let me explain (Isaac)

Depuis ses messages, tu ne penses qu'à ça Kat. Tu te demandes ce qu'il a vu, ce qu'il a pu lire. T'essaies de comprendre comment la situation a pu en arriver là. Oui, tu te tritures le cerveau à la recherche de réponse. Mais tu sais que t'en auras pas. Pas tant qu'la conversation entre vous deux ne sera pas faites. Alors t'essaies de garder ton calme. D'être patiente. Mais au fond, t'y arrives pas. Plusieurs fois tes collègues ont dû te sortir de tes pensées. Plusieurs fois tu as dû relire et relire les mêmes lignes de tes dossiers. T'es ailleurs Kat. Et ça t'énerves. Parce qu'en soit, t'as rien fait d'mal. Oh ça non. T'as simplement accepté d'revoir Sam pour qu'il s'explique. Pour qu'il te laisse tranquille une bonne fois pour toute. Parce que tu le connais, cet homme qui était censé devenir ton fiancé. Tu l'sais qu'il est têtu. Bien plus que toi. Alors t'as cédé. Peut être as-tu fait le mauvais choix, mais t'as pas cette impression là. Et tu comptes bien le faire comprendre à Isaac. Qu'il entende ta voix. Qu'il sache que tu y es allée sans arrière pensée, sans avoir une idée derrière la tête. Ou peut être que si, mais seulement qu'il te laisse. Comme il l'a si bien fais depuis 6 années.

Alors quand tu finis le boulot Kat, tu te prècipites pour rentrer chez toi. T'as gardé ce poids sur ta poitrine bien trop longtemps. Tu veux t'expliquer. Parler avec Isaac pour qu'il ne se fasse pas le moindre films. Tu n'pourrais pas le supporter. Mais tu te mets à sa place aussi. Tu n'aurais pas su comment réagir en lisant ce genre de messages. Oh oui, tu te serais certainement montée le cerveau toute seule, dans ton coin, attendant qu'il ne revienne. Stupide comme attitude, tu l'sais. Quand tu pousses la porte d'entrée de votre chez vous, t'as l'angoisse qui prend. Tu sens ta gorge se serrer. T'as pas envie de te disputer, pas encore. T'en as déjà trop sur les épaules depuis le retour de Sam. « Isaac ?! » que tu prononces d'une voix douce, pour savoir où il se trouve. L'heure de la confrontation a sonné. Et tu n'sais pas si t'es réellement prête à tout lui dévoiler.

J’ai ruminé les choses, j’ai tenté de garder mon calme et de, simplement, attendre que la tension soit redescendue. Je n’étais pas censé regarder dans son téléphone, mais quand le miens est tombé en rade de batterie, j’ai naturellement emprunté celui de Kat pour envoyer un sms…Sauf que voilà, un prénom a retenu mon attention, le demi message apparent également. Un rendez-vous dans un café…J’ai remonté la conversation alors qu’elle était sous la douche, j’ai lu les messages et j’ai compris qu’un fantôme est revenu dans sa vie, qu’un fantôme s’est incrusté dans notre couple. Ironie quand on sait que depuis plusieurs jours, le contact a été rompu avec Juliette suite à une grosse dispute via des messages enflammés. Samuel, l’ex fiancé de Kat. Si elle, elle a été mon premier amour, je ne suis pas le sien. Second dans cette histoire, je me retrouve pris au dépourvu, je me retrouve la rage au ventre. Le téléphone, je l’ai redéposé sur la table de chevet et je suis sorti, sans un mot, sans la prévenir. Je suis rentré au Luxore, j’ai bossé et j’ai dormi dans le canapé, chose pas spécialement exceptionnelle quand on connait notre situation. Puis, j’ai fermé ma gueule, deux jours, le temps que la pression descende. Bien sûr, j’ai été distant, très distant. Pas un sourire, pas une caresse plus intime. Je n’ai pas la tête à ça, pas après Juliette, pas après les messages de Kat. Mon monde part en cacahuète et je me connais, si je réagis, ce Samuel finira dans un fossé.

Néanmoins, après deux jours, j’ai enfin décidé de confronter ma petite amie face aux messages envoyés. Il ne faut pas me prendre pour un con, comme là si bien dit Juliette, un premier amour ne s’oublie pas et la blonde a creusé le doute dans ma tête face à Kat. Si Juliette tient encore à Logan son ex fiancé, Kat tient encore à Samuel son premier amour et son ex fiancé. L’air de rien, les deux ont pas mal en communs, elles retombent dans les filets de leurs anciens connards. Bref. Assis à la table de salon, ma sixième bière devant moi, l’ordinateur devant mes yeux, je cherche à en savoir davantage sur ce Samuel de malheur. Je l’attends, Kat et elle ne tarde pas à rentrer, ayant fini tôt apparemment, selon elle. Mon prénom résonne, je ne réponds pas de suite, fermant l’ordinateur avec lenteur. Au moins, ma petite amie sait ce qui l’attends, elle sait que moi je sais. Bon, je suis hypocrite, mais pour le coup, moi, j’ai effacé mes derniers messages avec Juliette, ça m’évite ce genre de situation. Quand la jeune femme apparaît devant mes yeux, je croise les bras contre la table, me penchant légèrement en avant. « Samuel ? Sérieusement ? Tu me prends pour un con Kat ? J’ai la tête d’un con peut-être ? Tu comptais me le dire ou juste, continuer à le voir et me faire passer pour un débile ? » Etrangement, ma voix est calme, posée, mais il n’y a plus rien de tendre en moi.

Tu stresses Kat. Ton cerveau fuse dans tous les sens. Parce que tu sais pas c'qui va t'attendre. Tu sais pas s'il va accepter tes dires. S'il va être calme ou s'énerver, comme vous le faites si souvent en ce moment. T'en sais rien et ça t'effraies. Tu veux pas te disputer avec Isaac pour ça. Tes pensées étaient clean, réellement. Tu voulais juste comprendre pour qu'il te laisse tranquille. Oui, tu voulais bien faire. Autant pour Sam, que pour toi. Pourtant, t'as l'impression qu'ça te retombe dessus. Comme à chaque décision que tu prends depuis longtemps. Mais t'y vas Kat. Tu prends sur toi et t'entres dans votre villa pour te confronter à lui. Tenter de sauver ta peau, tenter de t'expliquer et de dire la stricte vérité.

Tu l'appelles mais aucune réponse ne vient à tes oreilles. Tu t'en doutais. Tu le connais depuis le temps. Alors, tu continues d'avancer, d'un pas presque lent, presque à reculons. T'as rien à te reprocher bordel Kat ! Prends sur toi, reprends des forces. T'as rien fait. Pourtant, quand tu le vois avec les cadavres de bières jonchant le sol. Quand tu le vois se pencher en avant, commençant à te parler, tu lâches un soupir. Tu perds déjà tes moyens alors que ça débute à peine. Merveilleux. « Isaac, ça suffit ! Tu ne connais pas l'histoire, t'as eu que des brides de messages ! Et d'ailleurs, depuis quand tu fouilles dans mon portable ? » Tu t'en rends compte que maintenant Kat. Qu'il a lu volontairement TES messages. Qu'il n'a pas hésité à lire la conversation, privée, que t'as eu avec Sam. T'essaies pas de changer de sujet, mais t'avoues que là tout de suite, tu viens de prendre conscience de son acte. « Si t'avais attendu, je t'en aurais parlé. Rappelles moi, est-ce que j'te cache des choses depuis qu'on est ensemble ? Non. » mais c'est pas son cas Kat. Sauf que toi, t'en sais rien. T'as toujours été sincère avec lui. Toujours. Tu voulais juste attendre. Attendre d'encaisser le coup. Attendre que la pilule passe pour pouvoir lui en parler calmement et avec clarté. Mais c'est foutu.

Regard sombre, froid, sans émotions. L’alcool fait son œuvre, certes, mais il n’y a pas que ça. Je suis fatigué mentalement. Oui, je suis fatigué des mensonges, des réflexions, des jugements. Juliette veut que je quitte Kat, elle voulait que je mette un terme à ma relation alors qu’elle, elle se jetait dans les bras de son ex. Maintenant, Kat repart au galop auprès de Samuel, la vie est faite de bien des imprévus, des imprévus épuisants. Je ne sais pas encore combien de temps je vais pouvoir gérer, rester debout et surtout, tenir face aux conneries monotones qui me tombent dessus. Bras posés sur la table, je commence sans détours. Elle soupire, ça m’agace quand elle fait ça…Mais quand elle m’accuse de lire dans ses messages, j’explose de rire, un rire jaune, mais un rire quand même. « Sérieusement ? J’ai lu TES messages parce que je n’avais plus de batteries, parce que les derniers sms reçus étaient ceux-là. Alors ouai, quand je vois que MA copine va voir un mec, ouai, sorry, mais vu les messages échangés ça ne me plait pas ! » Dis-je froidement, toujours sans crier, toujours sans m’énerver même si putain, j’en crève littéralement d’envie.

« Tu m’en aurais parlé ? Quand ? Hier ? Avant-hier ? Oh, peut-être dans six mois ? Non parce que, de base, ça se dit de suite ! Alors oui Kat, tu me caches des choses. » Dis-je en me levant doucement, mais posées contre la table, iris positionnées dans les siennes. Et pourtant, ce sont mes paupières qui se ferment, ma gorge qui se noue. Je suis au bord du précipice, mais ne suis-je pas en colère contre moi et pas contre elle ? N’est ce pas une façon de la pousser elle à bout, de la pousser à elle me quitter d’une certaine façon ? Si seulement les choses étaient différentes. « Réponds-moi franchement, as-tu encore des sentiments pour cet homme ? » Ouvrant de nouveau les yeux, je plante de nouveau mon regard dans le sien. Mes iris hurlent, la supplie de ne pas me mentir. Je ne suis plus en état de m’énerver, je suis épuisé, croulant sous les mensonges, sous mes propres mensonges…

L'odeur d'la bière qui vient à ton nez te donne la nausée. Ca t'fou le moral à zéro d'le voir aussi bas. D'le voir si mal pour peut être pas grand chose. Parce que tu le sais Kat, que ces messages échangés, c'était pour faire le bien. Pour retirer toutes les parts sombres existantes dans ta vie, dans ton passé. Au fond, n'avais-tu pas le droit de connaitre la vérité ? N'avais-tu le droit d'entendre Sam s'expliquer ? Au bout de 6 ans d'absences, de silence, tu peux enfin poser des réponses à tes questions. Depuis toutes ces années, tu peux enfin souffler et tenter d'oublier, de passer réellement à autre chose. C'est c'que tu te disais, jolie rousse. Quelle erreur.

Parce que c'est face à un Isaac meurtri que tu te retrouves. Certes, tu l'agresses dans tes premières paroles, mais c'est plus fort que toi Kat. T'as rien fait d'mal. Tu le jures. « Et encore une fois tu t'arrêtes simplement sur ce que tu vois au lieu d'attendre la vérité, les explications. Quand est-ce que tu vas arrêter tout ça hein ? Quand est-ce que tu vas arrêter d'me pousser loin de toi, à chaque fois ? » t'exploses Kat. T'arrives plus à te contenir. Parce que t'y crois dur comme fer, qu'au fond, il pourrait te comprendre. Qu'au fond, s'il te laissait vraiment t'expliquer, il accepterait. « Mais c'est une blague c'est pas possible. T'es sérieux ? Comment tu peux le savoir que j't'aurai dis, tu m'agresses directement sans essayer de comprendre Isaac ! Et des trucs à cacher, tu vas m'dire que toi, t'en as pas peut être ?! » Tu sais pas pourquoi t'as balancé ça Kat. Ouais, tu n'sais pas du tout. Pourtant, ça tu te mordais les lèvres d'le dire. Une impression. Une illusion peut être. Mais tu l'as fais. Sauf qu'il enchaine. A double dose. Et c'est la question que tu ne voulais pas entendre qui ressort. « Réponds-moi franchement, as-tu encore des sentiments pour cet homme ? » qu'est que tu peux répondre à ça ? La vérité ? Tu n'la connais pas toi même. Alors tu croises les bras, ta mâchoire se contractant, incapable de te détendre. « Ca fait 6 ans Isaac. Tu crois pas qu'on peut dire qu'il est mon passé et rien d'autre ? » Mais t'as ton coeur qui tambourine. T'as ton myocarde qui t'fait te souvenir qu'il est encore là. Une pointe qui se forme. Ton âme qui lâche. Tu sais pas c'qui t'arrives. Mais les paroles que tu viens de prononcer sont en désaccord avec ton être intérieur.

Quand vais-je arrêter de la repousser ? C’est l’hôpital qui se fou de la charité là non ? « Attends…t’as vraiment osé me dire ça ? Que moi, je te repousse, je te tiens loin de moi ? Tu veux qu’on compte toutes les fois où j’ai essayé de revenir vers toi ? As-tu seulement remarqué que je me suis coupé les cheveux, rasé la tronche pour toi ? Non, absolument pas. Et parlons bien…C’est quand qu’on a fait l’amour pour la dernière fois Kat ? » Dis-je sincèrement, cherchant à me calmer, mais passablement, la calmer également. Les choses doivent sortir, une bonne fois pour toute. « Alors, navré de me dire que si tu ne prends pas ton pied avec moi, t’irais probablement le chercher ailleurs. » Ok, là c’est moi qui se fou de la charité, de l’hôpital, et de tous les bâtiments du coin. Mais ce n’est arrivé qu’une fois, une unique fois. Oui, j’ai couché avec Juliette et oui, ça ne se reproduira plus. Mais en attendant, oui, c’est moi qui ai été infidèle, moi qui ai déconné. Mais ce couple me rend fou, nos disputes aussi et maintenant ça qui s’y ajoute. Comment ne pas être méfiant ?

« Les messages dates de deux jours putain ! T’avais deux jours pour me le dire Kat, deux putains de jours. » Dis-je simplement, ne relevant pas ses dernières paroles. Oui, j’ai des choses à cachées, beaucoup. Sentimentalement, socialement, dans ma famille. Au final, Kat ne sait pas grand-chose de moi, elle me pense orphelin, comme les autres…Je sais, c’est moche, mais comment lui dire que le mec avec qui elle vit est en réalité une tête couronnée ? Impossible, j’aurais bien trop peur de ses regards après ça. Poussant un long soupire, je lui balance la question qui tue et sa réponse, elle me fait sourire. Pas un doux sourire, non, un sourire triste, paumé. « Tu vois…t’avais qu’à répondre non, mais tu ne le fais même pas. Tu réponds à ma question par une autre question. » Parce que c’est exactement ce qu’elle fait…elle n’a pas répondu à ma question. Alors, je me contente de m’asseoir et de prendre ma bière. Merde, elle est vide. La bouteille finie de nouveau sur la table dans un bruit sourd, alors que moi, je me frotte les tempes du bout des doigts. « Tu sais quoi, je n’ai même plus la force de me disputer… » A vraie dire, je n’ai plus la force de rien.

T'aurais peut être pas dû dire qu'c'était que lui qui te repoussait. Mais t'avoues que depuis quelques jours, t'essaies de faire des efforts. De sortir, de te faire jolie pour lui, de sourire, de laisser ton rire envahir les pièces de cette villa. Oui t'essaies. Et pourtant, là, il te repousse à nouveau au point de départ. « Mais bordel Isaac j'essaie de me focaliser sur les efforts que je dois faire. Le fait de sortir pour me changer les idées, d'essayer de redevenir l'ancienne Kat, celle qui appréciait la vie. Comment tu veux que je pense à tout en si peu de temps ? Tu ne m'en laisses même pas. Pas même une seule minute. Je n'suis pas Dieu Isaac ! » que tu dis exaspérée par ses paroles. Parce que t'en as marre Kat, de devoir te justifier pour tout et n'importe quoi. « oh tiens ça faisait longtemps que tu ne m'avais pas parlé de sexe. » que tu lâches sans gêne, sans faire attention à si cette phrase pourrait blesser. Tu sais qu'ça peut être dur pour lui, de devoir se priver d'un besoin naturel, mais tu ne veux pas te forcer Kat. Certainement pas sur ça. Sauf qu'il a fait plus fort. En te balançant les mots les plus durs à entendre. Et tu lâches un rire jaune Kat. Tu vois rouge. Comment oses-t-il ? « PARDON ?! Alors écoutes moi bien, si tu penses réellement ça de moi, c'est que tu ne me connais pas Isaac. Qui me dit qu'c'est pas toi qui va aller voir ailleurs hein ? Vu que tu t'en plains si souvent. » que tu dis en déposant assez violemment tes mains sur la table. Tu te laisses pas faire Kat. Et tu comptes continuer dans cette lancée.

« oh mais c'est pas vrai ! » que tu balances en te plaquant les mains sur le visage. T'es au bord du gouffre Kat, et t'es sur le point de sauter à force de l'entendre parler. « Tu peux pas me laisser le temps d'encaisser c'qui vient d'se produire ? Qu'est que j'ai fais de mal à part l'écouter, le laisser tenter de s'expliquer pour qu'une bonne fois pour toute, il me laisse tranquille. Hein ? Quoi j'aurai pas dû et il aurait continué ? Non. » T'as le souffle court à force de parler, de t'énerver. Tu vois la différence. Isaac est très calme mais toi tu bouillonnes. Et ça s'accentue quand le sujet délicat arrive. Tu voulais pas parler d'ça. Non, t'aurais préféré qu'il se taise. Alors tu mets les bouchées double. Tu te plantes devant lui et braque ton regard de furie dans le sien. « Non je ne l'aime plus Isaac. Et si tu doutes encore, alors ça sert à rien de continuer.» que tu prononces en détachant bien toutes les syllabes. T'as craqué Kat. Pour la première depuis que plus rien ne va, c'est toi qui lance cette idée. C'est toi qui lâche ces mots si dévastateurs. « ouais, bienvenu au club.» et tu lui tournes le dos. Tu t'en vas vers votre chambre en claquant la porte d'une colère noire. A peine la porte franchie, à peine Isaac un peu plus loin, tu lâches tout c'que tu retiens en toi Kat. Les larmes dévalent pour inonder ton visage, tes joues. Tu te laisses aller contre le lit, te recroquevillant sur toi même, attendant que ça passe.

C’est toujours la même chose. Un pas en avant, deux en arrière. Parce que c’est comme ça que c’est devenu le plus facile, en réalité, je pense que c’est clairement devenu notre façon d’exister. Quand un fait des efforts, le second fait deux pas en arrière et semble se perdre dans les efforts du premier. C’est mesquin et malsain, l’équilibre ne semble plus là, ne semble plus exister parmi nous et ça me bouffe de l’intérieur, elle aussi, j’en suis certain. J’aimerais tellement être resté en France avec elle, peut-être qu’en étant resté là-bas, les choses auraient été plus faciles ? Peut-être que je ne l’aurais pas trompé, qu’elle n’aurait pas été voir son ex, que le bébé serait là ? Je n’en sais rien, mais dans un sens, je me dis que peut-être, quitter cette ville est une idée à envisager. « Et toi, tu m’as laissé une minute de répit Kat ? » Demandais-je calmement, d’une façon brisée. Et moi, aies-je eu une seule minute de répit face à sa dépression, ses larmes, ses cris, sa distance ? Non elle n’est pas dieu, moi non plus et c’est le souci. J’ai atteint mon point de rupture alors qu’elle, elle vient à peine de commencer à faire des efforts.

Bien sûr, elle relève le point sur le sexe, chose qui ne m’étonne pas. « Désolé d’être âgé de 28 ans, d’avoir encore un peu de libido à mon actif. » Grognais-je froidement. J’ai l’impression qu’elle, elle s’en fou, qu’elle ne ressent même plus d’attraction pour ma gueule. Oui, je remets le sexe sur le tapis, mais en soit, le sexe dans un couple fait énormément de chose. Hors, là, y’a plus rien et ça me pèse énormément. Elle se trouve des excuses, car pour moi, ce n’est que ça, des excuses. « C’est ça, crois ce que tu veux, penses ce que tu veux. T’es pas la victime là, t’as eu tort, point finale. » Dis-je en la pointant furieusement du doigt. Je m’assois, épuisé face à cette énième dispute ou pourtant, je ne me suis même pas mis à gueuler. Pour une fois, c’est elle qui s’emballe, qui s’énerve. Sa réponse, elle ne me satisfait pas, elle ne me plait pas. Peut-être parce que j’en ai marre de faire des efforts ? Peut être parce que j’en ai marre d’être patient avec elle ? Je n’en sais rien.

Quand elle se plante devant moi et balance la phrase fatidique, je ricane avec amertume. « T’as beau dos de dire ça hein Kat, ne compte pas sur moi pour jouer à ce petit jeu. Ça fait un an que je vis un calvaire, je ne vais pas me plier à tes menaces. » Dis-je froidement alors qu’elle s’éloigne, claque la porte et sûrement, fond en larme. Bordel, soirée de merde, une fois encore. Je patiente pendant deux heures avant de me lever et de me diriger vers la chambre. Sans prononcer un mot, j’entre dans celle-ci et enlève mes vêtements, l’obscurité étant tombée sur la ville, la pièce étant plongée dans la noire. J’enlève mes habits, ne gardant que mon boxer sur moi, complètement épuisé par tout ça. La consoler ? A quoi bon, elle risquerait encore de me repousser. Alors, je me glisse sous les couvertures et me couche sur le dos, ayant au moins fait l’effort de ne pas dormir dans le canapé ou la chambre d’ami. « Soit on fait des efforts a deux, soit-on…on stoppe là Kat. » Murmurai-je doucement. « Parce que là, ce n’est plus possible et c’est aussi de ma faute, je n’ai jamais été franc avec toi. »

Outch…je me suis décidé à faire un pas en avant, lui dévoiler une chose que personne ne sait ici. « Avant que tu parles, laisse-moi finir…Je ne suis pas orphelin, je n’ai pas perdu mes parents dans un accident de voiture. Je suis né en Italie dans une famille, assez spéciale. Je ne sais pas comment dire ça sans que tu ne me prennes pour un tare, mais si je te l’ai caché c’est parce que j’ai fuis la vie qui m’attendais, qu’on allait m’imposer. » Poussant un long soupire, je fini par balancer, en regardant toujours le plafond. « Mon père est le Roi d’Italie Kat, je suis l’hériter, l’aîné. Je suis un prince. »

Cette histoire tombe à l'eau. Cette relation n'a plus aucun sens. Et quand elle commence à le redevenir, tout part en fumée quelques jours après. C'est impossible de revenir sur l'ancien chemin. Impossible de retrouver un couple parfait comme avant. Y a que les cris, les disputes et les larmes qui vous font vivre Kat. T'avais vraiment de l'espoir. Mais tout à coup, t'as l'impression de te prendre la réalité en pleine face. Isaac vient de te pousser à t'en rendre compte. Son acte, tu ne l'as pas apprécié. Tu détestes quand on fouine dans tes affaires. Tu sais très bien qu'avoir le prénom de Samuel affiché pouvait paraitre bizarre, mais il te fallait juste du temps. Un tout petit peu de temps pour pouvoir lui en parler. Parce que tu l'aurais fais Kat. T'aimes pas mentir. T'aimes pas cacher la vérité. Surtout quand tu tiens à la personne. Et Isaac, c'est bien plus que ça. « Mais oui vas y, dis encore que tout est de ma faute, comme d'habitude. » que tu balances. Parce que t'en as marre Kat. Marre de t'en prendre plein la gueule à chaque fois. Marre qu'on te rejette la faute constamment dessus. Peut être qu'il se sent fautif aussi, mais la plupart du temps, ses paroles ne sont dédiées qu'à toi. Toi et rien que toi.

Alors tu relèves tout. Tu ne laisses plus rien passer. Pour lui montrer que toi aussi, tu commences doucement à ne plus en pouvoir. Que toi aussi, t'arrives à un point de non retour. « Désolé de ne plus supporter mon corps au point d'en être dégouté. » vous vous crachez à la gueule, comme toujours. Sauf qu'à force, tu le laisses parler. A force, tu ne sais plus quoi dire pour te défendre, pour lui faire comprendre. Alors tu décides de partir. D'aller t'exiler dans votre chambre pour souffler, ne plus l'avoir devant tes yeux. T'as besoin de te calmer. Bon sang qu'est qui t'arrives Kat ?! Pourquoi t'énerves-tu autant ? Depuis que Sam est de retour, t'es tendue jolie rousse. Tu prends tout mal, tu réponds sèchement. Jusqu'à quand vas-tu te pourrir la vie à cause de lui ? Cet homme qui t'a abandonné y 6 ans. Et t'as laissé les larmes parler. Tu t'es laissée tomber contre le lit, ne supportant plus tout ce poids qui s'accumule en toi. Mais au bout de deux heures, sans te rendre compte qu'autant de temps s'était écoulé, tu le vois entrer. Sur le moment, tu ne le calcules pas, pensant qu'il vient simplement récupérer ses affaires pour dormir sur le canapé ou la chambre d'ami. Mais lorsque tu le vois se déshabiller et se glisser dans votre lit, tu fronces les sourcils, Kat. Isaac se trouve dans ton dos et t'es obligée de te retourner pour lui faire face quand tu entends sa voix, grave et douce. Tu restes bloquée sur la fin de sa phrase. Il n'a pas toujours été franc avec toi. De quoi veut-il parler ? Tu veux en savoir plus, t'es prête à poser milles questions mais il te stoppe, te demandant d'attendre les explications.

Et t'attends Kat. Sauf que sa révélation, elle te sidère. Tu restes surprise, voir peut être même choquée. Tu n'sais pas vraiment comment réagir, quoi ressentir. Tu ne comprends pas pourquoi l'avoir caché. T'as les mots qui cognent dans ta cervelle. Roi d'Italie. Héritier. Prince. T'es abasourdie. Mais faut que tu réagisses Kat. Faut que tu fasses quelque chose. Alors tu le scrutes, plissant quelque peu les yeux. Tu ne le lâches pas du regard jusqu'à le voir redresser la tête, s'appuyer sur ses coudes pour voir ce que tu trames. « J'essaie de t'imaginer avec une couronne et des habits de la haute société royale. » que tu dis en te mordillant la lèvre inférieure. Puis tu t'approches de lui, venant coller ton corps contre le sien. Tu déposes ton menton et tes petits mains sur son torse nu, le minois tout à coup relâché, détendu. « Pourquoi tu ne me l'as jamais dis ? Qu'est qui s'est passé ? » que tu demandes, interrogatrice. Tu t'intéresses Kat. Parce que ça a l'air important. Important pour lui, alors important pour toi.

Franchement, je n’ai même pas la patience de répondre à ses remarques. Son corps la dégoute, ça ne m’étonne pas, mais ce dégout pèse sur ma propre personne. Puis, comme toujours, les choses dégénèrent, deviennent plus brutales, plus froides. Elle quitte le salon pour la chambre, je reste comme un con dans le salon assis sur ma chaise. Je suis crevé par tout ça, accumulant les heures au Luxore et quand je ne suis pas là-bas, je suis dans un bar en train de picoler ou dans mon bureau à ne rien foutre. Rentrer chez moi est devenu un calvaire, à chaque fois, je me demande si une dispute va éclater ou non. Oui, à chaque fois j’ai peur de la confronter, j’ai peur de déclencher une énième dispute, de m’énerver. Je déteste ça, je déteste ce que ma vie est devenue. Alors, pour une fois, je décide de venir vers elle. Pas pour relancer la dispute, non, pour lever le drapeau blanc d’une certaine façon. J’entre dans la pièce, enlève mes vêtements et me glisse sous les couvertures. En temps normal j’aurais dormi ailleurs, preuve que je cherche à calmer les tensions. Mais ce soir, les choses doivent être dites.

Elle bouge dans le lit, je peux sentir son regard sur moi dans l’obscurité, je peux sentir l’interrogation émaner de son corps. Je parle, je balance la vérité sans jamais la regarder. Mes iris fixent le plafond, j’ai per que tout ça chamboule davantage notre couple. Je ne l’avais jamais demandé en fiançailles pour des raisons précises… Si elle venait à m’épouser, sans le savoir, elle passait au rang de Princesse et je ne pouvais pas lui imposer ça, pas sans qu’elle ne le sache. Alors, j’avais repoussé les fiançailles, encore et encore et aujourd’hui, je me dis que c’est mieux ainsi quand je vois où nous en sommes. Elle se redresse légèrement après un long silence et face à ses mots et je souris en coin, tournant un peu la tête vers elle. « La couronne c’est surfait…par contre, la haute couture ça me connait. Tu sais d’où me vient mes gouts de luxe maintenant. » Je tente de plaisanter parce qu’il ne me reste que ça. Poussant un long soupire, je la laisse venir contre moi, glissant un bras autour d’elle, caressant ses cheveux du bout des doigts. Pourquoi n’avoir jamais rien dit ? Je n’en sais rien, la peur sûrement.

« Quand on s’est rencontrés je venais de fuir l’Italie, je rêvais d’une autre vie, d’être un autre et dans un sens, tu m’y as aidé. Je me voyais mal t’annoncer que le type dont t’étais en train de tomber amoureux était un Prince trouillard face à des obligations débiles… » Murmurais-je en fronçant doucement les yeux, regardant de nouveau le plafond. « Il s’est juste passé que je ne voulais pas de cette vie-là…je n’étais pas fait pour ça, je ne suis pas fait pour ça. Je rêvais d’autre chose, je voulais vivre ma propre vie sans avoir toujours quelqu’un aux fesses. Ma famille est extrêmement religieuse, ils me voyaient déjà marié avec une duchesse, une princesse ou que sais-je, de bonne posture. Je voulais trouver l’amour, le vrai. Je voulais être Isaac pas, juste un prince, à qui on donne les choses sans contrefaçons. Je voulais bosser pour avoir quelque chose à moi, rien qu’à moi…je rêvais juste de liberté Kat. » Dis-je en passant une main sur mon visage, les muscles plus détendus, moins crispés. Oui, je voulais autre chose, et cet autre chose, je l’avais eu et elle en avait été témoin.

« Et je pense que j’avais peur que tu saches…que t’apprenne les choses. Je ne t’ai jamais demandé en mariage à cause de ça, c’était plus facile pour moi de dire que j’étais orphelin, tu ne posais pas de questions sur ma famille comme ça…mais à force, je me suis enfoncé dans mon propre mensonge et plus le temps passait et plus je me disais que le mensonge était devenu trop grand pour que je te dise la vérité. » Dis-je en posant mon regard sur elle.

La situation a viré du tout au tout. Tu pensais encore une fois que vous alliez passer la nuit séparés. Comme vous avez l'habitude de faire, un peu trop de fois, en ce moment. Mais Isaac est revenu. Isaac s'est couché dans votre lit. Tu t'es dis qu'il vient peut être faire le premier pas, pour arranger les choses. Mais arranger quoi ? Le sujet à tes yeux est clos. Tu n'as rien fait de mal. Sauf que le pas vers toi, il te fout une sacré claque. Tu t'attendais pas à ça. Pas à cette révélation. Comment peut-on l'imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde ? qui pourrait y croire ? Personne. Pourtant c'est bien ça qui sort de la bouche d'Isaac. Famille royale. Héritier du trône. Prince d'Italie. Tout ça, ça cogne dans ta tête Kat. T'essaies de mettre de l'ordre et c'est assez dur.

Pourtant, tu prends sur toi. Tu vois l'importance de cet aveu pour l'homme qui comble ta vie depuis 4 ans. Tu vois à quel point il vient de faire un effort surhumain pour te l'avouer. Alors tu t'approches de lui, tu te colles à son corps, torse nu, et lui prouves que ça t'intéresse, à toi aussi. Tu poses des questions, l'écoutes avex deux grosses billes à la place des yeux. Tu veux savoir. Tout. « Mais...Depuis tout ce temps..Ils n'ont rien fait pour te retrouver ? » que tu poses, comme si c'était une question idiote. Ca te parait suspect, peut être même, irréaliste que sa famille royale n'est rien tenté, depuis 4 ans. « Je comprends Isaac. Enfin, du moins, j'essaie. Mais ne t'en veux pas, d'accord ? » que tu prononces d'une douce voix, venant entrelacés tes doigts avec les siens. « Maintenant, je suis au courant, et on va avancer sur ça, à deux ! » une lueur dans les yeux, tu approches ton petit minois vers celui qui fait battre ton coeur depuis plusieurs années. T'as l'impression, qu'avec cet aveu, vous allez pouvoir avancer. Oui, t'as cette impression. Mais les secrets sont encore de la partie. Bien plus lourds, bien plus douloureux.


RP TERMINE