WES GUERIN - car toute cette histoire...

prélude
Sous tes grands airs de mec inatteignable, t’es un putain de faux jeton, mec. J’te l’dis. J’suis ta conscience et t’as rien à m’apprendre à moi. Donc discutons un peu de ton cas, histoire que le peu d’âmes qui oseront lire ceci puisse comprendre dans quels emmerdes tonitruantes ils peuvent bien tomber. T’es né dans l’ruisseau, mais t’es pas un enfant d’salop. Si c’est au quatre coins du globe qu’on t’a bourlingué parce que maman et papa ils n'en avaient rien à carrer de ton existence, ils t’ont fait retranscrire les bases de la liberté. T’es un mec du vent, de la terre, du ciel. Comme tous ceux qui t’entourent, sauf que les limites n’ont jamais connu de sens chez toi. On ne va pas parler de borderline, ou de connard désabusé qui s’prend pour le dieu juste parce qu’il a chatouillé ses narines avec un peu de poudre blanche. T’es comme tous les autres, t’as un penchant pour le sexe, l’alcool et les pizzas. Mais t’es surtout le mec qui fuit, celui qui n’a pas de destin et qui pourtant avance un pas devant l’autre, la tête haute, à la recherche de ce je-ne-sais-quoi qui fait vibrer les cellules de l’épiderme. La vie de nomade ne fait pas de toi un mec irresponsable, bien au contraire, si demain Green Peace avait décidé de prendre le large pour voler vers une planète où l’air est si pure que chacun de leur membre serait gazéifié à l’oxygène car ils n’ont plus l’habitude de respirer sans gazoline, si Trump finissait par nous niquer avec une téléréalité qui règlerait les comptes de Poutine et ferait ressusciter Mufasa… Si toute cette planète sombrait, celle que t’as décrite tant de fois dans les guides qu’on va entre la mayo et les piles alcalines, venait à prendre des couleurs rouge et jaune du communisme érroné par un capitalisme frauduleux… Alors pourquoi suivre ce monde là et ne pas juste écrire les propres pages de ta vie ?


present day. never back down
Te voilà revenu ici. Montréal. Ville de fortune, échouée bien loin de l’Europe et malheureusement trop prête à être américanisé. Ca te forge ces frontières. Ca t’ressemble trop pour que tu continues de fuir, Wes. T’es là, t’es ici. Ca fait trois mois maintenant que t’as quitté ces racines branlantes pour que la harley te ramène finalement au bercail. Tu ne sais pas ce que tu fais là, tu ne sais pas dans quel but tu reviens. Pour ce frère qui a tout perdu et qui ne connaît rien de ton existence ? Pour Alexis, Juliette et le reste de la bande ? Pour les bribes de souvenir qu’une mère trop souvent arrosée par l’alcool t’as laissé ? Pourquoi Wes ? Y-a-t’il vraiment quelque chose que tu caches, un coin du passé que t’as préféré oublié ou bien un avenir par encore promulgué ?

Il y a cette force que tu ne retrouves nulle part ailleurs. Ni dans tes voyages de fantassins, ni à Boston, ni à Ottawa, ni en Alaska et encore moins à Savannah… des villes où tu as laissé des mégots, quelques dollars et deux/trois soutifs en bas des escaliers… le retour est arrivé, mais cette fois tu trembles à l’idée de te retourner.
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