ne pourrais jamais défendre ma mère pour se qu’elle a fait, mais jamais les choses se seraient passés de cette façon, si tes parents et leurs grands copains, ne nous avaient pas fait passer pour des parias et des escrocs. » Cette colère est en train de grandir en moi, avec beaucoup trop de facilité, après mon départ, j’ai souvent pensé à ce que je pourrais dire à Isobel, si le hasard de la vie nous aurait permis de nous recroiser. Jamais je n’ai imaginer qu’on en arrive ici. Plus mes mots franchissent mes lèvres, plus ma voix vient se durcir, mon regard s’assombrir sans la quitter. Elle a l’envie de me montrer qu’elle m’en veut, c’est quelque chose auquel je peux jouer également. « Ouvres un peu les yeux Isobel. Tout ce que j’ai toujours fait, c’était pour toi, parce que la seule chose que je voulais, c’était ton bonheur. » Les regrets sont présents, mais entre ses parents et notre accident, cette décision a été la meilleure que je puisse prendre. « Arrêtes de te placer en victime. Arrêtes de faire tourner tout autour de toi. » Je n’ai rien d’un italien, mes origines, elles sont australiennes, mais la colère est accompagné des mouvements de mes mains. « Tu as envie de me reprocher que je sois parti ? Mais finalement, que je me sois effacé, tu n’as pas eu trop de mal à t’en remettre. » Pestais-je, la voix remplis d’une colère qui n’a fait que grandir en moi, mettant mes nerfs à rudes épreuves, pour un pas, un seul dans sa direction. « Il m’a fallu dix ans pour t’oublier, dix ans pour envisager de refaire ma vie avec quelqu’un, regrettant chaque jour de t’avoir laissé et de ne pas m’être battu pour toi. » Avant que Jaelle entre dans ma vie, je n’ai jamais laissé l’occasion à personne de m’apprivoiser, d’avoir la chance de vraiment me connaître, de pouvoir s’attacher à moi. « Toi il t’a fallu combien de temps Isobel ? Un mois ? Ton fils à 18 ans. Tu peux essayer de me faire croire ce que tu veux, mais ne me prends pas pour un con. » Je n’arrive pas à savoir si je suis soulagé que ces propos passent mes lèvres, sous l’effet de la colère, nos pensées sont bien trop rapidement déformé, amplifié, comme cette impulsivité qui m’habite, qui me pousse à agir sans réfléchir. Mais si une part de moi, ressent un peu de soulagement, une autre le regrette immédiatement et comme bien trop souvent, ce n’est pas cette part de moi qui prédomine. Mon regard ne change pas, le son de ma voix n’est pas décidé à se calmer, à baisser d’un cran, ma colère n’a aucune envie de me quitter, de permettre à mes muscles de se décontracter et de ne plus être crispé.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
En me levant ce matin, je pensais que Dan me forcerait à rester à la maison, je pensais que mon fils chercherait à me savoir en sécurité, je pensais même que ma fille, en pleine crise d’adolescence, m’aurait appelé toutes les demi-heures pour savoir si j’allais bien. Au lieu de cela, je me retrouvais en face du fantôme de mon passé, celui qui n’avait jamais vraiment quitté mes pensées, Kyllian. Comment l’oublier, franchement ? Rien qu’en regardant Sawyer, je ne voyais que son père. Il avait peut-être hérité de ma couleur de cheveux et de mon sale caractère mais le bleu de ses yeux et sa détermination ne pouvaient provenir que de son père. Son géniteur. Je savais que je marchais sur un terrain miné en parlant du passé, de ce qui avait fait de notre vie un enfer, c’était pourtant ce que j’étais entrain de faire. Les yeux vissés dans les siens, je me sentais partir, hurlant tout ce que j’avais eu envie de lui dire et évidemment, j’étais dépourvu de filtre à ce moment-là. “C’est très clair.” Il avait posé sa main sur la mienne, celle qui pointait mon index sur son torse. La chaleur du contact me surprit, je n’étais pas prête à ça et pourtant, je me détestais immédiatement à vouloir un peu plus que ça jusqu’au moment où il rompit le contact et me tourna le dos. Déconfite, j’inclinais légèrement la tête sur le côté en fermant les yeux, les dents serrés. “Tu es vraiment incroyable.” J’inspirais, toujours les yeux clos avant de redresser la tête pour le voir revenir sur ses pas : “Quoi, encore ?” lâchais-je en expirant l’air que je venais d’engouffrer. A peine avais-je relevé les yeux qu’il était déjà à ma hauteur. Son visage avait changé, il était devenu plus dur et ses yeux pouvaient me lancer des éclairs si’l en avait la possibilité. J’avais touché un point sensible, j’en avais aucun doute. Je me doutais bien que mon tour allait venir, je n’étais pas complètement idiote ni forcément blanche dans cette histoire. “Je ne sais pas à quoi je m’attendais en venant jusqu’ici, mais certainement pas à ce que tu me sautes dans les bras. Encore moins à ce que tu arrives encore à me reprocher les choix de mon père d’avoir déménagé, amenant avec lui ses trois fils dont il s’est retrouvé à élever tout seul, comme un pauvre con.” J’ouvris la bouche, je n’étais pas d’accord mais il n’avait pas terminé : “Tu sais très bien qu’à l’époque je n’ai pas eu mon mot à dire, que la seule chose que je pouvais faire c’était de le suivre. Et s’il a prit cette décision, ce n’est pas sans raison, je ne pourrais jamais défendre ma mère pour se qu’elle a fait, mais jamais les choses se seraient passés de cette façon, si tes parents et leurs grands copains, ne nous avaient pas fait passer pour des parias et des escrocs.” J’acquiesçais mais je n’allais pas non plus me laisser faire : “Dit donc Kyllian. Je veux bien qu’à l’époque la technologie n’était pas au même point qu’aujourd’hui mais dans la fuite orchestrée par ton père, vous vous êtes retrouvés où exactement ? A l’âge de pierre ? Non parce que si toi tu as déménagé contre ton grès, il t’était impossible de m’envoyer queqlue chose ? Des signaux de fumée par exemple parce que pour le coup, je n’ai absolument rien eu de toi ! Mais t’as raison, on en a déjà discuté !” Et puis c’était une connerie de discuter sur ce sujet, j’en avais l’impression et j’étais entrain de devenir dingue, surtout lorsqu’il évoqua mon bonheur. Pause. “Arrêtes de te placer en victime. Arrêtes de faire tourner tout autour de toi.” Je ne quittais pas des yeux voyant ses gestes devenir de plus en plus vifs, et les souvenirs revenaient peu à peu à la surface. Pas forcément les meilleurs puisqu’on se disputait régulièrement de part notre manque d’expérience mais aussi et surtout par ma jalousie maladive. Je tenais tellement à lui que j’avais peur de le perdre ce qui nous faisait avoir des paroles blessantes la plupart du temps. Aujourd’hui, je me rendais compte à quel point j’avais pu être idiote et que je nous avais compliqué la tâche : “Moi, une victime ?” soufflais-je, désabusée, alors qu’il ne m’écoutais presque plus, il était lancé et je retrouvais le répondant dont j’avais besoin pour me ressaisir. Kyllian avait été le seul à pouvoir me canaliser, à me remettre en place lorsqu’il y avait besoin. Dan était beaucoup plus effacé et ma grande gueule l’avait limite rendue invisible au sein de notre famille. “Tu plaisantes j’espère.” rappelais-je lorsqu’il avait fait référence au choix qu’avait fait son père à l’époque. Un pas de plus vers moi et bientôt, je pouvais sentir l’évolution de sa colère, je devais même lever la tête pour ne pas quitter ses prunelles des yeux. “Il m’a fallu dix ans pour t’oublier, dix ans pour envisager de refaire ma vie avec quelqu’un, regrettant chaque jour de t’avoir laissé et de ne pas m’être battu pour toi.” “Qui est-ce qui se place en victime maintenant, hein ?” Je n’en revenais pas, il lui était plutôt facile d’envisager quelque chose cinq, dix ou quinze ans après m’avoir quitté comme il l’avait fait mais en attendant, je vivais depuis dix-huit ans avec son fils et je n’en faisais pas toute une histoire. Évidemment cet argument n’était pas juste envers lui puisqu’il n’était pas au courant de ma grossesse. “Toi.” Mes pensées s’arrêtèrent au même moment ou il me visa directement. “Il t’a fallu combien de temps Isobel ?” Non, ne fait pas ça… “Un mois ? Ton fils à 18 ans.” Ma mâchoire se serra automatiquement et mes poings se serraient contre mes côtes : “Tu peux essayer de me faire croire ce que tu veux, mais ne me prends pas pour un con.” SPLAF! la baffe était partie et ma respiration s’accelérra sous l’effet d’une rage qui ne m’était pas inconnue. J’avais juste l’impression d’avoir exécuté un marathon. Aussitôt ma main se posa sur mes lèvres qui tremblaient sous l’adrénaline, je pouvais sentir mes yeux s’embuer et me brûler : “Tu n’as pas changé, toi non plus.” Ma respiration était forte, ma poitrine montait et descendait à une vitesse anormale, dû aux battements vigoureux de mon coeur : “Tu crois que je n’ai pas fait le rapprochement entre le lieutenant de MON fils et toi ?” J’évitais de lui parler du deuil qu’il devait vivre et encaisser depuis le mois de Juin, je ne me sentais pas à place de lui en parler, ou en tout cas pas encore.. “T’avais son dossier sous les yeux depuis un an. ça fait 48H que tu as eu une illumination concernant son affiliation et même en ayant compris que c’était mon fils, tu n’as pas réfléchis une seule seconde.” Je m’arrêtais, je refusais de pleurer alors je ravalais mes larmes et la boule qui naissait dans ma gorge : “Sawyer est né le 13 Septembre 2001 d’accord ?! Est-ce que dans ta fichue école de pompier on ne t’apprend pas la réactivité ? Ou ne serait-ce qu’une petite base en mathématique. Je te rappelle qu’il faut neuf fois de gestation, je ne suis pas une souris mais bien un être humain. Je te laisse faire le calcul tout seul. ” lui rappelais-je alors que mes paroles dépassaient mon raisonnement : “Et soit dit en passant, ça m’étonnerait que tu t’es laissé te morfondre pendant dix ans sans te faire plaisir de temps en temps. ça par contre, tu ne me le feras pas avaler.” Contre toute attente, je l’accusais avec mon index avant de faire volte face et de rejoindre le bar. Abattue, réalisant ce que je venais de faire et le cauchemar que je venais de mettre en route, je me laissais accouder au bar, la tête dans mes bras attendant le verdict. En ce qui la concernait, elle n'avait pas touché son mari les deux premières années de leur mariage.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
Les années sont passées, il est loin le temps où je formais un couple avec Isobel et le temps à eu de l’emprise sur nous, à en traduire par le poivre et sel qui est aujourd’hui la couleur de mes cheveux. Mais une chose n’a pas changé, autre que l’art que l’on a de toujours savoir se disputer tous les deux, c’est le sarcasme dont elle sait faire preuve. En d’autre situation, l’entendre évoquer de potentiel signaux de fumée aurait pu me faire sourire, peut-être même rire, mais aujourd’hui, ce soir tout est différent. Ma mâchoire est crispée, reflétant cette colère que ce moment est en train de provoquer. Ce reproche n’est que la face cachée de l’iceberg, le problème est bien plus profond, il ne concerne pas ce départ et mon silence, alors qu’on était que de simple adolescent. Cette conversation, on a su l’avoir à plusieurs reprises, sans jamais réussir à tomber d’accord tous les deux, mais jamais ça ne nous à empêcher de croire en notre amour, jamais jusqu’à cette soirée, cet accident et ses parents. Non. Ce soir je ne plaisante pas, je suis tout ce qu’il y a de plus sérieux, les traits de mon visage le montrent, le son de ma voix le faire comprendre, mes gestes ne sont que le fruit de ma colère, mon regard sombre, c’est tous les regrets de mon passé, de notre passé. « Chacun de mes choix, chacune de mes décisions, je les ai toujours assumé, peu importe ce qu’elles ont pu me coûter. » A en faire la liste de tout ce que j’ai pu perdre, je peux commencer directement par ma mère, celle que j’ai tant aimé petit garçon et que je sais tant haïr depuis l’adolescence. Mon père, à qui j’ai mené une vie d’enfer en lui reprochant les malheures de notre famille, le pire dans tout ça, c’est que même si j’ai conscience qu’il n’y est pour rien, je n’arrive pas à lui pardonner. A côté, rien n’est comparable à la souffrance que j’ai pu ressentir, de m'être retrouvé conscient ce soir là, de sentir cette douleur aussi vive à mon épaule, mais ne pas être aussi forte que de la voir inconsciente, uniquement parce que je n’ai pas été aussi prudent que j’aurais dû l’être. Et puis ce choix, celui de demander à ma femme de m’accompagner dans cette maison rongé par les flammes, un brasier géant, qui n’était pas son premier, pompier au même titre que moi. Cette décision lui a coûté la vie, il y a huit mois, alors que je la connaissais, que je savais comment elle était, j’ai quand même pris ce risque. Tous ces choix je les assume, quoi qu’ils m’en coûtent, bien trop souvent aux détriments d’autre personne, le dernier en date, c’est ce petit garçon de dix ans, que j’ai adopté certe, mais qui est mon fils, qui a perdu sa mère. Je ne suis pas en mesure de retirer cette alliance qui orne mon doigt, elle est le symbole de notre histoire, de celle que j’ai mis dix ans à enfin pouvoir accepter. C’est ça qui me fait mal, de mettre refusé pendant autant de temps le droit de refaire ma vie et de réaliser, qu’il a fallu bien moins de temps pour Isobel. L’effet est immédiat, en moins de temps qu’il me faut pour le comprendre, sa main a rencontré ma joue, cette baffe a eu l’effet de laisser mon visage suivre le mouvement, de fermer les yeux. Je sais que je l’ai mérité, autant que je ne l’ai pas mérité. Ce geste ne fait qu'attiser un peu plus cette boule de colère qui grandit au fond de moi, qui continue de crisper la totalité de mes muscles. Je n’ai qu’une envie, la laisser s’échapper et continuer de blesser par des mots, reprendre la parole, oublier l’homme avare en conversation. Ce qui me retient, c’est de la voir, la main devant sa bouche, ses larmes commençant à se brouiller. Elle a raison, je n’ai pas changé, je suis toujours le même, avec un vécu plus important, également la même chose qu’elle. Mais ce que je retiens, ce n’est pas cette baffe, c’est ce qu’elle est en train de me dire. Je n’arrive pas à comprendre où elle veut en venir, en même temps que j’ai peur de comprendre. Mon coeur réagit immédiatement, il tambourine contre mon torse, j’ai peur, le mot est tellement faible. Me retrouver piéger par des flammes à côté, ce n’est qu’une phase d’amusement. « Qu’est-ce que .. » Je ne vais pas au bout de ma question. Non, non ce n’est pas possible. Pourquoi maintenant, pourquoi ce soir. Pourquoi je n’y ai pas pensé avant. Neuf mois, c’est le temps d’une grossesse, la naissance de Sawyer ne colle pas après la date de mon départ. « Non .. » J’ai ce garçon sous les yeux depuis un an, il est sous mon commandement depuis douze mois, je ne peux pas n’avoir rien vu, ce n’est pas possible. Je me laisse faire un pas en arrière, celui qui m’est bénéfique, comme s’il me permet de me rattraper d’une potentielle chute. Ma bouche est entrouverte et je me retrouve assommé par cette nouvelle. Tout ce qu’il y a autour de moi, plus rien n’existe, c’est comme si je me retrouve seul face à cette réalité. Mon regard n’est plus sur Isobel, il est perdu, dans le vide. Je l’entend me parler, mais je ne comprend pas ce qu’elle me dit, je suis bien trop loin de la réalité pour faire attention. « Est-ce que tes parents le savaient ? » Après le coup de massu, je reprend contenance, ma colère avec, grandissant, revivant le passé, les mots accusateurs des parents Matteï, je n’ai rien oublié, ce soir tout me revient bien trop clairement en mémoire. Je n’ai pas de réponse. Mon regard revient vers elle, Isobel qui se trouve à son comptoir. « REPONDS ! EST-CE QUE TES PARENTS ÉTAIENT AU COURANT ? » Le ton n’est pas seulement monté, je suis en train de m’énerver, je suis en train de gueuler, la voix remplis de colère autant que mon poing que je suis en train de serrer. Ai-je réellement besoin de réponse ? Bien sûr qu’ils étaient au courant de ce détail quand ils sont venus me confronter. Les doigts crispés, le poing serré, aussi dur que la pierre, je ne peux pas évacuer ma colère sur eux, ils ne sont pas présents ce soir, mais je le fais sur ces verres, ceux qui sont encores sur le plateau, présent sur la table à côté de moi. L’un explose au contact de ma main, le second, se brise en mille morceaux sur le sol. Ma respiration est aussi forte que la colère que je ressens, que cette nouvelle que je viens d’apprendre, que mes émotions prennent le contrôle, que ces quelques larmes qui montent jusqu’à mes yeux. « Sawyer est mon fils. Ils n’avaient pas le droit. » Non, ils ne l’avaient pas, mais ils se le sont accordés. Etrangement, cette colère que j’ai contre eux, je ne m’y attarde pas, je repense à ce garçon, à celui qui porte mon sang et toutes ses histoires que j’ai pu entendre, mon regard remonte immédiatement sur Isobel, si je ne cris pas autant que précédemment, ma voix reste forte, énervé. « Tu l’as laissé faire. » C’est accusateur que je me retrouve, envers la propriétaire des lieux. « Tu l’as laissé croire que c’est lui son père ! Tu l’as laissé l’appeler papa ! Tu n’avais pas le droit de faire ça ! » Et moi je suis un con, je suis passé la voir à l’hôpital, avant de partir de Montréal, même si elle l’ignore, je suis resté assis à côté du lit sur lequel elle était allongée, à lui tenir la main, l’espoir présent qu’elle se réveille. Jamais je n’ai compris que ce n’était pas seulement pour sa vie qu’elle était en train de se battre, je ne sais pas si les choses auraient été différentes, si apprendre cette nouvelle avant de partir m'aurait permis de rester. Avec des si, on peut refaire une histoire, mais j’étais en droit de le savoir, parce que je ne peux pas m’empêcher de me le dire. Si j’avais été au courant, tout aurait pu être autrement..
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
C’était dit, maintenant, il n’y avait plus aucun retour en arrière pour la trentenaire qui n’avait pas du tout prévu d’avouer une chose pareille au concerné. Pendant dix-huit, l’allusion avait été parfaite. Le petit avait, de lui-même, proclamé Dan comme étant son père. Forcément, un petit garçon avait besoin d’une figure paternel et c’était bien évidemment la décision et l’acceptation de mon fils qui avait orienté ma décision. Alors j’avais terminé par accepter le projet de mon père par rapport à son subordonné. J’étais perdue à l’époque, j’étais littéralement paumée, j’avais encore mes études à terminer, un être évolué à quatre pattes et un homme était prêt à m’accepter telle que j’étais. Je m’éloignais, pas très loin non plus mais je m’éloignais. Je connaissais Kyllian, je l’avais vu évoluer et grandir, je savais que cette déclaration n’allait pas être sans conséquence, autant dans ma vie que dans la sienne. Or, j’avais eu dix-huit ans pour m’y faire, lui apprenait brutalement l’existence d’un fils. “Qu’est-ce que…” Forcément, il lui fallait un petit moment pour que l’information trouve son chemin. De mon côté, je m’étais imaginée face à Kyllian durant les dix premières années de mon fils. J’avais imaginé tout un tas de scénario du moment où il allait falloir le lui dire. Passer les dix années de vie, j’avais fini par abandonner l’idée de revoir mon premier amour. J’avais tellement abandonné que ma vie changea de tout au tout, laissant à Dan, l’opportunité d’entrer dans la mienne. C’était plus au sens figuré qu’au sens imagé parce que j’étais déjà mariée avec lui depuis quelques années à l’époque. Ma promesse était arrivée en lui donnant un enfant, une fille, Louna : “Non…” Il murmurait mais j’entendais ce qu’il disait. Sans musique, sans bruit parasite, je ne pouvais pas ignorer le fil de sa réflexion. “Est-ce que tes parents le savaient ?” Je me redressais tout en serrant les bras sur ma poitrine, mes yeux vrillaient des deux côtés mais mon visage ne bougeait pas, mes lèvres remuant, impossible de faire quoique ce soit. « REPONDS ! EST-CE QUE TES PARENTS ÉTAIENT AU COURANT ? » Le poids de sa voix me fme ratatatiner sur mon siège. J’acquiesçais seulement en guise de réponse, ma gorge déchirait par un sanglot menaçant d’exploser. Ma réponse muette avait eu raison de sa colère, cette rage accumulée aussi rapidement. Lorsque j’entendis un bruit de verre s’écraser au sol, je descendis de ma chaise pour me retrouver face à un homme dévasté. Je clignais des paupières : “Sawyer est mon fils. Ils n’avaient pas le droit.” Mes yeux tombèrent sur sa main en sang et aux larmes qui menaçaient de tomber sur ses joues. Je n’y avais pas été de main morte et je m’en voulais terriblement de lui avoir avoué l’existence de Sawyer de cette manière. Je m’approchais de lui après avoir récupérer un torchon propre de derrière le bar. Je connaissais l’emplacement de chaque chose, je trouvais ce que je voulais les yeux fermés. Evitant les débris, je m’approchais mais sa colère s’orienta sur moi : “Tu l’as laissé faire.” “Je…” Des gouttelettes de sang tombaient sur le sol : “Kyllian, attends..” Je m’inquiétais mais il s’entêta ce que je pouvais comprendre : “Tu l’as laissé croire que c’est lui son père ! Tu l’as laissé l’appeler papa ! Tu n’avais pas le droit de faire ça !” J’encaissais cette erreur comme une gifle et je déglutis douloureusement mais avais-je vraiment eu le choix ? Je baissais les yeux, je n’arrivais plus à assumer le poids de sa colère mais encore pire, de sa tristesse. Plongés dans ses songes, je réduisais l’écart qu’il y avait entre nous et attrapa sa main. Rapidement, je cherchais la trace d’un débris mais le sang m’empêcher de voir quoique ce soit : “Je…” Je posais délicatement le torchon et me sentit tellement conne à ce moment précis : “Je voulais te l’annoncer après la soirée. J’étais tellement contente, j’avais tout orchestrée.” m’expliquais-je en retirant le torchon pour y regarder de plus prêt : “C’était jusqu’à ce que je te vois avec cette nana.. J’ai vu rouge. Alors j’ai voulu rentrer plus tôt et on s’est disputé sur la route.” me rappelais-je et je le tirais jusqu’à l’arrière du bar, le menant jusqu’à un lavabo, sans lui indiquer quoique ce soit d’ailleurs : “Quand je me suis réveillée ce jour-là, j’ai fait le numéro de chez toi et je…” L’eau ruisselait sur sa peau retirant tout trace de sang, la coupure se voyait, elle n'étais pas très nette, les éclats de verre avait fait une jolie constellation et ça saignait toujours : “Ton père m’a annoncé ton départ. Après ça, j’ai attendu une lettre, un coup de téléphone, un petit quelque chose de toi. Mais rien. Je t'en voulais tellement...” Je soupirais en me tournant dans un placard à ma hauteur pour en retirer une boîte à pharmacie. J’étais plongée dans mon récit : “Je… J’étais paumée. Ton père qui m’avait dit que tu étais parti, mes parents qui me forçaient à trouver une solution pour tout et le bébé qui... “ Je déglutissais, encore : “Kyllian, si j'ai épousé Dan, ce n'est pas parce que je l'aimais, je ne le connaissais que de vu. Quand il m'a fait sa demande, j'ai dabord refusé. Je portais Ton enfant et puis mes parents m'ont fait des menaces, qu'ils me couperaient les vivres si je ne les écoutais pas et avec un enfant sur les bras... Bref, Dan a été très respectueux et même marié, on n'a pas dormi dans la même chambre pendant plus de deux ans. Il avait accepté de prendre soin de Sawyer, et de le considérer comme étant son fils, quand même.. Quand Sawyer l'a appelé "papa" je l'ai très mal vécu mais je devais penser à lui aussi. Alors j'ai appris à aimer un autre homme.” Perdue dans ce que je faisais, je lui racontais tout, sans oublier le moindre détail. Je commençais à bander sa main, je savais qu’il allait y avoir besoin d’une radio mais en attendant, il fallait arrêter l'hémorragie et je n’avais pas besoin d’être pompier pour savoir ça. Toujours est-il qu'il y avait meilleur temps pour vanter les mérites de cet homme qui avait accepté et avait respecté d'attendre que je sois prête. "J'étais en colère, je t'en voulais de m'avoir à nouveau abandonner sans explication..."
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
La colère est bien trop importante, bien trop présent en moi pour que je suis puisse sentir la moindre douleur, je n’ai même pas remarqué cette coupure que je me suis faite en frappant les verres, je ne sens pas le sang qui coule sur ma peau pour s’écraser au sol. Je ne suis plus en mesure de réfléchir correctement, je ne sais pas vers qui ma haine est tourné, les parents d’Isobel bien sûr, mais vers elle aussi, beaucoup trop de choses sont en train de m’échapper ce soir et je ne peux rien y faire. Je réalise que ce gamin que j’ai sous mes ordres est mon fils, qu’il a dix-huit ans et que je ne peux pas rattraper le temps perdu, je ne peux pas revenir en arrière, toute son enfance et son adolescence, je l’ai loupé, un autre à prit ma place. Le pire, c’est de réaliser que lui, il ne me voit comme le lieutenant que je suis, celui qui lui apprend le métier de pompier, ce métier qu’il souhaite faire. Mon sang coule dans ses veines, mais cette passion il l’a prise de moi, sans même me connaître. Après la crise de nerf, place à nouveau à cette sensation d’être assommé, réalisant tout ce qui est en train de se passer, jamais je n’aurais dû venir ici ce soir. Je sens la main d’Isobel prendre la mienne, je sens le torchon se poser dessus, mais je ne ressens pas encore la douleur, mon regard perdu et masqué par les larmes revient sur elle. Dans un match de boxe, c’est ce que l’on appelle un KO, je me contente de l’écouter, de me laisser faire, même si une part de moi est encore capable de réagir. « Tu le savais. » A mi chemin entre murmure et une voix normale. Tout aurait pu être différent, si cette soirée avec été différente, Isobel savait qu’elle était enceinte, mais il avait suffit d’un détail, de cette fille, celle avec qui j’avais parlé, pour que tout tourne au cauchemar, nous amène à cet accident. Le contact de l’eau sur ma main, me ramène à la réalité, je réalise que je me trouve à un autre endroit du bar, l’eau sur la coupure, je ne peux masquer une grimace, une légère plainte que je ne contrôle pas, ma main que je recule de moitié, comme pour éviter ces sensations que je suis en train de ressentir. « A Sherbrooke. J’étais à Sherbrooke. » Ce mystère, jamais je ne l’ai levé, je n’ai jamais dit à personne où je me suis rendu pendant trois avant, avant de revenir à Montréal, pas même à mes deux frères, Isobel est la première à le savoir. Mon regard se perd sur ma main, sur le bandage qu’elle est en train de me faire, sur mes doigts que je crispe sans même m’en rendre compte. Ses parents étaient au courant, ce n’est plus une nouvelle, quand j’ai parlé avec eux, ils ont caché la vérité, cette vérité qui une fois encore aurait pu tout changer. Et puis sa question. Dans un automatisme, mon regard remonta au sien, réalisant qu’elle ignorait la discussion que j’ai pu avoir avec ses parents ou plutôt de ce qu’ils ont eu à me dire, en même temps, on ne peut pas être lâche et assumer en même temps. « Hmm .. » Aucun mot ne me vient, je n’ai pas de réponse à lui donner, puis cette sonnerie, celle de mon portable. Si ma main droite est en train d’être soigné, la gauche est disponible, c’est avec elle que je viens attraper l’appareil. « Je dois répondre. Allo. » C’est le nom de mon fils qui s’est affiché sur l’écran, je lui ai dit ne pas être long et pourtant je m’éternise. Avant de lui répondre, je me suis laisser aller à une grande inspiration, calmant mes nerfs, ravalant mes larmes. « Non. Ne t’inquiètes pas. Je suis .. » Avec la femme que j’ai aimé avant ta mère. Non, je ne peux définitivement pas lui dire ça, en même temps que mon regard croise une nouvelle fois celui d’Isobel. « J’ai quelque chose à régler pour la brigade, je rentre juste après. » Je n’aime pas mentir à Nael, mais je ne vois pas comment je peux lui dire la vérité, j’ai déjà du mal à l’encaisser, comment pouvait-il le faire. « Moi aussi. » Autant naturel que sa mère l’était, c’est à son je t’aime que je viens de répondre le plus naturellement du monde, alors que je viens de lui mentir. Et voilà, cette conversation est achevé, je viens de raccrocher et je tiens encore mon portable dans ma main, mon regard ne quitte pas Isobel. « Je t’ai vu à l’hôpital, je suis venu te voir. » C’est le moment de me demander, de savoir si c’est vraiment une bonne idée que toute la vérité sorte après autant d’année. « Peu importe ce qu’il s’est passé, ça ne changera rien, le mal est fait. Tu pourras dire à tes parents pour moi, qu’il vaut mieux pour eux que je ne les croise pas, sinon ils découvriront de quoi un minable qui n’assume rien est capable. » Je n’ai aucune envie de les croiser à nouveau, plus je suis loin d’eux et mieux je me porte, mais j’ai bien réussi à me retrouver à nouveau sur le même chemin qu’Isobel, l’avenir je l’ignore, je ne peux dire ne plus jamais les revoir. « Finalement, ils ont réussi ce qu’ils voulaient. On s’est séparé, tu es avec un autre et en prime. » Dois-je vraiment aller au bout de ma pensée ? « En prime, ils m’ont même pris mon fils. » Je peux me poser la question, mais les mots sortent tout seul, je ne peux pas les contrôler. Je suis en colère contre ses parents, mais ce soir ils ne sont pas là, c’est elle qui subit ma colère, qui entendu une voix qui ne se radouci pas, un regard qui reste sombre, bien que encore secoué par cette nouvelle, par ce qu’ils auront réussi à faire et à me prendre.
nightgaunt
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Re: You are my past and you come back in my present ♦ Isyllian
Je payais attention aux détails qui m’étaient encore complètement obscure et auxquels je ne m’y étais pas penchée. C’était compliqué à l’époque, j’avais tellement de chose à penser et la nouvelle fuite de Kyllian m’avait plongé dans un brouillard sans nom. Oui, j’étais au courant pour ma grossesse, je voulais lui en faire part à la fin de cette fichue soirée à laquelle nous y avions eu notre énième dispute. A croire qu’il nous était impossible de passer un petit mois sans se friter a gueule. Je prenais soin de la coupure de ce dernier alors que ma langue commençait à se délier. Pour la première en dix-huit ans, je pouvais enfin exprimer ce que j’avais pu ressentir à ce moment précis. Sur le coup, je m’avouais vaincu car cela me faisait un bien fou. J’avais l’impression qu’on me libérait d’un poids, c’était nouveau puisque je m’y étais habituée à porter ce poids sur mes frêles épaules. Kyllian était dévasté, je pouvais me voir en lui comme j’avais pu être à l’époque, à quelques différences prêt. Mon coeur battait encore douloureusement mais pour un autre raison et il m’était difficile d’accuser le coup, une seconde fois. Oui, Kyllian et moi avaient un fils en commun dont il n’était pas du tout au courant. “Et bien ..” Il ne savait pas quoi répondre, voulait-il m’épargner encore ? Peut-être allait-il falloir que je lui dise d’arrêter de faire les choses comme il l’entendait. Je ne voulais plus qu’il m’épargne, je voulais qu’il me confronte au lieu de me fuir. Le résultat serait à coup sûr complètement différent. “ Je dois répondre. Allo.” Un peu comme si le hasard faisait bien les choses, son téléphone sonna dans sa poche et de sa main libre, il répondit. A ses mots, j’acquiesçais, discrète. Il n’était plus question de demander des comptes mais soudain, j’eus envie d’en apprendre davantage sur lui et il aurait paru vraiment suspect que je questionne mon fils. Or, de ce coup de fil qui prit rapidement fin, je déchirais un morceau de sparadrap pour que le bandage tienne. Je rangeais le matériel et me lavais les mains quand j’entendis : “Je t’ai vu à l’hôpital, je suis venu te voir.” Après avoir coupé l’eau, je me tournais vers lui. Impossible de cacher les larmes qui bordaient dangereusement mon regard, je le sentais parce que ça brûlait. Je m’essuyais les mains sur mon tablier et mon regard tournait tout autour de lui, gardant pour objectif de ne pas pleurer. “Peu importe ce qu’il s’est passé, ça ne changera rien, le mal est fait. Tu pourras dire à tes parents pour moi, qu’il vaut mieux pour eux que je ne les croise pas, sinon ils découvriront de quoi un minable qui n’assume rien est capable.” Je déglutis difficilement et à l’ultime clignement de paupière, une larme s’échappa, glissant sur ma joue. Je refusais de l’admettre mais j’avais été tellement en colère contre lui que j’avais fini par croire à toutes les paroles insultantes de mes parents à son encontre alors j’acquiesçais à nouveau. “Finalement, ils ont réussi ce qu’ils voulaient.” Surprise, mon regard trouva le sien et je compris ce qu’il voulait dire par là. Tout ce qu’ils voulaient, depuis le début, c’était nous séparer alors qu’à notre toute première rencontre en petite section, ils nous proclamaient comme étant un couple né. “On s’est séparé, tu es avec autre et en prime.” Je fis un pas vers lui, pour la première depuis nos retrouvailles. Alors que j’avais blâmé le départ lâche de l’homme dont je portais l’enfant, aujourd’hui, je ne pouvais que m’en prendre qu’à moi-même. Je n’avais pas vu le dessin de mes parents concernant le mariage “parfait” alors qu’au fond, il était loin de l’être. “En prime, ils m’ont même pris mon fils.” “Kyllian..” Ma bouche était pâteuse et cet appel était plaintif. Tout se mélangeait dans ma tête et il n’y avait rien qui pouvait rattraper ces dix-huit années de perdue. Cela dit, je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il était en parti fautif. Il aurait dû m’attendre, il aurait dû attendre que je me réveille, de ce fait, j’étais certaine que les choses auraient tourné autrement : “Je ne sais pas quoi te dire…” J’avalais, j’essayais d’avaler la boule qui résidait dans ma gorge. Je ne savais pas quoi dire, je n’étais au courant de rien et j’avais été complètement aveugle. Je m'étais laissée envahir par la peur d'élever cet enfant que j'avais décidé de garder quand bien même il m'avait de nouveau quitter. Sawyer était devenu la seule preuve de mon amour pour lui et il m'était impossible de le supprimer de ma vie : “Pourquoi es-tu partis…? Pourquoi m'as-tu abandonné, Kyllian ?” Je prenais soin d’éviter sa main blessée, ma voix n’était plus aussi dur et froide qu’au début, j’étais perdue : “Pourquoi ne m’as-tu pas envoyé un signe de toi ? Quelque chose, j’aurai tout fait pour toi, j’aurais même quitter ma famille pour toi !” J’imaginais ce qu’aurait pu être notre avenir, avec ou sans mes parents, et je savais que notre vie aurait été complètement différente mais loin d’être sans saveur comme elle l’était maintenant : “J’aurais tout fait pour toi, je n’aurai pas hésité d’autant plus que je portais ton fils.” lâchais-je en venant me blottir dans ses bras. Braqué, je ne m’attendais pas à ce qu’il soit accueillant à ce geste inattendu mais j’en avais besoin. Tant pis pour le reste, je voulais sentir son odeur, sa nouvelle stature et tout le reste suivit. Contrairement à tout ce que je croyais depuis le début, tout était faux et voilà que maintenant, à 37 ans, je serrais tout contre moi l’homme que j’avais toujours aimé et que j’aimais toujours.
nightgaunt
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