La journée s'était passé sans encombre, nous étions samedi j'avais passé toute ma journée dehors. Entre mes séances de yoga, un petit café entre potes et ensuite un ciné, je n'avais point eu le temps de penser. C'est d'ailleurs justement ce que je voulais éviter, penser ! Car si je me mettais à réfléchir, j'allais ruminer sur ma vie et franchement ce n'était point une bonne idée. Depuis la mort de mon conjoint mais également la perte de mon bébé, je ne faisais que ça ruminer le mal qui me rongeais et ce n'était vraiment pas bon pour mon mental ni d'ailleurs pour mon physique. Je faisais assez régulièrement des crises d'angoisses au début, je dirai pendant les trois premiers mois. Désormais elles étaient beaucoup moins fréquentes voire inexistantes bien que le mal lui soit toujours bien présent. Mais je tentais vainement de le terrer au fond de moi, montrant sans cesse un joli sourire sur mon visage, ayant encore mon alliance au doigts beaucoup pouvait penser que j'étais la femme la plus heureuse au monde alors qu'au final c'était bien loin d'être le cas. Je pleurais souvent seule le soir, repensant à ce que j'avais indéniablement perdu à tout jamais. Blâmant la vie de m'avoir enlevé les deux êtres les plus importants pour moi.
Ce soir j'avais opté pour un plateau sushi que je m'étais fait livré tout en matant des films DC/Marvel dans mon canapé sous un plaid. Avant c'était un rituel que je pratiquais avec mon mari les dimanches soirs quand il était en permission. Désormais j'étais seul en compagnie de Krokmou mon chat, il était lové contre moi attendant qu'un bout potentiel de poisson chute du sushi. Il était désormais une heure du matin, il allait peut-être falloir que je parte au lit, j'appréhendais toujours ce moment, parce qu'il m'arrivait de cauchemarder ou alors de rêver de ce qu'aurait pu être ma vie si rien n'avait changé. Et je crois que c'est le pire en soit ! Je filais alors m'engouffrer sous ma couette, Krokmou vint se placer à mes côtés, chose qu'il faisait tous les soirs depuis que je me retrouvais seule. Je finis par sombrer dans les bras de Morphée, seulement mes rêves furent des cauchemars, j'imaginais la façon dont pouvait être mort mon mari, je revivais la douleur de ma fausse couche tout en hurlant de la perte de mon mari. Je me réveillais alors en sursaut en sueur, le souffle coupé comme si on appuyait fortement sur ma cage thoracique. Je pris rapidement le téléphone, heureusement le numéro de Sean était dans mes favoris.
« J'ai... J'ai besoin ... J'arrive plus... Respirer... » Je lâchais mon téléphone l'entendant s'égosiller au bout pendant quelques secondes avant de raccrocher, je savais qu'il viendrait. C'était le seul à pouvoir réellement calmer ses crises, j'ignore pourquoi peut-être parce que c'était un homme et que c'est les bras réconfortant de mon homme qui me manquait. Je savais que si j'appelais Betty, Bonnie ou encore Kat elle accourraient aussi, car elles savent pour mon mari et ma fausse couche, en même temps elle me connaissent depuis très longtemps. Mais non c'est de Sean dont j'avais besoin, je me roulais en boule secouée de spasme qui me donnaient des douleurs atroces dans le dos. Je tentais de respirer profondément comme avait pu me l'apprendre Bonnie quand elle me vit la première fois suite à ma fasse couche et que je la notifiais de mes crises. Sean habitait non loin de chez moi, je sais qu'il pourra arriver rapidement, Krokmou me léchait le visage visiblement très inquiet lui aussi.