it's time. (kat)

T'avais fait des pieds et des mains pour qu'elle décide au moins de t'écouter, malgré sa haine intersidérale qu'elle devait ressentir envers toi. Mais tu t'étais senti incapable d'la laisser partir et d'en rester là. Pendant six ans tu t'es interdit d'y penser, interdit d'réfléchir à ce que ça donnerait le jour où tu rentrerais. Mais voilà que l'autre soir, ça t'avait fait face, d'un coup. Et à ce moment-là t'as compris que c'était terminé la fuite, c'était le moment d'assumer. Mais tu t'es heurté à un mur ce soir-là mais, comment lui en vouloir ? Kat, cette femme que tu avais promis d'aimer jusqu'à la fin, celle a qui t'avais demandé sa main quelques mois à peine plus tôt, t'étais prêt à tout pour elle, absolument tout. Mais tu l'as abandonné, sans prévenir, sans nouvelles... alors qu'elle aurait été tellement capable d't'aider, d'te soutenir, d'te relever. Au lieu de ça, t'as préféré fuir, faire face seul au malheur qui touchait ta vie, la faisant souffrir elle, et beaucoup d'autres, au passage. T'as été égoïste, tu l'sais, pourquoi le nier. Mais t'as perdu ta moitié, ton avenir, tes projets, avoir un frère c'est une chose, avoir un frère jumeau c'est différent. T'as jamais été seul, y'avait toujours Jim partout où tu allais, c'était comme ça que ça fonctionnait entre vous, jamais séparés. Vous étiez invincible ensemble, vous le saviez. Et pourtant on te l'as enlevé, comme ça, sans prévenir, du jour au lendemain. On t'as retiré ta force, ton soutien, ton moral, ta béquille. Et t'as pas su comment l'gérer, t'as pas su comment faire face à ta vie sans lui, seul; alors t'as fuis.Est-ce qu'on doit vraiment t'en tenir compte ? T'hésites. D'un côté oui, bordel, t'as été lâche envers tes parents, ta sœur, ton ex-fiancée, tes amis qui t'ont jamais laissé sur la touche, t'as tout laissé derrière toi incapable d'assumer cette perte. Chacun réagit différemment à des événements, telle a été ta réaction, la fuite. Et pourtant, comment les autres auraient réagit à ta place ? Hein ? Ils ne savent pas, finalement, certains auraient fait mieux, c'est clair, mais d'autres auraient peut-être fait pire ? Personne ne sait à l'avance, personne.

Mais aujourd'hui, t'allais t'expliquer avec Kat. Elle avait finit par accepter d'te voir au café, certes après avoir joué un peu avec ses sentiments affectifs mais, t'avais pas inventé quoi que ce soit non plus. Vêtu d'un jeans, d'une chemise caché sous un manteau et une écharpe, tu arpente les rues de Montréal et zieute le quartier du plateau à la recherche du fameux café. Certes, ça fait six mois que tu es ici mais, tu n'as pas franchement eu le temps de tout visiter, le bar te prenant beaucoup de ton temps et tout ça malgré que ce soit apparemment dans ton quartier d'habitation. Mains dans les poches, tu fronces les sourcils et repère au loin l’emblème du café Olimpico et, de là ou tu es, tu reconnais la rousseur de ton ex-fiancée, assise à une table, café déjà prêt sur la table. T'arrives pas franchement à savoir si elle est énervée ou plutôt calme mais, de toute façon, tu sais très bien que ça va être compliqué mais, c'est toi qui l'as voulu. Tu pousses la porte du café, laissant une petite clochette retentir. « bonjour monsieur, bienvenue au café olimpico! » que tu entends venant d'une serveuse. Tu hoches simplement le visage en guise de réponse, les lèvres pincées tandis que tu as déjà repéré la table ou est installée Kat. Tu retires ton écharpe, la chaleur de la pièce te frappant de plein fouet, ou bien toi qui transpire déjà de la situation, tu sais pas trop finalement. « salut.. » Tu dis simplement, à l'égard de la jeune femme. Tu montres du doigt la banquette vide, afin de prévenir que tu comptes t'y installer et tu te rends compte que t'es complètement stupide. Merde Sam, t'es un homme bordel, soit fier. Mais fier de quoi ? D'l'avoir laissé ? Y'a pas de quoi être fier mon vieux, t'as bien raison d'te faire petit. Tu t'installes face à elle, fuyant un peu son regard, commandant rapidement un café à voix haute à la serveuse qui vient te demander, pour t'réchauffer. Ou t'détendre. Ou t'donner du courage. Ou peu importe, t'as besoin d'un café.  

C'est le jour J. Le jour où tu vas le revoir. Tu sais pas si t'es prête Kat. Tu sais pas si t'as réellement envie d'être confrontée à lui, après tout ce temps. Samedi soir, c'était la surprise, tu ne le savais pas. Mais aujourd'hui, c'est autre chose. C'est un autre sentiment qui t'accapare. C'est toi qui a pris la décision d'accepter. Toi qui lui a donné rendez-vous à ce café. Et rien que d'y penser, ça t'angoisses jolie rousse. Parce que tu n'peux pas faire marche arrière. Enfin si, tu pourrais. Mais à quoi bon ? T'as envie d'savoir, comme t'as envie qu'il reparte. Qu'il ne soit jamais revenu. Ce serait si simple. Tout redeviendrait normal. Sauf qu'il est là Kat. Samuel est de retour après 6 ans d'absences. Il t'est tombé dessus comme par magie, sans que personne ne soit prêt. Lui non plus ne l'était pas. Tu l'as bien vu à son regard, à son comportement. Tu l'as pris de court et il ne savait plus comment agir. En même temps, tu l'as certainement surpris à te jeter à son cou, pour le prendre dans tes bras. En y réfléchissant tu t'es trouvée stupide et naïve. Pourquoi t'as fais ça Kat ? Il ne le mérite pas. Pas après tout ce qu'il t'a fait endurer. Pas après son départ si violent qui t'a laissé un trou béant dans la poitrine. Parce qu'à cause de lui, tu continues de ramper. A cause de lui, t'as disparu Kat. Celle qui était rayonnante s'est brisée. T'as jamais réellement réussi à redevenir toi même. Trop déçue, trop écoeurée. Un acte égoïste à tes yeux. Pourtant, tu viens de lui laisser une seconde chance. Ironique non ?

15h00. T'aurais pu arriver en retard. Lui faire le coup d'hésiter, qu'il pense que tu n'viendra jamais. Mais non. Bizarrement tu t'es empressée de te préparer. Bizarrement, t'as même fait attention à tes habits, ton minois déjà bien cerné. Peut être qu'insconciemment, tu voulais qu'il voit, qu'il se rappelle ce qu'il a perdu. Ce qu'il est en train de rater. C'est certainement un coup bas mais au point où tu en es, tu t'en fiches. Pourquoi aurait-il le droit de te blesser pendant que toi, jolie poupée, tu restes sans rien faire ? Alors, c'est avec délicatesse que tu t'es installée sur une table, à l'intérieur du café. C'est avec sourire et gentilesse que t'as commandé un irish coffee. Depuis le nouvel an chinois, t'en es devenue accro. Et tu vas en avoir besoin, Kat. C'est psychologique. D'savoir que t'as un peu d'alcool sous la main. Savoir que ça va peut être te détendre. Parce qu'il arrive Kat. T'entends la cloche de la porte d'entrée sonner et tu le vois. Là, à te regarder sans réellement faire attention à la serveuse. Tu le vois s'approcher de ta table. Et toi, pauvre idiote, t'as le palpitant qui s'accélère. T'as les mains qui deviennent tout à coup moites. T'es bien heureuse d'être assise, sinon, tu serais tombée. Littéralement et sans retenu. Tu t'sens bizarre jolie rousse. T'arrives pas à l'expliquer et ça commence serieusement à te gonfler. Trop de questions sans réponses. Mais peut être qu'enfin, aujourd'hui, tu vas pouvoir en railler certaines. « Salut. » que tu réponds sans grande conviction. T'as déjà détourné les yeux. Tu n'peux pas continuer à le regarder. C'est trop difficile. En plus, tu l'as remarqué, il a sorti une chemise. Merde, qu'est que t'aimais le voir habiller ainsi. Alors tu fixes ta boisson, les mains encerclant le verre. Si t'avais assez de force, t'en es sur, il exploserait en milles morceaux. Et tu attends. Tu attends qu'il prenne son courage à deux mains. Qu'il parle pour qu'enfin ce silence pesant cesse.

Tu te sentais comme un gamin de quize ans qui devait faire face à ses conneries, et puis finalement c'est un peu le cas. Mais pour une fois, tu flanches pas. Ton regard reste droit dans le sien et c'est elle, qui fuit. Et ça t'fais mal, dans le fond. Ces yeux verts qui t'ont transpercé l'âme il y a des années, la première fois que vous vous êtes vus. Ce même regard qui te fixait le matin au réveil, avec un sourire aux coins des lèvres. Et puis ces mains, ses mains, qui t'ont fait vibrer des nuits entières et des journées entières même, soyons honnêtes. Tout en elle t'as transpercé, tu l'as aimais d'une telle façon, que tu ne te sens incapable d'aimer personne d'autres comme ça aujourd'hui. « et voilà le café. » lance la serveuse en posant la tasse devant toi, tu l'as remercie et attends impatiemment qu'elle s'en aille. A ton tour, tu attrapes la tasse entre tes mains afin de te réchauffer et tu soupires. Putain Sam, aller, parle, c'est maintenant, tu lui as demandé de venir, elle est là, t'attends quoi ? Elle a fait un pas vers toi, gâches pas tout. « c'est joli tes cheveux comme ça » T'es sérieux, Sam ?! T'as trouvé que ça à dire ?! Ses cheveux, tu les connais, c'est les mêmes bordel, les mêmes que quand t'es parti, mais tu joues à quoi ?!

Tu finis par te racler la gorge, préférant faire abstraction de ce que tu venais de dire, parce que c'était nul et inutile et que tu l'as pas fais venir pour la complimenter. « déjà, merci d'avoir accepté de m'écouter. euh, mh, je sais que te dire que j'suis désolé changera rien mais, j'y tiens. j'suis désolé, kat, d'être parti comme un voleur, sans un mot pour toi. tu l'méritais pas, t'as été géniale avec moi dès le départ, dans notre relation. » C'est bien pour ça que tu voulais l'épouser Kat, parce qu'elle était la femme dont tu avais besoin, celle qui vous réveille l'âme et qui vous rends meilleur. Mais à quoi bon le dire ? Tu t'enfoncerais plus qu'autre choses, alors arrête. « tu l'sais que j'ai toujours été nul pour dire ce que je ressens, que j'ai toujours préféré taire mon ressenti et ça même si toi, t'arrivais à savoir quand j'allais bien ou mal. » Tu t'arrêtes trois secondes, pour voir sa réaction, détaillant son visage de ton regard. « quand on m'a annoncé la m... pour jim, j'm suis renfermé et j'ai pas réfléchis. j'me suis senti vide, vide toutes émotions, vide d'esprit et j'ai agis de la sorte. j'ai pas voulu assumer la perte de mon frère, j'ai pas voulu l'accepter en fait et, j'suis parti. comme si être loin d'ici allait peut-être m'aider à accepter. » Tu t'arrêtes, parce que c'est déjà beaucoup pour toi. Parler de ton ressenti, parler de ton frère, parler de ce que tu as ressenti à l'annonce de son décès, cette boule au ventre qui revient et qui te défonce les entrailles. Tu appuies ton dos contre la banquette de ton siège, humidifiant tes lèvres à l'aide ta langue, séchées par le stress que tu ressens, par cette anxiété, par ce malaise à chaque fois que tu parles de ça. « écoutes, j'te demande pas de m'excuser parce que je sais que c'est impossible, c'est inexcusable, je suis inexcusable, j'en suis conscient. mais j'voulais que tu saches que... j'm'en veux énormément de t'avoir fait ça kat, j'ai toujours été sincère avec toi et, j'me le devais de l'être avec toi, maintenant. que tu saches que j'suis pas fier de ce que j'ai fais et... » Et voilà, ton coeur s'arrêtait, ta gorge se serrait, ta voix ne sortait plus. T'assumais, avoir tout foiré. Avoir tout perdu, en plus de ton frère. Là, maintenant, six ans et six mois après, dans ce café, face à ce qui aurait dû être ton avenir, tu te sentais seul et désemparé. Rien ne sortait plus de ta bouche, t'avais déjà trop déballé, t'avais déjà ouvert ton coeur. Là, maintenant, tu pouvais pas dire un mot de plus, c'était trop pour toi, pour cette pudeur qui fait parti de toi.

T'as pas prononcé grand chose Kat. T'as simplement répondu à son salut, pour être polie. Mais en soit, tu voulais rien dire. Qu'il comprenne à quel stade tu es. Parce qu'il est parti Kat. Bordel, il t'a abandonné. Et toi t'es là, assise devant lui, à attendre ses explications comme si c'était le Saint Graal ! T'es ridicule Miller. Ca va t'changer quoi au final ? Répondre à tes questions ? Ouais surement. Mais après 6 ans, la douleur a eu le temps de s'installer, de te détruire, de te ronger. Ca va rien effacer. Au contraire. Tu vas revivre la scène, encore et encore, comme si tout était arrivé hier. D'ailleurs, c'est pas pour rien que tu dévies le regard. Tu peux pas Kat. Tu peux simplement pas le regarder. C'est trop dur, trop douloureux. Comme si ta cicatrice, le trou béant qu'il avait créé venait de s'ouvrir à nouveau. « c'est joli tes cheveux comme ça » ses paroles qui viennent cogner contre ton cerveau. T'as stoppé tous mouvements, n'étant pas sur de ce qu'il vient de dire. Pourtant c'est bien ça. Tes cheveux. T'as la mâchoire qui se contracte, les souvenirs qui t'foncent dessus comme des flashbacks. Tes cheveux. Cette crinière de feu. Il les adorait, oh ça oui. « Sam stp. »c'est tout c'que tu balances. Pour lui faire comprendre de se taire si c'est pour agir ainsi. T'en as pas besoin. Pas de lui.

Il doit certainement comprendre, parce qu'en une fraction de seconde, sa bouche extrait des mots. Sa voix se fait entendre. Et toi, t'as les oreilles pendues à ce qu'il dit. Tu ne rates rien. T'écoutes, sagement, docilement. Parfois, t'as des rictus qui t'échappent. Parfois, tu oses déposer tes yeux verts sur lui. D'autres, tu fixes ton Irish Coffee. Tu sais à quel point cette étape est difficile pour lui. Sam il n'a jamais été du genre à se confier. A parler ouvertement dès qu'il en avait l'occasion. Non, tu devais creuser Kat. Le pousser pour le faire. Parce qu'il gardait tout en lui ne voulant pas embêter son monde, comme il disait. Ne désirant pas ajouter des problèmes aux autres. Il est pudique Sam, et cette facette de lui t'a plu. Tu n'sais pas pourquoi. Sauf qu'aujourd'hui, t'es surprise. Peut être qu'il veut vraiment se racheter. Peut être qu'il veut vraiment s'excuser. Pourtant, t'as encore un poids sur ta poitrine. Elle est compressée et t'as l'myocarde qui s'bat, qui continue à s'exprimer. Mais Sam. Oh Sam, il s'arrête. Sa voix se coupe brutalement. Alors t'as ton regard qui s'pose délicatement sur lui. Tu le scrutes et tu réfléchis en même temps. « Si c'est juste être pardonné que tu veux Sam, alors ok, tu l'es. Content ? » que tu balances sans aucune émotion, sans aucune vibration dans la voix. Tu sais qu'il vient de s'ouvrir à toi, avec difficulté. Mais t'y arrives pas Kat. T'as encore du mal...trop de mal. « J'le méritais pas ? Fallait peut être y penser avant de te casser, de m'abandonner Sam. J'parle même pas que pour moi. Mais tout le monde. Tu m'as raconté que des conneries en faites. Des promesses bien trop belles et trop lourdes pour que tu les assumes..» T'essaies de souffler. De lâcher un soupire pour éviter d'le mettre plus bas que terre. Tu n'peux pas tout laisser sortir, impossible. « Si j'avais réellement été la femme de ta vie, tu n'serais pas parti. Les choses sont claires. Tu m'as bien eu, merci. » Tu détournes le minois Kat. Tu n'veux pas qu'il te voit ainsi, les larmes au bord des yeux, prête à faire le grand saut. T'avales ta salive mais elle reste coincée au milieu de ta trachée. Tu perds pieds jolie rousse. Encore à cause de lui.

« Si c'est juste être pardonné que tu veux Sam, alors ok, tu l'es. Content ? » te répondais Kat, ou plutôt te lançait la rousse. C'était jeté à la figure, lancé sans aucunes émotions, sans aucun regard de compassion. C'est froid, voilà, elle est froide. Comment lui en vouloir après tout ? Pourtant t'es déçu, malgré que tu saches qu'il fallait ne t'attendre à rien de plus, rien que le fait qu'elle soit là était suffisant, ou devait être suffisant en tout cas. Mais t'es déçu, tu l'sens au fond de toi, que t'es déçu. Elle sait que tu sais pas t'ouvrir, que c'que t'as fais là, c'est compliqué pour toi. Mais quoi, tu voulais qu'elle te lance des fleurs peut-être ? Qu'elle te félicite pour cet élan de sincérité ? Certainement pas, finalement t'as juste c'que tu mérites Sam, même si c'est dur à encaisser. Puis t'attends quoi d'elle, hein ? C'est terminé, t'as mis fin à tout ça en te barrant il y a six ans, c'est tout, assume. T'es venu là pour assumer, alors assume. Et ravale ta fierté, surtout, ravale là parce que t'as tort, en tout point. Pourtant, même être pardonné te suffit pas, ça te suffit pas parce que tu l'as connais, elle le pense pas, elle t'en veux encore, elle transpire la rancœur, ça se voit dans son regard. Son regard qui te toise et qui te fuit en même temps. Et toi t'es là, assis sur cette banquette, à faire face à tes conneries, la tasse de café fumante devant toi auquel t'as toujours pas touché. Tu te dis que ça va refroidir mais, franchement tu t'en fiches pas mal de comment est ton café, là, tout de suite.

Et ta mâchoire se serre, tes phalanges rougissent sur tes mains. Elle te touche, elle tape ou ça fait mal, elle te lance un poignard en plein coeur. tu m'as raconté des conneries, des promesses bien trop belles et trop lourdes pour que tu les assumes, t'arrive en pleine gueule et te fait monter la colère. Comment pouvait-elle penser ça de toi ? Oui, t'avais merdé mais, avant tout ça, t'avais bien prouvé ton amour à plusieurs reprises, non ? Pendant que toutes ses copines se faisaient tromper par leur copain, sois disant en mission qui finalement ne l'était pas, parce que toi tu le savais t'étais dans la confiance, t'as jamais rien caché à Kat et toi, tu lui as toujours été fidèle. C'est pas une preuve d'amour pour elle, ça ? « t'as pas le droit de dire ça, kat. avant ça, j'ai toujours été transparent avec toi, sur tout. moi quand j'étais en mission, j'étais vraiment en mission et j'avais qu'une seule hâte c'était rentrer et te retrouver contrairement à d'autres. » Et tu sais qu'elle comprendra à quoi tu fais allusion. Le ton de ta voix est rendu plus grave, plus sec, parce que t'es blessé, t'es vexé, ta fierté d'homme en a prit un coup. Tu ne supportes pas qu'on doute de toi ainsi, pas elle, pas Kat. « très bien, oui, j'suis d'accord, j'serais pas parti. mais j'tenais tellement à toi kat, que j'ai été incapable d'me montrer faible face à toi, incapable d'être d'te faire subir ce que j'allais devenir, une loque, un corps vide, une âme en détresse. alors désolé kat, oui, vraiment, désolé d'avoir voulu rester seul dans mon malheur et d'faire chier personne avec ça, désolé d'avoir osé penser que ma future femme méritait tellement mieux qu'un fantôme à la maison. » Tu jetais, sévèrement, ton poing qui tapait sur la table sans même que tu puisses le retenir. Tu finis par soupirer et par te frotter le visage, déjà épuisé de cette confrontation. Elle est têtue, aussi têtue que toi, t'es borné pire qu'un âne, et tu peux juste pas la laisser croire que t'as pas pensé une seule seconde à elle en faisant ça, que t'es juste parti sans rien penser. Bien sûr que tu y as pensé mais, est-ce un crime que de vouloir épargner à la femme qu'on aime de ce genre de situation ? Tu ne penses définitivement pas que cela en soit un.

T'es pas franchement aimable Kat mais peut-on t'en vouloir ? Non. Tu dénoues ta langue, tu lâches tes pensées. Celles que t'as gardé coincé pendant trop d'années. Celles que tu ne pouvais pas balancer à la personne concernée. Sauf qu'aujourd'hui tu peux. Et y a tout qui se chamboule. Tout qui se mélange. T'as répété cette scène des milliards de fois. Tu l'as imaginé, tu l'as rêvé. Pourtant, face à lui, t'es démunie. Tu n'sais plus ce que tu dois dire. Tu n'sais plus quelle intonation prendre. Alors tu comprends qu'il va y avoir un problème. Il faut que tu te reprennes Kat. Ne pas te laisser démonter. Montrer qu'il t'a brisé, blessé, détruite. C'est des paroles remplies de haine qui s'éjectent de ta bouche. En un claquement de secondes, tu vois les réactions de Sam. Tu vois qu'il n'apprécie pas. Tu vois qu'son coeur est en vrac. Tu le connais. Trop bien. Alors tu sais taper là où ça fait mal.

Et t'y vas Kat. Tu entres dans le tunnel de la douleur. Ca ne te plait pas forcément. Encore moins quand tu vois sa mâchoire se contracter. Encore moins quand tu t'aperçois de ses phalanges à la limite d'exploser. Tu sais que tu viens de faire mal. Tu sais qu'il est en train de tomber bien bas. Est-ce que tu te sens fière ? Pas vraiment. Est-ce que ça te fait du bien ? T'en sais rien. Pourtant, tu continues. Tu ne t'arrêtes pas. Tu vides Kat. Tu vides littéralement le contenu enfermé en toi pendant 6 ans. Et Sam. Pauvre Sam. Il se défend. Il tente de trouver les bons mots. Alors tu passes ta langue sur tes lèvres devenues tout à coup sèches. Tu l'écoutes, et dans un sens, ça t'fait rire. Que vous soyez là à vous justifier. A vous pourrir à la gueule. Parce qu'il enchaine Sam. Il ne s'arrête pas. Et sa révélation, ça te fout un coup en pleine poitrine. Tu la sens, la pointe qui te triture le coeur. Tu la sens venir entailler chaque parcelle de ton myocarde. Et son poing. Ce poing qui tape sans retenue sur la table. Ce bruit sourd qui te fait fixer sa main. Tu l'as touché Kat. En plein dans l'mil. Alors, t'en fais de même. Tu déposes tes mains bien à plat en prenant soin de taper. D'lui faire comprendre qu'il est pas le seul, là tout de suite, à ressentir cette furieuse colère. « Alors t'as préféré que j'le devienne moi, toute seule ? C'est bien. C'est d'un romantisme touchant presque la perfection. Félicitations Sam, t'as eu c'que tu voulais. Chacun séparé, souffrant comme deux cons. » Puis tu te lèves jolie rousse, toujours le regard pointé dans ses yeux. Tu ne le lâches pas. Parce que tu sais que tu vas balancer une bombe. Encore une. « Et ne t'en fais pas. Ton "méritait mieux" je l'ai eu. Depuis 4 ans. Rassuré ? » que tu prononces, en articulant bien chaque syllabe. T'es pas fière Kat. Putain c'que t'es pas fière.

Les poings serrés, la mâchoire serré, les yeux froncés, la colère se lisait très facilement sur ton visage et tu t'en cachais pas. Tu sais pas vraiment si t'as le droit d'être en colère, si t'es dans la position pour l'être mais c'est plus fort que toi. Evidemment qu'elle a le droit de t'en vouloir, c'est normal et c'est légitime après ce que tu as fais. Mais tout ce qu'elle te dit, tout ce qu'elle te renvoie dans la figure depuis le début de cette discussion, ou de se déferlement de reproches plutôt, tu le sens pas justifié. C'est fort, c'est puissant et c'est blessant. Mais montrer que t'es blessé, toi, tu sais pas faire ça. Tu détestes faire ça, alors tu préfères montrer ta colère, c'est suffisant et ça en montre déjà beaucoup trop sur ton état d'esprit. Puis elle pose ses mains à plat sur la table et elle tranche le froid glacial par des mots qui te fusille, qui te touche en plein coeur, qui se jette à ta tronche sans que tu puisses y faire quoi que ce soit. Parce qu'elle a entièrement raison, dans tout ce qu'elle te dit. Ta respiration se fait de plus en plus forte, t'as envie d'hurler mais tu t'es juré d'assumer. C'est la vérité, t'assumes Sam, c'est tout, c'est le jeu.

« j'ai pris une décision d'merde, je l'sais kat! et j'en suis désolé ! qu'est-ce que j'peux te dire de plus ?! » Tu balançais, levant tes yeux sur elle. Parce que c'est vrai, tu sais pas quoi dire de plus, tu peux pas mentir, tu peux plus te cacher. Mais maintenant t'es là, tu t'excuses, c'est déjà bien, non ? Alors oui, ça n'effacera jamais ce que tu as fais. Oui, c'est sûrement futile par rapport à ton acte mais, là, tout de suite, qu'est ce que tu pourrais faire de plus ? Pas grand chose mais, tu penses vraiment que montrer ta sincérité est sûrement la chose la mieux à faire maintenant. « j'voulais pas que tu souffres, putain ! c'était absolument tout le contraire de ce que je voulais je... j'voulais te préserver de moi, de ce connard que j'allais devenir ! j'voulais que tu vive heureuse et loin d'un mec qui passe ses nuits à crier après son frère en pensant pouvoir le sauver et qui s'réveille en comprenant que non, c'est trop tard, il est mort ! » tu balances, et ton ton ne cesse de monter, parce que tu te perds dans tes émotions, parce que tu sais plus quoi faire pour qu'elle comprenne que t'as jamais voulu qu'elle souffre et que justement, tu voulais, bêtement, la préserver. « tu sais très bien que j'voulais pas que tu souffres putain, tu m'connais quand même non ?! » tu siffles entre tes dents. Elle devrait savoir que t'as jamais eu le fond méchant, que t'as jamais été ce connard que tes gestes traduisent et que, malgré l'ampleur des dégâts, c'est purement et simplement la maladresse et la mauvaise gestion de tes émotions qui t'ont rendu ici, qui vous ont rendu ici. Et puis alors que t'allais rajouter quelque chose, elle te coupe la parole et finalement, t'as l'impression d'en perdre ta voix. Elle s'est levée après ta dernière phrase jeté un peu trop fort, et elle t'as giflé verbalement, littéralement. Elle t'as jeté son bonheur à la figure, celui que tu lui souhaitais. Mais tu le prends mal, très mal. Pourtant, tu t'en doutais, non ? Tu t'en doutais bien qu'elle allait pas t'attendre, qu'elle allait pas attendre après un fantôme, un fuyard. Mais tu te rends compte que t'étais peut-être pas tant prêt que ça à l'entendre. Ton visage devient blanc, tes poings se desserre, toi encore assis et elle debout, l'air sévère. Oui Kat, tu m'as touché en plein coeur. Oui Kat, t'as réussis à te venger, c'est bon, t'as tiré en plein dans le mil. Tu finis par hochais simplement le visage, aucune émotion sur le visage, enfin t'essayes. Puis tu te lèves, pinçant tes lèvres entre les tiennes, retirant quelques billets de ta poche que tu poses sur la table pour payer les cafés. « j'suis très heureux pour toi kat, si tu as trouvé le bonheur. vraiment. » tu dis, simplement. Fermé, tu ne lances même pas un regard à la rousse et tu finis par quitter le café, le pas lourd, la tête baissé, sans même te retourner. Ouais, la réalité t'as fracassé et finalement, t'étais pas prêt pour l'entendre.