▪️ table n°08 - alessia rossi.

Elle avait posé les pieds depuis seulement trois heures à Montréal quand elle avait vu l’affiche indiquant la soirée speed-dating de ce soir. Alessia, c’était une amoureuse de la vie et une amoureuse de l’amour, persuadée qu’un jour, au détour d’une rue, elle croiserait l’amour de sa vie, alors pourquoi ne pas forcer un tout petit peu le destin en participant à cet événement. Il fallait avouer que c’était alléchant : non seulement elle allait pouvoir passer une bonne soirée en buvant de bons verres, mais en plus elle allait rencontrer du monde, femmes comme hommes, et qui sait, peut-être même réussir à chopper un ou deux rencards.
Alessia, c’était une jolie fille, son accent italien faisait bien souvent tourner les têtes et puis elle avait ce petit côté maladroit, timide et en même temps, elle avait ce côté séducteur et tendre qui faisait tomber les hommes. Bref, les européens avaient ce truc que les américains n’avaient pas, et elle comptait bien le prouver ce soir.

Arrivée sur place, la jeune femme avait mis toutes les chances de son côté. Ses jolis cheveux bruns tombaient en cascade sur ses épaules, elle avait enfilé une petite robe rouge du plus bel effet, pas trop moulante mais qui en laissait deviner suffisamment. Elle avait mis en évidence ses yeux bruns et maintenant qu’elle était prête, elle se rendit au bar qui se trouvait seulement à quelques pas de chez elle. Alessia pénétra dans le bar et regarda rapidement autour d’elle. Tout avait l’air charmant, la musique ne criait pas trop fort, la décoration était superbe. Vraiment, elle ne regrettait pas sa décision d’être venue ici. On lui donna un badge avec son nom et un numéro, et on lui attribua un numéro de table. Parfait. La jeune femme prit un verre au bar au passage puis elle s’installa, observant autour d’elle les autres femmes qui attendaient, parfois un peu fébriles, parfois complètement excitées. Alessia était terriblement enthousiaste, et elle avait hâte de voir le premier homme qui viendrait à sa table.

Lorsqu’un homme arriva à sa table en annonçant le nom du jeune homme qui devait être le premier à sa table, Alessia sourit, le remercia et attendit de voir qui était le jeune homme en question. Quand il arriva, elle lui lança son plus beau sourire et le gratifia d’un beau :

Bonsoir !

Plein de soleil, avec son joli accent. Les choses sérieuses étaient en train de commencer.

sérieusement, t'as passé l'âge tim. un faible soupir manque de t'échapper, t'es là, planté devant le miroir de la salle de bain à te demander si c'était vraiment une bonne idée. t'es sans doute voué à être un vieux divorcé, comme beaucoup d'hommes. un rire t'échappe tout seul malgré tout, et tu peux imaginer nolan lever les yeux au ciel dans sa chambre, un peu plus loin, en t'entendant. tu termines de dompter les quelques mèches brunes sur ton front (c'est clairement un avantage pour toi de toujours galérer à les coiffer - au moins tu ne les perds pas).
tu as opté pour une tenue simple, un pantalon noir, une chemise retroussée, pas grand chose d'extravagant. et pas trop travaillé non plus. enfin, pour certain sans doute, mais ta mère, t'as toujours appris à mettre une jolie chemise (repassée) quand un événement sort un petit peu de l'ordinaire. de quoi te rendre présentable, en somme. présentable pour quoi ? rencontrer l'amour ? tu n'y crois pas vraiment, à cette histoire de speed-dating. tout d'abord, parce que t'es vieux et que tu t'attends à tomber sur des femmes plus jeunes que toi et deuxièmement, parce que tu ne sais pas si tu es prêt à rencontrer quelqu'un, une femme pour être plus précis.

(il serait peut-être temps d'arrêter de te voiler la face, si ça a pas marché pendant quinze ans, ça ne va pas marcher du jour au lendemain)

la salle du restaurant - dans lequel tu as déjà eu l'occasion de venir dîner il y a quelque temps - est agréablement décorée, et l'ambiance s'annonce assez calme malgré le monde se trouvant dans la salle aménagée pour l'occasion. tu récupères le badge sur lequel se trouve ton prénom et ton numéro - le dix-huit pour ce soir - avant de commander un verre au bar. tu ne comptes pas boire à outrance, mais ça ne peut pas faire de mal. tu te diriges vers la table n°8, ton nom appelé, et tu te croirais presque à l'école. un sourire se dessine sur tes lèvres, tandis que tu découvres une jeune femme brune déjà installée. bonsoir ! tu viens poser ton verre sur la table. bonsoir tu souffles avec un sourire. enchanté de te rencontrer. tu ajoutes face à la jeune femme. on peut se tutoyer, je pense ? tu ajoutes avec un petit haussement d'épaule. ce sera plus simple pour apprendre à se connaître, après tout. et puis, tu détestes qu'on te vouvoie, t'as l'impression d'être vraiment devenu vieux. (et tu n'aimes pas cette impression.)

Elle avait la vague tendance à se demander pourquoi elle s’était lancée là-dedans, mais elle avait la sensation que ça allait bien se passer. Et quand elle croisa le regard de son premier rencard, la belle se retenu de rire. Bon, il devait avoir un bon paquet d’années en plus qu’elle, mais malgré tout elle le trouvait très beau, très élégant, et il était bien rare qu’un homme de son âge ne soit capable de lui faire un effet comme celui-là. C’était triste à dire, mais les garçons de vingt ans avaient bien souvent un style qui ne lui plaisait pas du tout. En bonne italienne qu’elle était, elle aimait les beaux hommes, élégants, qui savaient prendre soin de leur personne, et ça semblait être le cas de ce beau gosse, un certain Timaé d’après ce que son badge lui indiquait.

Oh oui, avec grand plaisir ! Timaé, c’est ça ? C’est super original comme prénom. Ca vient d’où ?

Alessia lui sourit et finalement, elle était contente de commencer par lui. Elle trouvait qu’il dégageait une sorte de force tranquille, qui était très rassurante pour commencer une soirée comme celle-ci, où elle allait sans doute rencontrer un nombre important d’hommes. Certains plus jeunes, d’autres plus vieux, certains à son gout et d’autres pas du tout. Elle avait hâte de voir ce que la soirée lui réservait. La belle avait hâte de poser la première question afin d’en apprendre davantage sur la personne qui se trouvait en face d’elle.

Bon, et si on apprenait à se connaitre?

Elle lui lança un nouveau sourire avant de poser sa première question. En bonne curieuse qu'elle était, elle en avait un tas en tête, mais un temps limité.

tu t'y attendais, ça, à te retrouver face à des femmes plus jeunes. évidemment. tu ne t'attendais pas forcément à autre chose. mais après tout, un speed-dating sert à faire des rencontres, pas spécialement à rencontrer la femme de sa vie, n'est-ce pas ? tu es un peu trop vieux pour ça, de toute manière. et puis c'est pas non plus le plus grand objectif de ta vie, que de retrouver quelqu'un. (pourquoi t'es là, alors ?)

oh oui, avec grand plaisir ! timaé, c’est ça ? c’est super original comme prénom. ça vient d’où ? tu hoches la tête. ça c'est, alessia. tu souffles avec un sourire malicieux sur les lèvres, venant boire une gorgée dans ton verre avant de reprendre. franchement je saurais pas te dire d'où ça vient. ma mère trouvait ça sympa, quand il s'agissait de trouver un prénom. histoire des plus banale, en somme. il n'y a rien de bien exceptionnel derrière l'histoire de ton prénom. tu observes la jeune femme, ses cheveux bruns et ses yeux pâles - mais pas dénués d'une expression que tu trouves très agréable, une force que tu ne saurais décrire. je pense ne pas me tromper si je suppose que le tien vient d'italie ? tu demandes à ton tour. tout comme ton accent. que tu trouves tout à fait charmant.
tu viens glisser une main dans ta nuque. tu n'as jamais été très charmeur, ni même du genre à vouloir draguer quelqu'un. parfois, tu te demandes comment t'as trouvé la force de - bordel - demander la mère de tes gosses en mariage. ce n'est pas franchement le moment d'y penser. bon, et si on apprenait à se connaitre ? tu hoches la tête, te redressant un peu, la laissant s'emparer du dé pour une première question. ce serait mentir que de dire que tu ne pries pas silencieusement pour éviter quelqu'un chose d'un peu trop étrange (genre une question sexuelle). tu fronces légèrement les sourcils à la question, restant silencieux quelques secondes, le temps de réfléchir à la question. pour être honnête, je m'en fiche un peu. tu hausses les épaules. j'suis infirmier tu ajoutes, te rendant compte qu'elle ne le sait pas. je fais mon job par passion, pas par envie d'avoir une promotion. alors tant mieux pour mon futur collègue si ça lui arrive un jour. tu souffles dans un rire. ton salaire et ton post te conviennent très bien pour le moment, haussant un peu les épaules. tu glisses une main dans tes cheveux, les éloignant un peu de ton front. tu ne sais pas quoi ajouter d'autres, en réalité. à mon tour. tu ajoutes en attrapant le dé sur la table, le lançant doucement. une petite moue - mi amusée, mi gênée - se dessine sur tes lèvres à la vue du mot sexe. tu viens piocher un papier dans la boite en question.

Il fallait bien reconnaitre que la belle italienne était un tout petit peu déçue qu’il n’y ait pas d’histoire plus croustillante sous le prénom de ce bel inconnu, qui ne le serait plus tant que ça à la fin de cet entretien, mais c’était simplement une histoire de sonorité qui avait plu à sa maman, et finalement c’était sans doute ça les plus belles histoires. Sa maman était simplement tombée amoureuse du prénom et elle avait décidé de le faire porter à son fils. Banal et logique à la fois. Alessia lui sourit et répondit :

Et bien alors, ta maman a eu très bon gout. Je trouve ça très joli.

Le but n’était nullement de le flatter, elle était on ne peut plus sincère dans ses propos. C’est ce qui était bien avec Alessia, elle ne flattait pas les gens, c’était probablement la personne la plus sincère qui soit, elle parlait constamment avec son cœur et c’est ce qui la rendait si authentique et surtout, si charmante. Quand il supposa que son prénom, mais aussi son accent, venaient d’Italie, la jeune femme ne put s’empêcher d’étirer un large sourire. Son pays lui manquait déjà cruellement, même si elle sentait qu’elle pouvait se plaire dans une ville comme celle-ci.

Quel talent. Oui c’est ça, je viens d’Italie, de Rome pour être précise. En fait, ça fait trois jours que je suis à Montréal.

Et elle se retrouvait déjà dans un speed-dating, il allait la prendre pour une fille complètement désespérée, mais d’un autre côté il n’aurait pas tout à fait tort. A vingt-et-un ans, elle avait envie de rencontrer l’amour la belle, ou en tous cas l’envie de rencontrer des personnes qui pourraient lui donner envie d’y croire.
Alors que le premier lancé de dé avait proposé une question complètement rébarbative, le lancer suivant eut de quoi apporter un peu de piquant à la conversation. Alessia éclata de rire avant de commenter :

On peut dire qu’ils n’y vont pas par quatre chemins. Hum… alors je dirais que non, je ne suis pas très exigeante. J’aime simplement que mon partenaire m’apporte autant de plaisir que celui que je peux lui procurer. Histoire de… satisfaire tout le monde.

Elle sourit légèrement, les joues légèrement rosies. Elle ne s’attendait pas nécessairement à parler de ses exigences au lit avec un inconnu, mais l’idée était excitante.

Bon, voyons si le dé est toujours aussi coquin.

Et à son tour, elle lança le dé.

et bien alors, ta maman a eu très bon gout. je trouve ça très joli. tu hoches la tête, un petit sourire sur les lèvres à ses mots. oui, je trouve aussi, sans m'en venter. tu souffles simplement face à la jeune femme. tu as toujours bien apprécié ton prénom, contrairement à certains qui ne le supportent pas, qu'importe leur âge. ce n'est pas ton cas, et tu trouves qu'il traverse assez bien les années. tu fais une supposition sur le prénom et l'accent d'alessia, qui sonnent particulièrement italien à ton goût. tu n'es pas le plus doué pour reconnaître les accents ou les langues, mais bon. tu ne penses pas te tromper à ce sujet. quel talent. oui c’est ça, je viens d’italie, de rome pour être précise. en fait, ça fait trois jours que je suis à montréal. un petit rire t'échappe. pas méchant, pas moqueur. tu es simplement surpris d'apprendre ça comme ça, et tu trouves la situation assez insolite. tu l'aimes bien, cette petite brune, pleine de vie, un beau sourire sur les lèvres. c'est une bonne manière de faire des rencontres. tu souffles finalement, avec un petit haussement d'épaule.

vous lancez chacun votre tour, le dé, la jeune femme commençant. et tu dois avouer que la premier question est assez ennuyante. tu retiens un léger soupir. tu n'es pas du genre jaloux, et tu ne t'élargies pas bien longtemps sur le sujet. tu ne penses pas que ça puisse intéresser alessia plus que ça. toi-même, ça ne t'intéresses pas plus que ça. tu retiens un léger soupir, avant de lancer le dé à ton tour, un petit sourire sur les lèvres, en découvrant la catégorie inscrite sur la face du dé. sexe. tu viens piocher une question, et tu n'es pas certain d'être à l'aise en la lisant à voix haute. on peut dire qu’ils n’y vont pas par quatre chemins. hum… alors je dirais que non, je ne suis pas très exigeante. j’aime simplement que mon partenaire m’apporte autant de plaisir que celui que je peux lui procurer. histoire de… satisfaire tout le monde. tu l'écoutes et te pinces les lèvres, un peu gêné toi aussi. t'es pas comme les jeunes d'aujourd'hui, t'as jamais été du genre à aimer t'étaler sur ta vie sexuelle - ni forcément entendre celle des autres. ouais, je vois. tu souffles à ses mots, haussant un peu les épaules. c'est sûr que c'est important, que chacun y prenne du plaisir. (ça n'a pas forcément été le cas pendant quinze ans, dans ton mariage, mais bon, passons ce détail.)

bon, voyons si le dé est toujours aussi coquin. tu hoches la tête, sans doute que tu blêmis un peu en voyant la catégorie du dé. et t'es encore plus mal à l'aise face à la question. dominant ou dominé ? tu viens faire tourner ton verre dans tes doigts, avant de le terminer d'une gorgée nerveuse. est-ce que dans une relation y'a vraiment quelqu'un qui domine l'autre ? tu demandes en te pinçant brièvement les lèvres, haussant un peu les épaules, l'air de rien. t'essayes sans doute d'esquiver la question, pas franchement à l'aise pour y répondre. la vérité, c'est que tu ne connais pas la réponse, que tes relations n'ont jamais été des épanouissantes. j'veux dire, y'a jamais eu cette notion de domination avec mon ex-femme. je sais pas si tu vois ?on est tous égaux. tu ajoutes avec une légère moue. tu n'en sais rien, si c'est une mauvaise chose ou non, que de préciser que t'as été marié. c'est la vie.

Oh elle ne s’en voudrait pas de se vanter un peu. Après tout, il était bel homme et il avait parfaitement le droit d’apprécier son prénom, Alessia aimait les hommes qui n’avaient pas honte d’être qui ils étaient. C’était un signe de confiance en soi et de maturité, deux qualités qui étaient toujours particulièrement séduisantes, que ça soit chez un homme ou une femme d’ailleurs. La jeune femme sourit une nouvelle fois quand elle lui apprit qu’elle n’était à Montréal que depuis trois jours. Il fallait reconnaitre que c’était étrange comme endroit un speed-dating pour passer l’une de ses premières soirées dans une nouvelle ville. Mais quand on y pensait bien, c’était le moyen parfait de rencontrer aussi bien des hommes que des femmes. Elle pourrait éventuellement faire des connaissances féminines de son âge, voire plus âgées, et elles pourraient parler de la calamité de certains de leurs rendez-vous ensemble. Alessia avait un peu craint que cet homme n’ait pas grand-chose à lui dire, mais au final, leur différence d’âge évidente ne les empêchait pas d’aborder des sujets divers et variés, les questions du dé aidant clairement.

Quand on y réfléchit bien, oui tout à fait. Il y a dans cette pièce des hommes et des femmes de tous âges, de toutes origines et ayant probablement des centres d’intérêt variés, ça peut également permettre de se faire des amis je pense.

Alessia était une femme actuelle, mais elle gardait un côté vieux jeu, sans doute à cause de son éducation, qui lui faisait penser que l’on ne pouvait se faire des amis, voir rencontre l’âme sœur, qu’en discutant réellement avec les gens. Elle n’avait jamais cru que l’âme sœur puisse se rencontrer par écrans interposés. Du coup, ce genre d’événement revêtait une grande importance dans la tête de la jeune fille. Vieux jeu je vous ai dit.
Le dé lancé leur permettait de faire connaissance, mais certaines questions étaient sans doute un peu trop indiscrètes. Cependant, elle n’éprouvait pas le moindre tabou à parler de sa vie sentimentale, voire sexuelle. Timaé semblait plus facilement gêné par ce genre de conversation, surtout que la question qu’elle venait de lui poser était pour le moins intime, mais Alessia se permit de rebondir sur sa réponse :

Je vois parfaitement. Pour moi, une relation de couple c’est une relation de partage. A mes yeux il ne doit pas y avoir de dominant ou de dominé. Chacun doit pouvoir trouver sa place dans le couple.

Un point sur lequel ils étaient sans nul doute d’accord. Soudainement, une question tarauda la jeune femme, et elle ne put s’empêcher de l’exprimer à voix haute :

Tu crois qu’il y a des gens mariés qui participent à ce genre de soirée ?

Oui, sans nul doute, maintenant qu’elle y pensait la réponse lui paraissait évidente.

quand on y réfléchit bien, oui tout à fait. il y a dans cette pièce des hommes et des femmes de tous âges, de toutes origines et ayant probablement des centres d’intérêt variés, ça peut également permettre de se faire des amis je pense. tu hoches presque distraitement la tête aux mots de la jeune femme. c'est vrai que discuter avec les gens, apprendre à les connaître, c'est important. et parfois, quand tu regardes autour de toi, voir même que tu regardes tes filles, tu te dis que ça se perd, que les gens préfèrent se parler au travers d'un écran. un petit soupir manque de t'échapper. t'as du mal à te rendre compte d'à quel point le monde autour de toi évolue, parfois.
tu fronces un peu les sourcils, face aux questions posées par le dé. t'as jamais été du genre à étaler ta vie sentimentale - et encore moins sexuelle, c'est depuis toujours, depuis que t'es gosse. un père pas forcément présent, une mère dépassée et un tabou qui reste durant de longues, longues années. c'est comme ça, les jeunes en parlent plus facilement. tu te pinces brièvement les lèvres, essayant de contourner la question malgré tout. (tricheur.)

(y'a pourtant bien un mec que tu serais capable de laisser t'dominer)

je vois parfaitement. pour moi, une relation de couple c’est une relation de partage. à mes yeux il ne doit pas y avoir de dominant ou de dominé. chacun doit pouvoir trouver sa place dans le couple. tu approuves une nouvelle fois ses paroles d'un hochement de tête. ouais, voilà. tu souffles, observant ton verre vide quelques instants. t'es pas venu ici pour boire, en même temps. tu n'as pas le temps de te poser plus de questions au sujet de ta réponse fournie à la brune, qu'elle enchaîne déjà. tu crois qu’il y a des gens mariés qui participent à ce genre de soirée ? tu fronces un peu les sourcils, regardant autour de toi un instant, guettant des alliances à la main gauche. je ne sais pas. tu réponds simplement en glissant une main dans tes cheveux. je pense que si un conjoint en vient à participer à une soirée de ce genre, c'est qu'il y a quand même un sacré soucis dans le mariage. tu ne peux t'empêcher d’ajouter dans un rire. tu t'y connais bien, toi, en mariages foireux. ou alors des couples libres, j'en sais rien. c'est le trucs de certains, de laisser l'autre aller voir ailleurs et de faire de même. définitivement pas le tien. mais bon, tu ne peux pas te permettre de dire quoi que ce soit des autres couples. tu esquisses un petite sourire, ton regard retombant sur le fameux dé noir. tu viens le faire tourner entre tes doigts, avant de le lancer, pour la seconde fois de la soirée.

C’est vrai que si des personnes mariées participaient à ce genre de soirée, c’est que les problèmes de couple ne devaient pas être loin, voire même qu’ils étaient bien présents. Cependant, il y avait une chose dont elle était certaine la jeune Alessia : il y avait en ce bas monde bien plus de couples libérés, voire libertins, qu’on ne le pensait. Elle était persuadée qu’elle en croisait chaque jour dans la rue sans même avoir conscience qu’ils appartenaient à cette catégorie, mais elle avait toujours pensé que chacun était libre de vivre comme il le voulait. En bonne romantique qu’elle était, elle avait simplement une vision plus idyllique d’une relation de couple. Pour elle, un couple c’était un homme et une femme qui s’aimaient et qui se promettaient de faire leur vie ensemble, malgré les difficultés que la vie pouvait mettre sur leur chemin.
Une vision de l’amour tellement romantique qu’elle se donnait elle-même envie de vomir parfois, mais ça c’était seulement parfois. Aujourd’hui, elle grandissait, elle découvrait le monde, et elle découvrait aussi que les choses n’étaient pas toujours ce qu’on croyait qu’elles étaient.

Ouais, je crois qu’il y a bien plus de couples de ce genre qu’on ne le pense en fait. Je suis persuadée qu’on en croise à tous les coins de rue.

Elle eut un petit sourire, tournant la tête pour observer les gens autour d’elle, se demandant s’il y avait dans cette salle des gens libertins, des gens qui avaient envie d’aller voir ailleurs bien qu’ils soient en couple. Sa famille ne lui avait pas appris à vivre ainsi, mais elle pouvait comprendre qu’on n’ait pas envie de rester avec la même personne toute sa vie.

Je crois que ça serait pas mon truc en fait. Je sais pas si j’aimerais imaginer mon compagnon dans les bras d’une autre.

Non seulement elle ne le savait pas… mais non, en fait elle en était certaine : elle détesterait profondément cette idée. Elle n’était pas d’une jalousie maladive, mais elle était clairement jalouse tout de même. Timaé ne tarda pas à lancer une seconde fois le dé, pour tomber sur une question beaucoup moins indiscrète. Alessia prit quelques secondes pour réfléchir, avant de reprendre la parole :

En fait, tu vas sans doute trouver ça idiot, mais je ne me suis pas encore réellement posé la question. J’ai grandi dans une famille catholique, pour laquelle les apparences comptent énormément, assez reconnue, et il est donc évident pour eux que les filles naissent pour se marier et avoir des enfants. Mais je ne suis pas sûre d’avoir la même idée.

Alessia ne mentionnait jamais qu’elle venait de la famille royale d’Italie, parce qu’elle ne voulait pas mettre les gens mal à l’aise. Quand il le fallait, elle disait simplement qu’elle était noble. Non pas qu’elle voulait garder des secrets, mais elle n’avait pas envie de rentrer dans les détails.

T’as des enfants toi ?

Il était évident qu’il était plus âgé qu’elle, même s’il avait eu le tact de ne pas aborder le sujet de l’âge. Alors la question était légitime.

tu observes la jeune femme de longues secondes. parfois, tu aimerais bien savoir ce qu'il se passe au fond de l'esprit des gens avec qui peut bien discuter. à quoi peut-elle bien penser, après avoir posé cette question en rapport avec les couples mariés. tu ne t'imaginais pas venir ici en étant toujours avec ton ex-femme. t'es pas comme ça non plus.

(pourtant, c'est bel et bien toi qui l'a déjà trompée. avant, quand vous étiez encore mariez.)
ouais, je crois qu’il y a bien plus de couples de ce genre qu’on ne le pense en fait. je suis persuadée qu’on en croise à tous les coins de rue. tu hoches la tête, pensif durant quelques instants. sans doute, ouais. tu souffles, glissant une main dans tes cheveux bruns et retenant un petit soupir. sans doute qu'il y a des gens qui ne sont pas dérangés de voir la personne avec qui ils vivent coucher avec d'autres. tu ne sais pas si tu pourrais. (en prenant en compte le fait que tu puisses réellement aimer quelqu'un pour ce qu'il est, pas parce que tout votre entourage pense que c'est le cas.) je crois que ça serait pas mon truc en fait. je sais pas si j’aimerais imaginer mon compagnon dans les bras d’une autre. c'est sûr qu'il ne faut pas être trop jaloux, et avoir une vision bien clair de la chose.

tu lances une seconde fois le dé noir, tombant sur une question bien moins intime et gênant que les deux précédentes. tu te pinces les lèvres un instant. en fait, tu vas sans doute trouver ça idiot, mais je ne me suis pas encore réellement posé la question. j'ai grandi dans une famille catholique, pour laquelle les apparences comptent énormément, assez reconnue, et il est donc évident pour eux que les filles naissent pour se marier et avoir des enfants. mais je ne suis pas sûre d’avoir la même idée. tu restes pensif un instant, comprenant ce genre de pensées, sans pour autant les comprendre totalement. il y a cette vision des choses, c'est vrai. tu hausses les épaules. mais ça reste avant tout ta vie, et tu en fais ce que tu veux. et si elle ne veut pas d'enfants, ce ne sera pas un drame non plus. tant pis si ses parents voyaient les choses autrement.
du moins, c'est ta manière de penser.

t’as des enfants toi ? tu penches un peu la tête sur le côté à ses mots, avant de hocher la tête. vous n'avez pas parler d'âge pour le moment, parce que c'est clair qu'elle doit avoir l'âge de ton aîné, dans les eaux-là. tu te pinces les lèvres un cours instant. deux garçons. de dix-huit et vingt ans. tu souffles avec un sourire. ce qui est comique quand on sait que j'ai aussi quatre frères et un neveu. tu pouffes un peu. famille de mec, ouais. tu glisses une main dans tes cheveux. tu n'y peux rien toi, d'avoir eu deux garçons.